Chronique politique. Nouvelles diverses. Do 4 Mal an 7 Inclus. Jeudi au soir, la Chambre des communes a rejeté ]a motion de M. Whileside sur Kars, la majorité de 3o3 voix contre 176. Majorité en faveur du mi nistère, 127 voix. Lord John Russell et sir James Graham ont combattu la proposition. A la Chambre des lords, le comte de Malmesbury a annoncé qu'il renonçait présenter sa motion, et qu'il réservait pour le débat qui va avoir lieu sur le traité, les observations qu'il se proposait de faire l'appui de sa motion. Les nouvelles de Paris se réduisent peu de chose. La plus saillante est celle de l'arrivée du roi de Wurtemberg, qui y était attendu samedi incognito. Vendredi, la Chambre des communes, répon dant une interpellation, lord Palmerston a dit que la Russie était libre de reconstruire les forteresses sur la côte orientale de la mer Noire; le traité lui interdit seulement de rétablir ses armements mari times. Elle peut aussi relever les navires qu'elle a coulés dans la passe et le port de Sébaslopol, et leur faire franchir les Dardanelles, pour les ramener dans la Baltique. Les protocoles du Congrès de Paris vont être l'objet de discussious parlementaires simultanées Londres et Turin. Le Parlement anglais a ouvert lundi le débat sur le traité. A la Chambre des députés de Turin, M. Buffa, après avoir remercié M. de Cavour, pour la part qu'il a prise aux négociations, a dit que le pays était vivement préoccupé et qu'il avait le désir d'obtenir des renseignements plus complets que ceux qu'il esf possible de puiser dans la lecture des protocoles. M. de Cavour, loin de décliner le débat, s'est déclaré prêt donner la Chambre et au pays tous les éclaircissements compatibles avec la réserve que réclament des négociations très- délicates, et dont quelques-unes ne sont pas en- core arrivées leur terme. Le débat a été fixé mardi prochain. h'Univers n'est pas content de ce qui s'est dit sur l'Italie, dansle protocole du 8 avril. Il reconnaît que M. Walewski a parlé du Saint-Siège en bons termes, mais il le blâme d'avoir soulevé la question, parce qu'il a donné l'occasion au plénipotentiaire anglais, de présenter des observations qni ne tendent rien moins qu'à détrôner le Pape. L'Univers aurait pré féré, et il a grandement raison notre avis,que pour enlever tout espoir aux révolutionnaires d'Italie, M. Walewski déclarât que la France était résolue sou tenir le Saint-Siège au dedans et contre toute agres sion au dehors. L'Univers manque de-prudence, ce nous semble, quant la question napolitaine. Il trouve singulières Jes exigences des plénipotentiaires l'égard du roi des Deux-Siciles, et il dit Assurément, S. M. le roi de Naples surpren- drait beaucoup les autres gouvernements de l'Eu- rope qui ont des difficultés intérieures, des exilés, des condamnés politiques, s'il leur adressait des conseils analogues ceux qui lui sont intimas. Il est souverain, il est indépendant; pourquoi n'a- t-il pas le même droit? Il n'a pas la même force. Mais si, ne consultant pas sa faiblesse et se réfu- giant dans l'honneur de sa couronne, il répondait hautement qu'il ne reçoit pas des avertissements a donnés de cette façon; dût-il y succomber, il u succomberait plus grand que ceux qui l'auraient écrasé. Cette pression sur les faibles, au mépris du droit, est toujours un tort et toujours une a grande faute. Ces paroles vont tellement droit l'adresse du gouvernement français, qu'à la place de l'Univers nous redouterions fort un avertissement. VUnioers n'a pas le même blâme pour ce qui concerne la Belgique. Toutefois, après avoir fait re marquer propos des paroles de lord Clarendoo, que l'Angleterre croit n'avoir rien faire là où le régime représentatif est installé, il ajoute ceci Si la Belgique avait été représentée dans le Con grès, elle n'aurait pas manqué sans doute de faire observer, en présence de M. le comte de Cavour, que la presse piémontaise, même officielle ou pro tégée, remplit en Italie, l'égard du roi de Naples, du,Souverain-Pontife et des autres princes, le même office exactement que la presse belge l'égard de l'empereur des Français, et que même elle n'épargne pas toujours ce dernier. L'Univers a tort de généraliser, en parlant de la presse belge mais au fond, son observation ne man que pas de justesse, et l'on pourrait s'étonner de la tolérance montrée là bas, et de la susceptibilité dont on fait preuve ici, si l'on ne savait que la justice po litique a deux poids et deux mesures, et que le ré gime impérial, en ce point, est parfaitement ou tillé. La session des Chambres prussiennes a été close le 3 mai, par le Roi, en personne. Le discours royal dit que grâce la modération des puissances belli gérantes, l'œuvre si désirée de la paix a éfé accom plie avec l'assentiment de la Prusse. Il exprime l'espoir que le haut prix des denrées alimentaires va prendre fin par la conclusion de la paix et en pré sence des promesses que donne déjà la prochaine récolte. Le Roi a loué ensuite l'activité déployée par la Chambre dans la confection des lois, en citant quel ques-unes de celles qui ont été votées. En terminant, il a recommandé aux députés de répandre dans leurs provinces, leur retour, la paix et la concorde, afin que la patrie, luttant de zèle avec les nations amies, développe de plus en plus dans son sein, les bienfaits de la paix. M. le baron Brunnow est arrivé de Paris Lon dres, le 2 mai. On sait qu'il est chargé de notifier l'avènement de l'empereur de Russie la reine d'Angleterre. Les journaux anglais publient une dépêche de lord Clarendon M. Dallas, ministre des États-Unis Londres, sur l'affaire bien connue'des enrôlements, et qui menace de s'éterniser, si peu importante qu'elle paraisse désormais. Après avoir renouvelé la déclaration, que le gouvernement anglais n'avait voulu en aucune façon violer la neutralité ni les lois des Étals-Unis, lord Clarendon refuse de rap peler M. Crampton et les autres agents dont le ca binet de Washington incrimine là conduite. Nous verrons bientôt, sans doute, l'effet que ce refus pro duira aux États-Unis. Un correspondant parle d'un bruit d'après lequel le Roi se proposerait de faire prochainement un voyage Paris, par suite du protocole du 8 avril. Le fait n'est pas impossible, mais nous n'avons ouï parler de rien de semblable. Les journaux anglais nous apportent un traité" conclu le i5 avril entre la France, l'Autriche et l'Angleterre pour garantir elles trois, l'exécution du traité du 3o mars, en ce qui concerne l'indépen dance et l'intégrité de L'Empire Ottoman. 11 résulte implicitement des termes de ce traité, que les trois puissances s'engagent d'hors et déjà faire ensemble la guerre la Russie, si elle venait attaquer l'Empire Ottoman. Il nous semble que cet acte n'implique pas une grande confiance dans la sincérité de la Russie, ni dans l'efficacité du traité du 3o mars. Les bruits dont les affaires d'Italie ont été le sujet dans ces derniers temps, se sont rapidement répan dus dans toute la péninsule, malgré les efforts des gouvernements. Un journal anglais dit que des souscriptions, pour offrir un témoignage national de reconnaissance M. de Cavour, ont été ouvertes dans plusieurs villes, notamment Rome, Flo rence et Bologne. La légion italienne recrutée en Piémont pour le compte de l'Angleterre, et qui se trouve en ce mo ment Malte, était sur le point d'être dissoute par suite de la conclusion de la paix, lorsque la propo sition lui a été faite de contracter un nouvel enga gement pour servir dans l'Inde anglaise. Cette pro position, appuyée d'une gratification de 75 livres sterling et d'une augmentation de solde de 60 cent' pour les soldats, a été acceptée par la légion en masse, moins i5o hommes seulement. Des lettres de Malte disent qu'elle est destinée occuper le royaume d'Oude, nouvellement annexé aux pos sessions britanniques. Les nouvelles de Saint-Pétersbourg, par voie télé graphique, annoncent que le général Suchosanet II est nommé ministre de la guerre en remplacement du prince Dolgorouki. L'écuyer de cour, M. Tolstoï, lui est adjoint en remplacement du général Sinia- vine. Un journal italien annonce, nous ne savons sur quelle autorité, que le gouvernement napolitain se préparerait accorder une large amnistie. Le Moniteur français de lundi publie nn rapport du ministre de la guerre l'Empereur, d'après lequel les militaires de la classe de 1848 ont reçu leur congé définitif. La classe de 1849 passera dans la réserve, et le 4* régiment de hussards sera licen cié., t Par ces diverses mesures, l'armée sera diminuée de Sa mille hommes environ, ce qui allégera sensi blement les dépenses. ■"■■M———————1— Le Roi vient do nommer M. le comte Orloff, grand'croix de l'ordre Léopold. Tous les Belges qui ont su apprécier la noble alti tude du premier plénipotentiaire de Russie au Con grès deTaris, dans la séance du 8 avril, applaudiront cette distinction. Un malheur a signalé l'ouvertore du chemin de fer de Dendre-et-Wae», jeudi, ir mai. Un ouvrier, qui laisse une veuve avec 10 enfants, a été écrasé par le convoi d'honneur Grand-Bigard. La mort a été instantanée. Les trois grandes fêtes d'après Pâques tombent cette année dans le mois de mai l'Ascension, le 1" mai; la Pentecôte le 11 mai; la Fête-Dieu, le 25 mai. Un procès assez curieux va bientôt se dérouler devant le tribunal de Bordeaux. II s'agit de rétablir l'état-civil d'un individu qu'on avait cru avoir en terré depuis un mois. Voici les faits tels qu'ils nous sont rapportés Le sieur X... faisait ménage douteux avec sa fem me; après une violente querelle, soit honte ou dés espoir d'avoir mallraité sa moitié, il déclara qu'il allait «e noyer et ne reparut plus au logis. Quinze jours après, la femme X..., passant snr le quai, près de la Morgue, vit le cadavre bleui et défi guré d'un noyé. Soit douleur, soit satisfaction de pouvoir établir aulhentiquement son veuvage, elfe crut reconnaître son mari et s'empressa de faire les déclarations d'usage pour lui faire aussitôt rendre les devoirs de la sépulture. Le corps fut enlevé et enseveli, puis enterré. La veuve paya tous les frais, et X... fut couché sur la longue liste des trépassés. II y a quelques jours, la femme X... entendit frappera sa porte avec sommation de lui ouvrir; c'était son mari. Mm* X... eut des terreurs, elle crut un revenant; elle appela au secours; X;.. enfonça la porte. Sa femme, un peu revenue et voyant son mari en chair et en os, lui raconta ce qui s'était passé, et lui donna pour preuves l'appui, la note- des frais qu'il lui avait coûté pour son enterrement. X... expliqua qu'il venait de travailler, depuis sa séparation, aux travaux du chemin de fer du Midi, et que son travail étant terminé, il venait la re trouver avec promesse d'être l'avenir le modèle des maris et le meilleur des pères. Là-dessu3, il embrassa sa femme et pressa dans ses bras ses chers enfants. Le sieur X... et sa femme vont se mettre en in stance pour le rétablissement du père de iamille sac le régistre de l'état-civil. Mémorial Bordelais.) Marseille, lundi, 5 mai. Le Méandre vient d'entrer dans notre port avec des nouvelles de Constantinople du 24. Le contre-amiral Pellion était arrivé sur le Napo léon avec plusieurs bâtiments portant différents corps de zouaves. La Preste d'Orient publie l'ordre d'évacuation tel qu'elle dit être réglé par le maréchal Pélissier. Cet ordre serait le suivant i° Les zouaves allant en Afrique; 20 le deuxième corps du général Bosquet, comprenant les divisions Yinoy, Camou, Espinasse, Lamotte-Rouge; 3" le premier corps du général Salles, comprenant les divisions d'Autemarre, Levaillant, Paté et Bonort; 4° le troisième corps du général Mac-Mahon, com prenant les divisions Herbillon, Aurelles, Chasse- loup-Laubat. La cavalerie suivra successivement. 5* Les troupes de la brigade Sol, qui occupent Kamiescb, et 6° les troupes de la brigade Bosquet, qui se trouvent Constantinople. Voici quelques nouvelles complémentaires ap portées par 1 Méandre Uns insurrection a éclaté la Mecque; le schérif de cette ville, révoqué par le Sultan, refuse d'obéir et de céder son poste, alléguant que le Sultan a été infidèle la foi du Prophète. Cinquante mille Arabes armés soutiennent sa ré sistance, et refusent, dit-on, l'entrée de la ville aux pèlerins, sous le prétexte que l'empire ottoman est souillé par l'adoption des récentes réformes. Le Journal de Constantinople ne parle que des troubles de Naplouse, mais il annonce que des me sures énergiques sont prises contre les perturba teurs. La députation des tribus caucasiennes, accompa gnée de 200 hommes, est arrivée Constantinople.

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Le Progrès (1841-1914) | 1856 | | pagina 3