Chronique politique. funèbre dans laquelle il a déployé un talent hors ligne. En effet, de l'aveu même des plus grands connaisseurs, rien de semblable n'a été entendu jusqu'à ce jour Ypres. Ce morceau, composé sur un motif du bel accord des cloches de l'église S1 Pierre, est approprié la circon stance par la gravité de la mélodie et ses accords lugubres. Celte marche que l'on peut considérer comme un chef-d'œuvre, fait le plus grand honneur son auteur qui, nous l'espérons, continuera embellir, de nouveaux morceaux, le répertoire musical de la Garde civique. Nous devons ajouter que MM. les musiciens de notre milice citoyenne ont rivalisé de zèle pour exécuter avec taleut la composition de leur chef. Deux anciens élèves du Collège communal d'Ypres, MM. Garnier et Liebaertviennent d'être admis comme élèves la division d'in fanterie et de cavalerie, l'École militaire, par arrêté ministériel du 17 Décembre 1854. g 9 9 8 Mercredi le Sénat a adopté le projet de loi relatif l'arrestation des matelots déserteurs, et discuté le projet relatif la police sanitaire des animaux domestiques. La commission du Sénat a proposé divers amendements au projet. M. le ministre de l'in térieur a déclaré quil ne pouvait s'y rallier, parce que ces amendements détruisaient les dispositions les plus essentielles de la loi. La discussion des articles aura lieu jeudi. Jeudi, le Sénat a voté le projet de loi qui accorde un crédit provisoire d'un million 200 mille francs au département de l'intérieur. Il a ensuite entamé la discussion des articles du projet de loi sur la police sanitaire des ani maux domestiques. L'art. 1er a été adopté avec un amendement de la commission auquel le ministère s'était opposé. M. Spitaels a alors proposé de suspendre la discussion et de com mencer celle du budget des travaux publics. Celte proposition a été adoptée. La discussion générale du budget a été ou verte et fermée sans débat, et celle des articles renvoyée ce matin, midi et demi. Il y aura ensuite une séance du soir. Le rapport de la commission chargée de l'examen du projet portant prorogation de la loi du 30 juin 1842, qui accorde au gouver nement la faculté de réduire les péages sur les canaux et rivières de l'État, a été fait au com mencement de la séance. La commission en a voté le projet l'unanimité, moins une absten tion. Un amendement avait été proposé au budget des travaux publics, ayant pour but d'augmen ter le traitement des facteurs ruraux, qui ne sodI réellement pas rétribués en raison des services qu'ils rendent et des fatigues qu ils ont supporter. M. le ministre des travaux publics ayant promis de demander pour cet objet et ®tre je ne vais plus la revoir. Tu es un enfant; demain elle trouvera sur son escalier ce même Charles qu'elle aiine. Tu auras soin «le pousser cette fenêtre sans la fer mer; aux lueurs de l'aube, tu rentres, quand ton père et Mariette dorment encore... Eli bien vas donc, je te suis, car tu es un tentateur Je suis ton ami et rien de plus, dit Bellerose qui enjamba la fenêtre. La nuit doublait alors L'épaisseur froide de ses ombres, le vent souillait, la lanterne de la Pomme-de-Pin était prête rendre sun dernier souffle. Sur la façade noire du cabaret brillait un seul jet de clarté, c'était la lumière de la lucarne, ouvrant sur la chambre de Mariette... Pauvre enfant elle veille pensa le jeune homme. Ah pourquoi faut-il que mon cœur ne soit plus moi Ils franchirent bientôt le Pont-Marie, dont quelques rares lumières éclairaient les toits amoncelés, puis tous deux gagnèrent la maison d'Eudes Roquentin sur le pojit de la Tournclle. Les fenêtres du logis étaient ardemment illuminées, plusieurs chaises et brouettes stationnaient la porte; sous le vestibule, des laquais jouaient aux dés... Chut murmura Bellerose, Voici le capitaine La Ripaille La Ripaille descendait alors, en effet, de sa chaise, pour quelques autres, un crédit spécial, l'amen dement fut retiré. Nous apprenons que la promesse du ministre se réalisera dès la rentrée de la Chambre. Un crédit de 330 mille francs environ sera demandé et réparti de la manière suivante: 150 mille francs aux employés des douanes 70 mille aux facteurs ruraux et urbains, et autres agents inférieurs des postes 60 mille francs aux au- vriers du chemin de fer; 10 mille francs aux employés des prisons de l'État, et le surplus du crédit d'autres catégories de petits employés des divers départements ministériels. -i ii i r »it Vendredi le Sénat a consacré toute sa séance du jour la discussion du budget des travaux publics. Il en a adopté 64 articles Il a tenu ensuite upe séance 8 heures du soir, pour reprendre la discussion du projet de loi sur la police sanitaire des animaux domes tiques. Paris, 27 décembre, 8 h. du malin. Le Moniteur français ne publie auGune nou velle de l'armée. Il ne contient que le compte-rendu de la séance d'ouverture de la sessiou. Nous y voyons qu'après le discours impérial, les sénateurs nommés et les députés élus depuis la dqrnière session, ont prêté serment. Les sénateurs sont: MM. le général comte Randon Daviel de Sivry le général Lyautey le général vicomte de Pernely le général mar quis de Cramayel le baron de Chassiron le comte Hector de Béarn Billault; le comte Jules de Grossolle Flamarens le prince Ponia- lowsky: le général Provost; Tourangin; Vaïsse. Les députés sont MM. le marquis de Cbau- raont Quitry le général Boullé; Busson De Robert Beauchamp; Cazelles; Creuzet. N MM. de Béarn et Vaïsse. sénateurs étaient seuls absent» et n'ont pu prêter serment. Cent et un coups de canon avaient annoncé l'ouverture de la cérémonie; cent et un coups en ont annoncé la fin. On lit dans le Times: Le gouvernement anglais vient d'adjuger la fourniture de 50,000 carabines Minié des maisons de Liège, de Birmingham et de Lon dres. Les commandes les plus importantes sont faites en Belgique, et au total il doit être livré 3,000 fusils par semaine. On écrit de Thuin, 20 décembre Vous avez parlé plusieurs fois de l'affaire de M. Buisseret. notaire Thuin. contre lequel on avait soulevé des accusations dénuées de fondement, et qui a été remis en liberté vendredi dernier. Il paraît que celte poursuite avait été entreprise un peu la légère; le résultat l'a bien prouvé Aussi, les habitants de Thuin ont-ils voulu en indem niser M. Buisseret par l'accueil qu'ils lui ont fait son retour. Une foule immense, composée de toutes les classes de la population s'est por- aussi enrubanné que le marquis de Mascarille... A son feutre neuf, ses gants parfumés, on eut pu le prendre pour un seigneur. Bellerose l'avisa, courut lui; ils échangèrent tous deux quelques paroles voix basse... je vous présente, Messieurs, la fine fleur de la cour et de la ville, dit le comédien en entrant dans le tripot. Voici un joueur comme on n'en a jamais vu; en un mot, c'est mon élève Cette phi use de Bellerose fut étouffée sous le bruit flatteur des applaudissements, chacun se prit considé rer Charles Gruyn. C'est un Amilcar, reprit le capitaine La Ripaille, celui qui voudrait s'escrimer d'estoc avec lui, aurait au paravant faire moi La pièce où Charles se trouvait alors introduit, pré sentait, il faut bien le dire, quelque désordre... Les lumières n'y répandaient qu'une lueur terne et blafarde, le regard du jeune homme y chercha vainement des visages de connaissance. Les joueurs rassemblés chez Eudes Roquentin, l'ami du comédien Bellerose, conser vaient tous sur leur morne physionomie, ce type indé- libile que Caravagc fixa avec tant de bonheur dans son tableau de l'Eufant prodigue. Des coupe-jarrets, des ca- tée spontanément la station pour fêler son retour. A peiné arrivé, le notaire Buisseret fui litté ralement enlevé par les mille bras de la foule et reconduit chez lui au milieu de vifs témoi gnages de satisfaction. Cet irrésistible élan de sympathie et d'affec tion arrachait des larmes de tous les yeux. Jamais Thuin n'avait offert un pareil spectacle. Du 28 Décembre au 30 Inclus. La Prusse, au lieu d'adhérer purement «t simple ment au traité du i décembre, cherche obtenir de la Franceet de l'Angleterre un traité particulier. M. d'Usedom n'aurait été envoyé Londres que dans ce but. Voilà ce qui se dit et se répète depuis plusieurs jours. Le Constitutionnel prétend que M. de Man- leuffel espère de cette tactique deux avantages le premier, c'est de gagner du temps; le second, c'est d'éluder ceux des engagements du traité de Vieune qui mettraient la Prusse trop en suspicion la cour de Russie. La Prusse inulive sa demande d'un traité particulier, sur ce que, en l'invitant purement et simplement accéder un traité auquel elle n'a pas été appelée concourir, on la place au rang de puis sance secondaire. Le Constitutionnel lui tépond que c'est bien sa faute; qu'elle n'avait qu'à prendre le iule qui lui appartient en Allemagne. Le Constitutionnel persiste nous montrer la guerre génér.de en perspective. Mais il parle assez étourdimeut de représailles exercer. Là, si le champ est ouvert, il ne l'est pas jusqu'au bout, et l'Empire devrait s'arrêter mi-chemin. En effet, après s'être vengé de la campagne de i8ia contre la Russie, contre qui donc se vengerait-il du désastre de Waterloo, le plus douloureux de tous? Contre l'Angleterre, sou alliée d'aujourd'hui, qui lui infli gea ce revers?... Les écrivains du Constitutionnel ne sauront-ils donc jamais remuer une question sans se heurter une inconséquence? Le Siècle veut aussi une revanche des défaites de i8i4 i8t5, et il demande la reconstitution de la Pologne. Quelques journaux allemands prétendent que la Prusse esi convaincue qu'au iraiié du 2 décembre, il y a un article secret, et qu'elle veut le connaître avant d'adhérer au traité, ce qui serait assez naturel; mais par cela même, nous doutons fort que ses hé sitations viennent de la; il est bien clair en effet que les puissances ne pourraient vouloir l'adhésion de la Prusse des conditions qu'elle ne connaîtrait pas. Une conjecture plus vraisemblable est celle-ci: la Prusse n'adhérera pas au traité si les puissances comprennent les quatre bases comme les interprè tent les jotirnauxanglais et même lord John Russell. Ellesoutient par exemple,que l'Autriche n'a jamais compris le troisième point de garantie, dans la portée que veut maintenant lui donner ce ministre, et qui va jusqu'à la destruction de Sébaslopol. La note autrichienne du 8 août témoigne que de ce troi sième point, il ne devait résulter que l'obligation d'abolir le traité de 11 en ouvrant les Dardanelles aux vaisseaux de guerre de toutes les nations. Dans les nouvelles des armées on a imprimé des centaines de fois que tout était malheur, désordre, coufusion et révolte chez les assiégés. Le contraire résultait bien clairement de la inauièi e dont la place est défendue; maintenant les journaux français sont pitaines de raccroc, des seigneurs Mantouans qui se di saient exilés de leurs terres, des pages, des Allemands et des comédiennes ornaient le jeu. Six chandelles fichées sur de longs bâtons en croix, formaient le lustre, et Charles Gruyn, en s'asseyant, ne remarqua pas sans surprise que tous ces gens de mine peu rassurante, s'em- prassaicnl de Ini donner la bienvenue... Accoudé la chaise de Charles, Olympe l'une des comédiennes minau dait avec son collier de perles; elle laissait tomber sur le jeune homme un regard subtil, pénétrant... Malheureux au jeu, heureux en amour! Vous rte jouerez pas, mon gentilhomme! dit-elle Charles d'une voix maligne; c'est le proverbe, et vous n'allez pas lui donner un démenti Olympe était belle de cette beauté de convention dont toute femme asservie au théâtre se montre fière... Elle avait de longs cheveux noirs comme l'aile d'un corbeau, et la peau d'un lustre éblouissant. Sa robe étoilée laissait découvert ses bras nus, Bois-Robert avait comparé dans un sonnet ses joues la pèche et sa bouche du muscat. Dans ce temps là, les poètes étaient des peintres; un portrait d'eux suffisait. Olympe eut un jour grand mal l'un de ses yeux, et Saint-Amant lui avait adressé les stances du Bel OEil malade. On citait ses mourants,

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Le Progrès (1841-1914) | 1854 | | pagina 2