JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. N° 1,606. 16" Année Dimanche, 21 sepiemore 1856. Vires acquint eundo. UNE VENGEANCE. ABONNEMENTS Ypiies (franco), par trimestre, 5 francs 50c. —Provinces,4francs. INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne: 50 centimes. Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne Je journal doit être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. Ypres, 30 Septembre. Distribution solennelle des prix, aux élèves de l'Ecole primaire gra tuite. Mardi, a eu lieu au local des Halles une cé rémonie qui offre toujours de l'attrait, quoi qu'elle se fasse annuellement. Un auditoire toujours nombreux et choisi s'empresse d'assis ter la remise des récompenses la fin de l'année scolaire aux élèves de l'Ecole commu nale gratuite. La solennité a eu lieu en pré sence des autorités civiles et militaires. Le man- demeùt de M. l'évêque de Gand comte Delebecque, a produit son effet. Le clergé bril lait par son absence et fe professeur-prêtre de la doctrine chrétienne a même jugé coovenable de ne pas assister la remise des prix ses élèves. La cérémonie s'est ouverte par l'exécution d'un morceau de musique d'harmonie très-bien rendu. Ensuite une petite pièce en deux actes intitulée La loterie de Francforta été donnée par de jeunes élèves, dont plusieurs ont été fortement applaudis, pour leur jeu ^naturel et leur entrain. Un chœur a été chanté entre le premier et le second acte, et ensuite^a eu lieu la remise des récompenses par les mains des autorités réunies sur l'estrade. Comme tous les ans, depuis l'institution de la caisse de retraite, des livrets ont été décernés aux élèves les plus méritants. Nous les signa lons la sympathie de nos concitoyens. CAISSE DE RETRAITE. Tulpinck, Charles,musicieu-élèveMoreau, Gus tave, tailleur Fâche, Pierre, cordonnier; Hyntens, Auguste, charcutier. Par résolution des bourgmestre et échevins de la ville d'Yprès, en date du i5 septembre i85G, il a été accordé une inscription provisoire la dite caisse aux élèves dont les noms suivent i. Van Elslande, Étnile. a. Ghemar, Auguste. 3. Robaeys, Léopold. 4- Dekker, Frédéric. 5. Vari Els lande, Arthur. 6. Claerebout, Henri. 7. Ducorney, Jules. 8. Desramault, René. 9. Calmeyn, Théodore. 10. Demey, Charles. Par même résolution, il a été accordé de nouvelles inscriptions provisoires aux élèves VI. la vengeance. (suite.) M. de Bossange et la vieille servante des Viane mar chaient toujours des vallées avaient été franchies comme un trait; les heures s'écoulaient rapides sans ralentir les pas de ces étranges voyageurs, et les constellations épar- ses dans un ciel sombre marquaient que la nuit avait atteint la milieu de sa course, quand ils louchèrent aux limites du vaste domaine d'Aranza. Non loin d'une roche escarpée, la Bohémienne, qui toujours avait marché en avant, s'arrêta. Après avoir jeté un long et oblique regard soupçonneux autour d'elle, pour bien s'assurer de son isolement, elle fouilla un instant sous les lichens et les mousses qui couvraient 1 énorme masse de pierre. Ce bloc, dit-elle, contre lequel tu userais vainement tes forces, est facile manier comme un fétu de paille quand on sait son secret... Joignant l'action la parole, elle toucha un ressort caché et la pierre se détacha des flancs de la montagne', mettant découvert une espèce de gouffre béant par 1. Vandermeersch, Jules. 2. Van Egro,Théodore. 3. Ghemar, Florimond. 4* ®ageyn> Cyrille. 5. Ma- hieu, Désiré. 6. Wenus, Eugène. 7. Dugauquie, Désiré. 8. Baeyeri, Emile. 9. Beublet, Louis. Nous donnerons, dans noire prochain n°, la liste des élèves qui ont obtenu des prix. L'Avenir d'Anvers fait remarquer que M. le ministre de l'intérieur n'est pas épargné dans la lettre pastorale de Mgr de Gand; le paragra phe où il est traité de ceux qui veulent distin guer entre la philosophie et la virile religieuse est spécialement à-1 l'adresse de l'honorable M. De Decker. L'Avenir publie aussi de curieux renseigne ments sur la position que prendra M. De Dec ker, dans le conflit qui vient de surgir Voici ce qu'on écrit de Bruxelles, ce sujet «Une chose me frappe dans la position que prend l'épiscopat belge. Lors des fêtes jubilaires qui eurent lieu dans la capitale, en juillet dernier, le cardinal- archevêque de Malines, parlant au nom de cet épis- copatet de tout le clergé, s'adressa au roi, dans les termes suivants; j'extrais le paragraphe qui suit du discourB officiel de Mgr.Sterekx, inséré au Moniteur: Non satisfaite, disait le cardinal en parlant au Roi, de donner une excellente éducation ses enfants, Votre Majesté a encore voulu que les écoles de l'État et des communes of- frissent TOUJOURS la jeunesse belge l'oc- casion de se procurer non-seulement une instruction solidemais surtout cette éducation chrétienne, d'où dépend le bonheur public et privé. n Ce langage n'était donc qu'nne vaine flagorne rie, puisqu'il y a au moins une école de l'État et une des principales, dont l'enseignement appelle les foudres de l'Église. Un journal de votre ville a publié au sujet de ce grave conflit, une correspondance que les faits ont déjà démentie. M. De Decker n'a pas eu s'adresser aux évêques, ni aux chefs de la droite pour leur faire une décla ration quelconque, et l'honorable ministre de l'inté rieur ne donnera pas sa démission cause du conflit dont il est question. Voici quelques renseignements que je crois pouvoir vous donner comme exacts. s Lors des discussions provoquées par la dénon ciation do quatre des élèves de M. le professeur lequel deux hommes pouvaient fort aisément passer de front. La grotte dont je te montre l'entrée, ajouta Catish, est le secret des seigneurs de Viane. Elle eonduit par des chemins mystérieux jusqu'au manoir d'Aranza. De la sorte, quand un coup a été frappé, il est sûr; et nul ne sait, nul ne peut découvrir par où est passé l'ennemi pour venir chercher l'adversaire et le frapper ainsi sous son toit. Entrons, dit M. de Bossange. Lui-même s'élança le premier sous le-vestibule de la grotte. La bohémienne le suivit en poussant de nouveau le ressort. La roche reprit sa place, et ils se trouvèrent dans une obscurité encore plus profonde que celle qui régnait au dehors. Catisli alla chercher dans un coin un amas de branches résineuses, dépouilles des sapins des montagnes, et en fit un grand feu. Aux tremblantes lueurs de ces torches improvisées, M. de Bossange put apercevoir des galeries immenses qui allaient se perdre dans des profondeurs infinies. De puissantes cristallisations descendaient des voûtes sur le sol, et, comme de magnifiques colonnades, soutenaient cet édifice merveilleusement arrangé par la tnain mystérieuse de la nature. Des stalactites, affectant Brasseur, toutes les instances furent faites par l'évê- ché de Gand pour obtenir du ministre de l'intérieur uue décision qui blâmât l'enseignement de ce pro fesseur. Vous savez que M. De Decker tint bon et qu'il ne condamna pas le professeur incriminé. L'évêché ne se tint pas pour battu; par son in tervention fut organisée la campagne parlementaire contre l'université de Gand M. De Decker,avec une fermeté qui honore cet homme d'Etat, lit des décla rations catégoriques et qui eurent pour résultat de terminer la discussion, sans vote, faute de proposi tion. Au palais archiépiscopal de Gand, on fut extrê mement irrité, de celte issue, qui frappa toute l'opposition du clergé d'impuissance; il fut résolu qu'on demanderait l'autorité spirituelle du Pape, l'appui et les sympathies qu'on n'avait point ren contrés dans les Chambres belges. On conçut l'es poir, grâce une décision du Saint-Père, de faire céder le ministre, catholique il est vrai, mais non aveuglement soumis aux exigences de Mgr. Dele becque. Comment s'y prit-on pour obtenir une con damnation du Pape? Nul ne saurait le dire; mais ou reçut enfin non pas un bref, mais une lettre papale qu'on dit assez iucisive. Armé de celte pièce, l'évêché de Gand crut tenir le triomphe et se promit d'obtenir l'éloigne- ment de l'Université incriminée de deux professeurs au moins. M. le ministre de l'intérieur fut sollicité diverses reprises, au nom de Mgr. Delebecque, par un membre de sa famille qui occupe dans le diocèse de Gand même, une position élevée de la hiérarchie ecclésiastique. Le ministre résista avec énergie; on m'affirme qu'il a tenu haut et ferme le drapeau de l'indépen dance du pouvoir civil. Voyant que les négociations et la diplomatie ne produisaient aucun effet, on n'a pas laissé ignorer au ministre que publicité serait donnée la lettre de Roine et qi?elle serait accompagnée d'une lettre pastorale où les motifs de la conduite du ministre seraient assez rudement appréciés. Les négociations ont été rompues sur cette me nace, le ministre de l'intérieur ayant déclaré qu'il attendrait le mandement de l'évêché pour examiner la conduite qu'il aurait suivre, afin de sauvegarder les intérêts gouvernementaux qu'il a mission de défendre. Tout bruit de crise ministérielle est donc un faux bruit. Le débat, en présence du mandement de l'évêque de Gand, sera très-probablement porté de toute espèce de formes, depuis les plus régulières jus- qù aux plus étranges, s'étendaient vers des blocs gigan tesques de stalacmites, qui de toutes parts se dressaient sur le sol, et, semblables d'innombrables statues, peu plaient ces solitudes. L'eau, filtrant sans cesse goutte goutte travers la montagne, continuait éternellement son œuvre, de telle sorte qu'éternellement des merveilles nouvelles se créaient dans ce laboratoire souterrain. La chute de ces grêles cataractes troublait seule le silence profond qui régnait dans la grotte, et ce bruit monotone, lent, presque régulier, avait quelque chose d'effrayant l'oreille de celui qui l'entendait pour la première fois. Partout sur les pas naissaient de nouveaux sentiers, qui se mêlaient, se croisaient, s'enchevêtraient. Les stalac mites, les colonnades brisaient toutes les perspectives, et, pour se reconnaître dans ces labyrinthes, autrement ingénieux que ceux de Dédale, il fallait pour fil d'Ariane la longue expérience de Catish la bohémienne. Elle conduisait M. de Bossange dans le coin le plus reculé de la grotte. La nature semblait avoir voulu y préparer un reposoir l'homme assez osé ou assez cu rieux pour s'aventurer dans celte région de ténèbres. Le sol était sec et la voûte ornée de stalactites depuis long temps arrêtées dans leur développcraeut.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1856 | | pagina 1