Nouvelles d'Espagne.
gnnc de son bourgmestre, M. Ch. De Brouckcre, com
plimenter le Roi. L'enthousiasme de la foule est son
comble. Le Roi, de plus en plus ému, ne cesse de
saluer gracieusement; les princes, également acclamés,
répondent avec émotion aussi ces manifestations sym
pathiques. Après la cérémonie de la réception par le
conseil communal de Bruxelles, le cortège se met en
marche. Le cortège de S. M. est ainsi composé Un déta
chement de gendarmerie, suivi de la garde civique
cheval; les écuyers de S. M.; des délégués de la commis
sion centrale des fûtes, cheval; deux officiers d'ordon
nance du Roi; le Roi; le duc de Brabant; le comte de
Flandre; les aidcs-de-camp et les officiers d'ordonnance
du Roi et des princes, les généraux, les officiers supé
rieurs et l'état-major général de la garde civiq'ije et de
l'armée; quatre piqueurs cheval. 4* voiture six
chevaux Le grand maréchal de la cour, le grand maître
de la maison de LL. AA. RR. ct-1. 2* voiture six
•hevaux La grande maîtresse de la maison du LL. AA.
RR. et 1. le duc et la duchesse de Brabant, les dames
d'honneur et les dames du palais. 3* voiture six
chevaux S. A. R. et I. la duchesse de Brabant; S. A. R.
la princesse Charlotte. A la portière de droite le co
lonel commandant le département dn grand écuyer. A la
portière de gauche: l'aide-de-camp de service. Un déta
chement de cavalerie ferme la marche. Ssa Majesté tra
verse la ville en parcourant l'itinéraire qu'Elle, a suivi
lors de Son entrée A Bruxelles le 2i juillet 4831, savoir
lgs rues de Laeken, du Pont-Neuf, Neuve, place de la
Monnaie, rue des Fripiers, Marché-aux-Hcrbes, rue de J»
Madeleine, Montagne de la Cour, Place Royale.
RÉCEPTION DE S. M.PLACE ROYALE.
Les anciens membres du bureau du Congrès national
la téte des anciens membres de cette assemblée attendent
10 Roi il la place Royale. Arrivé la plaee Royale, une
heure, le Roi a mis pied terre. Les membres du Con
grès, ayant leur tête M. de Gerlache, leur anoien pré
sident, se sont avancés vers S. M. M. de Gerlache a
prononcé un discours. Après ce discours, le cortège se
met en marche dans l'ordre indiqué plus haut.
TE DEUM A LA PLACE SAINT-JOSEPH,
Toute la cérémonie s'est accomplie conformément au
programme arrêté. Le Roi a été reçu sous l'arc-dc-triom
phe de la rue Guimard, par les présidents des Chambres
législatives et par les ministres, qui ont conduit S. M.
l'estrade royale. Une salve d'artillerie a salue l'arrivée
de S. M. Le canon se fait entendre sans interruption. La
suite du Roi met pied terre au boulevard du Régent.
Les troupes d'escorte font halte au même endroit et se
disposent précéder et suivre le cortège après la cérp^
monie. Le Roi ayant pris place sur le trône, les divers
corps de musique exécutent l'air national. Une cantate
composée pprM. Fétis,maître de chapelle du Roi, paroles
de M. Ad. Sirct, est exécutée par les chœurs avec accom
pagnement d'orchestre. Le corps diplomatique, les pré
sidents des Chambres, les ministres, les'damcs et les
dignitaires civils et militaires de la cour prennent place
dans la tribune aux côtés de la famille royale. M- 'c n,i-
nislrc de l'intérieur ayant pris les ordres du Roi, les
adresses des Chambres législatives sont présentées au
Jloi par |cs présidents de ces assemblées, M. le prince de
Ligne, président du Séoat, et M* Delchaye, président de
]a Chambre des représentants, auxquels le Roi a répondu.
Après la présentation des adresses, S. Em. le cardinal-
archevêque de Malines, assisté de LL. GG. les évêques de
Belgique et du clergé, se rend proccssionnellement
l'autel et entonne le Te Deum qni est suivi du Domine
talvum foc regemLes cloches de toutes les églises de la
capitale sonnent pendant toute la durée de la cérémonie
religieuse. Après le Te Deum, les députalionsdc la garde
civique et de l'armée se forment en colonne et défilent
devant le Roi. Pendant le défilé, les musiques militaires
exécutent les airs populaires des différentes provinces.
RETOUR AU PALAIS.
Le retour du cortège, la cérémonie de la place Saint-
Joseph terminée, s'est effectué pied. Quatre groupes
isolés suivaient S. M. Les personnes faisant partie dn
cortège devaient marcher sur quatre dç front; mais les
prescriptions du programme h cet égard n'ont pas été
rigoureusement observées. La foule avait compte sur ce
moment pour voir le Roi de plus près. Elle s'est satisfaite.
11 a fallu que le Roi ralentit sa marche'à plusieurs re
prises. Ce moment de la journée a été la partie la plus
populaire de la fétc. Le Roi a pu juger mieux encore qu'il
ne l'avait fait précédemment de tout l'attachement que la
population lui porte. A 7 h. a eu lieu, dans le palais de
la Nation, le banquet de 400 couverts offert par les deux
Chambres la famille royale.
GRAND CONCERT DU PALAIS DUCAL.
Le grand concert vocal et instrumental, organisé par
M. Fischer, a eu lieu 0 heures et demie sur la terrasse
du palais ducal. Eoviron huit çents exécutants y assis
taient. La foule était immense sor la place des Palais et
dans le Parc. Les divers morceaux du programme, exé
cutés avec beaucoup de vigueur et d'ensemble, ont été
chaleureusement applaudis. Ce concert, qui fait le pins
grand honneur M. Fischer, doit sa réussite i des tra
vaux préparatoires vraiment Inouïs.
SÉRÉNADE AU ROI.
A huit heures et demie, le Roi a paru au balcon du
palais de la Nation. Douze cmls chanteurs et instrumen
tistes l'attendaient pour la sérénade. Les instrumentistes
ont été fournis par les musiques des régiments; les chan
teurs se composent de deux sociétés de la ville celle
d'ixelles et de la Grandc-IIarmonje, et de beaucoup de
sociétés étrangères la ville. 11 en avait été de même
pour le Te Deum; seulement les enfants des écoles de la
ville et les enfants de troupes avaient fourni un impor
tant et très-utile contingent pour l'exécution du Te Deum.
Deux morceaux seulement furent exécutés aux applau
dissements de la foule,
9 heures du soir.
Le parc s'illumine comme par enchantement; le con
cert de la place des Nations et le bal du Waux-JJall atti
rent une foule immense.
40 heqpes du spir.
Une foule eompacte circule avoe peine autour du Paro,
dont la ceinture est illuminée d'une manière charmautc.
Des candélabres, ornés de médaillons où sont inscrites les
principales lois du règne, supportent des lanternes six
arêtes garnies de verres de couleur et de ballons chinois;
entre chaque candélabre est planté un mât terminé par
un oriflamme aux armes nationales et orné vers son mi
lieu d'une eorbeille de fleurs; ces candélabres et ces mats
sont rclié$ entre eux par des guirlandes de verdure. A
di$ heures précises, les tambours battent aux champs. Le
Roi, les princes quittent le palais de la Nation, dont
toutes les fenêtres sont éblouissantes de lumières. Dix
mille personnes se pressent dans les jardins du Waux-
Hall, dont l'illumination réalise une féerie des Mille et
une Nuits. Des arcades brillamment éclairées, et portant
les noms des villes du pays sont disposées tout autour du
l'enceinte. Une myriade de verres de couleurs constellent
la sombre voûte des arbres. Des soleils de gaz jettent un
éclçt éblouissant devant la façade. La lumière électrique
projetée sur le jet d'eau du Parc produit un tableau ra
vissant. Une immense glace encadrée de fleurs et de
feuillage, occupe l'une des faces latérales du bâtiment ef
double de ce eôfé la fête; ajoutez ces trop courts détails
l'un des meilleurs orchestres du pays, et l'on conviendra
que cette fête est véritablement merveilleuse.
40 heures et demie.
Le Roi, accompagné de LL. AA. RR. le duc régnant
de Saxe-Cobourg-Gotha, le prince Georges, le duc de
Brabant et le comte de Flandre, ainsi que des membres
du corps diplomatique, des officiers de sa maison et d'un
grand nombre de sénateurs et de représentants, vient
d'entrer au Waux-llall. La présence de la famille royajo
a été saluée par les plus vives acclamations,
Deuxième journée. Mardi.
Dès le matin, la ville présente une grande animation.
La foule su répand dans la rue et sur les places que le
cortège royal a traversées ou qui ont été le siège des céré
monies du premier jour. Des groupes nombreux station
nent autour des magnifiques arcs de triomphe de la porte
de Laeken, de la placç de la Monnaie, de la place Royaje,
de la rue Guimard et des splendides estrades de la place
de Ja Société Civile, au quartier Léopold. La rue Neuve,
la place de la Monnaie, la rue des Fripiers, le Marché-
aux-Herbes, la rue de la Madeleine et la Montagqe du la
Cour, qui ont conservé leur fraîche et riche dçco,ràfciq)>,
leurs miliiérs de drapeaux, de bannières et d'oriflammes,
sont remplies de promeneurs. Dès neuf heures du malin,
la foule se porte la place Royale pour y rendre qn pieux
et doux hommage la mémoire de Louise-Marie d'Or
léans, première reine des Belges. Sous le grand arc do
triomphe qui se dresse devant la rue de la Régence, s'est
élevé de bqnne heure up monument coinmémoratif la
princesse vénérée qui fut assise pendant dix-neuf ans sui
te trône côté du roi dont la Belgique célèbre un règne
de vingt-cinq ans. Ce monument est majestueux dans sa
simplicité. Sur une estrade se développe une sorte de
catafalque de velours noir garni d'or. Les quatre faces
sont occupées par des çcussons aux fleurs de lys, etc.,
au-dessus est placée une couronne royale. Des fleurs do
lys d'ar régnent le long de la base. Il convenait que dans
cette solennité nationale le souvenir de notre reine bien-
aimée fût rappelé aux populations. Hier, l'héritier du
trône a assisté l'ovation faite par tout un peuple au
prince qui a su conquérir l'affection publique par son re
ligieux respect pouf les institutions nationales aujour
d'hui la duchesse de Brabant, la future reine des Belges,
a sous les yeux la manifestation des sentiments d'amour
et de gratitude qu'une reine peut inspirer aux populations
par la bonté et la charité. La décoration splcndide et gra
cieuse de la façade de la Grande-Harmonie, excite aussi
l'admiration générale. Les préparatifs pour l'illumination
de ce soir s'achèvent! avec la plus grande activité, sur les
boulevards surtout. Un beau concert d'harmonie attire les
promeneurs autour du kiosque du Parc k dix heures.
TEMPLE DES AUGUSTHIS.
La séance des Augustins (distribution solennelle des
prix aux lauréats des concours de poésie) a été ouverte
par un morceau grand orchestre intitulé Chant des
Belges, et composé par M.Litolff. Ce morceau, supérieu
rement exécuté par l'orchestre du Conservatoire, sous la
direction de M. Fétis, n été vivement applaudi. Après la
lecture du rapport de Dautzenberg sur le- concours de
poésie flamande, de celle du poëme couronné, fait par
l'auteur, M. Van Becrs, l'orchestre cl les choeurs ont
exécuté la cantate flamande que M. Gevacrt a composée
sur des paroles de M. P.Van Duyse. L'exécution de cette
cantate terminée, on a donné lecture du rapport du jury
du concours de poésie française.
REVUE DU ROI POUR LES GARDES CIVIQUES
ET L'ARMÉE.
Nous sommes encore sous l'impression de la solennité
militaire la plus imposante laquelle il nous ait été donné
d'assister dans notre pays. Le temps orageux est venu
malheureusement contrarier cette fete grandiose au mo
ment du défilé. La revue ne s'en est pas moins terminée
comme son début au milieu des acclamations enthou
siastes de la garde civique, de l'armée et des spectateurs.
Dès onze heures toutes les légions de la garde civique et
les troupes do l'armée occupaient les emplacements
désignés. Sur la place des Palais les députations des gar
des civiques des neuf provinces et les députations de tous
les régiments de l'armée. Ces députations qui formaient
en quelque sorte la garde d'honneur du palais du Roi,
avec la compagnie des chasseurs-éclaireurs, les blessés de
Septembre, etc., sont demeurées sur la place jusqu'après
le défilé. Cette première partie de la revue était d'un
aspect magnifiquement imposant. Le Roi, suivi de l'état-
major général do l'armée, sort du palais midi précis,
pour commencer la revue. S. M,, en grand uniforme do
général en chef de l'armée belge, revêtue du grand cor
don de son Ordre ot des principales décorations, est seul
plusieurs pas en avant de son état-major. Le duc de
Brabant et le comte de Flandèe, en grand uniforme d'of
ficiers généraux, viennent après les aides-de-cartip du
Roi, et sont accompagnés de tous les généraux résidant
Bruxelles, le ministre de Ir guerre, plusieurs officiera
étrangers, dont on admire les brillants uniformes anglais,
prussiens, autrichiens, etc. Les cris de Vive le Roi! cela-'
tent dans les rangs et parmi les spectateurs avec une
force irrésistible. S. M. salue avec émotion et poursuit
la revue au milieu des vives acclamations qui reten
tissent jusqu'au bout. A une heure et quelques minutes,
le Roi est arrivé l'extrémité du boulevard du Midi, La
revue des troupes en ordre de bataille est terminée. Les
légions de la garde civique se sont déjà formées en co
lonne pour le défilé. Les troupes en font autant. Le Roi
et les princes, suivis de l'état-major général, regagnent
au galop le palais, toujours au milieu des démonstrations
sympathiques de la multitude. La foule des assistants
assiège tous les abords de la place des Palais. La duchesse
de Brabant, la princassc Charlotte sont au balcon du
palais du Roi. Le défilé commence par la garde civique,
au bruit des plus énergiques' acclamations et en dépit
d'une pluie battante. Le défilé des troupes de l'armée se
fait ensuite avec Içs mêmes démonstrations d'enthou
siasme. Les cris de Vive le Roi,' ne cessent de retentir
une seule minute. La pluie vient cesser enfin. Le défilé
est terminé; des'chants patriotiques en l'honneur du
Roi se sont fait entendre. Le Roi monte au balcon du
palais avec les princes. Toute la famille royale avec son
auguste chef salue la foule qui répond par une immense
acclamation. Pendant eette revue qui s'est terminée vers
3 heures, toutes les musiques de la garde civique et de
l'armée ont fajt entendre la Brabançonne, les trompettes
sonnaient la marche, les tambours battaient aux.champs,
des drapeaux s'inclinaient sur le* passage du Roi et des
princes, tandis que les cris de Vive le Roine discon
tinuaient pas. Le temps s'est tobt fait remis au beau
après la revue. Ce soir, il y a un grand dîner de plus de
200 couverts au palais. Le Roi réunit sa table le corps
diplomatique, les ministres, les anciens membres du
Congrès natiqnal, de la législature, de la magistrature,
les chefs de la garde civique et de l'aripée, etc., ete.
ILLUMINATIONS,
40 héUres du soir. Nous venons de parcourir la ville,
L'illumination est générale «ur tous les pôinls dé la'ca-
pitalc. Il n'est pas de maison, même dans les rues écar
tées, qui ne soit ornée de quelques lampions ou lanternes
vénitiennes. Quant aux illuminations officielles, elles
dépassent tout ce qui avait été fait jusqu'à ce jour
Bruxelles.
Noua recevons de Barcelone, dit le Moniteur fian
çait, la dépêche télégraphique suivante
Barcelone, 4 9 juillet 4836.
Hier, après cinq heures, un mouvement a eu
lieu i Barcelone. Le général a aussitôt lancé sea
troupes sur les révoltés, qui se sont dispersés immé
diatement, pour se retrancher daus les quartiers des
fabriques, l'ouest de la Kambla.
a A 11 heures, ils avaient dressé quatorze barri
cades- A minuit, les principales furent enlevée»
d'assaut; les autres n'ont pas été défendues.
Ce matin, la tranquillité paraissait rétablie.
Un bataillon et quelques compagnies de la mi
lice nationale se sont prononcés pour les révoltés.
Un ordre du général en a aussitôt ordonné la disso
lution et la remise des armes dans le délai d'une
heure. Cotte remise s'est effectuée sans opposition.
A 11 heures, de nouvelles barricades ont été formée»
sur la place du Prado. A midi, elles étaient enlevées;
le général Bassols a reçu ope blessure.
La fusillade continue, mais l'avantage reste par
tout aux troupes. Les insurgés n'occupent plus dan»
la ville que les terrasses de quelques maisons. Le»
troupes sont admirables de dévouement, a