JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
M* 1.553. 15* Année.
Jeudi. 80 Mars 1850.
Vires acquirit eundo.
UNE FATALITE.
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Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
ïpbe», 19 Mars.
■Nous voici vers la fin du mois de Mars el le
Moniteur n'a pas encore annoncé de modifica
tions au service du chemin de fer de l'Etat
D'autres années, la période intermédiaire entre
l'hiver et l'été commençait vers le 20 Mars.
Faùl-il croire que le département des travaux
publics nous donnera, comme le chef du mi
nistère de la justice, l'exemple d'une déplorable
obstination, et que les localités éloignées du
centre du pays, resteront celles dont les com
munications seront les plus difficiles? Nous ver
rons bien.
Le chemin de ronde extérieur que l'autorité
communale a fait niveler autour des fossés de la
ville, commence devenir praticable. Dans
quelques années, quand les arbres vqui y seront
plantés auront acquis un certain développe
ment, cette promenade deviendra très-agréable.
Elle aura une longueur d'environ six kilomètres.
On est en train d'utiliser une partie de la
terre qui se trouve de trop sur la batterie dite
d'Elverdinghe, avaot de procéder aux terrasse
ments nécessaires pour convertir cette partie
des fortifications en jardin public, où plus tard,
peut-être, sera construite une guinguette.
C'est aujourd'hui qu'a eu lieu le concours com
munal du bétail gras et des bêtes cornes des
tinées la reproduction. Nous donnons le ré
sultat de cette lutte qui, pour le bélàil destiné
la reproduction, a pris de grandes propor
tions.
Le 13 Mars courant, un incendie, dont la
cause est encore inconnue, a totalement con-i
sumé un hectare de sapins, au lieu dit den
Kosnk, Passchendaele, et appartenant M.
De Neckere, bourgmestre, MooTsIede et aux
enfants Overberghen, Moorslede la perte
s'élève 1,100 francs.
Un jeune garçon de 14 ans, nommé Demey,
Pierre, étant monté le 16 de ce mois, au mou-
(suite.)
XIV.
Nous sommes aux premiers jours du mois de mai
1815 c'est la semaine des fleurs. Toutes "les voix de la
nature vous invitent alors vivre d'une vie d'amour,
dans cette heureuse Italie qui ne fut inventée que pour
les arts et le plaisir. Autour du château de Tolenlino les
collines rient dans l'azur, se voilent de draperies vertes,
se baignent dansde petits torrents qui sont joytux d'avoir
brisé Ifcs chaînes glacées de l'hiver. L'homme, né pour
vivre peu, s'apprête, sans doute, savourer ce nouveau
printemps,serrerdans ses bras cette nàturc ressuscilée,
boire cette infusion voluptueuse d'or et d'azur qui coule
du ciel, chanter ses amours avec les oiseaux et les cas
cades, rire de volupté dans ec radieux horizon de bon
heur. Non, cela déplaît aux Autrichiens. Le général
Bianchi a chargé les canons le fr du mois de mai, contre
les collines, contre les amours, contre les fleurs. Soldat
stupide que les hommes se tuent, pour tuer le temps,
sous le ciel plat et ennuyeux de l'Allemagne, de l'Angle
terre, de la Russie, cela se conçoit mais ici, et dans
cette saison! Oh! divine Italie, pardonne-leur, ils ne
savent ce qu'ils font. Les nuages montent, l'azur s'éteint,
les oiseaux se taisent, les arbres pléurent; la campagne
de Tolenlino tremble sôus le canon de Bianchi, la luinée
de la bataille s'élève sur la colline comme une coupole de
lin du sieur Verfaille, Wulveringhem. pen
dant que celui-ci en était momentanément
descendu, a été pris entre les engrenages el
écrasé.
Convention d'Anvers.
RAPPORT DE COMMISSION ADMINISTRATIVE*DE L'ÉCOLE
INDUSTRIELLE DE VERVIERS AU CONSEIL COMMUNAL.
(suite.)
Dans les écoles publiques de la Prusse et de la
Suisse, l'enseignement religieux est donné dans le
même établissement par les ministres des differens
cultes auxquels appartiennent les élèves.
On ne voit pas dans ces pays le clergé catholique
prolester contre ce qu'on appelle chez nous écoles
mixtes.
Notre Constitution, qui proclame les principes de
la plus large tolérance, devrait seule être un obsta
cle l'adoption de cet article, alors même que l'art.
8 de la loi sur l'enseignement moyen ne le condam
nerait pas formellement.
Art. 3. Les élèves non catholiques sont dispen-
sés d'assister cet enseignement.
Il est tout—fait superflu d'insérer une dispense
de ce genre dans le règlement. L'art. i5 de la Con
stitution, qui déclare que nul ne peut être Con-
traint de concourir d'une manière quelconque
aux actes et aux cérémonies d'un culte, suffisait
pour garantir la liberté des élèves non catholiques.
Mais il est étrange de faire figurer dans ce règle
ment une exemption qui est de droit, et de ne pas
y voir inséré celle qui pouvait donner lieuîà.une
contestation la dispense des élèves catholiques ré
clamée par leurs païens.
Cette dispense a fait l'objet de négociations entre
l'aulorité civile et l'autorité ecclésiastique; pourquoi
la solution n'est-elle pas indiquée dans le règle
ment; pourquoi le caractère réglementaire que
voulait lui donner le bureau administratif de l'athé
née de Bruxelles a-t-il été considéré comme un
obstacle au concours du clergé
Cette étrange conduite vous fera comprendre,
messieurs, que, d'un côté, nous ne pouvons pas vous
proposer l'adoption d'un article insignifiant, et que,
de l'autre, nous devons vous prier d'insérer dans le
règlement de notre école le droit formel des parens
de pouvoir dispenser leurs enfants des cours d'en
seignement religieux.
deuil. Par intervalles, la nue se déchire, et donne une
ouverture au ciel c'est Dieu qui veut voir Joachim
Mural combattant pour ses autels et ses foyers. Jamais le
héros ne fui plus grand, lorsque chaque coup de son épée
retentissait en faccde l'Europe; aujourd'hui, c'est un duel
obscur qu'il vient d'engager, seul contre une armée. A
Tolenlino, quand Mural.élend son bras, l'armée se courbe
rie terreur elle se relève quand Murât, épuisé par une
bataille de quinze ans, laisse tomber son sabre sur le
flanc de son cheval; c'est contre lui que l'artillerie tonne,
que les lignes rie fusils s'abaissent, que les escadrons se
précipitent, que les pointes des épées s'alongent; car
l'ennemi n'en veut qu'à lui, ne nomme que lui; et lui
passe dans cet ouragan d'acier, de plomb, de feu, épou
vantant la mort qui le cherche, éteignant les batteries,
émoussant les glaives, côtoyant les boulets, écartant les
balb s avec son souffle, écrasant les escadrons avec sa
main; et il s'étonne de voir que l'ennemi soit cneorc de
bout; et il se rapiielle ce jour impérissable, où, sur la
plage d'Aboukir, il prit un paeha, une armée, une flotte,
un monde, et, fossoyeur sublime, les enterra tous dans
le sable de la mer. Une femme seule, dans ce vieux châ
teau qui domine la route de'Tolenlino Maccrata, une
femme a écouté la formidable voix de la bataille, et a
tressailli avec tous les échos des montagnes; c'est la com
tesse Rosa Piranese. La nuit tombée, elle n'a plus rien
I entendu vers Tolenlino, et clic pense que quelque grand
désespoir vient d'être consommé. De temps en temps, h
En France, ce droit a été réservé d'une manière
plus expresse encore; il faut que les parents aient
demandé l'admission de leurs enfants aux cours
de l'enseignement religieux pour que ces cours
soient obligatoires pour ceux-ci. (Art. ir, a de
l'arrêté précité.)
Art. 4. L'ecclésiastique a également soin de
l'éducation chrétienne des élèves. Il veille ce
qu'ils accomplissent en temps opportun leurs do-
voirs religieux. 11 s'entendra ce sujet avec le
préfet des éludes.
Faire intervenir les écoles publiques dans les actes
de la vie privée, tels que les exercices du culte, nous
paraît tout au moins imprudent.
L'école industrielle et littéraire ne reçoit que des
élèves externes, qui sont placés, pour ce qui con
cerne l'accomplissement des devoirs religieux, sous
la direction et la surveillance de leurs parens. Ce
sont ceux-ci qui ont le droit et A qui incombe le
devoir de veiller cette partie de leur éducation. Ce
sont eux et eux seuls qui ont le droit de leur pres
crire la manière dont ils entendent que ces devoirs
soient remplis.
Substituer leur autorité celle de l'autorité com
munale, intervenir, les gêner dans la direction mo
rale et religieuse qu'ils veulent donner leurs
enfans, c'est un abus de pouvoir qui ne saurait être
justifié.
Nous ne croyons pas que l'administration com
munale fasse chose sage en provoquant les consé
quences que pourrait entraîner cette immixtion
dans la vie domestique des familles. L'exécution
serait pleine de difficultés. Comment s'assurer que
les élèves remplissent leurs devoirs religieux? Fau
drait-il les conduire la messe, exiger des billets de
confession? La volonté des parens serait-elle res
pectée?
Que l'administration fasse soigner l'instruction
religieuse des élèves dans le collège, qu'elle exige
d'eux une conduite régulière, le respect des bonnes
moeurs, qu'elle recommande aux professeurs de
profiler de toutes les occasions pour développer en
eux les sentimens religieux et moraux, c'est son
droit, c'est son devoir. Aller au-delà, ce serait ou
trepasser sa mission.
Art 7, i». On n'emploie pour l'enseignement
religieux que les livres désignés par le chgf du
diocèse.
noble femme se lève, traverse- les vastes salles du châ
teau, ouvre la croisée du perron et jette de longs et in
quiets regards dans la campagne. Sous ses pieds, des
profondeurs effrayantes, mugit le torrent de l'Arno, qui
court veis l'Adriatique; on voit luire ses grandes masses
d'eau, travers les clairières de la forêt de chênes qui
semble soutenir le vieux château dans les airs. Au nord,
la vue est bornée par les hautes montagnes de l'horizon
maritime; au raidi, de blocs énormes de rochers tombent
du manoir sur la plaine comme une cataracte de flots de
granit, et font éclater, ça et là, par leurs fissures, des
bouquets de figuiers sauvages, de verveine, de thym et
de genêts. Devant le perron serpente le sentier négligé
qui, de colline en colline, mène Notre-Dame-de-Lorettc,
et aux petits villages qui avoisinent le saint couvent,
Rosa Piranese écoute et regarde; il n'y a que le torrent
qui bruit dans cette immense et sauvage solitude. On
dirait que tous ceux qui se battaient sont morts, et que
le torrent chante l'absoute de leurs funérailles. Quelques
étoiles luisent au zénith; mais le cercle de l'horizon est
sombre, et les deux grandes constellations supérieures
sont éclipsées par un voile de nuées. U11 air massif et
chaud annonce l'orage. La terre a prêté tant de bitume,
de salpêtre et de colère au ciel, que le ciel généreux veut
rendre ses dons la terre. Les forêts', inclinant leurs
cimes, semblent saluer l'arrivée de l'orage, afin de se le
rendre propice; le vent de l'Adriatique saute par-dessus
les monts, et apporte aux vallées les mugissements de