JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Jeudi, 6 Mars 185«.
Vires acquirit euodo.
S* 1,549. 15* Année.
ABONNEMENTS: Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 30c. Provinces,4francs.
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Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne Ajournai doit
être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Ypres, 5 Mars.
Les sections de la Chambre se sont occupées
du projet de loi sur la bienfaisance publique et
les fondations charitables. Cette question est
devenue, pour les épiscopaux, une question de
parti, et la droite volera, les yeux fermés,
toutes les dispositions de celte œuvre anarehique
et désorganisalrice. Pendant quelques siècles,
la société a lutté avpc énergie contre les prin
cipes de désordre que la hiérarchie cléricale
maintenait avec ténacité dans l'ordre civil, pour
pouvoir d'autant mieux domiuer, et on veut
encore, sous une fausse enseigne, doter la so
ciété laïque régénérée d'un régime qui doit ra
mener la confusion du moyen-âge. Qu'on tri
pote, qu'on désorganise, le quart d heure de
Rabelais arrivera et alors gare la bombe qui
éclatera
Malgré des réclamations incessantes et des
requêtes au ministre des travaux publics, la
même désorganisation continue exister dans
le transport des dépêcbes et des voyageurs.
Aucune modification n'a été portée au départ
des convois, et nous n'avoua pas eu de malle
de nuit pour la transmission plus rapide des
dépêches. Il est difficile de croire un pa
reil entêtement de la pari de 1 administration,
car c'est pour obtenir la suppression d'un mi
sérable convoi de Bruxelles sur Gand, qu'on a
désorganisé tout le service sur la ligne des
Flandres. Les arguments que le Moniteur a
produits, au nom du gouvernement, pour jus
tifier celte désorganisation, sont tellement ridi
cules, que l'administration aurait dû rougir de
les mettre en avant. Mieux valait se taire que
de présenter une défense aussi pitoyable; mais
enfin il y a, aux travaux publics, un chef qui
semble omnipotent et irresponsable, car s'il
avait répondre de la mauvaise direction quil
imprime au chemin de fer, il y a longtemps
qu'on aurait dû le remercier et en débarrasser
le railway national, qui probablement aurait
ptus vile produit des bénéfices.
Lundi soir, a eu lieu la séance de phrénologie
et de cranoscopie par M. Deflor. Cette science
USE FATALITE.
(suite.)
Xll.
La villa Piranese est en fête la plus riche et la plus
belle des héritières romaines vient d'être bénie roatri-
monialement l'église de Jésus, et son mari la ramène
la campagne la noce profane va succéder i la cérémonie
religieuse. Les jeunes paysans et les brunes contadines
d'Albano et de Tivoli dansent sur les pelouses de l'Anio,
où la munificence des maitres a dressé des tables immen
ses chargées de fiaschini, de pâtisseries, de limons,
d'oranges et de liqueurs. Dans ce coin du tableau, la joie
est au comble. La gaité semble beaucoup moins vive au
bal des dames Cécilia, la jeune mariée du matin, est
venue se mélor aux quadrilles mais sa figure pâle et sa
démarche mélancolique communiquent la ronde une
sombre contagion do tristesse. Les deux drames Piranese
luttent héroïquement contre des souffrances intérieures
pour faire bon accueil aux invités par intervalles, elles
donnent leurs amies ce sourire forcé qui meurt languis-
samment sur les lèvres, sans remonter aux yeux. Au
reste, cette fête sans joie expansive est expliquée par tout
le monde dans un sens qui paraît naturel. On sait que le
comte Piranese est absent, et qu'attendu la veille, son
qui compte de rares adeptes, n'excile pas ici la
curiosité qu'elle mérite^d'éveiller Aussijpeu de
monde était-il présent cette première confé
rence, qui cependant mérite toute recomman
dation. M. Deflor a parfaitement expliqué les
considérations théoriques, ainsi que les démon
strations pratiques sur les penchants, les sen
timents et l'intelligence, d'aprèsjlejsyslème du
célèbre Gall. L'auditoire peu nombreux, était
surtout composé de médecins et de personnes
versées dans les sciences physiologiques et mé
dicales. Du reste, il est difficile de réunir un
cercle d'auditeurs importanl{pour\les conféren
ces qui ont une science aussi peu connue popr
sujet, quoique rien ne soit plus intéressant ni
plus instructif. Constatons que'M. Deflor a par
faitement réussi et qu'il a satisfait et intéressé
ceux quionl assisléà la conférence.On nousa dit
que le lendemain M. Deflor s'est rendu la maison
des aliénés et que là, on a fait venir devant lui
plusieurs sujets qui lui étaient inconnus et sur
lesquels il lui a été impossible de prendre des
renseignements. Après avoir palpé les crânes
de ces malheureux, il a décrit avec beaucoup
de précision leurs instincts, le genre de maladie
mentale qui les avait réduit cet état, et les
symptômes de leur affection.
Ici il ne pouvait y avoir le moindre compé-
rage et il faut en tirer la preitve que M. Deflor a
réellement des connaissances très-étendues et
très-précises en phrénologie.
M. Deflor donnera une seconde séance après-
demain Vendredi, 7 heures du soir, en la salle
de Y Aigle d'or.
Nous rappelons que M. Deflor se rend au
domicile des personnes qui voudraient des con
sultations soit pour l'examen de leur tète, soit
pour connaître le caractère ou les dispositions
de leurs enfants.
S'adresser Y Aigle d'orchez Mme v« Dehem,
qui délivrera des billets de souscription au prix
de 75 centimes. Prix pour les non-souscrip
teurs 1 fr.
M. le Bourgmestre de la ville est assez sérieu
sement indisposé. Hier il a eu un malaise qui
semblait faire craindre une congestion. Des
retard sème de l'inquiétude dans sa famille on sait aussi
que les deux époux ne jouiront pas sans larmes de leur
lune de miel, et que le premier coup de canon séparera
ces mariés que l'on suppose si vivement épris d'un amour
mutuel et si heureux d'être unis. Le seul Emile a pris la
fête.au sérieux. Il explique et il excuse la tristesse fardée
de sourire qui règne autour de lui, mais il est inondé
de tant de bonheur, qu'il s'est décidé savourer ce bon
heur en égoïste, sans se préoccuper des faiblesses des
femmes. Il est marié voilà l'important de l'indissoluble;
il a épousé cette divine Cécilia qui lasserait tous les pin-
ccaux de l'école romaine avant qu'un artiste pût repro
duire un visage et un corps dignes des voluptés du ciel.
La jeune épouse marche nonchalamment suspendue au
bras d'Emile elle a reçu les instructions de sa mère, elle
s'y soumet religieusement, et jamais, dans ses entretiens,
elle ne laisse échapper une parole qui puisse contrister
son époux; victime résignée, elle garde ses amertumes
et les cache soigneusement. Partout, quand elle passe,
des murmures d'admiration éclatent ils ne peuvent
émouvoir son orgueil de femme; mais Emile triomphe
pour elle; il s'enivre de cet encens, il s'exalte de cet
enthousiasme, il sent que sa passion s'augmente de tout
ce délire d'étonnement qui environne Cécilia; et quand
il arrive sur les pelouses de l'Anio, parmi ces groupes de
soins immédiats ont pu conjurer les symptômes
les plus menaçants. Mais il est dans un état de
grande faiblesse et sa position paraît assez grave,
car il y a eu lieu d'examiner, s'il ne serait pas
prudent de l'administrer.
Dimanche derriier. a eu lieu l'Hôtel Foufc-
nier, la première représentation scënique de la
Société de rhétoricjbe flamande, sous la devise:
de kunst is ons ■ée'r'ihnek. H y avait foule et la
petite salle de spectaefe coquettement arrangée
par l'artiste Bûhm, était comble.
Le premier essai a done réussi, mais si les>
membres actifs désirent atteindre une prospé
rité stable et complète, il faut qu'ils se mettent
sérieusement l'œuvre et augmentent leur per
sonnelde façon pouvoir donner des pièces
flamandes qui, bien exécutées, attireraient laf
foule chaque représentation.
VILLE D'YPRES. Coxseil communiai..
Séance publique fixée au Jeudi, 6 Mars 1836, trois
heures de relevée.
ordfe du jour
i* Communication de pièces.
a* Approbation du compte i8$4j et budget de
l'exercice 1856 des Hospices.
3* Rôles pour le recouvrement de la taxe pro
vinciale et communale pour i856 sur les chiens et
de celle provinciale sur les chevaux, bêtes cornes
et moutons.
4° Approbation des comptes de l'exercice i855
du Collège communal et de l'École moyenne.
5* -- Nouvelles propositions concernant l'éclai
rage de la Salle de spectacle.
6* Règlement sur l'équarrissage.
7® Idem pour l'établissement des trottoirs.
8* Cession du magasin poudre n" a, pour
servir au dépôt des provisions alimentaires desti
nées aux indigents.
9* Vente d'arbres, tenue le 17 janvier dernier,
sur les propriétés du Bureau de bienfaisance, si
tuées en la commune de Passchéndaele et de Moor-
slede.
1 o* Établissement d'une fonderie de suif sur le
terrain de la maison rue de Dixmude, n° 59.
11* Autorisation sollicitée par le Bureau de
bienfaisance, pour cession de bail et changement de
nature de propriété.
1 Projet de règlement concernant la boulan
gerie.
peuple dansant, oh alors ses désirs frénétiques s'impa
tientent de la longueur du jour, car les jeunes filles ac
courues d'Albano, de Tivoli, d'Aricia, toutes belles
ravir un artiste, toutes fraîches et constellées de grands
yeux noirs sous leur bandeau écarlate, se précipitent,
avec furie de curiosité italienne, au devant de Cécilia, et
moins réservées que les grandes dames, elles se récrient
de surprise, et entonnent un hymne d'admiration, dans
cette belle langue romaine qui a été inventée pour la
bouche des femmes et pour les allégresses de l'amour.
Mais de toutes ces voix qui s'élevaient autour de lui, la
plus angélique restait muette,-cl le jeune époux parut
enfin s'inquiéter d'un silence que la modestie et la timi
dité n'excusaient pas suffisamment.
Ma chère Cécilia, dit-il avec une voix tremblante
d'amour, depuis ce malin votre bouche charmante ne
s'est pas ouverte votre voix arrive mon cœur comme
une mélodie aimée, et je soupire après une seule de vos
paroles, comme ce brin d'herbe desséché après la goutte
d'eau du fleuve. Dites-moi que ce jour est un beau jour,
que cette fête vous plaît, que la joie de ces jeunes filles
vous rend joyeuse; dites-moi un de ces mots harmonieux
qui enchantent et font tressaillir; et je bénirai le destin
qui me donnera ce moment.
Cécilia inclina sa tête sur l'épaule, et jeta ebliqueneat