Chronique politique.
plume dont je tous parlais hier et qui a servi h si
gner les sept exemplaires du traité. L'empereur a
remercié et a dit qu'il allait remettre cette plume
l'impératrice k qui elle était destinée.
La revue de mardi promet d'être la solennité mi
litaire la plua brillante que l'on ait vue k Paris de
puis longtemps. Vint-cinq mille hommes au moins
y figureront. Le comte Orloff en uniforme de géné
ral russe y sera auprès de l'empereur, suivi du
nombreux état-major d'officiers russes qui Pbhl
accompagné Paris.
Ce soir on prépare des illuminations que le plus
beau temps du monde favorisera. Le bal du ministre
de l'instruction publique quia lieu ce soir, excite
d'avance la curiosité générale, car on pourra y voir
pour la première fois les diplomates russes sortir
enfin de la réserve dans laquelle ils ont dû se ren
fermer avant la signature du traité.
Le baron de Brunowa fait savoir aujourd'hui au
ministre des affaires étrangères, que l'empereur de.
Russie avait levé l'interdiction qui empêchait les
nobles russes de venij- en France. Aussi, dès la se
maine prochaine, les russes vonlsrriver en foule
Paris, leur paradis terrestre, dont la guerre avait fait
un paradis perdu. L'opéra en a tressailli d'aisé.
La semaine prochaine va se passer en fêles, en
illuminations, coups de canon, revues, bals aux
Tuileries, spectacles chez les ministres, etc. Quant
la population parisienne, les plus brillantes fêtes
lui sont réservées pour le baptême du prince iinpé-
riaL On parle d'avancer cette cérémonie, qui ne
devait avoir lieu qu'au mois de juin, afin de la faire
coïncider avep l'échange des ratifications.
TTT rM
On lit dans la Patrie:
C'est une heure, ainsi que l'annonce l'avis de
M. le préfet de police affiché sur les murs de Paris,
que tous les membres du congrès ont signé le traité
de paix l'hôtel da ministère des affaires étrangères.
Pour cette dernière Ttéarjcè les plénipotentiaires
avaient revêtu leur uniforme et portaient toutes
leurs décorations.
Demain, M. le comte Walewski doit offrir un
dîner d'apparat aux membres du congrès, ainsi qu'à
tout le corps diplomatique et aux grands dignitaires
de l'État.
Nous pouvons ajouter que ce traité est de nature
donner une complète et légitime satisfaction aux
grands intérêts pour lesquels la France et l'Angle
terre avaient pris les armes. C'est une paix glorieuse
pour nous et qui sera fructueuse pour tous.
Les quatre garanties sont largement appliquées,
et le cinquième paragraphe a été réalisé de manière
donner a l'Europe tout ce qq'elle pouvait deman
der de séçprité, sans humilier toutefois la Russie.
A Fheure où uous mettons sous presse, la signa
ture des protocoles continue. Chaque plénipoten
tiaire a y apposer quatre fois quatre-vingt-seize
paraphes.
Le Journal de* Débats dit de son côté
La séance solennelle du congrès pour la signa
ture du traité de paix a eu lieu au ministère des
affaires étrangères.
Tous les plénipotentiaires étaient en uniforme.
A deux heures, le canon des forts des environs
de Paris a annoncé la signature du traité.
A deux heures et demie le cauoo des Invalides a
tiré une salve de ioi coups.
Vers trois heures, un chambellan de l'empereur
est venu prévenir les plénipotentiaires que S. M.
était prête les recevoir.
pèlerin, ma résolution est prise. La mienne est prise
aussi dit Çécilia en essuyant ses pleurs et avec une voix
assurée. La vôtre, Cécilia? dit Piranese. Oui, Mon
sieur... oui, mon père... Ce couvent a été mon refuge,
II sera mon tombeau. Je prendrai le voile, et je commence
aujourd'hui mon noviciat.
J'ai peu de jours vivre, moi, ditla marquise je
reste ici, je consolerai cette pauvre enfant, après Dieu.
Et moi, dit le comte se levant, je ne serai pas indigne
de vous... Adieu... au revoir dans le ciel
La cloche de la prière qui sonna sur ces paroles abré
gea les instants d'une bien cruelle séparation. Le noble
pèlerin prit le chemin de Rome, et arriva deux jours
après sur la montagne où s'élève la Chartreuse de Notre-
Dame-des-Anges, bâtie par Buonarolti. C'est de ce por
tique, dit-il, que je descendis un jour ma villa pour
prendre une épouse parmi les filles des hommes aujour
d'hui je quitte un cadavre pour remonter çe portique.
11 entra au cloître, et hx sérénité rayonnante de ses qua
tre galeries infusa dans son âme un baume inconnu-
Voici la tente du Tbabor, dit-jl au supérieur en se
jetant k ses pieds; mon père, accueillez-moi. Mon fils,
relevez-vous, dit le vieillard cénobite, je vous attendais.
nt, MÉRY.
A trois heures et demie, les plénipotentiaires se
sont rendus au palais des Tuileries.
Le comte Walewski et M. de Bourqueney
avaient précédé de quelques instants leurs collè
gues.
Du 30 Mars an 9 Avril Inclus.
La PAIX a été signée dimanche Paris, k une
heure de l'après-midi.
Cette grande nouvelle est arrivée le dimanche
vers deux heures, au ministère des affaires étrangè
res, Bruxelles, où personne n'a sougé en faire
part aux journaux.
Nos ministres avaient cependant sous les yeux
l'exemple des ministres anglais qui, pendant le siège
de Sébastopol, chaque lois qu'ils recevaient une dé
pêche, s'emptressaient de la communiquer aux jour
naux.
Mais enfin, la paix est faite, c'est l'essentiel; et
quoique depuis plusieurs jours' ce résultat ne fut
pas douteux, la nouvelle n'en a pas moins été aCr
cueillie avec une grande joie.
A Paris, les spéculateurs l'ont accueillie par une
baisse assez forte. Ce mouvement a commencé di
manche, au Passage de l'Opéra; il a continué la
Bourse de lundi,
La signature dq traité de paix était connue di
manche Berlin, presque aussitôt qu'k Bruxelles, et
l'on y a appris immédiatement, qu'à cette occasion,
le Roi avait conféré k M. le baron de Manteuffel le
grand cordon de l'Aigle-Noir.
Le Time.t dit que la difficulté relative la Prusse,
qui avait interrompu le cours des précédentes séan
ces, a été arrangée, de la manière la plus satisfaisante
possible, dans l'état actuel des choses. Le fait est que
dans la proclamation du préfet de police de Paris,
nous voyons figurer la Prusse au quatrième rang des
puissances signataires.
Une lettre adressée au Nord prétend que le Pié
mont sort très-mécontent de la Conférence, toutes
ses prétentions ayant été écartées, malgré l'appui de
l'Angleterre. Le Timedit qu'en effet la Sardaignea
fait entendre quelques légers murmures, inaisqu'elle
a fini par se contenter, grâce k une clause fort
agréable pour.elle, qui a été introduite dans les pro
tocoles. Le Time* ajoute que la nature de cette
clause lui est inconnue.
Le Courrier de* ÉtaU-Uni* donne une relation
détaillée du bombardement de la ville de Vera-
Cruz par la forteresse de Saint-Jeau d Uiloa, dont
nous avons parlé ces jours derniers.
Le fort de San-Jaan d'UHoa est une prison où
l'on enferme les condamnés politiques. Parmi les
détenus, se trouvait un certain Salcedo, personnage
d'un caractère fort peu honorable, ce qu'il paraît,
mais qui exerce sur les prisonniers, une assez puis
sante influence. On dit que les antécédents de Sal
cedo sont flétrissants et que, pendant presque toute
sa vie, il n'a eu pour toute industrie que lès vols de
grand chemin. Cependant, il paraît que ces débuts-
(k ne sont pas fautes impardonnables au Mexique,
car, malgré tout, Salcedo avait été élevé au grade ds
capitaine dans l'armée mexicaine.
Salcedo avait donc acquis de l'ascendant sur les
prisonniers, et il était parvenu k leur persuader
qu'eux aussi devaient jouer un rôle politique; il
leur avait communiqué la fièvre du pronuncia-
mienlo, celte contagion du Mexique. Cédant k ces
dangereux conseils, croyant la perspective que
leur entr'ouvrait Salcedo, ils avaient consenti a un
soulèvement, s'étaient emparés des officiers de la
forteresse et en avaient remis le commandement
Salcedo, qui agissait pour le succès de la cause de
Haro y Tamariz.
C'est dans la nuit du ia au i3 février que le com
plot reçut un commencement d'execution le i3,
Salcedo et ses hommes faisaient savoir la ville de
Vera-Cruz, que si elle ne consentait pas se pro
noncer en faveur de Haro y lainariz, on la bom
barderait. Quelques heures seulement étaient accor
dées k la cité menacée. Sa proposition fut rejetée
par le gouverneur Llave. Bientôt des menaces on
passa k l'action, et le feu des batteries du fort fut
ouvert sur Vera-Cruz.
f
La frégate française la Pénélopede 6o canons, qui
se trouvait là, vint au secours de la ville, en se pla
çant sous les murs de la forteresse et en menaçant
Salcedo d'un bombardement; s'il ne cessait sou feu.
Les choses restèrent en l'état jusqu'au 19. Cejour-
là, une bombe lancée du fort Santiago sur la cita
delle, fit sauter un magasin poudre, tua 16 hom
mes et en blessa 3o ou 4o, ce qui détermina les
troupes de la citadelle k se rendre sans condition.
Salcedo et les siens furent mis aux fers et onldùêtre
jugés par une cour martiale. On croyait générale
ment que Salcedo serail fusillé le 23 février. Son
acte de barbarie, disent les lettres du a a, a laissé des
traces profondes dans la ville les églises, les hôtels,
les maisons privées, tout cela a été endommagé par
les boulets les steamers k portée des canons du fort
ont aussi beaucoup souffert, et plusieurs de leurs
matelots ont été tués.
L'état de siège décrété k Parme k la suite de l'as
sassinat de M. Gaëtano-Bordi, est appliqué avec la
plus grande rigueur, disent les journaux piémontais.
Des patrouilles fortes et nombreuses, composées
d'agents.de police, de gendarmes et de troupes au
trichiennes, parcourent la ville dans tous les sens.
Il a été fait de nombreuses arrestations, dont on
porte le nombre k 3 ou 4°°j elles continuaient
encore k la dernière date elles se font surtout parmi
la classe ouvrière. Les détenus poliliques ont été
transférés avec le plus grand secret et sous l'escortâ
d'une force imposante, dans la citadelle de Mantoue.
11 est interdit aux ouvriers de sortir après neuf
heures du soir, a moins de justifier des motifs de
leur sortie; il est interdit également de statiônner
au coin des rues, et l'on parlait d'un décret qui de
vait être rendu contre les barbes et les moustaches,
considérées comme signes de ralliement. M. l'avocat
Gaëtano-Bordi n'était pas mort de .sa blessure et
l'on espérait le sauver.
Les nouvelles d'Haïti du 26 février portent que
1 empereur Faustin était rentré dans sa capitale le
14, qu'il s'était immédiatement empressé de publier
une proclamation, dans laquelle il déclare qu'il a été
obligé de rebrousser chemin, mais momentané
ment.
Un correspondant de Paris est revenu k deux re
prises, sur la mauvaise impression produite par
l'arrêt de la Gour de cassation. Il ne faut pas voir là
un parti pris. Les correspondants de Ylndépendance
belge sont eux-mêmes forcés de constater le lait, et
voici comment l'un d'eux s'exprime
il est de plus en plus avéré que l'arrêt de la
Cour de cassation qui proscrit les bulletins électo
raux, sans une autorisation spéciale de l'autorité,
produit l'effet déplorable que je vous ai dit Cet
arrêt a été rendu, me dit-on, après une vive discus
sion, par a6 voix contre seize.
On doute très-fort de la réalisation de l'amnistie
en faveur des délits de presse. Peut-être aura-l-elle
lieu au mois de juin; priais pour le moment, on
doute qu'on veuille amnistier YAttemblèe nationale
dont l'opposition se fait journellement remarquer,
ou même, quoi qu'on en dise, sauver le Figaro.
Une dépêche de Madrid du 28 annonce que le
projet financier de M. de Santa-Cruz a été pris en
considération par les Cortès, la majorité de 184
voix contre 27.
Le journal ministériel prussien le Zeit annonce
que le prince Frédéric-Guillaume, qui doit épouser
la princesse royale d'Angleterre, d'après les arran
gements pris, se rendra k Londres dans les premiers
jours de mai, et qu'il passera plusieurs semaines la
Cour.
Par suite du duel Hinckeldey, le commandait du
3* corps d'armée a adressé la Chambre des sei
gneurs de Prusse, la demande d'autorisation de
poursuivre deux de ses membres, M. de Rochow, et
son témoin, M. de Marwitz.
L'empereur de Russie est parti de Saint-Pétèrs-
bourg le aa mars a heures,accompagnédes grands-
ducs Constantin et Michel, pour aller visiter la Fin
lande. Son excursion ne devait durer que huit jours.
Les joies delà paix n'ont converti le gouvernement
impérial, ni k l'oubli ni k la clémence, et tandis que
le canon des Invalides annonçait k Paris que la
guerre était terminée, M. Billault, ministre de l'in
térieur, infligeait un avertissement l'Assemblée
nationale. Ce journal n'avait pas seulement k expier
son article sur l'arrêt de la Cour de cassation, il
fallait aussi le ptinir de ce qu'il avait dit, quelques
jours auparavant, des généraux exilés.
La Chambre des seigneurs de Prusse a autorisé les
poursuites contre M. de Marwitz, témoin dans le
duel de M. de Hinckeldey. Quant k M. de Rochow,
il a été décidé qu'il n'y avait pas lieu d'accorder
l'autorisation demandée, le prévenu s'étant mis, dès
le premier jour, k la disposition de ses juges, les
autorités militaires.
On écrit de Berne, que l'ordre est arrivé d'Angle
terre, de suspendre les enrôlements qui se faisaient
en Suisse pour la légion étrangère britannique. Les
opérations de recrutement étaient en pleine activité.
Deux cents hommes avaient été expédiés aux dépôts
de recrutement, dans la dernière semaine de mars.