Chronique politique.
Tous les fonds ont subi une forte dépréciation la
Bourse de Paris d'àvant-bier. On l'attribue aux em
barras de la liquidation d'abord, et ensuite au dis
cours du roi de Prusse i l'ouverture de la session, les
spéculateurs ayant remarqué avec inquiétude que ce
discours ne contenait aucun mot de sympathie pour
les puissances occidentales.
La Diète germanique a reçu communication dans
sa séance de jeudi dernier, de l'article additionnel
au traité du 20 avril, signé Vienne le a6 novembre,
par les plénipotentiaires de Prusse et d'Autriche.
Nous avons dit tort, d'après un journal de Paris,
que la composition du bureau des Corlès d'Espagne
donnait l'avantage au parti progressiste. Le fait est
que deux vice-présidents, MM. O'Donnell et le mar
quis de Péraclès, appartiennent au parti modéré
proprement dit les deux autres, MM. Madoz et le
général Dulce, sont des progressistes modérés.
Quant aux secrétaires, MM. Fuentas et le marquis
de la Vega sont deux modérés; M. Calvo et non pas
Colva, comme l'avait appelé la dépêche télégraphi
que, appartient au parti démocrate.
Ce parti vient de montrer ses forces au sein des
Coi tes. Le 3o novembre, l'assemblée a décidé que
le trône d'Isabelle 11 et sa dynastie étaient la base de
l'édifice politique actuel. Sur 227 votants, il ne s'est
trouvé que 2i voix contre la résolution. Ainsi, le
parti républicain se réduit peu près ce chiffre.
Ou l'avait cru plus fort, au bruit qu'il a fait.
Nous connaissons l'article additionnel au traité
du 20 avril, signéà Vienne le 26 novembre. En voici
le texte
Les hauts souverains se sont rencontrés dans cette
considération que, eneequi concerne le traitédu 20 avril,
étendu par la décision fédé'-île du 24 juillet, il faut sur
tout agir en commun, pour amener l'acceptation par la
Diète, d'une base de futures négociations de paix, base
qui serait reconnue par eus comme convenable. Us re
connaissent qu'une telle base se trouve dans les quatre
points préliminaires en faveur de l'adoption desquels
l'Autriche et la Prusse se sont déjà employées près de la
cour de Russie, et ils s'efforceront, selon les circonstan
ces, de procurer cette base^un accueil favorable. Bien
que l'espoir d'un acheminement une entente pacifique
se rattache l'adoption de cette base, la situation géné
rale de l'Europe et la nécessité de poursuivre le but de la
paix avec plus de force, exigent que toute l'Allemagne
agisse avec ensemble.
Guidé par cette pensée, et appréciant tous les dan
gers qui peuvent résulter pour l'Allemagne d'une attaque
contre les troupes autrichiennes, non-seulement si les
Russes entraient sur le territoire autrichien, mais aussi
dans les Principautés, S. M le roi de Prusse prend, par
le présent,l'égard de son auguste allié S. M. l'empereur
d'Autriche, rengagement d'une assistance, même dans
ce dernier cas, et il csmpts aussi que les autres confédé
rés allemands témoigneront aussi et prouveront au be
soin, par l'acceptation du présent article additionnel, le
même empressement offrir assistance l'Autriche.
C'est dans une correspondance de Francfort adres
sée l'Indépendance, que se trouve cet article. Si
c'est là tout, nous devons dire qu'il n'apporte pas un
grand changement ce qui était. La Prusse s'était
engagée, par le traité du 20 avril, défendre les pos
sessions autrichiennes, si l'Autriche était enlrainee
faire la guerre propos de la question d'Orient. On
se débattait pour savoir si, çelle-ci s'étanl exposée
ce danger en entrant dans les Principautés, la
Prusse et l'Allemagne devaient la soutenir pour le
cas où les Russes vietid. aient l'y attaquer. Le cabi
net de Vienne disait oui; celui de Berlin disait non.
st.;—H» »v
L'article additionnel résout la question en faveur de
l'Autriche; mais c'est tout. On avait dit que cette
dernière poursuivait un autre but qu'elle voulait
pouvoir déclarer la guerre la Russie, et prétendait
dans tous les cas être soutenue par l'Allemagne. O11
voit qu'il n'en est pas question dans l'article addi-
dionnel. Donc, pour ne pas craindre la coopération
de l'Autriche contre elle, la Russie n'a qu'une chose
faire c'est de ne pas l'attaquer. Nous supposons
qu'elle n'eu a pas la moindre envie, (.'article addi
tionnel n'apporte donc la situation aucun change
ment profitable aux puissances occidentales.
Après cela, faut-il croire que l'Autriche va signer
avec celles-ci un traité offensif et défensif? Le bruit
en court; mais si le fait se réalisait, et nous avons
quelque peine le croire, l'Autriche ne signerait que
pour son compte et n'entraînerait pas l'Allemagne,
moins de conclure avec elle un nouveau traité.
Mais revenons l'article additionnel. S'il fait peu
pour le moment en faveur de la politique des puis
sances occidentales, il fera beaucoup pour l'Alleina-
gne, une fois accepté par la Diète. L'Allemagne se
trouvera unie tout entière dans une action commune,
pour un cas donné; c'est un premier lien qui serait
renforcé au besoin, sans aucun doute. Or, l'Allema
gne marchant d'accord, soit dans un sens, soit dans
un autre, doit exercer une grande influence sur les
événements venir. On peut dire, jusqu'à un cer
tain point, que la question de la paix ou de la guerre
dépend de son attitude.
Dans la séance du 29 novembre, les Cortès ont
décidé que les députés ne recevraient aucun avance
ment dans les fonctions dont ils peuvent être revê
tus, et qu'ils ne pourraient non plus recevoir de
décoration.
Ce que nous avions de la peine croire s'est ac
compli le 2 de ce mois. L'Autriche a signé un traité
d'alliance avec la France et l'Angleterre. Le fait est
annoncé officiellement par le Moniteur universel.
Nos lecteurs peuvent s'expliquer facilement, les
motifs qui nous faisaient douter que l'Autriche eût
signé un traité d'alliance avec la France et l'Angle
terre. L'article additionnel au traité du 20 avril con
sacre, pour l'Allemagne, une position purement
défensive, la Prusse et la Confédération germanique
ne s'obligeant soutenir l'Autriche, que si celle-ci
était attaquée par la Russie, soit sur son propre ter
ritoire, soit dans les Principautés. Comment le
nouveau traité conclu par l'Autriche peut-il se con
cilier avec l'article additionnel? Voilà ce qu'on se
demande, et ce quoi il est difficile de répondre.
Avant tout,quel est le but du traité du 2 décem
bre? quelleestsa portée?quelsengagements y prend
l'Autriche? Va-t-elle réunir son drapeau aux dra
peaux de la France et de l'Angleterre, et marcher
résolument avec elles contre la Russie? Plus ce traité
lui donnerait une position nette et décidée dans le
sens de la politique des puissances occidentales, plus,
ce nous semble, il serait en contradiction avep l'ar
ticle additionnel signé par la Prusse.
Mais cependant, on ne pouvait ignorer Berlin le
26 novembre, ce qui se préparait Vienne pour le 2
décembre. Puisque le Morning-Post le savait et l'an
nonçait Londres plusieurs jours avant, la chose
était peu secrète et tout le corps diplomatique devait
en être informé. Si, nonobstant, le cabinet de Berlin
a signé l'article additionnel, c'est que cet article
n'est pas inconciliable avec le traité. Dans cette sup
position, l'Autriche aurait fait contre la Russie un
voté le projet de loi relatif l'arrestation des
matelots déserteurs, et un autre projet qui met
fin un procès entre l'État et M. Sinave, arma
teur Bruges, propos d une prime pour con
struction d'un navire.
Elle a entendu un rapport de pétitions et les
rapports des commissions de vérification des
pouvoirs, sur les élections de Marche et de
Rastoone. Ces rapports concluent l'admission
de MM. Jacques et Lambin. Le premier sera
discuté aujourd hui. le second demain.
On lit dans f Observateur
A la suite d'un conseil de ministres, M. le
procureur-général de Bavajr a reçu l'ordre de
retirer ta plainte qu'il avait osé adresser charge
de I honorable député de Malines, M. de Per-
ceval, et qu'il avait déposée au parquet de
Bruxelles.
Le receveur des contributions directes de la
ville d'Ypres invile les contribuables qui sont
en retard de payer les termes échus de leurs
contributions, les acquitter dans la huitaine,
faute de quoi il se verra dans l'obligation d'en
voyer des sommations officielles.
Du 7 Décembre au 9 Inclus.
L'ouverture des Chambres prussiennes a eu lien
jeudi Berlin. Le discours royal traite de la guerre,
naturellement, et il exprime l'espoir que l'on arri
vera bientôt trouver un point de départ pour une
tuiente assise sur de larges bases.
Fermement uni avec l'Autriche et avec l'Alle
magne, ajoute-t-il, le Roi continue considérer
comme sa mission, de plaider la cause de la paix, de
la modération et de la reconnaissance de l'indépen
dance des Etats étrangers.
Si des événements se présentaient qui obli
geassent la Prusse donner son attitude un carac
tère plus énergique, le peuple fidèle supporterait
avec dévouement les sacrifices qui en seraient la
conséquence.
C'est afin d'être prêt pour une semblable éven
tualité que S. M. a ordonné de tenir l'armée prête
pour la guerre, en renforçant une partie des corps
de troupes et en augmentant le matériel de guerre;
c'est dans ce but aussi qu'a été ordonnée la réalisa
tion de l'emprunt consenti par les Chambres.
De cette façon, la Prusse se trouve en position
de se lever pour la défense de ses intérêts et de sa
position comme grande puissance européenne, si les
cii constances politiques prenaient une tournure
menaçante qui l'exigeât.
Le Moniteur français du 2 décembre publie une
dé|>êche du général Canrobert portant, la date du
17, que les flottes vont quitter les côtes de Crimée
pour rentrer dans le Bosphore et qu'il ne gardera
que les vaisseaux nécessaires pour le service de
l'armée.
Le Standard (de Londres) dit qu'il restera S vais
seaux de ligne, 4 français et 4 anglais, qui jetteront
l'ancre dans la crique de Kamiesch. Les steamers
croiseront la hauteur du port.
d'un air incrédule et en pinçant sa royale grise son
menton.
Ce n'est pas là votre écriture, Monsieur, objecta le
ministre au docteur. C'est celle de mon secrétaire
Didier.Et tous ces détails sont vrais Parfaitement
vrais, je le jure. Ainsi la duchesse de Fornaro est
Paris A Paris et sous le nom de la comtesse Alvinzi
Oui, Monseigneur. Elle habite un hôtel obscur, dans
Is rue des Lions-Saint-Paul. Quel intérêt a pu ramener
Paris une femme qui doit y alarmer votre politique cl
qui connaissait Léonora Galigaï; de quels conciliabules
secrets sa maison est-elle le théâtre C'est ce qu'il fau
drait approfondir. Mais cette lettre vous instruit assez
du danger réel qu'il y aurait donner asile dans Paris
la femme du due de Fornaro. Dana la guerre récente de
la Valtcline, et pendant que le duc tenait pour les impé
riaux, avez-vous oublié les menées coupables de la
duchesse Coeutz et Savelli sont aes amis, elle entre
dans les intérêts de l'Espagne, elle a partout des émis
saires, des agents. Le marquis de Legnnrz lui écrit, elle
pleure encore sur la défaite de Jean de Vert. Un faible
ennemi qu'une femme, direi-vons, une Italienne venant
abriter ici ses intrigues sous la protection de la reine
mère I Apprencz-donc, Monseigneur, que l'un de ses
émissaires, rencontre ce soir même par moi, ne me
parait pasétre venu pour rien Paris. De quel homme
voule*-vous parler, docteur demanda le cardinal d'un
ton radouci, mais dans lequel ne perçait que trop son
trouble. D'un certain Pompco dont votre Éminencc
doit se souvenir. Cest lui qui attaqua main armée, il
y a quinze ans, les dépêches que vous faisiez passer alors
au mirquis de Cœuvres. Vous veniez d'entrer au conseil,
la reine mère vous avait créé ministre. Le due de Savoie
et la république de Venise, voyant avec quelle inquié
tude les Espagnols, maîtres de la Valteline, avaient fait
une ligue avec la France pour le recouvrement de ce
pays, le marquis de Cœuvres avait le commandement de
ces troupes; vos conseils lui épargnaient les obstacles
suscités par l'Espagne, vos dépêches, ou plutôt vos
instructions lui traçaient la marche suivre. Un homme
hardi, un homme appuyé, payé même par la maison
d'Autriche, s'en empara près de Parme. Oui, cela est
vrai, reprit Richelieu, mais cet homme fut puni, j'obtins
du tribunal dcFlorencequ'ilserait enfermé tout jamais,
par forme d'exemple, dans l'un des cachots du palais
Strozzi. Tu vois que je fus humain, car ma place,
d'autres l'eussent fait décapiter sur le pont du Saint-
Esprit. Tu dis donc qu'il est sauvé? Je dis, Éminencc,
qu'au seul tintement de cette sonnette, vous le verrez
apparaître en ce cabinet.
Le cardinal fit un bond.
Es-tu donc magicien Peut-être... Cet homme
a été rencontré par moi et Jacquet, l'un de vos sbires,
an cabaret de la Pomme-de-Pin; une bourse aux annes
de la duchesse a été saisie antre ses mains, nul doute
qu'il ne puisie nous donner des renseignements sur la vie
mystérieuse que mène Paris la duchesse de Fornaro.
Voyons cette bourse. La voici, Éminence, repondit
le médecin en présentant la bourse au cardinal. C'est
bien cela murmura le ministre an examinant le canton
d'armes gravé sur ce frêle tissu, d'un côté les armes de
Térésina Pitti, de l'autre celles d'Andréa Fornaro, maison
altière, ennemie, foyer de trames rebelles et de discordes
sans fin A celui qui me reprocherait de vouloir com
battre l'hydre d'Autriche, le vainqueur de La Rochelle
pourrait répondre par cet écusson audacieux du duc et
cet exergue Potius mori! Et cependant Andréa Fornaro
mourait l'annce même où nous forcions le Pas-de-Siizc
il mourait le jour où je déjouais mes ennemis Deux ans
auparavant, Chalnis avait eu la tète tranchée, le comte de
Soissons, conspirateur plus heureux que Chalais, se
sauvait Rome. Oui, mais le duc de La Vallelte mais
Montgaillard, et bien avant eux es Concini, qui était
aussi un Italien... Il faut que je voie ect homme l'in
stant, dit Richelieu d'un ton bref. PermettezÉmi
nence, saves-vous d'abord ce que vous voulez faire de la
duchesse? Ce que j'en veux faire, répondit le cardinal,
dont les doigts crispés s'allongèrent en ce moment comme
ceux du tigre longtemps endormi, écoute et tremble
(La suite au prochain n