JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
1,589. 16e Année.
Jeudi, 24 Juillet 1856.
Vires acquirit eundo.
Fête nationale.
LE VOL AU PORTRAIT.
ABONNEMENTS: Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces, 4 francs. Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
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ii
Ypres, 33 Juillet.
Les fêtes du' 25" anniversaire de l'inaugura
tion du Roi Léopold ont réussi. Un temps
menaçant semblait devoir y porter le désordre.
Heureusement le ciel s'est rasséréné au mo
ment propice, et un beau soleil a rendu plus
resplendissante l'ornementation de la place S'
Joseph. Nous ne voulons pas décrire les magni
ficences déployées pour célébrer celte fête na
tionale seulement nous tenons donner notre
appréciation des discours qui ont été pronon
cés.
L'ancien président du Congrès, M. De Ger-
lache, a eu le premier l'honneur de s'adresser
au Roi, au nom du Congrès, après un silence
de vingt cinq ans. Son discours débute magis
tralement, mais finit faiblement. On sent que
ce n'est plus M. De Gerlache, l'ardent défenseur
des libertés publiques qui parle d'autres idées
ont modifié les opinions de l'honorable magis
trat qui, dans uûe brochure, ne s'est plus consti
tué que le défenseur des libertés catholiques, ou
pour mieux dire, qui ne profitent qu'au cléri
calisme. Heureusement qu'il n'y a pas de traces
du nouvel homme politique dans sa harangue
S. M.
Le discours du prince de Ligne en sa qualité
de président du Sénat, est le moins littéraire et
aussi le moins précis des trois harangues. Celle
que M. Delebaye a prononcée et dont la paternité
revient M. Dechamps, est un peu longue, mais
bien faite. Élégance dans la forme, idées nettes
et heureuses pour le fond, telles sont les qua
lités du discours prononcé par, nous ne disons
pas le président de la Chambre, car il n'y a pas
de président, mais par M. Delehaye, nous ne
savons trop pourquoi, au nom de la Chambre
des représentants.
En arrivant l'examen des réponses du Roi,
nous pouvons dire ici en toute humilité le vieux
dicton tout Seigneur, tout honneur! Les
discours du Roi sont des modèles du genre.
Concision dans la forme, netteté dans les termes,
paroles heureuses et idées qui mettent en relief
l'influence que Sa Majesté a exercée sur les des-
(suite.)
une course en citadine.
te lendemain de la soirée aux Italiens, Jules vit entrer
chez lui Aristide Michon. Il était onze heures moins deux
minutes. L'exactitude était le côté saillant du talent de
l'artiste.
Monsieur, dit-il Jules en commençant son esquisse,
vous tenez connaître la dame qui m'envoie ici? Vous la
verrez. Le jour où la remise du portrait aura lieu, je vous
cacherai dans un coin de mon atelier.
Jules avait soupçonné le peintre d'être de compte
demi dans la comédie qui se jouait ses dépens, il sentit
tomber ses sonpçons.
Service pour service, continua Aristide, vous m'obli-
gcz aujourd'hui, je vous le rends demain.
Jules lui serra la main avec effusion.
Merci, répliqua-t-il, je vous avais mal jugé, mon
cher'artiste'.
Le portrait fut achevé. Le jour où la remise en devait
etrc faite, Jules s'installait sept heures du matin chez le
peintre. L'atelier d'Aristide consistait dans une grande
P'ece en forme de fer cheval, largement éclairée par un
plafond vitré, Aux angles existaient des renfoncements
obscurs. A l'un d'eux, le peintre avait disposé un rideau
tinéesdu pays, tels sont les mérites qui donnent
aux réponses du Roi ce caractère saillant et
une portée latente mais réelle. En résumé, la
Belgique peut^ajouter une bonne page son
histoire et le Roi Léopold doit éprouver les
douces jouissances que mérite un souverain
hounêle homme-et un monarque qui a tenu
loyalement son serment.
•Nous donnons plus loin, avec les considé
rants, les arrêtés de nomination de chevaliers
de l'ordre de Léopold, de six de nos concitoyens.
Ils ont été bien accueillis par l'opinion publi
que. La distinction conférée MM. Mulle,
Struye et Biebuycfc est une conséquence de leur
ancienne position comme membre du Congrès
constituant ou d'ancien représentant. M. Théo
dore Vanden Bogaerde est un homme d'une
honorabilité parfaite et très-aimé. Son frère,
M. le major Auguste Yanden Bogaerde reçoit la
croix de Léopolden récompense du zèle dont
il a fait preuve dans le commandement de la
garde civique d'Ypres. Enfin, on a décoré en
M. Lameere, un ancien fonctionnaire qui a su
conquérir les sympathies publiques.
Nous ajouterons encore deux nominations
dans l'ordre militaire, celle de M. Cruyplants,
lieutenant-colonel au 5e, et celle de M. le capi
taine Brialmont. Nous ferons même remarquer
que le considérant de l'arrêté qui confère la
croix çe dernier, n'est pas conçu dans les
termes ordinaires et qu'il s'y trouve uh motif
bien honorable pour M. Brialmont. La croix
décernée de celle façon, si elle ne grandit pas
un homme aussi méritant et connu par des
œuvres couronnées par l'académie, augmente
au moins la valeur de la distinction conférée
par le Roi.
LÉOPOLD, roi des Belges,
A tous présents et venir, SALtJT,
Voulant, par un témoignage de notre bienveillance,
récompenser les services rendus au pays par leis an
ciens membres du Congrès national dont les noms
suivent;
Sur la proposition de notre conseil cles ministres,
Nous avons arrêté et arrêtons,
Sont nommés chevaliers de l'ordre de Léopold
de serge verte où étaient pratiqués des trous perfides
c'était lk que Jules devait se cacher. Onze heures sonnè
rent, puis midi. Tout-à-coup la sonnette de l'atelier re
tentit. Jules se jeta derrière soin rideau. Le peintre ouvrit,
C'était sa portière.
Monsieur, lui dit-elle, quelqu'un. Entrez, cria
Aristide.
Un bonnet poil entra c'était un tambour qui lui
apportait un billet de garde.
Ce n'est pas ce tambour que j'attends, dit Aristide
la portière quand il fut parti. Vous attendez un autre
tambour? Non, une dame. On sait ce que c'est,
répliqua la portière avec un clignement d'yeux malin.
Les Froraagcot sont portiers de père en fils. Ma mère était
une Pipelet. 11 faut que je vous conte... On vous ap
pelle en bas, interrompit le peintre qui prévoyait l'his
toire. Vous croyez? dit-elle.
Et elle se précipita dans l'escalier en criant J'y vas.
Puis se ravisant, elle rentra dans l'atelier en disant
Je vous conterai cela un autre jour.
Et elle sortit de nouveau, en criant chaque étage
J'y vas, mon Dieu j'y vas. Personne n'arrivait. "Enfin,
vers deux heures, Jules aperçut une citadine qui s'arrê
tait droit devant la maison. Il courut son rideau. Quel
ques instants après, la portière entrait de nouveau suivie
d'une femme. C'était une femme de chambre; leste,
MM. Mulle, Léon, Ypres
Struye, idem.
Voulant, par un témoignage demotre bienveil
lance, récompenser les services rendus au pays, par
les anciens membres de la Chambre des représen
tants
Est nommé chevalier de l'ordre de Léopold
M. Biebuyck, président du tribunal de i* instance,
Ypres.
Voulant, par un témoignage public de notre satis
faction, reconnaître le zèle et le dévouement dont a
fait preuve l'officier de Garde civique et récompeuser
les services qu'il a rendus,
Est nommé chevalier de l'ordre de Léopold
M. Vanden Bogaerde, Auguste, major comman
dant le bataillon d'Ypres.
Voulant donner au sieur Lameere (Auguste-Jean),
inspecteur d'arrondissement des contributions di
rectes, douanes et accises Ypres, un témoignage ^e
bienveillance pour les services qu'il a rendus pen
dant une carrière de près de quarante deux ans;
Le sieur Lameere (A.-J.) est nommé chevalier de
l'ordre de Léopold.
Voulant reconnaître par un témoignage de notre
bienveillance, les services rendus par le sieur Van
den Bogaerde (Théodore-Ferdinand-Joseph), gref
fier du tribunal depremière instance Ypres, depuis
plus de vinglsept ans, membre de fa commission
administrative des Hospices civils de la même ville;
Le sieur Vanden Bogaerde, greffier au tribunal de
première instanco Ypres, est nommé chevalier de
l'ordre de Léopold.
Léopold, roi des Belges,
Sur la proposition de notre ministre de la guerre,
Nous avons arrêté et arrêtons,
Sont nommés chevaliers de l'ordre de Léopold
Le capitaine de deuxième classe du corps d'éfat-
tnajor Brialmont, Henri-Alexis, commandant pro
visoirement le génie Ypres et Menin, pour ses bons
services, le zèle et le mérite dont il a toujours donné
des preuves
Le lieutenant-colonel Cruyplants, Bernard, du 5*
de ligue, en récompense de ses bons et loyaux ser
vices et du zèle qu'il-a déployé dans l'accomplisse
ment de ses devoirs.
nniia^
éveillée, accorte, une vraie soubrette de comédie, avec
son nez retroussé, ses lèvres pincées, ses yeux agaçants.
Monsieur Michon, deraanda-t-ellc. C'est moi.
Monsieur, ma maîtresse Vous a commandé le portrait de
M. de Céran. Je viens le chercher.
Aristide le lui présenta.
Merci, monsieur, ajouta-t-elle en le prenant. Voici
ce qui vous reste dû.
Et saluant le peintre, elle sortit. Jules quitta son ri
deau.
Eh bien? demanda Aristide. Je n'ai jamais vu
cette femme-là. Bah Mais je saurai qui elle est,
ajouta Jules.
Et il s'élança dans l'escalier. Au moment où il arrivait
en bas, la voiture qui emportait la soubrette venait de
repartjr. Il se précipita sa poursuite.
Qu'est-ce que c'est que ce Monsieur-là se disait la
portière que Jules avait failli renverser. Oh! comme il
court! il a des jambes de malfaiteur. Il a peut-être assas
siné quelqu'un dans la maison. Je vas m'en assurer.
Cependant Jules suivait la citadine au pas de course.
D'ordinaire, pensait-il, en courant travers le fau
bourg Poissonnière, on prend ces voitures-là quand on
est en avance et pour aller moins vite. Dans ma vie, j'en
suis une pied, il faut qu'elle brûle le pavé.
Pas une voiture vide l'horizon. Enfin, au coin du