Chronique politique.
Nous apprenons, dit YImpartial de Bruges
que le duc de Brabant, le comle de Flandre,
ainsi que l'archiduc Maximilien d'Autriche ar
riveront samedi soir en notre ville, pour visiter
nos principaux'monuments.
Le Moniteur publie le tableau du mouvement
commercial de la Belgique avec l'étranger, pen-
daut les quatre premiers mois de l'année ac
tuelle. On y remarque que l'augmentation des
droits de douane perçus pendant cette période,
comparativement l'année 1855, atteint peu
près le chiffre de quatre cent mille francs.
Les articles sur lesquels il y a eu augmenta
tion sont l'importation, le café, le coton en
laine, les graines de navette et de colza, les fro
ments, les farioes et le riz; l'exportation, les
armes portatives, les charbons de terre, les
clous, les sucres raffinés, les tissus de coton, de
laine et de lin, le verre vitre et le zinc brut.
Les diminutions n'ont guère porté, l'impor
tation, que sur les sucres bruts, et l'expor
tation, que sur les lins bruts et peignés.
M fl g——
On lit dans YÉclaireur de Namur
On sait que M. le bourgmestre de Liège et
deux échevins ont donné leur démission. Le roi
n'a pas trouvé propos de l'accepter jusqu'à
présent. S. M, a annoncé sa visite prochaine
Liège, où elle désire être reçue par l'adminis
tration actuelle.
On écrit de Berlin, 30 mai
Un bruit, qui circulait en ville ce matin, et
qui rattachait un accident sur le chemin de fer
de Berlin Postdam, au convoi qui portait S. M.
l'empereur de Russie, était l'objet de toutes les
conversations.
L'accident se réduit une locomotive sans
train précipitée dans la Havel, rivière prjès de
Pestdam. Le pont sur la rivière avait été ouvert
pour laisser passer des navires, circonstance
que le conducteur de la machine ne remarqua
que trop tard. Personne n'a péri. Le fait s'est
passé dans le courant de la journée d'hier, et
Sa Majesté de Russie est arrivée beaucoup plus
tard.
Les opérations du drainage eu Angleterre remon
tent i83a. Au i< janvier 1852, il était officiellement
constaté que déjà en Irlande seule 129,570 hectares
avaient été drainés. On cite des fermes en Irlande,
d'après les rapports faits au Parlement, dont les
produits ont doublé par le drainage; ailleurs, un
accroissement de récolte de 16 a5 °/0 a été obtenu
et même de 4°
Le gouvernement anglais a avancé 180 millions
de francs pour le drainage, Les sommes prêtées
étaient remboursables en 33 ans et par annuités. Or,
le succès a été si grand, que dans la pluprt des cas
les remboursements se sont faits en 8 ans.
En Belgique, l'on a déjà drainé près de 30,000
hectares; on a généralement obtenu, en retour, par
son fils dont il dédaignait les caresses, il demanda la
main d'une demoiselle Hortense de Grandchamps, jeune
personne qui tenait l'aristocratie lyonnaise pour l'ob
tenir il fallait rompre avec Claire et le faire avec éclat,
c'est-à-dire avec dureté, il fallait ebasger la mère de chez
soi et répudier l'enfant. M. Morand prit ce parti sans
hésiter, il signifia Claire qu'elle eût sortir de sa
maison.
Et mon enfant! s'écria la pauvre mère, comptez-
vous me séparer de mon enfant? Dieu m'en garde!
reprit avec dureté le séducteur.
Tout était fini pour Claire, elle n'avait plus rien es
pérer d'un homme qui abandonnait ainsi son premier né
la misère et la honto de n'avoir point de nom. Elle
rassembla ses bardes, quelques bijoux de peu de valeur,
prit son fils par la main, et l'amertume dans le cœur, la
honte sur le front, elle sortit pour n'y plus rentrer de
cette maison perfide où elle avait laissé son innocence.
Familière par sa religion avec la leoturc de la Bible, elle
se rappela Agar renvoyée avec le petit Ismaël dans le
désert trouverait-elle son tour un ange pour étaneber
la soif de son enfant? Le repentir et la bonté l'empê
chèrent de tourner ses pas vers la demeure de son père;
elle ne voulut pas même demeurer Lyon; elle avait
vécu dans la retraite, isolée, mais son aventuré n'en était
pas moins sue, et elle craignait autant la pitié que le
mépris. Une diligence passa, elle y prit une place, et
tandis que son fils s'endormait sur ses genoux, elle roula
année, de 30 3o des dépenses occasionnées par
le drainage.
La France n'a suif i, jusqu'ici, que de loin l'exem
ple donné par l'Angleterre et la Belgique. Le drai
nage a été essayé sur un grand nombre de départe
ments, mais il n'y en a guère qu'une viugtaine où il
ait été tenté d'une manière sérieuse.
Neuf seulement ont donné le chiffre exact des
hectares drainés. Il s'élevait pour ces neuf départe
ments, au i* janvier i856, 6,535 hectares.
Jusqu'ici, le prix moyen du drainage parait s'éle
ver, en France, aâo fr. par hectare.
D'après les rapports existant au ministère de
l'agriculture, il y a en France de 10 in millions
d'hectares susceptibles d'être drainés avec avantage.
Do 1' Mal au A Inclus.
En fait de nouvelles de France, il n'y a que le
baptême du prince impérial, fixé officiellement au
14 juin, et le départ du comte Orloff pour Montpel
lier. On assureque le premier plénipotentiaire russe
est parti fort mécontent, par suite du traité du i5
avril, et qu'il faut tenir le fait pour constant, mal
gré toute assertion contraire.
Il paraît que l'Espagne va entrer en guerre avec le
Mexique, voici quel propos: Plusieurs espagnols
ont contre le gouvernement mexicain des créances
liquidées et reconnues trois époques distinctes, et
en définitive sanctionnées par un traité conclu en
i853. Le gouvernement mexicain atait délivré ces
créanciers des bons du trésor qu'il n'a pas payés
l'échéance. Non content de manquer ses engage
ments, il a voulu forcer les détenteurs de ces bons
les lui rendre, et comme la plupart avaient été né
gociés, il a fait saisir les biens de ses créanciers jus
qu'à concurrence de la valeurdes titresqu'ils avaient
reçus. L'iniquité est grande et les grieis des Espa
gnols très-fondés. M. Escosura, ministre de l'inté
rieur, a exposé ces faits aux Cortès, dans la séance
du 23 mai il a aunoucé qu'une flotte allait partir
de Cuba, pour se rendre dans le golfe du Mexique,
afin d'obtenir justice. Les Cortès ont approuvé cette
résolution et déclaré qu'elles étaient prêtes voler
toutes les mesures nécessaires pour atteindre le but.
Cet incident a présenté un côté assez grotesque.
M. Escosura avec celle enflure qui caractérise trop
souvent l'éloquence castillane, a traité avec un sou
verain mépris le Mexique, cet ancien empire de
Montezuma, a-t-il dit, où les révolutions sont si
fréquentes et qui en profite pour répudier ses
engagements. Toujours la paille et la poutre
On sait qu'il n'y a jamais eu de révolution en Espa
gne, et que ce pays paie ses dettes avec un scrupule
religieux.
M. Escosura a d'ailleurs été superbe en terminant
son discours. Un député ayant proposé de faire dé
clarer au gouvernement mexicain que l'Espagne
avait la force défaire exécuter les traités, de cette
proposition, a dit M. Escosura, je ne dirai pas un
mot; il n'est pas besoin de recommander une telle
proposition aux descendants de ces Espagnols qui
surent brûler leurs vaisseaux après avoir foulé le sol
du Mexique.
Une ciise ministérielle vient de se déclarer
Stockholm; on en ignore la cause; on suppose seu
lement qu'elle ne se rattache qu'à des questions de
vers Paris, où tout arrive, tous les vices comme toutes
les vertus, toutes les fortunes, toutes les misères.
Cependant M. Morand épousa mademoiselle de Grand-
champs, jeune personne riche et fière, qui se plia diffi
cilement aux habitudes du commerce. Les alliances ont
souvent causé leur ruine.
Les défauts de madame Morand l'emportèrent sur les
habitudes de son mari; Claire Hardoin avait inspiré au
jeune homme l'amour de l'ordre et du travail, elle lui
avait appris l'emploi du temps, Hortense habitua i'homme
marié la profusion et la perte du temps M. Morand,
dont les dépenses étaient augmentées et qui ne trouvait
plus dans son commerce les mêmes bénéfices qu'autrefois,
voulut l'étendre; il se lia d'intérêt avec plusieurs négo
ciants de Paris, entre autres avec un M. Villiers, riche
banquier établi la Chaussée-d'Ântin, son camarade de
collège, et de quelques années seulement plus âgé que
lui. Les embarras de Morand s'accrurent de jour en jour,
et neuf ans après les événements que nous venons de
raconter, la dot de sa femme était engagée et il en était
réduit écrire M. Villiers
Je pars pour Paris; je serai près de toi presque aussi-
tôt que ma lettre... Si la main d'un ami ne me tire du
précipice, je suis perdu... Je compte sur toi comme sur
un frère.
Quelquqs heures après l'envoi de cette lettre, M. Mo
rand partit lui-même pour Paris avec sa femme. H s'in-
stslla daus un bel hôtel de la rue Richelieu, et le Icnde-
politique intérieure. M. le baron Palmstjerna, mi
nistre des finances, a donné sa démission, et deux
autres membres du cabinet devaient en faire autant.
La question d'Italie avait paru très-menaçante
aussitôt après la publication du protocole du 8 avril.
Mais bieutôt, la politique impossible de M. de
Cavour a été appréciée sa valeur, et le rapproche
ment intime des cabinets de Vienne et de Paris a
permis d'espérer que le temps des aventures révo
lutionnaires n'était pas près de renaître. Une seule
chose restait inquiétante c'est le langage de quel
ques journaux anglais, celui du Moniug-Post no
tamment, cause de ses liaisons avec le ministère.
Ce journal a publié plusieurs articles, tous plus vio
lents les uns que les autres, véritables appels la-
révolution, où il disait que la question devait être
réglée prompleaient, que l'Italie allait sauter, et
qu'il fallait jeter terre la domination militaire
de l'Autriche et la domination spirituelle de
Rome, deux meules pendantes au cou de J'iodé-
pétulance italienne.
Il paraît que le Morning-Post a été invité mo
dérer aon langage, car il chante aujourd'hui une
complète palinodie. Dans un article assez développé,
il énumère les difficultés que présente la question
italienne, cause de la situation, de la Constitution
et des intérêts particuliers de chacun des États de la
péninsule, auxquels il ne faut pas loucher. L'An
gleterre d'ailleurs ne peut pas agir seule dans cette
conjecture; elle doit s'entendre avec la France
d'abord, puis avec l'Autriche, et même avec la
Russie. Or, la différence des formes de gouverne
ment et des mœurs nationales entre l'Angleterre et
ces trois pays, ne fait qu'augmenter la difficulté.
Le Times du 39 donne des Etats-Unis deux nou
velles très-importantes. Le cabinet de Washington
aurait reconnu le gouvernement du flibustier Wal-
ker, au Nicaragua, et serait sur le point de faire
remettre ses passeports M. Champion, ministre
d'Angleterre.
Ce dernier fait, s'il se réalise, prouvera de la part
des Étals-Unis une obstination et uué raideur inex
plicables, l'Angleterre leur ayant offert toutes sortes
de satisfactions. Mardi dernier encore, lord Cla-
rendon disait la Chambre des pairs, en réponse
une interpellation de lord Elgin, qu'il était très-dési
reux de voir cesser tout dissentiment avec les Etats-
Unis. Rien ne sera négligé,ajoutait-il, pour amener
nos querelles une conclusion satisfaisante. Si les
informations que le noble lord a reçues, il y a quel
ques jours, sont exactes, s'il est vrai que M. Marcy
et moi nous puissions dan# uu entretien d'une
demi-heure, résoudre la question, je déclare que je
suis prêt aller la rencontre de M. Marcy et
avoir une entrevue avec lui, dans quelque île
moitié chemin entre l'Amérique et l'Angleterre.
On ne saurait être ni plus conciliant ni plus hum
ble, et il y a longtemps, du reste, qu'à propos de
cette question, les ministres anglais parlent ainsi.
Peut-être est-ce pour cela que le cabinet dqprésident
Pierce se montre si difficile et si fier.
La reconnaissance de Walker n'est pas de nature
aplanir les difficultés, si le fait se confirme. Il n'est
pas encore très-certain, îpais seulement vraisem
blable.
L'empereur de Russie est arrivé Berlin, jeudi
dernier, 10 heures du soir. Le roi de Prusse était
allé sa rencontre jusqu'à Furstenwalde.
main, lorsque madame Morand fut reposée du voyage,
les deux époux se disposèrent faire une visite d'où dé
pendait leur avenir. Ce n'était pas sans motifs que le
négociant compromis s'était fait accompagner de sa
femme. La Lyonnaise était jeune encore, elle n'avait pas
trente ans, elle était belle, insinuante, et M. Morand
savait bien que ce qu'on refuserait un homme, on l'ac
corderait quelquefois aux prières d'une belle femme. Ils
étaient prêts partir; le fiacre qui devait les conduire
était la porte lorsqu'un domestique leur annonça une
visite inattendue, et presque aussitôt une femme, tenant
par la main un enfant de dix onze ans, entra dans leur
salon. C'étaient Claire Hardoin et le petit Émilicn. Claire,
avec son bonnet rond, son châle commun, mais propre,
clic était toujours belle; peut-être même sa beauté, qui
avait pris tout son développement était-elle plus tou
chante que dix ans auparavant. L'enfant avait toute la
fraîcheur de son âge: il était vêtu proprement, d'habits
toutefois un peu courts pour sa taille comme si la mère
n'eut pas eu les moyens de renouveler sa garderobe.
L'instinct jaloux de madame Morand lui^ révéla qu'elle
avait devant ses yeux une rivale, ou du moins une femme
qu'elle regardait comme telle.
Ah s'écria-t-elle, voilà cette fille, cette fille avec
laquelle vous avez vécu avant notre mariage... Que veut-
elle? que vient-elle faire ici?... Quelle singulière audacel
Madame, dit Claire d'une voix soumise.
(La suite au preehain n\)