Les braves pompiers (le Gomines, alignés comme des troupes de ligne, suivent les auto rités des communes rurales. Enfin, marchent les délégués des villes. D'abord c'est le délégué de la ville de Wervicq précédé de la nombreuse musique communale et suivi du charmant corps de pompiers de cette ville; ensuite le délégué de la ville de Po- peringbe, la musique des fanfares en habit de ville et celle des Pompiers en tenue le précè dent. Au milieu de celle-ci brille Un magnifique drapeau, le corps des pompiers au grand com plet et en grande tenue, escorte l'administration communale. Enfin, les sons harmonieux d'une excellente musique attire l'attention de tous, c'est le corps de musique des Sapeurs-Pompiers de la ville d Ypres. La tenue de ces artistes est militaire et d'une uniformité parfaite, leur air est martial. Le délégué de la ville ayant sa gauche le major commandant de la Garde civique et pré cédé du drapeau aux armes de l'antique cité qui sera désormais le drapeau du corp9 des Pompiers, marche ensuite en grand uniforme. Cet imposant et magnifique cortège de l'ar rondissement est fermé par un détachement de Sapeurs-Pompiers de notre ville qui, le casque en téte, le sac au dos, marchent alignés comme des grenadiers de la vieille garde et attirent tout spécialement l'attention du public qui avait pourtant beaucoup de choses admirer. C'est avec les éléments que nous venons d'in diquer que les communes et villes de notre arrondissement se présentèrent devant S. M. et défilèrent au pied de l'estrade royale aux cris mille fois répétés de Vive lh Roi N'oublions pas de mentionner qu'un de nos plus honorables bourgmestres. M. De Made, de Comines, décoré de l'ordre de Léopold. fut ad joint M. Surmont, bourgmestre de Lichtervel- de, chevalier de Léopold et de la légion d'hon neur, pour représenter plus spécialement les administrations communales rurales de la pro vince au moment de la lecture de l'adresse et que le délégué de la ville d'Ypres, M. Alph. Vanden Peereboom, fut chargé avec les délé gués des villes de Bruges, Courtraiet Dixmude, de remettre solennellement au Roi le livre d'or, contenant les adresses de tous les conseils com munaux de notre Flandre. N'avons-nous pas raison de dire que dans celle grande manifestation l'arrondissement d'Ypres a été le mieux représenté de tous les arrondissements: constatons, du reste, que les autorités et la commission directrice des fêtes ont accordé nos diverses sociétés et spéciale ment nos corps de sapeurs-pompiers les dis tinctions les plus flatteuses. C'est ainsi que la musique d'Ypres a été choisie comme la meil leure au milieu de toutes les musiques qui se trouvaient Bruges, pour jouer pendant le banquet royal de 500 couverts offert le 27, au Roi par le conseil provincial et les délégués des communes, et que la bonne musique des pom piers de Poperinghe a été désignée pour se faire entendre pendant le banquet des notables le jour suivant. Seul de lou9 les corps de pompiers, celui de notre ville précédé de sa musique et de celle de la ville de Poperinghe a eu le privilège de figu rer, la demande de la commission, dans le cortège historique du 28 et de former pour ainsi direau moment de l'inauguration de la statue de Jean Van Eyck, la garde d'honneur du Roi. Les délibérations du jury chargé de décerner les prix de belle tenue n'ont pas été longues, l'opinion publique avait spontanément et una nimement désigné le corps des sapeurs-pom piers de la ville d'Ypres, qui avait reçu du reste un auguste témoignage de satisfaction, plus précieux que tous les prix, de la bouche même de S. M. Au moment de l'inauguration de la statue, le Roi s'approchaul du lieutenant Ra- aïoen, commandant du détachement, avait daigné lui adresser les paroles les' plus bienveil lantes et le complimenter sur la belle tenue, la bonne organisation et l'attitude imposante et martiale du corps sous ses ordres. Une mention honorable a été accordée au corps de pompiers de Poperinghe et c'était justice, cette compagnie, après celle d'Ypres, était évidemment la plus belle. Outre ces prix et quelques médailles comme- moralives remises par la commission aux chefs du détachement et de la musique d'Ypres, des médailles en vermeil et en argent ont été accor dées aux divers corps d'harmonie et fanfares et des médailles spéciales en vermeil ont été dé cernées aux compagnies de pompiers de Comi nes, Wervicq, Poperinghe et Ypres. Nous apprenons aussi que M. Alph. Vanden Peereboom, voulant perpétuer au milieu du corps qu'il commande, le souvenir du Roi, a fait don ses pompiers de deux portraits de S. M., d'après Ghemar; ces portraits de gran deur naturelle, coloriés et d'une ressemblance parfaite, orneront le local où îes pompiers se réunissent et la salle de répétition de la musi que. Les hommes composant le corps dès Sa peurs-Pompiers auront ainsi constamment sous, les yeux l'image d'un. Roi bien-aimé qu'ils ont eu le bonheur de voir longtemps et de près. Sans sortir du cercle où nous sommes forcés de nous tenir, il nous resterait bien des détails donner encore sur ces belles fêtes; contentons- nous de dire en finissant qu'il faut y avoir assisté pour s'en rendre bien compté et pouvoir apprécier l'enthousiasme général qui éclatait partout, et formons des vœox pour que la providence conserve longtemps encore la Belgique le monarque sage qui est entouré du respect et de la vénération de tous et qui a su donner notre belle patrie vingt-cinq années. de liberté, d'ordre et de bonheur. reste aux grands journaux et tout d'abord aux journaux du chef-lieu. Nous nous contenterons de dire la part que notre arrondissement y a prise plus spécialement. Constatons-le tout d'abord, et avec un légi time orgueil. L'arrondissement d Ypres était admirablement représenté Bruges, et pour quoi ne pas le dire, puisque tous le procla maient, nolrearrondissement,dans cette grande démonstration méritait la palme. Vers midi les autorités, les corps, les ghildes, les corporations et sociétés admis faire escorte au Roi pendant son entrée joyeuse, se rangè rent aux abords de la station. A la tête du cortège Yprois marchait le drapeau de l'arron- dissemenl, les sociétés de musique des com munes de Becelaere, de Neuve - Eglise de Warnèton, de Wervicq et de Messines étaient placées de dislance en distance dans le cortège, entre ces musiques les intervalles étaient rem plies par des sociétés diverses avec leurs dra peaux nos anciennes confréries de S1 Sébastien, ces ghildes glorieuses qui se sont perpétuées depuis des siècles dans notre Flandre, qui combattirent Groeningbe et y conquirent les éperons d'or, occupaient dans la royale escorte une place large et honorable; entre toutes les bannières des ghildes, élincelait le riche dra peau de la confrérie royale de S1 Sébastien, donné par S. A. R. le Comte de Flandre et derrière cet étendard marchait une députalion de la société royale entourant son chef-homme revêtu de ses riches insignes et de l'antique col lier d'or et d'argent orné de pierreries et au quel brillent quatre-vingt médailles remportées depuis le XVe siècle jusqu'à ce jour par la con- frêrie dans des luttes pacifiques, mais, encore glorieuses. Des drapeaux aux armoiries de toutes les communes, portés par les gardes-champêtres en grande tenue et divisés en groupes, produi-' saie rit l'effet le plus saisissant. Voici d'abord l'association: agricole précédée de son drapeau, confié un membre de la so ciété décoré de la distinction spéciale, ensuite les drapeaux des ateliers d'apprentissage portés par les contre-maîtres et suivis par les memhres des commissions de ces utiles institutions; les députatioos du conseil des prud'hommes et de la chambre de commerce d'Ypres fermaient le cortège industriel. Viennent ensuite les délégués des administra tions des communes rurales; l'un d'eux est en uniforme, tous les autres portent l'écharpe sur l'habit de ville leur tête marche en grand uniforme, le commissaire d'arrondissement, non comme un chef, mais comme un père au milieu de ses enfants, les témoignages de sympathie que ces fonctionnaires administratifs se prodi- guentsonl vivement remarqués, nous pourrions dire que cette entente cordiale qui permet de faire le bienest sérieusement enviée par d'autres districts. la jeune femme fit un signe négatif. N'importe, hurla tout-à-coup la vieille. Cela ne peut pas durer. Et elle avança la main pour s'emparer du cigare. Jules lui arrêta la main, prit froidement dsns son étui un se cond cigare et le lui présenta en lui disant Wil y ou have any? (I) La vieille dame était exaspérée. Conducteur, criait-elle par la portière, arrêtez. Il y a un Anglais qui fume. Arrêtez, je veux descendre. Mais le bryit des roues couvrait sa voix. La voiture marchait toujours. Jules acheva son cigare. Alors seule ment la vieille releva les glaces et se tut. Mais de temps autre elle jetait sur le vicomte un regard chargé de haine. Joies était impassible. Au relai, la vieille appela le courrier. Nous avons un Anglais qui fume ici, dit-elle. Faites-le cesser. Madame a raison, répliqua le cour rier, en se tournant vers Jules. On ne peut pas fumer ici, monsieur. Et pressé de partir, il remonta sa place. Il n'entend pas le français, cria la vieille. La voiture était déjà repartie. Jules avait fumé jusque- là pour obtenir de i air. Mais la vieille dame s'était moll it, t ru t»l un que ?ou» jouit». trée si adorablcment impatiente et acariâtre, elle avait mis tant de bonne grâce l'injurier, qu'il se dit Cette femme-là me plaît elle se met franchement en colère. Cette réflexion en amena une autre. Si je recommençais, pcnsa-t-il, avec un caractère aussi bien fait, elle abandonnera la place au troisième cigare. Il vérifia l'état de ses munitions; il avait encore cinq cigares. En voyant reparaître le fatal étui, la vieille dame fit un geste d'horreur, articula un Encore Et abaissa vivement la glace. Jules étouffa un rire in discret et remit l'étui dans sa poche. La vieille releva la glace et se' tapit dans son coin pour y dormir. A peine avait-elle fermé les yeux que Jules allumait son deuxième cigare. Quand elle se réveilla, la voiture était pleine de fuinéc. On devine le flot d'injures qu'elle vomit de nou veau contre l'impertinent fumeur, fl y avait là, en effet, de quoi exaspérer le plus patient des saints de l'Evangile. Mais hélas on se fatigue de tout, même d'être en colère quelque habitude qu'on en ait d'ailleurs. Au cigare sui vant, la voix de l'acariâtre voyageuse avait baissé de plusieurs tons. Un accès de toux la prévint bientôt qu'on s'enrhumait crier fort et longtemps. Pas encore, si elle n'eut pas crié dans le désert. Elle se tut un instant, jeta encore quelque temps et par intervalle une interpellation au fumeur ou un appel au courrier, gronda entre ses dents, puis se tut tout fait. La pauvre femme réfléchis sait. Cela ne peut pas durer, pensait-elle avec une indi gnation rentrée, la seule que sa santé lui permit. Je ne puis pas faire cent lieues en tête tête avec un cigare. Le relai arriva enfin. La vieille se précipita hors de la voilure avant même qu'elle fût arrélée. Conducteur, dit-elle au courrier qui dételait, vous, êtes peu poli; je vous ai appelé pendant tonte la route. Je ne vous ai pas entendue, madame. Votre Anglais ne cesse de fumer. Je vais lui faire de sérieuses ob servations. C'est inutile. Il n'entend pas un mot de français. Failes-le descendre. Impossible, madame. Je ne puis pas laisser en chemin un voyageur qui a payé. Ah c'est ainsi. Vous vous entendez- Alors c'est moi qui descendrai. Mais je me plaindrai votre administra tion. A votre aise, madame. Je laisse penser le sourire qui vint aux lèvres de Jules, quand il vit débarquer les malles et les cartons do sa victime. Voilà une femme qui détestera convenablement le» Anglais, raurmura-t-il avec une satisfaction goguenarde. Maintenant, njouta-t-il en se tournant vers le coin qui restait habité, passons l'autre. [La suite au prochain

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Le Progrès (1841-1914) | 1856 | | pagina 2