JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
.V 1,419. 14* Année.
Jeudi7 Décembre 1854
Vire» acquirit eundo.
L'HOTEL PIMODAN.
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A ItOÎSiM'.MKN i s Vritks franco), par trimestre, 5 francs 50c. Provinces, 4'fVàncs.
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être
Lé Progrès parait le-Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal dok
rC adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Ypreb Décembre.
Nous ne sommes pas les seuls dans la presse
qui ne sont point rassurés sur les effets de la
Convention d'Anvers. Les exigences immuables
du clergé, son intolérance, sa sourde hostilité
au régime nouveau sont bien faits pour rendre
circonspects tous ceux qui n'ont pas oublié
comment le libéralisme a été dupé en 1830,
sous prétexte d'union et de conciliation. Mais
voir les allures de la Chambre et de nos
hommes politiques, on dirait que le vertige
plane sur eux et nous ne pouvons notts attendre
qu'à voir soi'tir de cette situation embrouillée
un gâchis près duquel la mixture de 1841 et
1843 eut paru de l'eau claire.
Voici comment l'Indépendance apprécie la
discussion soulevée la Chambre propos de la
Convention d'Anvers
Certes, luin de nous la pensée de contester non
pas seulement la loyauté et la sincérité de ces divers
orateurs nous défendre seulement de cette pen
sée serait déjà leur faire injure mais aussi le
talent dontlesdeux dernierssurtont ontfait preuve;
mais il nous serait impossible de cacher que leurs
arguments, pour dissiper les craintes que la con
vention d'Anvers a fait naître parmi une partie de
l'opinion libérale, ne nôiisônt pas convaincus.
Sans doute, les conseils communaux sont libres
de ne pas comprendre d'ecclésiastique parmi leurs
candidats aux places de membres du bureau admi
nistratif; mais s'ils n'en présentent pas un, ou s'ils
en présentent un autre que celui désigné par l'évê-
que, le concours du clergé ne sera pas donné, ce qui
équivaut bien, nous semble-il, la nomination d'un
membre du bureau par l'évêque.
Sans doute, le clergé reste étranger au choix et
la nomination des professeurs; mais si, parmi les
professeurs d'un Athenée, il en est un qui, par des
travaux tout fait en dehors de son Cours, ait en
couru la disgrâce de l'épiscopat, le concours du
clergé sera refusé aussi longtemps que ce professeur
n'aura pas été évincé de cet Atbenée. Or, nous
avions pensé jusqu'à présent que c'était là une
intervention assez directe dans la composition du
corps professoral, et une intervention pouvant
s'étendre fort loin et s'appliquer une foule de cas.
Sans doute, le clergé n'est pas appelé, aux termes
de la convention d'Anvers, arrêter la liste des li
vres qui serviront l'enseignement ou seront dis
tribués en prix; mais il n'est dit nulle part, non
plus, qùe le clergé devra accepter sans observations
le cabaret de la pomme-de-pin.
(suite.)
Pompeo interrogea du regard ceux qui se trouvaient
autour de lui. Le capitaine de ronde tenait son épée basse
en signe de respect, La Ripaille feignait de dormir,
maître Philippe Gruyn avait été humblement son bonnet
de serge, Saint-Amant demeurait terrifié. Pour Mariette,
il se passait dans son être un de ces combats qui brisent.
Elle se reprochait amèrement d'avoir accouru ce gentil
homme; mille voix s'élevaient en elle pour plaider sa
cause. Le laisserait-elle la merci de ces sbires occultes?
Ne pouvait-elle donc avouer la vérité. Son cœur saignait
la seule pensée qu'elle venait peut-êtrepar un mou
vement généreux, de causer la perte d'un innocent. Tout
cédait alors l'inquisition tortueuse de Richelieu, tout
n'était qu'ombre et que piège. Si insouciante qu'elle fût,
la jeune fille le savait. La noble abnégation de l'Italien
devenait pour elle un remords. On instant elle voulut
parler, elle voulut tout dire, au risque de trahir son
propre secret; mais en cet instant même, elle rencontra
le regard ému de Charles Gruyn; sa force l'abandonna...
Mariette aimait le fils de maître Philippe, et cet amour
la liste arrêtée par le gouvernement. Or, on a déjà
fait entendre assez clairement que le clergé ne pour
rait pas prêter ou maintenir son concours aux éta
blissements où il serait fait un usage quelconque, en
prix ou autrement, de livres désapprouvés par la
Congrégation de l'Index, ce qui nous paraissait
ressembler beaucoup la prétention d'arrêter soi-
même la liste des livres, moins qu'on ne veuille
faire une différence sérieuse entre dresser une liste
par l'indication de tels ou tels livres ou la régler par
l'exclusion d* tels ou tels autres.
Nous serions-nous trompés dans notre apprécia
tion? Ces craintes, qu'on pouvait concevoir lorsqu'il
a été question pour la première fois de la convention
et que différents faits sont venus rentorcer depuis,
ces craintes, disons-nous, ne seraient-elles donc pas
fondées? Les conseils communaux seraient-ils réel
lement libres? Le corps professoral serait-il bien
sérieusement garanti de n'avoir répondre de ses
actes et de sa conduite que vis-à-vis du gouverne
ment? Celui-ci n'a-l il point redouter do se voir
déposséder indirectement et implicitement de ses
droits et de ses prérogatives quant au choix des pro
fesseurs et des livres Nous devrions presque le
croire en entendant des voix que nous sommes ha
bitués respecter profondément «t prendre souvent
pour guides et pour boussole, protester contre ces
craintes et combattre ces appréciations. Et, cepen
dant, répétons-le, quand nous allons au fond de
notre conscience pour y chercher loyalement, im
partialement la vérité, nous sommes forcés de dé
clarer que les explications donuées ne nous ont pas
rassurés et que nous conservons nos craintes et nos
appréhensions sur les conséquences de l'acte que la
Chambre discute en ce moment.
Dimanche, 3 Décembre, peu après cinq heures
du soir, un incendie a éclaté dans les dépen
dances de la ferme occupée par le cultivateur
De Deuleu Leysele les efforts des habitants
sont parvenus préserver le corps de logis les
bestiaux et une grande partie des ustensiles
aratoires ont aussi été sauvés; les écuries,
étables, hangars et la grange, contenant des
récoltes pour une valeur de 14,000 fr. ont été
la prûie des flammes.
Tout fait présumer que ce sinistre doit être
attribué la malveillance. Les bâtiments seuls
sont assurés par une compagnie française. La
ferme est la propriété de M. l'avocat Boedt
d'Ypres.
Le receveur des contributions directes de la
ville d'Ypres invite les contribuables qui sont
en retard de payer les termes échus de leurs
contributions, les acquitter dans la huitaine,
faute de quoi il se verra dans l'obligation d'en
voyer des sommations officielles.
On nous prie d'insérer l'avis suivant
M. Bde Poelcappelle, revenant la se
maine dernière de la chasseentra dans un
cabaret, Langhemarck. Quelqu'un a trouvé
plaisant d'escamoter le lièvre qui se trouvait
dans la carnassière déposée par le chasseur et a,
par mégarde, faut-il supposer, enlevé en même
temps le portefeuille contenant le permis de
chasse entre autres papiers.
On pourrait ne voir qu'une plaisanterie d'un
goût équivoque dans l'escamotage du lièvre,
mais le quidam est prié de rendre le permis de
chasse, eten récompense, il peut en faire un bon
dîner, sans que sa digestion soit troublée par le
souvenir de la façon dont il s'en est emparé.
était depuis quelque temps combattu par trop d'oubli
pour que la jeune fille n'eût pas mis eut œuvré tous les
moyens propres désarmer son indifférence. Elle n'ad
mettait pas que Charles pût la fuir, encore moins la
tromper. Or, telle était la nature du secret de Mariette,
que tout un échafaudage de soins, de patience, de ruse
féminine aurait croulé par son seul aveu. Mariette se tut
donc, tout en se promettant de savoir ce que serait devenu
cet homme auquel son honneur lui faisait l'avenir un
devoir de s'intéresser. L'Italien se tenait debout et prêt
suivre ses guides. Le silence était devenu profond dans
la salle, la pluie avait cessé, les rangs des buveurs s'étaient
éclaircis. Tout d'un eoup, et comme Pompeo se préparait
franchir le seuil en jetant un regard voilé de tristesse
sur la belle jeune fille, Saint-Amant courut se mettre en
travers de la porte, et rassemblant tout ce qui lui restait
de poumons
A l'aide s'écria-t-il, mes illustres chevaliers de la
Pinte et de la Coupemoi las deux plus forts, Chas-
saingrimont, Pontmenard
Mais les amis de Saint-Amant étaient partis, il en
demeurait peine deux qui ronflaient comme des chan
tres dans un coin. La Ripaille et Bellerese avaient eu
déjà noise avec la justice, ils ne se souciaient guères de
Élection d'an représentant h Marche.
Par suite de l'annulation dé l'élection de M.
Orbao-Fraacotte Marché, lé collège électoral
de cet arrondissement s'est réuni le 2 décem
bre.
M. Jacques, candidat du parti catholique, a
été élu par 237 voix contre 231 données M.
Qrban.
Vendredi, la Chambre des représentants ne
s'est pas trouvée en nombre pour délibérer.
La séance a été renvoyée Samedi, midi.
Samedi encore, la Chambre des représentants
ne s'est pas trouvée en nombre pour délibérer.
La séance a été renvoyée luodideux
heures.
Lundi, la Chambre (des représentants a pris
en considération quelques demandes de natu
ralisation ordinaire, et entendu un rapport de
pétitions.
Au début de la séance, et sur une interpella
tion de M. Thiéfry, M. le ministre des travaux
publics a donné quelques explications sur
livrer bataille pour un étranger. D'ailleurs les Italiens
n'étaient pas, il faut le dire, en bonne odeur près du
Parisien <jui se souvenait de Concini. Saint-Amant s'était
au hasard armé d'une lardoire; il ne vit ses côtés qu'un*
épée nue... celle de Charles.
Charles s'écria-t-il, c'est bien Allons, ferme, et.
daubons sur celte canaille
Ne consultant alors que son courage, Charles Gruyn
espérait arracher Pompeo aux mains des deux sbires. Le
capitaine de ronde «'était éloigné; mais un eoup de
sifflet donné pur l'un des masques, le cabaret se vit bien
vite cerné.
Charles Gruyn, dit le masque, vous mériteriez
qu'on vous fit l'honneur de la Bastille Oo peut m'y
conduire, reprit Charles résolument. Si vous y tenei...
Par pitié Messieurs, excusez-le, c'est un fou s'écria
le rabarctier. Ne voyez-vous pas bien qu'il a pris, avec
leur habit, les façons de ces gentilshommes Messieurs,
dispose* de moi je suis de cœur vous et M. le car
dinal Je jure sur mon vin que mon fils ne connaît pas
cet étranger Messieurs, encore un coup, laissez-moi le
soin de chapitrer vertement ce révolté Malheureux
ajouta le cabaretier en se tournant vers son fils, mais tu
as donc résolu de me faire mourir? Qae tu as belle figura