JOERNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
14e Année
Dlinancbc, 17 Décembre 1854
Vires acquinleundo.
L'HOTEL PimODAIV.
ABONNEMENTS: Yprès (franco), par trimestre, 5 francs 50c. Provinces,4francs.
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Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Ypres, 16 Décembre.
VILLE D'YPRES. Coymeil cotMii'VtL.
Séance publique du Jeudi, 14 Décembre 1854.
Présents MM. le Baron Vanderslichele de
Maubus, bourgmestre, président Pierre Beke,
ff. d echevin Théodore Yanden Bogaerde
Charles Vande Brouke, Boedt-Lucien, Legra-
verand Martin SmaelenEdouard Cardinael
Auguste De Ghelcke Ernest Merghelynck
Pierre-Léopold BoedtCharles Becuwe, con
seillers.
La séance est ouverte par la lecture du pro
cès-verbal de la réunion du 23 Novembre 1854.
La rédaction en est adoptée sans observation.
Il est donné communication d'une lettre de
la commission de la Société des beaux-arts, par
laquelle elle accepte la proposition faite par
l'administration communale d'intervenir pour
une part dans les frais de moulage des œuvres
de M. le sculpteur Fiers, et fixe cette interven
tion la moitié des frais.
M. le président fait connaître les membres
délégués par la Chambre de commerce, la com
mission directrice de l'Académie royale de dessin
et d'architecture, et la Société des beaux-arts,
pour faire partie de la commission centrale de
l'Exposition agricole et industrielle de l'arron
dissement. Le Conseil, dans sa séance du 12
Octobre dernier, avait pris la résolution d'or
ganiser celte fête pour la kermesse communale
de 1855. MM. Jean-Baptiste Vanden Peereboom.
président, et Yan Alleynes, membre, ont été
désignés par la Chambre de commerce, M.
Iweins-Fonteyne par l'Académie royale de
dessin, et M. Vandermeersch-Van Daele, par la
commission de la Société des beaux-arts.
L'ordre du jour appelle la discussion d'une
proposition faite par la commission de l'Atelier—
modèle, tendante obtenir une avance d'une
somme de 1,000 francs, dans le but d'organiser
jpar la caisse de réserve entre les mains de ta
commission de I Atelier-modèle pour le terme
de cinq ans.
A celte occasion, la même commission de
mande ce que le nombre de ses membres soit
augmenté de deux, et le Conseil choisit, l una-
nimité, pour faire partie de ce comité qui sera
désormais Composé de douze membres, MM.
Van Alleynes et Arthur Merghelynck.
L'autorisation de percevoir l'octroi sur les
bières est sur le point d'expirer. Le Conseil,
dans une séance précédente, avait renvoyé la
révision de ce tarifa une commission qui s était
occupée d'un remaniement du tarif de l'octroi.
Les dispositions qui régissent actuellement la
plus importante source du revenu communal,
n'étaient que provisoires, et tout en maintenant
le droit de fr. 2-05 par hectolitre de cuve-
matière, ii accordaient l'exportation que la
répartition au prorata des quaulités exportées,
de ce qui était perçu en plus de la somme de
38,200 fr., moyenne du produit de l'octroi sur
les bières pendant uue période de dix années.
Ce nouveau régime est en vigueur depuis 3 ans
et 5 mois et les premiers 5 mois la restitution a été
de 84 centimes par hectolitre, en 1852 de 72 cen
times, en 1853, de 59 ceilliiiies, et eu 1834, elle
n'atteindra pas 30 cent*. Daus le cours de la dis
cussion, il a été dit qu'un brasseur avait déclaré
l'exportation au-delà de 1,900 hectolitres de
bière, tandis que sa déclaration ne s'était élevée
qu'à 1,200 hectolitres de cuve-matière. En pré
sence de ces faits la commission malgré sa
répugnance et sous la pression des circonstan
ces, a cru devoir proposer au Conseil, de de
mander au gouvernement le maintien du régime
actuel. Si toutefois I autorité supérieure ne ju
geait pas opportun de le proroger pour un an,
le droit serait diminué jusqua deux francs,
mais sans restitution aucune l'exportation. La
commission a cru que le premier devoir de
tolitres de bière consommés en ville, aurait
produit une somme de 38,000 fr., moyenne des
dix dernières années. Cependant comme il est
malheureusement probable que la consomma-
lion diminuera eneore et qu'elle atteindra
peine pour celte année 19.500 hectolitres, le
Conseil, en adoptant les conclusions du rap
port, a cru devoir maintenir le taux du droit
sans restitution, 2 francs, par six voix contre
cinq et une abstention (celle de M. Cardinael);
|M. De Ghelcke avait quitté la séance pendant
la discussion.
Le collège est chargé de faire parvenir immé-
diatement les pièces l'autorité supérieure, afin
qu il puisse encore être statué avant le lr Jan
vier 1855.
Le Conseil autorise le Bureau de bienfaisance
accepter le legs fait par M. Colson décédé
curé de la paroisse S' Nicolas, du produit de la
vente de sa bibliothèque, s'élevant une somme
de plus de 1,600 fr. En outre, un don manuel
a été fait in extremis par le même curé, au
Bureau de bienfaisance, pour être distribué
immédialementaux pauvres, et l administration
charitable se propose de faire, l'aide de cette
largesse, une distribution de couvertures pour
une somme de quinze cents francs. Déjà dans
une occasion antérieure, une somme de 1,200
fr. a été dépensée pour faire une distribution
générale de pains et de pommes de terre aux
indigents secourus par la charité publique.
Le Conseil clôt la séance, en émeltaut d'ur
gence, un avis favorable la radiation d'une
inscription hypothécaire prise en garantie d'une
somme de 17,000 fr-, prêtée par l'administra
tion des Hospices, sur la production de la quit
tance du receveur de celte institution charitable.
le tissage domicile et de pouvoir fournir des l'administration était de conserver actuellement
métiers aux ouvriers tisserands. A l'appui de les ressources que la consommation de la bière
ippui
cette demande est annexé un projet de règle
ment qui indique de quelle façon cette avance
serait employée et comment se ferait le rem
que
lui fournit, sans être uue charge pour le bras
seur, puisque le droit payé par lui, n est qu'une
avance qui lui est rendue avec bénéfice par le
boursement du prix des métiers et outils déli- consommateur. Toutefois une proposition a été
vrés aux ouvriers. Le Conseil, l'unanimité, faite de ne fixer le droit par hectolitre de cuve-
décide qu'une somme de mille francs sera versée matière qu'à fr. 1-90, ce qui, sur 20,000 hec-
(suite.)
un ambitieux.
A l'heure même où cette conversation avait lieu au
Palais Cardinal, l'immense fallot suspendu la porte du
cabaret de la Pomme-de-Pin agitait encore sa lueur va-!
cillante sur le pavé du quai des Ormes. Mardocliée avait
pris bravement la fuite. Après l'alerte du guet, Saint-
Amant et le capitaine La Ripaille étaient sortis do ce
lieu bachique en se prêtant une mutuelle assistance;
Bellcrose avait regagné son gîte, situé près du Pont-
Neuf; les autres clients de maître Philippe Gruyn s'étaient
dispersés. Cependant la lampe fumeuse balançait encore
sa noire étoile au plafond; les volets n'étaient point en
core fermésMariette se tenait debout devant Charles
Gruyn et de grosses larmes roulaient alors dans ses yeux.
De temps autre, elle jetait un regard furtif sur le jeune
homme. Charles demeurait assis, les coudes appuyés sur
l'une des tables; il semblait en proie d'amères ré-j
flexions. Tout ce qui venait de se passer dans le cabaret1
de maitre Philippe lui semblait encore un rêve. Cet in
connu dont il avait pris la défense avait reçu une bourse
de la comtesse; il venait de la sauver, et celte action
généreuse l'avait perdu Où l'avait-on conduit? chez la
duchesse peut-être!... Était-ce un de ces galans aven
turiers d'Italie, la patrie des femmes et du soleil qui ne
marchent jamais sans la guitarre et l'épéc; un soupirant
de cette dame, que Charles jusque-là avait peine entre
vue? Le fils du eabarelier de la Pomme-de-Pin en
viait presque sa disgrâce, car le malheur est souvent,
auprès des femmes, la meilleure des recommandations,
et Charles Gruyn eut donné tout au monde pour se voir
conduit sous pareille escorte, chez la duchesse. Ainsi
placé devant Mariette, Charles osait peine interroger
les battements de son cœur... A l'aspect de cette jeune
et jolie fille, il sa sentait ému et troublé, si troublé, qu'il
osait peine lever sur Mariette son regard déconcerté...
11 se disait peut-être que «i Mariette l'aimait, cet amour
dont il ressentait déjà l'atteinte pour une autre était un
crime. Il éprouvait alors un chagrin réel et profond.
Depuis deux ans environ que Mariette avait été recueillie
par maître Philippe, il ne s'était guère, en effet, passé
de jours où Charles n'échangeât avec elle de douces et
naïves confidences. Dans ce cabaret sombre, enfumé,
ouvert tous, la présence de cette belle et sereine enfant
était, il faut bien le dire, un de ces contresens grossiers,
dont la délicatesse la plutôt émousséc s'étonne. Mariette
Nous sommes heureux de pouvoir faire con
naître, que les artistes Yproisqui ont envoyé
leurs œuvres la dernière grande exposition de
Bruxelles, y ont fort bien soutenu et même
étendu leur réputation.
Lés œuvres de notre statuaire M. Ed. Fiers,
subissaient, pour la première fois, l'épreuve de
l'exposition son groupe la Nuit et sa statue
le Colin-Itlaillardbien que de genres tout
fait différents, ont été l'un et l'autre fort admi
rés; aussi le jury des récompenses avait-il porté
semblait plus faite, coup sùr, pour habiter les murailles
dorées d'un palais que pour s'étioler, comme une noble
fleur, dans ces ténèbres. Elle avait en elle un fond de
grâce et de courage inexprimables; elle ne se plaignait
pas de sa condition, elle en souffrait. En la retrouvant,
cette nuit-là, pensive et triste, Charles ne pouvait s'em
pêcher de songer au jour où maître Philippe l'avait intro
duite dans sa maison il la revoyait avec ses pendants
d'oreille en verroterie, «i son petit tablier de bohémien
ne... Un jour que son père traversait le Marché-Neuf, le
son d'une voix lui avait fait retourner la tête, c'était une
jeune fille qui chantait un Noël au milieu d'une foule
avide de l'entendre... Le cabarctier remarqua dans cette
voix une altération qui l'émut. Il s'approcha de la pauvre
enfant, ses mains et son cou portaient encore les traces
de cruelles meurtrissures... Deux hommes au teint ba
sané se tenaient derrière la chanteuse; l'un de ces Égyp
tiens nomades était armé d'un fouet. Philippe comprit
tout il avait ouï parler de ces tristes créatures devenues,
par un coup de sort, une marchandise humaine qu'ex
ploite la paresse ou l'industrie... Il revenait de toucher
quelque argent chez le duc de Créquy, la plus riche de
ses pratiques il en proposa la moitié au maître de Ma
riette. Depuis ce jour, elle fut traitée chez lui comme sa