Chronique politique.
Le soir, sept heures et demie, nos hôtes
sont retournés chez eux, sans qu'aucun accident
ne soif arrivé, et après avoir passé une demi-
journée fort agréable au bord de la mer.
On écrit d'Anvers
Dans les cantons de Puers, Oppuers et Sainl-
Amand, une grande quantité d'arbres ont éfé
déracinés par l'ouragan.
Dans le canton d'Hoogstraten, une ferme a
été frappée de la foudre, et a été réduite en
cendres.
A Meire, une maison a été renversée par le
vent.
Dans la commune de Weslwalle, le tonnérre
est tombé sur une ferme qu'il a incendiée.
Près de Boom, sept gros arbres ont été ren
versés: quelques-uns oui été aussi renversés sur
la grande roule de Malines Anvers, notamment
sur le territoire des communes de Contich et
AVaerlops.
Catastrophe da chenils de fer du paya
de Waes.
Le chemin de fer du pays de Waes est devenu dans la
soirée de Dimanche le théâtre d'une horrible catastrophe.
L'n convoi extraordinaire remorqué par deux locomotives
et transportant plusieurs centaines de personnes, a quitté
)a Tète de Flandre vers neuf heures. Arrivé 7 8 mi
nutes après la digue de Zwyndrecht il y a rencontré
sur les rails une vache qui avait quitté les prairirs
conjointement avec d'autres, par suite des salves d'artil
lerie que l'on tirait la Tête de Flandre, et que l'obscu
rité empêchait de distinguer. L'animal a été coupé en
deux, mais les remorqueurs en ont éprouvé une secousse
tellement violente qu'ils en ont été renversés, l'un de
l'un côté de la voie, l'autre du côté opposé. Les voitures
ont déraillé et les diligences et les chars-à-bancs ont été
brisés.
Deux personnes sont mortes horriblement mutilées.
L'une est, assure-t-on, M. Gocthals-du Potter, de Gand,
amateur d'horticulture très-distingué. L'autre nous est
encore inconnu.
On compte seize personnes trop grièvement blessées
pour être transportées, d'autres le sont plus ou moins
dangereusement. On cite parmi ces derniers, M. Dallicre,
horticulteur Ledeberg, 51. Migeon, teinturier, rue de
Bruges, Gand, et M. Auguste Hattcns, hôtelier la
Grande Cour Royale, rue de la Siation.
Cette catastrophe, a jeté l'épouvante dans la ville et
rhneun redoute d'avoir l'un de ses proches parmi les vic
times qu'elle a faites.
On rapporte que l'une des locomotives ayant été ren
versée, le feu a pris au tender et s'est communiqué aux
autres voitures du train.
Voici sur cet affreux malheur d'autres renseignements
que publie un journal de Gand, sur les données d'un
témoin oculaire
Le dernier convoi d'Anvers Gand qui devait partir
huit heures, était quelque peu en retard, par suite de
l'énorme aflluencc d'étrangers qui, après avoir assisté
l'entrée du Roi Anvers, s'en retournaient chex eux.
Déjà sur le bateau vapeur, au passage de l'Escaut, on
craignait que des accidents auraient eu lieu par la violente
pression des nombreux passagers.
Enfin le convoi se mit en marche, composé d'une ving
taine de waggons, renfermant environ 800 personnes il
était traîné par deux locomotives. Arrivé une certaine
distance deZwyndrecht on ressentit tout-à-coup un choc
épouvantable qui se communiqua toutes les voilures
du convoi.
La première locomotive avait donné contre une vache
qui avait quitté le champ voisin et s'était placée au mi
lieu de la voie ferrée. Cette rencontre fit dérailler la pre
mière locomotive qui fut précipitée gauche sur la route
la seconde locomotive fut jetée droite, entraînant
avec elle le waggon de marchandises. Le char-à-bancs
qui suivait immédiatement, monta sur les locomotives
renversées et (ut complètement brisé. Une berline et une
diligence furent percées d'outre en outre et également
brisces. Un second char-à-bancs fut brisé son tour et
prit feu.Tous les waggons et char-à-bancs, venant après,
éprouvèrent un tel choc que les essieux de plusieurs voi
tures cassèrent et que des planchers furent brisés en
morceaux.
Par suit* de ce choc, les voyageurs furent jetés violem
ment les uns contre les autres, et plusieurs furent plus
ou moins grièvement blessés ou contusionnés; le choc
fut si terrible, que quelques voyageurs furent soulevés
île leurs places et lancés la tète contre la couverture des
waggons. Le premier trouble passé, tout le monde son
gea se sauver des voitures. Heureusement qu'à ce mo
ment le train avait ralenti sa marche, autrement on
aurait eu ici déplorer encore de centaines de victimes.
Un grand nombre des voyageurs qui avaient sauté du
convoi, coururent aussitôt, malgré le danger d'explosion
de la locomotive, vers l'endroit où elles se trouvaient,
pour voir le sinistre de plus près. D'autres cherchaient,
en pleurant et en lamentant leurs parents et ainis; d'au
tres enfin se dirigèrent sur Zwyndrecht et les communes
environnantes; quelquos-uns retournèrent Anvers,'où
cet horrible accident avait répandu déjà la consternation.
Dans quelques waggons restés intacts l'arrièrc-train,
furent placés une partie des blessés pour être transportés
la Téle-de-Flandre et de par le bateau vapeur,
Anvers, où ils furent soignés aux fraisde l'administration
du chemin de fer du pays de Waes, qui déjà avait fait
préparer des lits l'hôpital S"-Élisabetb. On nous assure
que le dernier convoi de Gand, empêché par l'encombre
ment de la voie, d'aller jusqu'à la Tète-de-Flandre, a
déposé sas voyageurs S'-Nicolas, Bevcren, Zwyndrecht
et a, sur le lieu du sinistre, pris quelques blessés qu'il a
transportés également dans les endroits que nous venons
de désigner.
Nous ne pouvons donner aujourd'hui le chiffre exact
des blessés et des morts; disons seulement que nous
avons vu un cadavre près d'une des locomotives renver
sées; un des chauffeurs a été blessé grièvement la tète;
M. Dallièrc, horticulteur Gand, a été Iran porté l'hôpi
tal d'Anvers, il a une côte brisée et plusieurs blessures
la téte cl sur le reste du corps.
Nous avons vu aussi plusieurs personnes la figure con
tusionnée et remplie de sang. Un officier fi ançais, placé
dans une, des premières voitures, lequel avait les deux
jambes cassées, fut soigné aussitôt, autant que possible,
par un médecin, qui se trouvait parmi les voyageurs.
Nous avons conduit nous-méines, un 4e nos conci
toyens, M. Devos-Freligny, demeurant rue de la Vallée,
au bateau vapeur, et lait transporter l'estaminet A
Centrée des Voyageurs, tenu par M. Seldenslagh qui mit
notre disposition une chambre et un lit. Le médecin
qui fut appelé, déclara que M. JJcvos n'avait qu'une côte
enfoncée, et serait bien vite remis de cet accident. Pour
plus de sûreté cependant, nous avons vers minuit, trans
porté le blessé dans une vigilante l'hôpital S"-Rlisabclt),
où nous avons visité M. Dallièrc qui se trouvait déjà
plus tranquillisé sur sou étal, après son premier panse
ment.
En revenant de là, nous avons été témoins d'un de ces
tristes spectacles, que nous ne pouvons décrire, sans que
les larmes nous en viennent encore aux yeux.
A l'estaminet: le Lion de Flandre vis-à-vis la station
du chemin de fer du Pays de Waes, nous vîmes M. Goet-
hals-de PolterdeGand, qui avait été mortellement blessé
dans la première diligence du train. M. Goethals avait
reçu plusieurs fortes blessures la téte et avait l'une des
jambes tellement écrasée que le médecin dut procéder
immédiatement l'amputation.
Au milieu des souffrances les plus atroces, M. Goet
hals subit cette affreuse opération avec beaucoup de
courage. Mais hélas peine pansé, notre honorable
concitoyen, qui depuis quelques jours peine était de
venu père, expira, en prononçant ces paroles a 0 ma
femme! 0 mon enfant!
M. Goethals était peine âgé de 55 ans.
Parmi les blessés on cite encore quelques personnes du
Pays-de-Waes qui ont été transportées chez elles, ou
dans les communes environnantes, et dont on dit que
trois sont mortes cette nuit Zwyndrecht. Nous appre
nons aussi que le bacs de la Cour ImpérialeM. Algér
iens, de Gand, a été blessé la tête et la jambe.
Nous attendons avec impatience des renseignements
ultérieurs sur ce sinistre, dont nous avons vu ce matin
encore, en revenant d'Anvers, lès terribles preuves, le
long de la voie, quoiqu'on eût travaillé toute la nuit pour
en taire disparaître les traces.
On écrit d'Anvers, 18 août
Un affreux malheur est venu attrister nos fêles. Ce
malheur, qui a eu lieu sur le chemin de fer du pays de
Waes, hier au soir, a coûté la vie plusieurs personnes
et occasionné d'autres des blessures plus ou moius
graves.
Le eonvoi de Gand partait 8 heures, traîné par deux
locomplivrs et chargé d'au moins si* cents personnes,
lorsqu'arrivé au Blokdykc, entre Anvers et Zwyndrecht,
les deux locomotives ont déraillé, l'une droite l'autre
gauche, par suite d'un obstacle qui se trouvait sur la
voie. Cet obslacle était une vache. Les premières voi
lures se sont jetées sur les locomotives et se sont
brisces complètement. 11 y a même eu un commencement
d'incendie occasionné par le feu des locomotives. Une
personne a été tuée sur le coup. Une dame a expiré peu
de temps après. Le cadavre a clé transporté Zwyn
drecht.
Al. le baron Goethals-de Potter, de Gand, a eu les deux
jambes brisées. Il est mort après avoir subi l'amputation,
le corps se trouve encore en çe moment la station de
Waes. On parle d''une vingtaine de blessés au moins. Il
s'en t'ouve notre hôpital Saintc-Élisabcth. L'un d'eux
est, dit-on, un littérateur flamand. Un prêtre bollandais
qui se trouvait sur le convoi a administré les mourants.
MMles docteurs Baguet et Desmaiines, de notre ville,
Al. Seghers, de Saint-Nicolas, ont été' des premiers sur
les lieux. (Précurseur.)
Du 11 Août an S© Inclna.
L'empereur des Français est l'auteur d'un assez
grand nombre d'écrits qu'il a livrés la publicité
avant de monter sur le trône. Ces écrits, lancés au
hasard des événements, élaien Ud isaéuiinéa dans di
verses publications, et il eût été assez difficile de les
retrouver. L'Empereur a eu le tort, au point de vue
de son intérêt personnel, de les réunir et de les édi
ter en un corps d'ouvrage. Nous disons qu'il o eu
tort, et en effet, ces volumes facilitent singulière
ment les recherches et comme ils renferment
nombre de passages où l'on trouvé la£condamnation
de ce qui se fait aujourd'hui, en en peut tirer avan
tage. C'est une liberté que nous allons prendre,
propos du titre de duc conféré au maréchal Pélissier.
Louis-Napoléon, lorsqu'il n'était qu'un simple
particulier, n'aimait ni les ducs ni les nobles. 11 n'eu
voulait pas, et voici ce qu'il écrivait sous Louis-Phi
lippe, au moment où M. le baron Pasquier venait
d'être fait duc.
Combien de temps les hoininss courront-ils
après le reflet d'une chose qui a disparu? Voilà une
question philosophique intéressante examiner.
Les astronomes nous apprennent qu'il y a des
étoiles si éloignées de notre globe, que, si elles s'ané
antissaient subitement, nous les verrions enoore
pendant vingt ans.
Il en est de même de la noblesse nous voyons
encore sa lueur, quoiqu'elle ait disparu réellement
depuis longtemps. 11 n'y a plus, depuis 89, de prin
cipautés, de duchés, de comtés, de marquisats, de
baronnies, et cependant nous avons encore des prin
ces, des ducs,des comtes, des marquis et des barons.
a Nous trouvons aussi illogique de créer des ducs
sans duchés, que de nommer des colonels sans régi
ment. Car si la noblesse avec privilège est opposée ît
nos idées, sans privilèges elle devient ridicule. Au
XIV* siècle, les écrivains, en parlant des généraux
de l'antiquité, disaient le prince Annibal et le duc
Scipion; ils avaient raison, car, comme nous l'avons
dit, les titres de prince et de duc indiquaient non-
seulement une dignité, mais un grade: or, aujour
d'hui, si on excepte la famille royale, les titres ne
représentent plus rien.
El cependant, comme le caractère humain est
brzarr^'! si le ministère avait nommé M. Pasquier
général in partibus, celui-ci se serait récrié; il au
rait prétendu qu'on voulait se moquer de lui en lui
donnant un titre, emblème d'une auturité qu'il ne
pouvait exercer; on le nomme duc comme Annibal,
comme Charles-le-Téméraire, et il est content Soit.
En fait de politique, nous ne comprenons que
les systèmes clairs et nets. Si le gouvernement veut
reconstruire l'édifice que les rois et le peuple ont
nus cinq cents ans abattre, qu'il adopte les mesu
res les plus propres amener ce résultat; qu'il
donne tous ces noble* en premier lieu le baptême
de la gloire, car, sans prestige, point de noblesse;
qu'il leur donne de vastes propriétés territoriales,
car sans de richesse, point de noblesse; qu'il réta
blisse le droit d'aînesse,et que l'aîné seul,comme en
Angleterre,hérite du titre,car sans cette disposition,
qui isole le chef de la famille et confond ses frères
avec le reste du peuple, l'influence se divise ét la
noblesse s'éloigne trop des plébéiens; qu'il exécute
tout cela, nom le combattront, mais nous avouerons
qu'il est logique, et uoui reconnaîtrons que l'édifice
qu'il veut bâtir aura un corps et uue tête.
a Mais faire la auurdiue quelques petits ducs,
quelques petits comtes, qui seront sans aatorilé et
sans prestige c'est froisser sans but et sans résultat,
les sentiments démocratiques de la majorité des
Français;c'est condamner des vieillards a jouer la
poupée
Les réflexions arrivent seules la lecture de ces
lignes, et toute observation serait inutile. Mais si
Louis-Napoléon avait raison contre Louis-Philippe,
n'a-l-il pas tort maintenant de faire ce qu'il repro
chait ce dernier
11 résulted'unarticleîpublié par le Constitutionnel
que le roi de Naples, après avoir rejeté avec hauteur,
les notes de la France et de l'Angleterre, se serait
décidé faire quelques concessions, quand il aurait
vu que l'Autriche elle-même désapprouvait son opi
niâtreté. Le Constitutionnel dit que ces premiers
actes de clémence sont insuffisants (il ne les précise
pas), et que le Roi comprendra la nécessité de réali
ser intégralement, dans l'intérêt de sa couronne et
de son peuple, les réformes et les améliorations qui
seules peuvent assurer la sécurité du royaume des
Deux-Siciles.
Noua reproduisons ces asserlions sous toutes ré
serves. Elles s'étaient déjà trouvées dans d'autres
journaux nous n'en faisons mention qu'en les
voyant reproduites par le Constitutionnel, et cause
du caractère semi-officiel de celte leuille. A
Les journaux et la correspondance de Madrid ne
nous apportent aucune nouvelle importante. Le