Chronique politique.
La Cour d'assises du Brabant s'est occupée
mardi de l'affaire de la Nationet a prononcé
contre l'éditeur, une année de prison et mille
francs d'amende.
L'éditeur de la NationDésiré Brismée, con
damné mardi, par la Cour d'assises du Brabant,
s'est constitué volontairement, mercredi, pour
subir la peine d'une année d'emprisonnement,
qui lui a élé infligée du chef d'offenses envers
S. A. R. Mm* la duchesse de Brabant.
On éerit de Bruxelles, 19 juin
Un accident qui aurait pu avoir des suites
très-graves pour le comte de Flandre, est arrivé
hier Laeken.
Le prince retournait de Bruxelles la rési
dence d'été de la Cour; on était arrivé près de
l'église de Laeken quand tout-à-coup l'essieu de
la voiture s'est brisé; celle-ci s'est trouvée pres-
2ue renversée, lè cocher et le valet ont été jetés
e leur siège, tandis que la voiture était entraî
née par les chevaux qui avaient pris le mors
aux dents.
Le comte de Flandre s'est cramponné dans la
voilure, laquelle a élé traînée jusqu'au sommet
de la montagne; les spectateurs'de cette scène
étaient saisis d'effroi; plusieurs personnes ont
essayé d'arrêter la voilure sans pouvoir y par
venir. Enfin, un homme qui se trouvait au haut
de la montagne s'est jeté la tête des chevaux
et«a pu les arrêter.
Le prince est sorti de la voiture et a dit qu'il
n'était pas blessé, ce qui a comblé de joie les
personnes qui se trouvaient là en ce moment.
Le cocher a été blessé légèrement; le valet n a
reçu aucune atteinte dans sa chute.
Nous apprenons de bonne sourcedit le
Messager de Gand, que la nomination de M.
Manilius, comme général de la garde civique
de DOtre ville, est soumise la signature du Roi.
Du 19 Juin an 31 inclus.
Le compte-rendu des deux séances du Parlement,
où lord Clarendon et lord Palmerston ont confirmé
le renvoi de M. Cramplon, nous est apporté par les
journaux anglais. Lord Palmerston a été plus ex
plicite que son collègue.
Interpellé sur ce que contenait la dépêche de M.
Dallas relativement l'Amérique-Centrale, lord
Palmerston a répondu que la teneur générale de la
communication du gouvernement des États-Unis,
est que tout ce qu'il y a d'important dans la question
peut être résolu dans des conférence» directes entre
les deux gouvernements. Mais, a dit M. Gibson,
dans le cas où les négociations directes échoueraient,
le gouvernement américain refuse-t-il l'arbitrage?
Il n'est pas question d'un refus d'arbitrage, a ré
pondu lord Palmerston.
D'après le Neu>-York Heraldle président Pierce
aurait.témoigné M. Cramplon le désir que les bu
reaux de la chancellerie de la légation anglaise ne
fussent pas fermés, bien que le ministre eût,reçu
ment la semaine prochaine. Eh bien non, Monsieur,
répondit Victor en secouant la tête, ce mariage ne se fera
jamais.
A ces mots, Emile rejeta vivement loin de lui le tuyau
de sa pipe et se releva de toute sa hauteur.
Qu'est-ce dire, Monsieur. C'est-à-dire, répon
dit Victor en se couvrant, que, moi aussi, j'ai des pré
tentions la main de Lucile et que je ne souffrirai pas
qu'un autre l'obtienne. C'est un duel alors que vous
me proposez C'est la mort de l'un, ou la mort de
l'autre.
Le docteur se rassit.
En bonne conscience, Monsieur, reprit-il avec
calmo et eu souriant, je serais cil droit de vous refuser,
car la partie n'est pas égale; j'ai plus perdre que vpus,
mais j'accepte... Quand nous rencontrerons-nous?
Dans une heure. A quel endroit? Au bois de Vin-
cennes, si vous voulez bien. Et quelles sont vos armes?
Peu m'importe; cependant, je pense que le pistolet
est préférable pour le résultat que nous voulons obtenir.
Le pistolet! soit. Quant aux témoins, reprit Victor,
je vous serai obligé de vouloir bien me prêter un des
vétres; car je ne connais ici personne qui pu.sse m'en
servir.
Le docteur reprit froidement sa pipe, s'inclina en gage
d'assentiment, et se remit tranquillement fumer.
ses passeports. Le ministre do France Washington
aurait conseillé, au cootraire, M. Cramplon de ne
pas se rendre ce désir.
Les journaux anglais publient une note portant
que le Tartare, corvette hélice de ai canons, le
Cottack, corvette 4 hélice de ai canons, et l'^rro-
gant, frégate 4 hélice de 4fi canons, sont partis le
o et la n juin pour la station de l'Amérique. Le
A'sï, de 91 cations, et le Pyladet, de 21 canons,
étaient prêts b mettre la voile pour la même des
tination et ont dû prendre le large dans la journée
du 11 et du la de ce mois. Le Daily-Newe ajoute,
sous la date de Devonport, n juin, que l'^eon,
transport 4 vapeur, a quitté lundi ce port pour Fal-
mouth, chargé de provisions et de munitions pour
l'escadre de chaloupes canonnières qui croise en vue
de cè port et qui a reçu l'ordre de se rallier 4 cet
endroit.
En Hollande comme en Belgique, il -vient d'être
procédé aux élections pour le renouvellement de la
secoade Chambre des Etats-Généraux. La lutte a été
vire partout; elle a tourné 4 l'avantage du parti
libéral. On entend par là chez nos voisins le parti
opposé au parti ultra-protestant, dont le chef est M.
Groen-Van Prinsterer. On s'était flatté que celui-ci
ne serait pas réélumais cet espoir ne s'est pas
réalisé.
Le paquebot le Fulton a apporté b Liverpool des
nouvelles de New-Yd?k du 3i tùai. C'est le 39 que
M. Crampton a rèçu ses passeports datés de la veille,
et que i'exequatur a été retiré MM. Màtthews,
Barclay et Rowecroft, respectivement consuls d'An
gleterre Philadelphie, New-York et Cincinnati.
Le président Pierce a adressé un Message au Con
grès pour lui faire connaître sa résolution et lui
communiquer la dépêche de M. Marcy, que M.
Dallas a été chargé de remettre au gouvernement
anglais.
Cette dépêche est très-longue et très-proJixe. M,
Marcy affirme que M. Crampton et les trois consuls
ont pris uuç part active aux enrôlements. Ces enrô
lements ont continué durant une période de cinq
mois, c'est-à-dire du milieu de mars i855 jusqu'au
S août. M. Marcy prouve le faitd'une manière irré
futable eu rappelant les procès faits dans le mois de
mai un certain nombre d'individus contre lesquels
une condamnation fut prononcée. Il ajoute
Dans les documents relatifs cette affaire qui ont été
récemment communiqués au Parlement, il est dit expres
sément que les enrôlements aux États-Unis n'ont pas cessé
jusqu'au jour où M. Crampton en a donné l'ordre, 5 août.
Il avait donc le pouvoir d'arrêter les enrôlements. 11 sa
vait que ces faits étaient, dès le principe, fort désagréa
bles et injurieux pour le gouvernement, et qne le gouver
nement faisait tous ses efforts pour les arrêter. 11 devait
savoir, et il ne pouvait pas ne pas savoir, —1 cc qui
était notoire pour tout le monde, que pendant les mois
d'avril, mai, juin et juillet, des agents de recrutement
répandus dans tous les États-Unis, et principalement
Boston, New-York, Philadelphie et Cincinnati,
étaient en lutte ouverte avec les officiers judiciaires des
États-Unis,.et que dès le mois de mai, l'illégalité de ces
actes avait été prononcée par les Cours fédérales de New-
York et Philadelphie, et pourtant, nonobstant cela, il a
permis aux agents avec lesquels il était en relations de
continuer ces actes jusqu'au mois d'août: 11 est donc res
ponsable pour avoir encouragé et autorisé ces actes illé
gaux. .1
Tout le reste de la dépêche est consacré accumu
ler les preuves l'appui de ce qui précède
Lorsque M. de Corvelles se trouva dehors, il s'aperçut
qu'il venait dç faire une bêtise. Sans aucun doute, eût-il
le bonheur de tuer son rival, M. Auvray ne consentirait
jamais donner sg fille un spadassin; mais il était trop
tard pqur reculer; Victor courut se préparer au combat
qui allait se livrer.
Julien, mes pistolets, demanda M. do Corvelles
son domestique en rentrant chez lui.
Julien sortit et rentra bientôt après avec une boite
magnifique qu'il déposa sur un guéridon. A la vue de ses
armes, le visage de Victor s'épanouit et rayonna d'un air
de fierté indicible; il y n ainsi une foule de gens qui n'ont
pas de quoi vivre, mais qui ont toujours de quoi se tuer.
Le jeune homme prit ses pistolets l'un après l'autre, et
en examina soigneusement les batteries, dont il fit jouer
les ressorts plusieurs reprises. Cepeudant, cet examen,
en se prolongeant, amena insensiblement dans l'esprit de
M. de Corvelles des réflexions tant soit peu lugubres.
Bientôt mêmeson agitation devint si vive, qu'il fut obligé
d'ouvrir la croisée, afin d'éteindre la fraîcheur de l'air
du dehors le feu qui lui brûlait le front et la poitrine.
Au même moment la porte s'ouvrit et M. Benn apparut
sur le seuil.
Oh 1 petit imprudent, s'écria le vieillard en cou
rant d'abord fermer la croisée, pouvez-vous Tester ia
fenêtre ouverte par ce temps-14
Le comte de Clarcndon, poursuit M. Marcy, répudie
de la part du gouvernement de Sa Majesté, toute in-
tention de violer'les lois, de compromettre la neutra-
lité, ou de porter atteinte àlasouveraineté des États-Unis
par l'enrôlement de troupes sur son territoire. Le Pré-
u sident accepte sans réserve cette répudiation et s'en
déclare satisfait. Sans doute, les actes illégaux en
question n'ont pas été autorisés par le gouvernement
anglais, mais il n'en est pas moins établi qu'ilsont été
commis au nom et aux frais du gouvernement de Sa
Majesté.
Les Etats-Unis ont encore aujourd'hui le privilège
de nous fournir des nouvelles qui priment toutes les
autres. En donnant l'analyse de la dépêche de M.
Marcy relative aux enrôlements, nous avons dit
qu'il en existait une autre relative l'Amérique
Centrale. La conclusion seule de cette note est bonne
connaître. La voici
Le Président ne doute pas que tonte puissance euro
péenne qui consentirait se charger de la tâclied'arbitre,
telle qu'elle est proposée, en remplit les devoirs avec une
parfaite impartialité. Mais adresser une pareille requête
une puissance, serait lui demander d'ajouter au labeur
de ses affaires intérieures, le fardeau de régler les dis
sentiments compliqués d'autres gouvernements.
Le Président préférerait beaucoup que, dans une
controverse comme celle-ci qui roule sur des points de
géographie politique, le cas fût soumis un ou plusieurs
de ces hommes de science éminents qui font houneur
l'Europe et l'Amérique. Ils pourraient, avec le consen
tement préalable de leurs gouvernements respectifs, en
treprendre la tâche de déeider de telles questions pour
l'acceptation aussi bien du gouvernement do-S, M. B.
que de celui des Etats-Unis.
Vous avez donc pour instruction, d'entrer en com
munication avec le ministre des affaires étrangères de S.
M., relativement l'Amérique Centrale, pour vous assu
rer en premier-lieu si 1rs difficultés existantes ne peuvent
pas être promptement terminées par voie de négoeiation
directe, et dans le cas contraire, pour discuter les condi
tions d'arbitrage sur ceux-là seuls des points contestés
pour lesquels ce genre d'arrangement paraît requis ou
applicable. Il restera entendu que les autres points seront
naturellement l'objet de conférences entre le comte de
Clarendon et vous, conduites avec cet esprit de cordia
lité et de franchise qui appartient vos rapports indivi
duels, et qui est dieté la fois par les vrais intérêts et des
Etats-Unis et de la Grande-Bretagne.
Nous pouvons cependant être rassurés sur la paix
elle ne sera pas troublée. L'Angleterre est blessée au
vif, mais elle lèche sa plaie, elle la caresse presque,
et ne s'en plaint pas. Oh! si un pareil lait s'était
produit Naples ou en Grèce, ou dans quelque
autre état secondaire de l'ancien ou du nouveau
monde a'ii s'était agi de venger quelque Pacifico ou
de satisfaire sa rapacité, sa conduite eût été bien dif
férente. Mais lundi, aux deux Chambres du Paile-
meutle ministère a annoncé que les relations
diplomatiques ne seraient joas interrompues. Cette
déclarttiori a été accueillie par de chaleureux applau
dissements.
Lord Clarendon a dit que si l'escadre de l'Atlan
tique avait été renforcée, ce n'était pas dans un but
d'attaque contre les États-Unis, mais dans le but de
protéger plus efficacement lp6 possessions anglaises.
Le comte Derby, la Chambre des lords, a expri
mé sa satisfaction de ce que le gouvernement avouait
son erreur en condamnant la conduitede M. Cramp
ton. M. Disraeli, la Chambre des communes, a
recommandé au gouvernement, de ne pas intervenir
dans la politique des États-Unis relativement la
question de l'Amérique Centrale.
On le voit, tout le monde est d'accord pour met-
On était au 16 octobre. Puis revenant aussitôt poser
sa face réjouie devant celle du jeune homme
Eh bien reprit-il, comment vous portez-vous?
L'arrivée imprévue de M. Benn avait vivement con
trarié Victor; il répondit brusquement; mais l'usuricr-ne
remarqua pas cette humeur chagrine, et tirant de sa
poche une boîte de jujube achetée évidemment l'inten
tion de son débiteur
Vous en offrirai-je, dit-il? Merci, répondit sè
chement Victor. A propos, éeprit le petit vieillard,
j'ai reçu ce matin un panier de vin de Bsurgogne; mais
je ne bois pas de vin; vous me ferez, j'espère, l'honneur
de l'accepter. Nous verrons cela, répondit M. de Cor
velles, avec un mouvement marqué d'impatienco.
Cette fois M. Benn sortit de son aveuglement.
Ah! mon Dieu, M. Victor, s'écria-t-il, qu'avez-
vous donc? Vous êtes tout changé. Je n'ai rien.
Si fait, si fait; vous avez du chagrin ou bien vous êtes
malade... Oh! dites-le moi, je vous en prie! Si vous êtes
malade, je vous enverrai un médecin; si vous avez besoin
de consolations, ne suis-je pas votre meilleur ami
A ces derniers mots, Victor ne put se contenir plus
longtemps.
Eh biên oui, répoqdit-il, oui, monsieur Benn, j'ai
quelque chose... j'»i envie d'être seul
(La tuile au prochain n'.)