INTÉRIEUR,
Le Conseil épuise son ordre du jour en votant
l'impression du Rapport sur l'administration et
la situation des affaires de la villequi est dé
posé, aux termes de l'art. 70 de la Loi com
munale, par le Collège échevinal.
M. et Mme Genovèseartistes italiens, d'un
mérite distingué, ont été autorisés donner
uoe soirée musicale la Société «le la Concorde,
Jeudi, 30 Novembre, 7 heures du soir. Ces
artistes ont donné des concerts de ce genre
dans d'autres villes et entre autres Coudrai,
où ils ont fait le plus grand plaisir et obtenu
des brillants succès.
Vendredi dernier, 24 de ce mois, a eu lieu,
en notre ville, l'enterrement de Monsieur Louis-
Antoine-Joseph Vroorne, pharmacien de 2®
classe pensionné; tous les honneurs militaires
lui ont été rendus; un grand nombre de per
sonnes y assistaient. Après toutes les cérémo
nies religieuses, M Alexis, médecin de garnison
pensionné, a prononcé, comme ami, le discours
suivant
Vous tous, Messieurs, parents et amis du défunt,
i qui nous veuous rendre les derniers devoirs que
l'humanité et la religion nous imposent, ne vous
attendez pas trouver dans les quelques paroles que
je vais improviser, autre chose que la vérité; la
vérité pure et sans emphase; les fleurs de rhétori
que, mon avis, siéent peu sur la tombe des morts;
je vous entretiendrai uniquement de l'homme de
bien.
Vroome, Messieurs, était bon fils, bon ami, bon
époux et bon père; sa famille, justement éplorée,
perd en lui tout son appui, uu hou cœur, uue belle
âme.
Vroome a fourni, eu sa qualité de pharmacien
militaire, quoique jeune encore, une cari lere longue
et honorable; placé plusieurs reprises sous mes
ordres, j'ài su l'apprécier, ainsi que l'ont lait tous
ses autres chefs, comme pharmacien li ès-i:isiruil,
chimiste distingué, administrateur consommé; le
zèle et l'exactitude qu'il apportait dans les différen
tes fonctions qui lui étaient confiées ne se sont
jamais démenti»; cependant il n'a pas été aussi heu
reux qu'il méritait de l'être, franc, loyal, il n'a
jamais su employer ni la brigue ni l'intrigue; ceux
qui se disputent les faveurs du pouvoir ont-ils ce
caractère noble et sacré!
Nonobstant. Messieurs, les secours de la religion
qui lui ont été administrés, adressons Dieu,
l'aide du clergé qui nous entoure une hoitinle
prière, la plus belle de toutes celles que je con
naisse, l'oraison dominicale, dans la double inten
tion d'obtenir la protection du Ciel pour sa tamille,
ainsi que pour le repos de son âme.
Celte prière dite, il ajoute
Adieu, Vroome, que les vertus soient récom
pensés. 1
Cour d'assise» de la Flandre occidentale.
La 4* session a été ouverte Lundi, 17 Novembre
1KS4 sous la présidence de M. le conseiller Ver-
un pareil spectacle; niais elle insista, ce que j'ntlribuai,
pour un part, un caprice. Je pris mon épéc et je les
suivis. En vérité, rien qu'à voir ce vieillard caduc appuyé
au bras de cette ravissante jeune teunne, ou se demandait
dans la fuule par quel étrange malheur elle lui était
échue en partage, et l'on accusait sa famille de tyrannie.
Les noces avaient été splcndidcs, étourdissantes, Il sem
blait que le duc ne voulût point laisser sa femme le
temps de se reconnaître... Pour elle, il m'en souviendra
toujours, je ne la vis jamais plus triste et plus accablée
que le soir de celle cérémonie. Quand on parlait de morts
ou de condamnés, elle pâlissait, et cependant, lorsque
les cris du peuple nous aiinoiirèreul l'arrivée de ces cri
minels, son regard abattu brilla tout d'un coup d'une
flamme extraordinaire. Elle ne parlait plus, ne remuait
plus les bras, maiselte semblait attendre, avec une;anxicié
cruelle, le trajet de ces malheureux qu'on allait mener
chez leurs juges. Le cliurriot qui les voiturail passa bien
tôt devant nous, et je regardai comme les autres. Mais
l'instant même un cri d'angoisse partit de derrière moi,
et ce cri sortait de la poitrine de la duchesse... Elle
retomba inanimée entre uies bras, se cachant le visage
de ses deux mains. Anita, sa cauiérisle, m'affirma le soir
qu'au niomenlôù elle avait aperçu lecharriot, elle y avait
rencontré le regard d un honnue de belle taille, qui de
sou côté, en la voyant, voulut rompre ses menottes et
s'élancer vers la duchesse... Mais c'était D sans doute
une imagination de celle Anita, bellfc fille d'Italie, dont
je vois encore le petit voile de gaze noire et transparente
rabattu sur le visage et qui descendait jusqu'au menton
Ce fut elle pourtant qui me fit quitter le service du noble
duc, lequel me payait beaucoup trop daus un poste où je
baere. Voici les affaires que la cour est appelée
juger pendant les deux séries:
Pierre Van Doorne et Jean Heernaert, vol.
Edouard De Waeleel Pierre Simoens, vol.
Pierre Vaudou Bosselle et Rosalie, Louis, Sophie
et Edouard de Pou ver, vol.
Edouard Tydgat, incendie.
Jusse Keluer et Virginie Gerste, faux,
Léon Mestdagh et Consorts, viol.
Séraphin Binquet, viol.
Pierre Herman, incendie.
Clément Scharlaeken et Sophie Glorie, faux
témoignage.
Charles Bisehop, vol.
Henri Rossard, vol.
Les affaires les plus importantes sont cellea de
Keluer, Mestdagh et Scharlaeken.
Liste des jurés appelés siéger pendant la 2®
série de la 4e session de la cour d'assises de
la Flandre occidentale, et qui résident dans
l arrondissement d'Y près.
i* Navez, Victor, professeur, Ypres.
a* Gravez, César, avocat, Ypres.
3« Taupe-Cuvelter, négociant, Wervicq.
4. Van Raes, François, cultivateur, Wervicq.
S* Coevuet, Liévin, négociant, a Poperinghe.
6* Van Zoyleu, baron,bourgmestre,i Vlamerlinghe.
7* Verheyde, Joseph, meunier, Ypres.
Vendredi, la Chambre des représentants a
encore employé toute sa séance la discussion
du troisième alinéa tle I adresse, c'est-à-dire
la convention «l'Anvers, et elle n'en a pas fini.
La veille, dans sa séance du soir, elle avait
commencé la discussion du projet de loi relatif
aux denrées alimentaires, et renvoyé la suite
la séance de vendredi soir.
Le Sénat a été convoqué pour mardi, 28 no
vembre, deux heures.
Samedi dr, la Chambre des représentants a
terminé la discussion de la loi relative aux sub
stance» alimentaires.
La veille, dans la séance du soir, elle avait
volé la libre entrée des pommes de terredes
viandes de toute espèce et du riz.
Dans sa séance du 25, elle a volé la prohibi
tion la sorlie, des pommes de terre, du seigle
et de la farine de seigle (par appel nominal
la majorité «le 79 voix contre 12 el 4 absten
tions), du froment el de la farine de froment
(aussi par appel nominal, la majorité de 51
voix contre 44 el une abstention.)
Elle a rejeté la prohibition la sortie pour
l'épeautre, l'orge, lavoine, le sarrasin, les pois,
les fèves et les haricots.
Le* effets de la loi dureront jusqu'au 31 dé
cembre 1855.
n'avais rien faire. Comme je vous l'ai «lit, en effet, la
duchesse «le Fornaro était vei tueuse, aussi trouva-t-elle
fort mal que je refusasse d'épouser celte Anita, laquelle
j'avais en effet promis de in'unir. A cela, il n'y avait
qu'un petit inconvénient, j'étais marié en France
Force me fut donc de quitter le duc que je ne servis que
deux mois. Ils allèrent Fcrrarc, el de là je ne sais où...
En écoutant parler le capitaine, la physionomie de
l'Italien était devenue si jiâle, que La Ripaille fut le
premier lui dire
Mais vous ne buvrx pas, serait-ce que mon récit?...
Il m'a plu singulièrement, dit l'inconnu; oui, le duc
avait en vous un brave serviteur. Je bois notre ren
contre, capitaine, -t remercie, Monsieur, continua-l-i'
en se tournant vers Saint-Amant, de m'avoir fait entre
voir ici la charmante Mariette.
En «lisant ainsil'Italien montrait du doigt la belle
enfant. L'inquiétude la plus vive semblait dominer alors
tous les niotivemenls de la jeune fille; elle cullait son
visage contre les vitres d;i cabaret, frappant du pied avec
une vive impatience.
Honneur l'Italie honneur aux Italiens répéta
Saint-Amant.
La brusque arrivée d'un nouveau personnage mit fin
Ces libations intéressées; la porte du cabaret claqua sur
ses gonds, et un jeune homme sur les pas diupiel ou
semblait marcher, se précipita dans la salle. Son feutre,
son manteau el ses habits ruisselaient de pluie, car
l'orage continuait. Il respirait peine et il se laissa
tomber sur tin escabeau. A peine fut-il entré que Mariette
aussi prompte que l'éclair, lira le verrou de U porte sur
lui.
Le projet ayant été amendé, le second vote
a eu lieu lundi.
La Chambre a repris ensuite la discussion du
3e alinéa de l adresse, et elle l'a adopté comme
au projet, par 83 voix contre 12, apéès avoir
rejeté par 81 voix contre 12, un amendement
de M. Frère.
Tous les autres paragraphes de l'adresse ont
ensuite été volés sans débat, et l'ensemble a été
voté par 80 voix contre 11
Les opposants sont MM. Allard, David, de
Rrouckart, Frère, Goblel, Lejeune, Lesoinne,
Prévinaire, l'hiéfry, Verhaegen et Orls.
M. Orls a demandé si le ministère poserait la
question du cabinet sur le projet de loi sur la
charité. M. le ministre des affaires étrangères a
déclaré qu'aimant les positions nettes, il ne
pouvait répondre en ce moment.
Lundi, la Chambre des représentants a adopté
définitivementen ajoutant l'épeautre aux cé
réales prohibées la sortie, le projet de loi sur
les denrées alimentaires. Il n'y a pas eu d autre
changement au projet.
Hier, la Chambre a discuté le projet de loi
sur les distilleries.
9 xSJJ—
Dimanche, la commission de la Chambre des
représentants, chargée «le présenter l'adresse au
Roi. et composée, outre les membres «lu bu
reau. de MM. Malou, Van Iseghem, Dedecker,
de Bail tel— Latour, Devaux, Cooinans, Orls,
Pierre, 0*y. de Naeyer et «le Sécus, s'est rendue
au palais, midi, et a été introduite daus les
appartements de S. M.
M. Delfos.se a donné lecture de l'adresse.
Le Roi a répondu en ces termes
Les circonstances sont en effet très-délicates. La
bonne entente est bien nécessaire pour surmonter
les difficultés actuelles. Je vous sais beaucoup de
gié, Messieurs, de l'avoir si bien compris el de
piêlerà mon gouvernement un loyal concours.
Vous contribuerez ainsi i «lévelopper le bien-
être de notre belle pairie, assurer son avenir en
affermissant son existence nationale, et vous ac-
quel rez de nouveaux titres sa confiance et k sa
u gratitude.
«J'éprouve une vive satisfaction vous féliciter
de vos sentiments dévoués et de votre patriotique
langage, s
Nus lecteurs savent que le Times a été saisi Paris,
il y a trois jours, pour quelques lignes publiées con
tre le prince Napoléon. Voici ces ligues, qui se
trouvaient daus sa correspondance de Paris
Paris, 31 novembre»
Je doute que les explications données par le journsl
officiel soient capables de détruire ou de diminuer l'im
pression défavorable qu'a causée dans le public, la nou
velle que le prince Napoléon a quitte la Crimée. Le
peuple proteste et se moque de la diarrhée du héros qui
devait monter le premier sur la brèche de Sébaslopo!. 11
De par le roi et le cardinal criait-on en dehors.
Il se fit un grand silence.
Ouvrez, ouvrez, répétèrent les mêmes voix.
Peste la triple ronde dit Bellerosc en regardant
travers la vitrine en mailles de plomb; voilà qui est
grave que nous veut-elle?
La figure de maître Philippe Gruyn, le cnbaretier, se
rembrunit, il courut au jeune homme et lui jeta l'oreille
quelques paroles brèves.
Ouvrez, reprit une voix bien connue de maîlro
Philippe, ouvrez, ou nous enfonçons la porte
A celte injonction redoutable, Mariette ouvrit, et l'on
vit entrer plusieurs gardes du cardinal, mêlés ceux du
guet et de la reine. Depuis quelques vols récents, ces
trois patrouilles avaient «lors la surveillance nocturne de
Ih capitale, et composaient un corps de milice assez
redoutable, appelé la Triple Ronde.
Rassurez-vous, maître Philippe, dit le capitaine,
nous ne venons pas vous faire du mal. De quoi s'agit-il,
Messieurs demanda le cabarcticr. D'un cavalier qui
a sauvé une daine près de l'Arsenal, il y a une deini-
heure, répondit le capitaine. Ce cavalier a mis lestement
l'épée au poing, et a déconfit plusieurs gens apostés pour
enlever ou voler ctte personne. Vérification faite, nous
av«ins reconnu (|ti'elle avait xur elle un magnifique collier
de pierreries. Elle était en eochc de cuir roussi, les man-
telets du coche soigneusement abaissés elle nous a dit se
nommer la comtesse Alvinzi. Le cavalier susdit a reçu
une bourse d'elle. Il est ici, on l'y a vu entrer, c'est lui
qu'il nous faut. Encore une fois, il ne lui sera fait aucun
mal; on veut au contraire, le remercier.
(La suite au prochain n'.)