nouvelles diverses.
Nous disions, le-6 de ce mois, que la Russie com
prendrait sans doute la limitation de sa puissance
dans la Mer-Noire, dans ce sens seulement qu'il se
rait permis la Turquie ou aux puissances euro
péennes, d'y former un établissement maritime
rival de Sébaslopol.
Une correspondance de Vienne, publiée par le
Constitutionnel et par d'autres journaux français,
confirme notre prévision et va plus loin encore, car
elle prétend que le traité du a décembre interprète
le troisième point de garantie de la manière suivante:
La liberté de la Mer-Noire sera reconnue et consa
crée par une croisière permanente de six vaisseaux de
guerre appartenant chacune des grandes puissances.
De plus, un port de guerre, établi et gardé aux frais
communs des puissances européennes, sera opposé Sé-
bastopol et établi, soit Batouin soit Sinopc.
11 est indubitable nos yeux que le troisième
point de garantie sera le plus grand obstacle Ja
conclusion de la paix, parce que la Russie ne peut
consentir aimablement la destruction de Sébaslo
pol et de sa flotte. 11 est indubitable aussi qu'elle
n'entendrait la conciliation cet égard, que dans le
sens indiqué par nous dès le 6 de ce mois, c'est-à-
dire eu consentant ce qu'un établissement rival de
Sébastopol soit fondé dans la Mer-Noire.
Nous doutons fort, quoiqu'en ait dit la dépêche de
Vienne publiée hier par le Constitutionnelque le
traité du i décembre contienne une clause sembla
ble. Nos doutes sont fortifiés par un article du Timts
que le gouvernement français fait reproduire par le
Moniteuret dans lequel se trouve la phrase sui-
va n te
Sébastopol une fois entre nos mains, et la Crimée
mise l'abri d'une invasion russe par terre, l'Angleterre
et la France peuvent la garder, et avec elle l'empire de
la Mer-Noire, ainsi que la surveillance de la Méditerra-
■ée, pendant les siècles venir.
Si le Times exprimait dans ces lignes la pensée
des puissances et leurs projets, la paix immédiate,
ou même toute négociation serait impossible. La
Russie sera d'avis certainement que s'il s'agit de la
conquête de la Crimée, la Crimée vaut bien qu'on la
défende.
Comme le Times bat la campagne de temps en
temps, bous n'aurions pas fait grande attention son
article, si le Moniteur universel ne l'avait reproduit.
On verra par notre correspondance, que le fait de
cette reproduction a causé quelque sensation la
Bourse de Paris.
Une foule de versions nouvelles circulent sur le
traité du a. Chaque journal anglais ou allemand a la
sieune. Nous n'en reproduirons plus aucune: nous
attendrons la publication du texte officiel.
Des nouvelles de Constantinople,du 3o novembre,
sont arrivées Marseille; nous croyons devoir faire
observer qu'à Constantinople, on est assez mal
informé généralement de ça qui se passe en Crimée.
Aussi, faut-il n'accepter qu'avec réserve tout ce qui
concerne le mouvement des troupes devant Sébas
topol; notamment, ce qui est dit de l'assaut donner
prochainement la ville, et de la bataille arietee
pour le i décembre par le général Canrobert.
Une dépêche du prince Menschikofï dit qu'i» la
date du i" décembre, rien de nouveau ne s'était
passé devant Sébastopol.
On parle del'envoien Crimée de 35,ooohommes,
détachés de l'armée turque du Danube, et qui, sous
le commandement d'Orner- Pachairaient aider les
troupes alliées prendre Sébastopol. Il ne s'agirait
donc plus d'une diversion en Bessarabie, comme
l'avait annoncé la lettre de Louis- Napoléon au géné
ral Canrobert, car 35,ooo hommes et Omer-Pacha
quittant le Danube, il n'y reste plus de forces suffi
santes pour inquiéter les Russes de ce côté. Si le lait
se vérifie, c'est que les alliés veulent tenter au plus
tôt un effort suprême contre Sébaslopol et contre
l'année du prince Menschikoff.
Des modifications ministérielles viennent de s'o
pérer Naples et Rome. Là M. Ludgi Pionati, pré
sident de la grande Cour civile, devient ministre dé
finitif de la justice; M. Murena passe de l'intérieur
au ministère des travaux publics, en remplacement
de M. Carascola, qui garde son titre de ministre et
entre au conseil d'Etat; M. Murena est remplacé
l'intérieur par M. Bianchini.
A Rome, le ministre des finances, M. Galli, est
remplacé par Mgr. Ferrari.
Nous ne saurions dire, pour Naples, ce que signi
fient ces mutations. Pour Rome, on prétend que
l'administration de M.Galli avait encouru plus d'une
critique, ce qui se comprend facilement, vu la triste
situation des finances de l'Etat. Au lond, le gouver
nement romain veut eu revenir ce qui était avant
i«47, et ne confier les hauts postes de l'Etat qu'à des
ecclésiastiques. Il rie lui reste plus pour cela main
tenant, qu'à remplacer le ministre de la guerre, M.
Farina, le dernier laïque restant dans l'administra
tion. On assure déjà que sou successeur est désigné;
ce sera Mgr. Peulini.
Le traité signé par l'Autriche n'a pas cessé d'être
la préoccupation du moment. Ou s'attendait le
trouver hier matin dans le Moniteur français, mais
cette attente ne s'est pas réalisée.
Le Constitutionnel nous en explique la cause dans
une lettre datée de Vienne, mais qui lui a été dictée
probablement dans les bureaux du ministère des af
faires étrangères. Elle n'en mérite que plus d'atten
tion.
D'après cette lettre, le traité r.epose sur les quatre
hases de garantie, complétées par des stipulations
de la dernière importance et qui donnent au traité
une haute signification sicCe sont ces stipula
tions, continue la lettre, qui doivent rester secrètes
jusqu'après l'échange des ratifications, pour tenir en
échec la diplomatie russe, qui s'estdéjà miseen cam
pagne dès qu'elle a appris la signature du traité du
2 décembre.
La lettre du Constitutionnel ajoute
Un traité comme celui du 2 décembre, qui altère si
profondément les relations entre l'Autriche et la Russie,
doit, suivant les usages de la diplomatie, être porté im
médiatement la connaissance de la cour de Russie par
l'Autriche même, puisque les rapporlsdiplomatiques sub
sistent toujours entre les deux cours.
En faisant celte démarche, le cabinetde Vienne for
mulera nettement les conditions auxquelles la France et
l'Angleterre se déclarent disposées entamer des négo
ciations avec la Russie pour la conclusion de la paix dé
finitive. Si la Russie accepte purement et simplement les
quatre points ainsi déterminés, comme base de la négo
ciation, l'Autriche devient le lien naturel entre la Russie
d'une part, et ta France et la Grande-Bretagne d'autre
part, pour renouer les rapports brisés entre les puissan
ces belligérantes.
Si, an contraire, la Russie n'accepte pas du tout, ou
accepte d'une manière incomplète les ouvertures de
l'Autriche, alors celle-ci est engagée vis vis de la France
et de l'Angleterre quitter immédiatement le rôle de
puissance médiatrice, pour entrer en ligne, de bataille
contre la Russie.
Les troubles de Dreux ont eu de la gravité. Un de
nos correspondants de Paris nous envoie une lettre
contenant des détails circonstanciés sur cette affaire.
Un rassemblement de quatre cinq mille individus
a forcé les prisons de Dreux et délivré les prison
niers; pendant trois heures, Je préfet de Chartres et
le général commandant le département sont restés
au pouvoir des émeutiers.
La session de l'Assemblée fédérale suisse, compo
sée, comme on sait, de deux Chaïqbies, a été ou
verte Berne, le 4 décembre. Le Conseil national a
nommé pour son président, M. Casmir Plyffer, de
Lucerne, radical, et le conseil des Etats, M. Rappe
ler, de Thurgovie, radical aussi.
Le 6, les deux Chambre» réunies ont nommé les
membres du Conseil fédéral, ou pouvoir exécutif
supérieur de la Confédération. Sur les sept membres
sortants, six ontélé réélus; ce sont MM. Furrer(Zu-
rich), Fi ey-Hérosé (Argovie), Druey (Vaud), Naeff
(Saiut-Gallj, Munziger (Soleuie) et Eranscini (Tes-
siu). Tous appartiennent au parti radical. Le sep
tième membre, .M. Ochsenbeiu, de Berne, radical
autrefois, mais qui, dans ces derniers temps, s'est
jeté du côté des conservateurs, a été évincé et rem
placé par M. Staeinpfli, égalemeut de Berne et chef
du parti radical dans ce canton.
On écrit d'Arlon
La foire de jeudi dernier était une des plus con
sidérables de l année. Les transactions étaient nom
breuses, animées, et se sont prolongées jusque vers
le soir. Il y avait beaucoup de bêtes cornes et de
porcs, mais peu de chevaux, dont le prix est tou
jours élevé. Il en est de même du bétail gras et des
vaches laitières. La viande des porcs gras sur pied
s'est vendue fr. i-3o le kilogramme. Les porcs mai
gres et les cochons de lait se vendent aux prix ordi
naires et avec tendance la baisse.
On lit dans le Salut public de Lyon
On a beaucoup parlé, ces jours derniers, d'une
lutte solennelle aux dominos,qui s'est engagée entre
deux amateurs très-connus du commerce de notre
ville. Nous croyons devoir en faire mention, en
raison du chiffre tout fait extraordinaire auquel
la perte du joueur malheureux s'est élevée.
Les deux adversaires étaient convenus que l'enjeu
de la première partie serait de 5 fr., mais qu'on
cou tinuerait en doublant toujours la somme chaque.
partie. Or, la foi loue a favorisé obstinément l'un
des joueurs, quia gagné quatorze fois de suite, etle
calcul fait, il s'est trouvé que sou adversaire devait
la somme de 4o,y6o fr.
Nous ajouterons que la partie était tres-seï ieuse
et que le perdant s'est honorablement exécuté.
On écrit d'Anvers
La partie des locaux de la Bourse, réservée aux
courtiers de commerce, est aujourd'hui entièrement
terminée. Deux superbes salons, dont l'un destine
servir de chambre syndicale et l'autre de salle de
ventes publiques, ont reçu un ameublement con
forme leur destination respective, et l'élégante
simplicité de la chambre syndicale témoigne en
faveur de l'excellent goût qui a présidé ces divers
arrangements.
Quant s la salle de ventes, outre les soins apportés
son ameublement, pour la plus grande commodité
du commerce, les excellentes banquettes, le vaste
bureau qui la garnissent, elle se distingue par des
ornements artistiques, formant allégorie au com
merce anversois. Le plafond du centre représente la
ville d'Anvers, sous la figure d'une Vierge entourée
d'anges déposant ses pieds différents produits du
commerce exotique et de l'industrie nationale. Aux
quatre angles sont placés les symboles de l'ind us-
trie, de l'agriculture, de la science et des arts. Le
panneau du fond renferme une décoration du même
style, le tout d'une exécution qui ne laisse aucune
prise la critique. L'auteur de ces peintures est M.
Werts, décorateur en notre ville, qui a fait preuve,
en cette circonstance, comme en beaucoup d'autres,
d'un véritable talent d'artiste.
On frappe en ce moment une médaille en l'hon
neur du maréchal S' Arnaud,
On lit dans VEspérance de Nancy M. Falintin de
la Garde, officier dans un régiment de cuirassiers,
avait demandé servir en Orient dans les bachi-
boucoucks, et était devenu aide-de-camp du général
Yussuf, qu'il aidait dans ses efforts pour discipliner
ce corps indisciplinaire. Une lettre du célèbre gé
néral, qui se trouve actuellement Paris, informe la
famille que M. Falintin a péri en Orient. Son
cadavre a été percé de coups de poignard.
Les journaux français annoncent que M. Blond eau,
ancien doyen et professeur de droit romain de la
Faculté de Paris, est mort dimanche dernier, dans
sa maison de campagne d'Ermenonville, la suite
d'une maladie qui le retenait depuis un an éloigné
de sa chaire.
M. Blondeaii était belge, né Namur. Il devait être
âgé de 70 75 ans.
L'académie française vient de faire une perte
cruelle. M. de Sainl-Aulaire a succombé hier matin
Paria une douloureuse maladie.
LIS TIMBRES-POSTE.
On vient de faire, dit le Pays de Caux, une application
des timbres-poste laquelle on était loin de songer
lorsqu'ils ont été créés, et qui doit, si elle se généralise,
en augmenter considérablement le débit. Ces timbres
remplae.ent aujourd'hui les taffetas d'Angleterre et le
sparadrap. Us s'appliquent sur les coutures. On les
emploie également pourcouvrirles tuiueursque le contact
de l'air pourrait envenimer.
Nous avons vu ces jours derniers une personne qui
s'était appliqué sur la joue gauche un timbre de tû c.
pour garantir de l'air une légère tumeur. Un autre avait
recouvert de la moitié d'un timbre une eoupure qu'il
s'était faite en se rasant au-dessous de la lèvre inférieure,
et le remède avait opéré merveilleusement. Pour peu que
les essais continuent et obtiennent le même succès, nous
verrons bientôt les timbres-poste employés la guérison
des durillons, eorps aux pieds, etc. Nous recommandons
a recette. Un plaisant disait La belle découverte
Nous avions bien assez d'hommes timbrés sans cela. Et
il ajoutait Veut-on nous faire croire que les hommes
de notre temps, comme les paquets, pour circuler, ont
besoin d'être affranchis
Dixmcde. Marché aux grains du 11 Décembre 1854.
SORTE
NOMBRE
PRIX
SE CBillllS.
d'hectolitres
PAS HECT0LITEK
F*. C.
PI C.
24 50
29 75
20 00
21 00
Orge d'hiver
11 72
14 15
10 00
10 19
18 00
18 50
14 00
<5 00