Chronique politique.
•«îtnbien était cher nous tous, ce citoyen honorable
•t vertueux,et combien vivement non» déplorons sa
perte.
Pour vous faire apprécier tousses mérites, qu'il
me suffise, Messieurs,de vous rappeler, qu'issu d'une
humble condition, né dans un obscur village, sans
aucun appui, M. Charles Floor, n'a du sa position
qu'à son courage et son activité. Parvenu au but qu'il
avait constamment poursuivi, il n'a eu d'autre am
bition quede pouvoir finir tranquillement sa carrière
Poperinghe, son séjour de prédilection, au milieu
des oombreux amis que son aménité et son affabilité
lui avaient acquis. Vous connaissez tous, Messieurs,
aussi bien que moi, combien lui fut douloureuse et
eruelle la séparation que lui imposa sa nomination
k Woumen, et les regrets que nous éprouvâmes tous
de devoir quitter un ami aussi précieux et aussi bon.
Vous connaissez le bonheur inespéré que nous
rùraesde le revoir après sept ansd'absence.et peine
nous esl-il rendo, que déjà un décret sévère de la
Providence vient de noua le ravir pour toujours
d'une manière inopinée et subite. C'est cet enlève
ment aubit qui rend plus douloureuse encore notre
nouvelle séparation, n'étant aucunement préparé
un coop si fatal.
Maia si nous n'y étions point préparés, ne croyez
pas, Messieurs, qu'il en fut do même chez notre
emi. Quoiqu'il eût pu espérer de pouvoir jouir tran
quillement du fruit de ses labeurs et de son intelli
gente activité, ilavait néanmoins un secret pressenti
ment de sa fin prochaine, et, cet effet, il avait,
comme le sage, pris ses mesures en conséquence. Sa
moralité, sa probité, aa générosité pour les pauvres
et toutes les vertusdont il aconstamment fait preuve
jusqu'à l'approche de sa mort, le prouvent suffisam
ment. Nous pouvons donc dire, Messieurs, que M.
Floor n'est pas mort aussi subitement qu'il nelesem-
ble, car la vie entière de l'homme honnête et ver-
toeux est une continuelle préparation la mort.
Seulement le bonheur qu'avait ai bien mérité ici
bas notre honorable ami, il le trouvera dans une
vie meilleure, car il est écrit que le vrai bonheur
n'existe pas en ce monde.
Adieu, noble et généreux ami, jouis en paix de
celte nouvelle et meilleure existence laquelle tu
viens d'être appelé, digne récompense de ceux dont
la vie fut comme la tienne toute de vertu et de pro
bité ce qui nous console, c'est que notre séparation
ne sera pas éternelle; car tu n'es pas mort pour tes
amis, tu n'as que changé de demeure; tu es là où
■ous espérons de nous retrouver tous un jour.
Adieu donc, Charles! que dis-je! non pas adieu,
mais au revoir
DISCOURS PROJIOHCÉ PAR H. CH. CKAPELTRCK.
Non, Messieurs, non, la mort ne fait ni choix ni
distinction dans les personnes désignées ses im
placables coups: elle est la terrible exécutrice des
hautes oeuvres de la justice divine, la seule infail
lible. Si l'existence de l'homme, depuis la chute de
notre premier père, eat une grâce, n'est-elle pas aussi
une expiation? Mais quelle perspective effrayante
la mort peut-elle offrir l'homme de bien, même
quand comme la ioudre,dans un moment inattendu,
elle vient se précipiter sur celui qui n'a jamais eu
cœur que d'accomplir ses devoirs.
Messieurs, ne cherchons pas comprendre les
mystères du trépas humain, car ce sont les décrets
de Dieu, et nul ne l'ignore, ils sont impénétrables.
Constatons seulement, que jamais carrière ne fut
mieux remplie, que celle fournie par notre excel
lent ami, Monsieur le notaire Charles Floor.
A son début dans la vie; pauvre et abandonné,
a -s
rien n'a su abattre son courage, il a lutté avec le lot
douloureux qui lui était éohu et grâce une appli
cation étonnante jointe une intelligence merveil
leuse, il a su gravir l'échelle sociale, jusqu'aux
conditions les plus honorables, en restant constam
ment un type d'ordre et de probité.
Pauvrea déshérités de tout ce qui rend la vie
moins pénible, Monsieur Floor s'est souvenu jus
qu'au dernier moment de tout ce qu'elle a de dur,
de malheureux, de triste pour vous. Ses dispositions
testamentaires sont venues couronner la conduite
généreuse, compatissante, que son bon coeur lui a
toujours inspirée. Le vieillard et l'orphelin, voilà
ses principaux héritiers!..
Comme homme public, Messieurs, nous avons
tous été i même de l'apprécier et j'ai la conviction
qu'en ce moment suprême, quicooque l'a connu,
lui rend cette justice qu'il était notaire intègre,
loyal et éclairé.
Comme homme privé, Messieurs, ah je renonce
le dépeindre, car en quels termes le ferais-je di
gnement. Comment vous retracer ce caractère doux
et conciliant, image de ta belle âme, de aa conscience
d'honnête homme.
Spirituel, jamais mordant causeur prudent, plein
de charme, de dignité et de modestie, évitant dans
ses propos, tout ce qui pouvait nuire, irriter ou
blesser.
Je termine, Messieurs, ce dernier hommage que
nous pendons celui, qui, il y a peine quelques
jours, fesait encore les délices de ses nombreux
amis, et que la mort est venue subitement enlever
nos affections, au moment même où sa position
prospère allait lui permettre d'étendre ses bienfaits
Adieu! Charles, adieu!...
Mardi, vers 11 heures du matin, a eu lieu ta
distribution des prix aux élèves des écoles
primaires des 4® et 5® ressorts, qui ont pris part
au concours. Celte intéressante cérémonie était
présidée par M. le commissaire d'arrondisse
ment.
Nous donnons les noms des élèves qui ont
été couronnés.
4* ressort.
Prix Jules Thevqlin de Vlamertioghe; Polydove
Vermcuten, d'El verdi nghe.
Accessits: Désiré Waffelaert de Vlamertinghe;
Augustin Capoen de S1 Jean.
Mentions honorables: Bernard Dennequin de Gy-
verinchove; Louis Feys, idem.
5* ressort.
Prix Henri Dupont de Ledeghem; (par partage)
Floriraond Scohy, idem, et Jules Blaocke de Dadi-
zeele; Gustsve Titeca de Neuve-Église; Jean Moiilor
de Lauwe; Désiré Louf de Neuve-Église.
Accessits Alphonse Willebois de Reckem;Char
les Soetaert de Moorslede; Ange Pinck de Kemmel;
Auguste De Mailly de Warriêton; Edmond Arnould
de Moorseele.
Mentions honorables Emile Pollet, de Reckem;
Edmond Willebois idem; Heuri Mahieu de Dadi-
zeele; Constant Opsomer de Moorseele; Ferdinand
Polderraande Lauvve.
Du 3 sa 6 Août Inclus.
Nous considérons comme un fait d'une haute
gravité un article du Moniteur français sur les af-
tairesd'Espagne.Nouasaviuuslrès-bien que le triom
phe d'O'Donnell était agréable l'empereur des
eo défendiez, a suffisamment duré. Je vont crois trop
discret pour abuser du tétc-à-téte que vous ont procuré
vos cigares. Vous avez un coin maintenant; faites comme
moi, dormez.
Jules voulut répliquer, mais on lui ferma la bouche en
lui répétant d'un ton sec
Je vous ai dit que c'était assez, et que je voulais
dormir.
Joies était altéré. Que croire? se jouait-on encore de
lui? s'était-il, au contraire, trompé en reconnaissant dans
madame Perret son Arlesienne? Était-ce Aristide qui
l'avait mystifié? ou bien Aristide avait-il vraiment re
trouvé son inconnue? S'était-il seulement mépris en
eroyanl voir tomber de ses mains un bulletin qu'un autre
avait perdu?
Un mot encore, madame, dit tout-à-coup Jules.
Avez-vous égaré votre bulletin de place? Du tout,
monsieur, je l'ai.
Une heure après, la malle entrait dans Anxerre. Il
était trois heures du matin. La jeune femme drscendit,
Jules fit de même. Pendant que le eourrier détachait son
porlc-maiitcau, une voiz s'écria derrière loi
Enfin, c'est toi, Coralie; je ne t'attendais plus. -
C'était sa compagne de voyage qu'embrassait un beau
jeune homme, et qui lui rendait largement ses baisers.
Jules prit des informations auprès de la servante et du
garçon d'auberge. Tout ee que madame Perret lui avait
dit était exactement vrai. Ce n'était pas celle qu'il cher
chait! Le lendemain, il reprenait la diligence de Paris.
Le méine jour, huit heures du soir, H rentrait chez lui
eu se disant
Un joli voyage que j'ai fait là ma foi
Son domestique lui remit le billet suivant
Vous courez après moi sur la route de Lyon; jel'ap-
prends trop tard pour vous prévenir temps que je
n'ai pas quitté Paris. C'est bal d'Opéra samedi, dans
deux jours. Je compte bien que vous serez de retour.
Vencz-y, vous m'y trouverez. Rendez-vous deux
heures au foyer.
P. S. Je suis folle de portraits, du vôtre surtout.
Je lui ai donné asile dans mon boudoir.
Pas de signature. Écriture inconnue!
Soit! se dit Jules en se couchant. A samedi ma re
vanche.
[La suite au proehain n'
Français. Nous savions aussi le peu de cas que celui-
ci, de tout temps, a fait d'Espartero. Mais l'article
du Moniteur implique de la part de Louis-Napoléon
unesorte d'engagement d'intervenir en Espagne, si
le parti progressiste reprenait le deasus. Là est la
gravité du fait. Nous verrous bientôt comment cette
déclaration sera accueillie en Angleterre.
Cet article contient de bonnes et grandes vérités.
Nous aurions toutefois bien des observations lui
opposer ai le temps ne nous manquait. Noua devons
nous borner pour le moment une seule. Le Moni
teur français ne veut voir dans ce qui vient de sa
passer Madrid qu'un simple changement de minis
tère. Cela pourrait se soutenir la rigueur ai le paya
«'était trouvé constitué mais il ne l'était pas. La
Constitution n'est pas encore promulguée; on n'a
pas même voté la loi électorale, en vertu de laquelle
auraient pu se réunir les nouvelles Cortès.
Nous n'avons certes aucune sympathie pour les
Corlès constituantes, qui n'ont rien fait de bon;
mais enfin, cette assemblée, jusqu'à l'expiration de
son mandat, qu'elle tenait d'O'Donnell lui-même,
si quelqu'un devait la respecter, c'est bien lui. Qu'on
ne dise pas qu'il n'y ait pas eu de coup d'Etat. Le
coup d'Etat existe; il est très-bien caractérisé. On
conviendra du reste qu'un changement de cabinet
qui produit des soulèvements dans les principales
villes de l'Espagne, qui l'ail couler des torrents de
sang Madrid et tiarcelonne, sort des proportions
ordinaires, et se rapproche singulièrement de ces
usurpations scandaleuses du pouvoir, que l'empe
reur des Français approuve, on sait bien pourquoi,
mais que la conscience publique ne saurait absou
dre. Et que faudrait-il dire si l'on venait établir
que l'événement était prévu par Q'Dunnell, et qu'il
s'y était préparé de longue main?
Tous les journaux de Paris reproduisent l'article
du Moniteur et s'accordent lui attribuer une
grande importance. Il va sans dire que les journaux
impérialistes l'approuvent sans restriction. Le Jour,
nal des Débats fait de même. Le Siècle et la Presse
applaudissent au passage où il est dit que la France
représente en Europe les idées de 89; ils n'approu
vent pas le jugement porté sur Espartero.
Tandis que le général Prim partait pouf l'Espagne
avec l'intention, disait-on, de se réunir aux adver
saires d'O'Donnell, Les lettres de Madrid disent que
la Reine l'attendait avec impatience pour lui coiriicr
un poste important dans la milice.
Ou dit enfin que la Reine a écrit Narvaez pour
l'inviter ne pas rentrer en Ëspaeoe.
Le bateau vapeur des Etats-Uni» -Hermann, de
New-York, en destination de Brème, apportant le»
malle» pour l'Allemagne, la France ef l'Angleterre,
est arrivé samedi devant Cowes, avec cinq cents pas
sagers, 100,000 dollars espèces, et des lettres de
New-York jusqu'au u courant.
Le bilt pour l'admission du Kansas dans l'Union,
comme Etat esclaves, avait donné lieu de vils
débats dan» le Sénat. Une agitation extrême régnai»
dans la Chambre pendant la discussion qui avait lieu
l'occasion d'un rapport pour l'expulsion de M.
Brooks; on était la veille d'en venir aux voies de
fait. La correspondance de Kansas est intéressante.
La législature territoriale s'était assemblée le 4 juil
let, et au moment où elle allait commencer ses tra
vaux, le colonel Summer, la tête de aoo dragon»,
était entré dans la Chambre des représentants, et
après avoir donné des explications, avait ordonné
aux membres de se disperser, ce qu'il» avaient fait.
Il était ensuite allé au Sénat, où la même opération
avait eu lieu dan» la même forme.
Le gouvernement impérial ne fera pas accepter
facilement son opinion sur O'Donuell, qui restera
bien et dûment convaincu d'avoir frappé un coup
d'État. Voici comment un journal anglais s'en ex-
pliqo:
Un coup d'État, dit le Sun, a été monté contre
Espartero, et nous venons d'en voir l'exécuton.
u Comme noua l'avons fait remarquer, on avait
toute prête une proclamation plaçant 1 Espagne
entière sous l'étal de siégeavantqu'aucun préparatif
de résistance ne fût produit, avant même que 1 hy
pocrite O'Donuell ne fût dépouillé du masque
l'aide duquel il a si longtemps trompé ses collègues
trop confiant». On sait en effet qu une force de
18,000 hommes avait été réunie Madrid prête
écraser l'émeute laquelle le peuple se seriit laissé
entraîner, et dont, on ne peut plu» en douter au-
jourd'hui, O'Donuell lui-n»ê»io et se» complice» de
tous rangs ont été le» premiers instigateur».
Un autre journal anglai», VEeonomist, e«t encore
plps explicite. Le mouvement du général O'Don-
nell, dit-il, e»t un véritable coup d'État qui avait
pour objet de briser la Constitution et les Cortèa..