a JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. W 1,573. 16e Année. Jeudi, 39 Mal 1856. Vires acquirit eundo. Elections provinciales. LA CHAPELLE S'-MAUR. ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces, 4francs. INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne: oO centimes. Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. -Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. Tpbes, 28 Mai. Les élections provinciales ont eu lieu dans notre arrondissement aussi placidement que possible, on pourrait môme dire avec un sen timent d'indifférence bien marqué. C'est cepen dant une erreur et une faute. Dans notre orga nisation politique, il n'y a pas de rouage inutile, il y en a de plus ou moins importants, mais chacun a sa raison d'être. Toutefois pour les cantons d'Ypre's, il y a eu plus d'électeurs qui sont venus.au scrutin qu'on ne l'espérait. Bien qu'il n'y eut aucune opposition, les parties ru rales des cantons étaient représentées par envi ron cent soixante électeurs. Mais il faut ajouter qu'au Conseil provincial s'agitent surtout des questions qui intéressent l'agriculture, et pour une partie des cantons d'Ypres, il y a un objet très-important dont l'autorité provinciale est saisie, l'amélioration du régime de l'Yser. Le gouvernement a déposé un projet de loi qui tendait mettre charge de la province, des communes et des propriétaires intéressés, la moitié des dépenses des travaux exécuter. Mais on n'a pas abouti, et de fait, il est impos sible de laisser traiter nos populations avec aussi -peu d'équité. Celte question sera certes une des plus importantes qui seront disculées la ses sion ordinaire du Conseil provincial. relations postales, qui laissent beaucoup dési rer actuellement. Le bruit court que le bourgmestre de Furnes, M. l'avocat Désiré Bril, serait décédé subite ment, Mardi matin. 11 avait peine quarante- cinq ans. riïTT^ TT <rr~~i 421 8 413 207 Enfin dater du lr Juin, ouverture de la période d'été du service des chemins de fer, la ville d'Ypres jouira d'un convoi du soir partant de Bruxelles six heures de relevée, par Den- derleeuw. L'heure fixée pour l'arrivée est de 10 heures du soir sur la ligne de l'ouest Ostende et de 10 h. 15 m. Tournai. De Courlrai Tournai, il y a 31 kilomètres et de Courlrai Ypres 34. Le convoi du soir pourra donc arri ver entre dix heures et dix et demie. Ce sera un grand avantage pour nos localités, non-seu lement pour les voyages, mais surtout pour les Cantons d'ïpre». Électeurs inscrits 1,014. Votants A déduire billets blaocs Reste. Majorité absolue lrbureau. 2*bureau. total. Beke, Pierre, conseiller sortant 258 161 599 Comyn, Servais, idem 229 160 389 Mergheiynck, Ernest, idem 251 161 392 Bocdt, Pierrc-Léopold, avocat. 216 158 374 Vanderstiehele de Maubus .22 1 25 Voix perdues14 1 15 Canton de Ilariughe. Votants342 Majorité absolue Baron Mazeman, conseiller sortant. 172 289 Joye-Ghys, Paul229 Claereboudt118 De Vrière v27 Canton de Poperinghe. M. l'avocat Vrambout, conseiller sortant et membre de- la Dépulation permanente, a été réélu, sans opposition et la presqu'unanimité des suffrages. I Canton de Paaschendaele. 'Les conseillers sortants, MM. Louis Comyn, échevin de Passchendaele, et Louis De Neckere, bourgmestre de Moorslede, ont été réélus saus opposition. mm m II II Voici comment le Mémorial de Courlrai rend compte des élections de Menin LÉGENDE LIÉGEOISE (1606-1608). (suite et fin.) §V. On était au moia de novembre de l'année 1608 huit heures du matin venaient de sonner et déjà Liège était animé comme si quelque chose d'extraordinaire devait se passer dans son enceinte. Pourquoi donc tant de joie Hélas il faut bien le dire la honte de l'humanité, tout ce peuple courait être témoin de l'exécution de l'hcrinite de S'-Maur. La foule aime ces spectacles déplorables où le sang coule l'Es pagne n'a-t-ellc pas encore ses combats de taureaux; Rome n'avait-ellc pas son cirque, ses gladiateurs, ses tigres qui déchiraient les esclaves sans défense La populace se portait donc vers la place du Marché où des ouviiers dressaient le théâtre de l'exécution. L'heure semblait trop lente s'écouler. On aurait voulu déjà voir ce réprouvé, entouré de moines aux robes blanches et noires, le cierge en main, le bourreau au tricot de soie rouge, la hache au poing, les compagnies du Guet, la carabine sur l'cpaule, et puis voir les contorsions que ferait le condamné la vue de la croix. Tout cela faisait de cet événement quelque chose de peu ordinaire, un stimulant de curiosité quo l'on se promettait bien d'as souvir. Laissons cette foule attendre l'heure de midi, moment de le péripétie de ce drame, transportons-nous la pri son de l'oflicialité, descendons une vingtaine de degrés, «t là, dans une de ces bures affreuses, de quatre pieds de longueur sur sept de hauteur, ne recevant jour que par un soupirail, dans cette espèce de boîte en pierre de taille qui est pour l'esprit et le corps ce que doit être le cercueil pour le léthargique qui s'éveille entre quatre planches, avec six pieds de terre surtout cela, voyons ce qui se passe dans cet horrible réduit. A la pierre se trouvent scellées quatre grosses chaînes; celles-ci un être humain aux pieds mutilés, la figure flétrie, aux yeux enfoncés dans l'orbite, et qui brillent comme la lampe sous la voûte obscure; ses cheveux blancs tombent en désordre sur ses épaules, son corps amaigri est enveloppé d'une robe de bure. C'est l'hermite de S'-Maur, qui depuis deux ans n'a eu pour ciel que les parois humides de son cachot, pour lit qu'une botte de paille, pour consolation que Dieu, la foi et l'espérance. La foi et l'espérance en h justice divine, et il fallut qu'elles fussent proportionnées ce grand désespoir pour que l'homme ne se brisât pas le crâne contre les murs de sa prison, ne s'étranglât pas aux anneaux de sa chaîne se savoir innocent et ne pouvoir le crier ceux qui l'avaient condamné; voir la vérité étouffée sous le poids des apparences; la justice du Ciel ne point se révéler en faveur d'un de ses plus dévoués serviteurs. Oh! c'était là une de ces douleurs poignantes qui feraient quelquefois douter de Dieu Et pourtant, au désespoir, avait succédé le calme dans cette âme et ce corps torturé; après le doute une foi plus pure avait élevé sou esprit et son cœur; il était préparé au martyre, il espérait en récompense la gloire d'être de la phalange céleste. Hier ont eu lieu dans toutes les provinces les élections pour le renouvellement par moitié des conseils provinciaux du pays. Dans notre arrondissement, les élections du can ton de Menin ont seules présenté de l'intérêt. Là les deux partis, libéraux et prétendus conservateurs, étaient en présence. Les candidats de cette dernière opinion, comme toujours, chaudement appuyés par nos prêtres politiques. La lutte a donc été ardente; mais malgré les intrigues et les manœuvres du clergé, le libéralisme a remporté si pas une victoire complète, du moins un succès très-satisfaisant. Au premier scrutin, le premier candidat libéral, M. le notaire Dufort de Ledeghem, a seul obtenu la majorité absolue; l'autre, M. llovyn de Menin, moins connu des électeurs campagnards, n'est arri— véque le quatrième sur la liste avec25 voixde moins que son compétiteur de l'opinion contraire. Un scrutin de ballottage a eu.lieu ensuite entre les deux candidats comercateurt, M. Valcke, bourg mestre de Meniu et M. Vatiackere, bourgmestre de Wevelghem et conseiller provincial sortant.Comme M. Dufort, élu au premier scrutin, avait déclaré le malin, avant l'élection, qu'il n'entendait nullement se porter candidat en compagnie de M. Vanackere, les électeurs libéraux ont voté en masse pour M. Valcke. Celui-ci l'a emporté de 28 voix sur son compagnon M. Vanackere lequel a vu ainsi le prestige de sa croix deLéopold s'effacer, alors qu'elle était devenue un titre de recommandation très- important, au dire de l'organe des abbés de notre collège épiscopal. En somme, les élections d'hier ont constaté que le libéralisme compte une notable majorité dans la ville de Menin. Quant la campagne, Ledeghem, Dadizeele et Reckem jusqu'à un certain point, ont donné leurs voix MM. Dufort et Bovyn. Lauwe n'a porté qu'on seul nom celui de M. Dufort. Ou croit qu'à très-peu d'exceptions près, Bisseghem a volé pour les candidats cléricaux. L'échec de M. Vanackere, conseiller sortant, est d'autant plus grand qu'avant le scrutin de ballot tage, M. Valcke avait positivement déclaré qu'il se désistait en faveur de celui-ci et qu'il n'accepterait pas s'il était nommé. Nous saurons bientôt,à quoi nous en tenir sur Ce fut donc sans effroi qu'il apprit du geôlier que le jour de son supplice était arrivé. Ou s'aperçut seulement que.ee jour-là il était resté plus longtemps en prière. On l'y avait trouvé le matin et quand onze heures sonnèrent au beffroi et qu'on vint le chercher pour le mener dans le préau de l'ofliciale où se trouvait le cortège sinistre, on l'y trouva encore. Lorsqu'il parut il était revêtu de la tunique des homi cides. A sa vue un bruit d'armes retentit, une charelte attelée d'un cheval, accompagné de son conducteur s'avança; le condamné y monta suivi d'un père des Carmes-déchaussés. Une compagnie du guet, deux lignes de moines formaient la haie, venait ensuite la fatale cha- rette suivie du bourreau et de ses deux aides. Enfin une seconde escouade d'hommes d'armes, puis du monde toutes les fenêtres, sur tous les toits, dans toutes les rues adjacentes de la place du Marché et de l'oflicialité. Des yeux fixés, tous vers un seul point, le tombereau! Bien des espérances furent déçues la vue de cet homme calme et résigné qui, loin de rejeter avec horreur la croix comme l'eut fait un damné, baisait ardemment l'image de la délivrance du genre humain. Imitant cet autre martyr sublime qui fut cloué sur le gibet du Cal vaire, il s'écriait O mon Dieu pardonnez leur, car ils ne savent ce qu'ils font. On venait d'arriver la place du Marché où se trouvait une foule innombrable autour de l'échafaud, un espace était réservé, les moines s'y rangèrent. Le bourreau aida l'hermite descendre de la charettc ils montèrent les dégrés du théâtre de l'exé cution. Alors une voix dominant le tumulte invita de la

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