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Chronique politique.
près, ce qu'il élait il y a huil jours. Le froment
«'est vendu, en moyenne, 36 fr. l'heclolilre, le
seigle, 22.
Au marché en frros des pommes de terre, un
nombre de 200 sacs environ, de vieilles bien
entendu, se sont payées de 12 14 fr. les 100
kil. Les pommes de terre nouvelles, arrivées en
grande quantité des environs de Matines, se
sont vendues depuis 27 centimes jusqu'à 40
centimes le kilogr.
On lit dans la partie non-officielle du flloniJ
leur belge
Les libraires sont informés que le gouver
nement a maintenu, pour 1856, le catalogue
officiel, adopté l'année dernière, pour y choisir
les livres donner en prix aux élèves des athé
nées royaux, et qu'ils peuvent, comme précé
demment, en prendre connaissance au secréta
riat des villes, sièges de ces établissements.
Du 15 Jtnin au 19 inclus.
Les deux Chambres du Parlement anglais, dans
leur séance du 9, ont voulu savoir ce qu'il y avait
de vrai dans le renvoi de M. Crampton. Lord Gran-
villp, la Chambre haute, et lord Palmerston, la
Chambre des communes, ont déclaré qu'ils ne sa
vaient encore rien de positif.
Le Morning Adoertiser dit qne M. Dallas, aussitôt
qu'on aura reçu la nouvelle du renvoi de M. Cramp
ton, se retirera Paris pour y attendre la solution
des difficultés pendantes entre les gouvernements
d'Angleterre et des États-Unis., Depuis quejes pre
miers bruits de rupture ont circulé, le ministre
américain a refusé toutes les invitations qui lui ont
été adressées et n'a plus eu d'entrevue avec lord
Clarendon.
Une dépêche télégraphique reçue dimanche de
Marseille annonçait, d'après les lettres de Constan-
tinople du 29 mai, apportées par le Méandreque
Mouktis-Pacha (le prince Stourdza), deuxième com
missaire nommé par la Porte pour la délimitation
des frontières russes, avait été refusé par le com
missaire russe. Une lettre de Constantinople, la
date du 3o mai, confirme qu'en effet cette prétention
avait été mise en avaDt par M. Fontonj mais elle
assure en tnêtne temps que dan* un conseil des mi
nistres tenu la veille au soir, il a été décidé que la
prétention de la Russie était inadmissible, et que la
Porte devait maintenir son droit par tous les moyens
en son pouvoir. On croit que cette opinion est aussi
celle de MM. les représentants de la France, de
l'Angleterre et de l'Autriche. Des instructions ce
iHujel ont été envoyées Dervich-Pacha, premier
commissaire ottoman, Galatz.
En Crimée, le iS mai, plusieurs baraques conte
nant 20 3o,ooo hectolitres d'orge, d'autres grains
et d'autres approvisionnements, sont devenues la
proie des flammes. Le manqué de transports ralen
tissait le mouvement d'évacuation mais on venait
de voir passer devant Constantinople d'assez nom
breux bâtiments, retournant sur lest en Crimée,qui
ont dû permettre de nouveaux embarquements.
petit vieillard en reprenant aussitôt son premier jeu de
- physionomie. Je ne veux pas que vous me payez, moi;
j'en suis bien le maître, nous avons toujours bien le
temps d'arranger cette affaire-là plus tard. Certaine
ment. Allons, sans adieu, M. Victor. J'espère que vous
me permettrez de revenir vous voir de temps autre?
Avec plaisir, M. Benn. Si jamais vous avez besoin
de quelque service, comptez sur moi. J'y compterai.
Ne suis-jc pas le meilleur de vos amis?
En achevant ces mots M. Benn tendit la main au jeune
homme, et se retira après lui avoir lancé, dans un regard
et dans un sourire ineffables, tout ce qu'il pouvait avoir
de tendresse sur le cœur.
Que le ciel le confonde, loi et ton amitié! murmura
Victor en refermant sa porte. Je veux être pendu si j'y
comprends quelque chose
La conduite de M. Benn, surtout après 1rs justes motifs
de ressentiments qu'il avait contre M. de Corvelles, était
bien faite pour provoquer l'étonnement de ce dernier;
mais les desseins de la Providence sont impénétrables, et
jamais elle ne réussit mieux dans ses miracles que lors
qu'elle opère dans les caractères les plus endurcis. Qr,
voici comment elle accomplit la merveilleuse métamor
phose de l'oisurier. La disparition subite de Victor plon
gea d'abord M. Benn dans une stupeur profonde; cette
lutte lui sembla un acte de mauvaise foi insigne, et gâté
qu'il était par son habitude de tromper les autre;, le rusé
Vieillard ne put se pardonner d'avoir été cette fois dupé
sou tour. Quand jadis ou voulait punir un chevalier
M. Alphonse de Rothschild est arrivé le 29 ruai
Constaniinoplede son voyage en Egypte on annon
çait son prochain départ pour la France, par suite,
diiail-onde la résolution prise par sa maison de
s'abstenir de créer Constantinople un grand éta
blissement financier; mais d'autres personnes affir
ment que la Porte insiste pour que la maison Roth
schild ne prenne pas ainsi une résolution définitive.
Une dépêche de La Haye, en date d'hier, annonce
une crise ministérielle. Si. Van Hall, ministre des
affaires étrangères et président du conseil, a donné
sa démission. La dépêche ne dit pas pourquoi.
Le prince et !a; princesse de Prusse partiront pour
Londres au commencement de juillet. La cérémonie
solennelle des fiançailles du prince Frédéric-Guil
laume avec la princesse royale d'Angleterre, aura
lieu pendant leur séjour en Angleterre.
La retraite du ministère Saldanha est confirmée
par les lettres de Lisbonne du 5, et elle a réellement
pour cause les projets financiers de M. Fontes. On
sait que ces projets tendaient obtenir de la Bourse
de Londres, qu'elle voulût bien y faire coter les
fonds portugais, et contracter un emprunt pour la
construction des chemins de fer.
Le nouveau ministère portugais se compose des
noms suivants
Le marquis fie Loulé, président du conseil et mi
nistre de l'intérieur; M. Sa da Bandeira, affaires
étrangères et marine; M, Silva Sauchez, finances;
M. Loureioro, guerre, et M. Souza, justice.
Le doute sur le renvoi de M. Crampton n'est plus
permis. Le Morning-Potf de vendredi dit que M.
Dallas, ministre des États-Unis, a communiqué le
fait au gouvernement anglais, ainsi que le renvoi de
trois consuls. M. Dallas a ajouté qu'il était autorisé
soumettre4 un arbitrage, la question relative
l'Amérique centrale.
Les États-Unis, dit le Morning-Postsuivent
une voie dangereuse en insultant l'Angleterre, puis
en accompagnant l'outrage d'une offre sans valeur.
Il nous est impossible de négocier avec M. Dallas
aussi longtemps que M. Crampton sera éloigné de
son poste. Nous n'acceptons pas, pour l'insulte qui
nousest faite, d'équivalent qui laisse en dehors l'acte
posé l'égard de M. Crampton. Il faut que le renvoi
de M. Crampton 6oi) suivi du renvoi de M. Dallas.
Le Timet annonce l'envoi d'une flotte tout entière
sur les côtes de l'Amérique. Il ne s'agirait pas de
moins de six vaisseaux de ligne, de quatre frégates,
de sept corvettes et de neuf bâtiments inférieurs, eu
tout vingt-six voiles, avec 935 canons, sans compter
une flotille de chaloupes canonnières élevant le
nombre des bouches feu i,o65.
Le Globe dit, de son côté, qu'une escadrille, com
posée de bâtiments légers et de canonnières, sous
les ordres du capitaine Watson, commandant de
l'Impérieuse, armée de 5i canons, comprenant en
navires le IVanderer, le Victorle Rindaoele Lap-
wing, le Pioneer et l'Intrépide, et en canonnières,
le Starling, le Janutle Beaver et h Drake, est arri
vée dimanche Falmouth, l'effet d'y embarquer
immédiatement le charbon et les approvisionne
ments nécessaires pour aller, ce qu'on croit, faire
un tour sur les côtes d'Amérique.
Ces opérations ont été exécutées sur un ordre de
l'amirauté, expédié par le télégraphe, arrivé le
coupable de quelque félonie, on lui pendait son écuyer.
M. Benn, pour se venger dp fugitif, fit une rafle générale
de tous ses débiteurs et les envoya pêle-méle en four
rière Clichy ce fu^ un vrai massacre des innocents.
Mais cette humeur aveugle et féroce dura peu; elle était
trop coûteuse. D'ailleurs M. Benn avait eu dans l'inter
valle le temps de faire des reflexions. En effet, il y a des
hommes et des femmes auxquels la vie élégaDtc et. agitée
qu'ils mènent Paris est tellement nécessaire que beau
coup d'entr'eux tomberaient morts trois pas de la bar
rière. Or, Victor était de ce nombre; il y avait donc tout
présumer qu'il reviendrait tôt ou tard voltiger autour
de ee flambeau fatal qu'on n'abandonne jamais qu'après
y avoir brûlé ses ailes. C'était une question de temps et
pas autre chose. M. Benn le comprit ainsi et attendit avec
patience. Cependant, l'absence de M. Victor se prolon
geait indéfiniment, il ne lui fut plus permis bientôt de
douter que son débiteur ne fût mort et n'eût emporté
ses dix mille écus avec lui dans la tombe. Telles étaient
précisément les réflexions de M. Benn au moment où il
vit passer M. de Corvelles en chaise de poste. Dire la
révolution qui s'opéra subitement en lui cette vue est
chose impossible; il répudia soudain tous les sentiments
inexorables et tracassiers qui avaient fait de lui, autre
fois, le plus barbare des créanciers, et adopta irrévoca
blement les formes expansives et mieillcuses que nous
l'avons vu employer l'égard de Victor. Victor n'était-il
pas, en effet, la représentation la plus vraie de sa créance?
Les trente mille francs ne se trouvaient-ils pas liés
même jour Falmouth, et porté au coramodore qui
est devant le port, par une des canonnières.
On attend le Mohawk et d'autres bâtiments va
peur qui doivent rallier l'escadre de Falinoulh sous
les ordres du commandant Watson.
Sur une interpellation de lord Clanricarde, rela
tive aux affaires d'Italie, lord Clarendon déposa sur
le bureau de la Chambre des lords, le 5 de ce mois,
une dépêche en réponse la note de M. de Cavour,
demandant l'évacuation de l'Italie par les troupe3
étrangères. Cette note se trouve dans les journaux
anglais.
Les journaux anglais, qui annonçaient le renvoi
de M. Crampton, étaient bien informés. Le fait
maintenant est officiel.
Vendredi au soir, la Chambre des lords, lord
Clarendon a déclaré, sur une in terpel lalinnd 11 comte
Derby, que mercredi dernier, M. Dallas, ministre
des Etats-Unis, lui avait communiqué une dépêche
de son gouvernement, dans laquelle il est dit que les
explications fournies par le cabinet anglais, relati
vement ce que des instructions n'avaient pas été
données niquqdes intentions eussent été manifestées
par lui de violer les lois américaines,avaientélé trou
vées satisfaisantes, mais qu'elles ne l'avaient pas
également été concernant le ministre d'Angleterre,
M. Crampton, et les trois consuls; qu'en conséquence
le gouvernement américain avait résolu de remettre
ses passe-ports l'envoyé anglaise! de retirer l'exe-
qualur aux trois consuls britanniques.
Lord Clarendon a ajouté que le gouvernement
n'avait pas arrêté encore de détermination relative
ment au renvoi de M. Crampton, mais qu'aussitôt
qu'une décision serait prise, elle serait communi
quée au Parlement.
M. Dallas a lu aussi lord Clarendon une dépêche
touchant la question de l'Amérique Centrale. Le
président Pierce pehse qu'elle peut être réglée par
des négociations directes mais il ne s'oppose pas
ce que la voie de l'arbitrage soit adoptée.
A la Chambre des communes, lord Palmerston,
sur des interpellations de Mi\I. Disraeli et Milner-
Gibson, a fait la même réponse que lord Clarendon
la Chambre des lords.
Lord John Russell a dit que le maintien de la paix
entre les Etats-Unis et l'Angleterre était de la plus
grande importance,et qu'il adresserait Iqndi au gou
vernement une interpellation au sujet de la marcha
qu'il compte suivre dans celte affaire, et s'il entend
remettre ses passeports M. Dallas.
Si le Nord a été exclu des États autrichien», il no
semble pas disposé s'amender pour rentrer en grâ
ce. Il publiait samedi contre la politique du cabinet
de Vienne, un article d'une extrême violence, et qui
sort tout fait du ton ordinaire de sa polémique.
Jamais.au flagrant de la guerre, ce journal n'avait
rien écrit d'approchant contre la France ou l'Angle
terre. Nous voulousdonner un extrait de son article,
car au fond,la situation bien connue du Nord donne
ses paroles une grande portée.
La Gazette autrichienne avait trouvé mauvaises
les attaques réitérées du Nord contre la politique du
cabinet de Vienne. Elle avait dit que l'Autriche était
patiente parce qu'elle est forte, mais qu'elle savait
au besoin montrer les dents.
Le Nord n'est pas l'organe officiel du cabinet de
Saint-Pétersbourg, mais il exprime un sentiment
l'existence du jeune homme, de manière accompagner
toutes les phases, subir toutes les influences de sa des
tinée? Le débiteur malade, les trente mille francs éprou
vaient nécessairement une dépréciation incalculable, il»
étaient complètement perdus, le débiteur mort. Lorsque
M. Benn rencontra M. de Corvelles, les trente mille
francs étaient frais, vermeils, gaillards dispos; avec quel
soin ne fallait-il pas ménager une santé si florissante, et
éviter tout ce qui pourrait lui porter atteinte D'ailleurs
ce n'était encore qu'une affaire de patience, et il serait
toujours temps de demander cette terre si bien soignée
qu'elle rendit avec usure le dépôt précieux confié son
sein. Malheureusement Victor ne connaissait pas comme
nous les motifs de la conversion de son créancier. 11 ré
solut donc de profiter des instants de répit que semblait
lui promettre la tendresse feinte ou véritable de M. Benn,
pour mettre exécution, le plus promptement possible,
le projet qu'il nourrissait depuis si longtemps dans son
cœur. Cé projet, comme on le comprend facilement, était
d» demander la main de M11* Auvray. Dès le lendemain,
M. de Corvelles se rendit la demeure du négociant bor
delais. Celui-ci élait retenu dans son cabinet par une
affaire relative son commerce, et le jeune homme ne
rencontra que la jeune fille au salon. L'cntrcvuc fut tou
chante, comme on le pense bien; mais presque aussitôt
M. Auvray sortit de son cabinet' et tendit les bras au
jeune homme. Ab! ah! s'écria-t-il, voué voilà donc
enfin
(La suite au prochain n*.)