JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Nc 1,575. 16" Année.
Jeudi, 5 Juin 1856.
Vires acquirit eirndo.
UNE VENGEANCE DE FEMME.
INTÉRIEUR.
ABONNEMENTS: Yphes (franco), par trimestre, 3 francs 50c. Provinces,4francs.
INSERTIONS Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne oO centimes.
Le Proorès partit le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui eoncerpe le journal doit
être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
fracs, 4 Juin.
On n'aura pas oublié les mémorables plaisan
teries qui ont accueilli 1 institution des concours
agricoles les feuilles cléricales faisaient preuve
cet égard d'une verve intarissable. Les navets
avaient l'honneur de remuer profondément les
publicistes religieux et les carottes leur cau
saient des accès de fou rire. Les concours agri
coles devaient être dépréciés pour deux motifs,
le premier que ces réunions devaient être
avantageuses l'agriculture et que le parti clé
rical ne se soucie guère que celte L' anche de la
richesse publique soit trop prospère, moins
qu'elle n'acquière celte prospérité au dépens de
lq masse des consommateurs. Le second que
cet le institution n'est pas d'origine cléricale,
vice irrémissible et que les publicistes pieux ne
peuvent pardonner.
Malgré les diatribes de la bonne presse, les
concours agricoles ont fait leur chemin; s'ils ont
perdu du terrain en Belgique, grâce au patrio
tisme de l'opinion cléricale, en Angleterre, ces
fêtes de l'agriculture ont plus de succès que
jamais et voilà qu'en France, on juge convena
ble de suivre cet exemple et d'ouvrir une exhi
bition non pas nationale, mais universelle, dans
le Palais de l'industrie, aux produits agricoles.
Jusqu'ici cependant nous n'avons pas vu que les
feuilles religieuses de Paris aient ridiculisé 1 ex
position des navets et des carottes, comme les
écrivains de la Patriede Bruges, et du Jour
nal de Bruxelles. Aussi leurs charmantes plai
santeries n'auraient probablement pas d'écho
Paris, où les gens ne se laissent pas berner par
les feuilles épiscopales, qui n'ont d'autre mission
que d'enrayer tout ce qui ne produit rien la
boutique cléricale.
Prédisons, en passant, que quand les con
cours agricoles auront été reconnus utiles et ef
ficaces dans d'autres pays, un ministre clérical
les réinventera en Belgique avec autorisation
de l'épiscopat et en excitant l'admiration de leurs
détracteurs d'autrefois.
Dans une de ces petites rues tortueuses qui courent
Lyon le long du Rhône, habitait, il y a douze ans, une
pauvre famille d'ouvriers protestants le père, la mère,
les enfants, tous vivant mal d'un maigre salaire, et at
tendant du seul hasard des jours plus heureux; attente
trompeuse qui déçoit, mais qui console. Cependant la
fille aînée des deux époux Hardoin avait seize ans et était
belle; Claire, tel était son nom, pouvait faire un bon
mariage. Quelque contre-maître d'une manufacture de
soie, quelque ouvrier établi, ou bien un commis de bonne
maison pouvait remarquer cette fleur peine épanouie,
et en entrant dans la famille y apporter un appui et de
l'aisance. La chose arriva, mais autrement que ne l'avaient
désiré le père et la mère. Le jeune héritier d'une des
principales maisons de commerce de Lyon, M. Emile
Morand, vit la jeune fille et en devint amoureux. C'était
plus que ne souhaitaient les Hardoin. M. Emile Morand
était riche, la tête d'un commerce florissant et étendu;
il ne pouvait épouser la pauvre ouvrière, et, comme il
était en même temps joli homme et qu'il avait tous les
moyens de séduction, oet amour troubla la tranquillité
de la famille. Le pcrc, qui vit que Claire allait les yeux
fermés au devant du danger, la prévint
Prends garde; des quelques paroles d'amour dont
on te berce, tu ne seras jamais madame Morand, et que
seras-tu donc? grand Dieu
La mère répéta les mêmes exhortations, elle multiplia
Le cadavre d'un enfant nouveau-né, "du sexe
masculin, a été.retiré le 2 de ce mois, d'un
fossé, Becelaere; la mère, journalière habitant
ladite commune, a été arrêtée et mise la dis
position de l'autorité judiciaire, sous prévention
d'infanticide.
TILLE D'ÏPRES. Conseil communal.
Séance publique fixée au Jeudi, 5 Juin 1856,
d neuf heures du matin.
1 ORDBE DU JOUR.
4®'— Communication de pièces.
2® Création d'une caisse provinciale de retraite en
faveur des employés communaux.
5® Demande d'avance sur le fonds de maisons en
bois.
4® Établissement d'une machine vapeur, hors la
porte de Dixmude, Je long de la route d'Ypres Bruges.
5*" Radiation d'une inscription hypothécaire prise
pour surêté de capitaux prêtés par les Hospices.
6° Compte 1855 et budget 1857 du Mont-dè-piétë.
7° Demande de l'entrepreneur du gaz, afin d'èlre
autorisé faire emploi de tuyaux en terre.
Règlement pour là construction de trottoirs.
9® Comptabilité 1855 du corps et de la musique
des Sapeurs-Pompiers. f
10® Approbation de l'état de frais imputés sut le
crédit porté pour dépenses imprévues au budget com
munal de 1855.
Coup d'Assises de la Flandre occidentale.
Les affaires que la cour, sous la présidence de M.
le conseiller Onraet, est appelée juger, sont
2 Juin. Bernard Simons, âgé de 3o ans, né
Ooslcamp, placé sous la surveillance de la police,
accusé de vol.
3 Juin. Pierre Victoor, François Roclens et
consorts, Snelleghem, accusés de vol.
4 Juin. Charles Van Sleenkisle, Auguste Van
Rypel, Jean De Srnet et consorts„aecusés de vol.
6 Juin. Jeanne Neirynck, dentellière Bruges,
accusée de vol.
7 Juin. Napoléon Debel, ouvrier né Aert-
rycke, domicilié Thourout, accusé de vol.
Ives Demels, charpentier, né Harlebeke et do
micilié Heestert, accusé de meurtre.
Amélie Saevels, de Heyst, açcusée du crime d'em
les conseils et les prières. Le pauvre ne peut qu'avertir,
H ne peut pas surveiller, encore moins garder: les besoins
de la vie l'occupent tout entier. Claire écouta le séduc
teur, elle se laissa prendre ses promesses. L'amour
croit tout, il se persuade volontiers qu'il peut faire tous
les miracles. Une jeune fille se laisse séduire, parce que
le présent la charme et qu'elle se fait illusion sur l'ave
nir. Claire quitta la maison paternelle, elle se déroba
d'auprès de sa mère pour suivre M. Morand il est vrai
que ie jeune homme lui jura solennellement de l'épouser,
et, qu'au lieu de la cacher tous les yeux, il l'installa
chez lui et la présenta ses amis comme une femme qui
devait bientôt être sienne; certaines formalités, l'assen
timent d'un parent éloigné s'opposaient seuls encore
cette union prochaine car, du reste, M. Morand ne dé
pendait de personne et était parfaitement libre de suivrè
ses volontés. Le père et la mère de Claire gémirent et se
turent hors d'état de lutter contre la passion 4'un homme
riche, ils se bornèrent rappeler M. Morand qu'il tenait
dans ses mains leur honneur, celui de leur fille, et qu'if
en serait comptable tôt ou tard. La première année de
cette union peu morale, mais qui pouvait avoir une bonne
fin, fut heureuse. Claire eut un fi|s cela semblait un
gage l'enfant fut appelé Émilien. Le père éprouva l'émo
tion naturelle en pareil cas, mais il ne parla jias de ma
riage Claire, qui, n'avait rien et dont l'amour-propre
était aussi excessif que la délicatesse, craignit de paraître
intéressée en rappelant ses promesses celui qu'aile
aimait. L'amour de M. Émilc dura un an encore, puis il
poisonnement sur son enfant,au moyen d'allumettes
phosphoriques.
Sophie Bourgois, domestique Clercken, accusée
de crime d'infanticide.
Jurés appelés siéger pour la i' série de là a* session
des Assises de la Flandre occidentales1 ouvrant
le 16 Juin x856.
x. De Smet, Heqri, vétérinaire, Fumes.
Danneel-Glorieux, Charles, négociant, Cour-
,traî* h KipTO h mil - t Va
3. Blieck, r rançois-Joseph, notaire, Iseghem.
4. Du Parc, P., Gustave, propriétaire, Ypres.
5. Tack-De Jaegher, Auguste^ marchand, h Coiir-
trai. 0011*11
Catteaux, Etienne, fabricant, Conrtrai.
7. Van Neste, Pierre,' conseiller1 communal, Sta-
den. no 11 iup .îhit! 11 J
8. Sioent-LuBt, Charles, marchand, Courtfiai.
9. Mulle, Joseph, notaire, Thieltt
ip. Reyntjcps, Hèapi,.notaire,4iCourtf»i.
xi. Van Nieuweuliuyse,Charles,fabricant,Haral-
beke.
12. Rosseeuw, Antoine, hrasspqr, Cuerne.
13. Godtschalck, Joseph, marchand, Warnêtou.
14* Valckenâere, Auguste, conseiller communal,
Bruges.
15. Nolf-VéVcruyase, Henri, conseiller communal,
Courtrai.
16. Lowie, Jean, conseiller communal, Staden.
17. Braeye, Jacques, bourgmestre, Mousoron.
18. Mervellie, Charles, médecin, Furnes.
19. De Breyne, Charles, propriétaire, Osteride.
20. Opsomer, Joseph-Auguste; notaire, h Denter-
ghem.
21. De Brouwer, Émile, secrétaire communal,
Ostende.
22. Meynne, Henri, brasseur, Nieuport.
23. Van Iseghem, Thomas, propriétaire, Ostende.
24. Vanderzeepe, Philippe,cultivateur, Coyghem.
25. Carpentier, Pierre, distillateur, Cuerne.
26. Saelens, Pierre, teinturier, Courtrai.
27. Vanderheyden, Charles, propriétaire, Os
tende.
28. Vercruysse-Carpentier, receveur communal,
Courtrai.
29. La Grange-Wielmacker, avoué, Bruges.
30. Simoens, Constant, receveur-communal,!Har
lebeke.
parut se lasser de l'uniformité de sa vie, et il chercha des
distractions hors do chez lui.
La jeune femme n'avait pas encore vingt ans, elle était
d'une beauté parfaite, et si M. Morand eut voulu réfléchir
et peser ses qualités la balance de la raison, il aurait
reconnu dans la petite ouvrière qu'il avait séduite, un
trésor précieux. Claire avait lait une faute, mais si quel
qu'un devait la pardonner, n'était-ce pas celui qui la lui
avait fait commettre? Otez cette tache, elle présentait
l'assemblage des vertus les plus généreuses et des senti
ments les plus élevés. Le jeune homme ne vit rien ou
n'apprécia rien; il se détacha d'une femme dont l'habi
tude l'avait lassé, il oublia tous ses Serments, il négligea
même d'aimer son fils; il devint difficile vivre, arro
gant avec Glaire, et quelquefois brutal; la jeune mcrc
souffrit tout dans l'intérêt d'un enfant qui bégayait
peine cl qu'il ne fallait pas éloigner de M. Morand mais
elle se ressouvint alors des conseils de son père; elle
pleura sur sa faute, elle pleura sur son enfant; il était
trop tard aux mauvais traitements devait bientôt succé
der l'abandon. M. Morand n'ayant plus d'amour comprit
d'abord le tort qu'il se faisait par une liaison équivoque;
il est des villes où le crédit se mesure Don-seulemcnt
sur la fortune, raaia encore sur les bounes mœurs et sur
tout sùr le respect des mœurs .publiques. Lyon est une
de ces villes le jeuae homme, qui l'avait oublié quand
il s'agissait de,séduire, se le rappela quand sa passion fut
éteinte il alla plus loin, il résolut de se marier et non
pas avec Claire; parjure ses serments, oublieux de