de* lisières du gouvernement, et que celui-ci est
chargé de réprimer les écarts qui se commettent
propos de l'exercice des libertés, et non de préjuger
les tendances. Il connaît les cahiers des professeurs,
leurs livres, leurs antipathies contre tout ce qui
s'appelle l'esprit moderne; ce n'est pas dire qu'il
puisse formuler un jugement infaillible sur les
fruits de leur enseignement. Les évoques sont dans
la même situation l'endroit des Universités et des
Athénées de l'Etat ils sentent instinctivement que
l'enseignement ne s'y donne pas au profit de leurs
doctrines; mais ils abusent de leur droit de parler
au nom de la religion en les accusant de propager
des doctrines contraires au dogme catholique ils se
livrent un abus de pouvoir en les dénonçant aux
fidèles.
C'est cet abus que nous critiquons; c'est contre
l'usage qu'ils font de la liberté de la parole et de la
presse que nott6 protestons. Nous nuisons peut-être
leur autoi ilé. mais nous contestons que uos criti
ques soient anti-catholiques ou anti-constitution
nelles.
m m m
Le Conseil communal d'Alost vient de protes
ter avec convenance, mais avec énergie, contre
les objurgations de M. l'évêque Comte Dele-
becquel'endroit des écoles moyennes de
l'état. Toutes les autorités communales devraient
prolester contre les allégatious des prélats qui,
dans un intérêt de boutique, discréditent l'en
seignement laie, et nul n'a plus qualité pour le
faire que le père de famille siégeant au conseil
de la commune. Quand il s'est agi de voter la
loi sur l'enseignement moyen, l'opinion catho
lique exigeait que la commune eut une part
d'aclion assez large sur l'établissement d'instruc
tion moyenne et on se fondait pour soutenir
celle thèse sur le droit du père de famille. Au
jourd'hui que des évêques blâment avec passion
un enseignement qui n'est pas le leur, il serait
convenable que les conseillers communaux, re
présentants directs du père de famille, protes
tent contre les accusations erronées de l'épis-
copat. Si la conduite des conseils communaux
de Gand et d'Alost est suivie on verra bientôt
le père de famille qui a joué un si beau rôle
dans les feuilles cléricales, critiqué amèrement
par ceux même qui le dotaient autrefois de
tontes les vertus. Voici la protestation du con
seil communal d'Alost.
Considérant que dans sa lettre pastorale du 8 sep
tembre dernier, qui a été publiée et lue au prône de
l'église de cette ville, M. l'évêque de Gand, parlant des
écoles moyennes, dit que la religion en est bannie,
que l'instruction qu'on y donne est sans garantie et l'édu
cation sans base; que les seiences qu'on y enseigne n'ont
aucune utilité réelle; qu'elles ne sont propres qu'à enfler
l'esprit, qu'à semer les malheurs dans les maisons, le
trouble dans les familles, la désolation dans la patrie
Qu'il y insinue que les enfants élevés dans ces éco
les ne croient en rien, se flattent de n'avoir rien crain
dre après la mort et de là deviennent capables des plus
grandes monstruosités
Considérant que ec langage, dans sa généralité,
s'adresse l'école moyenne de celte ville qui est placée
sous le patronage et l'administration de l'autorité com
munale
Considérant que les allégations contenues dans la
lettre pastorale sont contraires la vérité et dénuées de
tout fondement en et qui coneerne l'école moyenne de
cette ville; qu'en effet, le directeur comme les régents et
quelet était flagrante. Le coupable, c'était le taureau,
lequel, atteint du vice souvent observé ehez ses pareils,
de dévot®- le linge, parvenait aisément soulever avec
le mufle le couvercle d'un vieux babut.
Puisque tu es si contente, toi, cours donc ehereher
Jacquelet, dit le métayer la petite Guignette, qui sans
se le faire répéter, partit bondissante et gaie comme une
velle que l'on met au pacage pour la première fois.
Mais Jean Couai, voyant ravager discrétion sa lin
gerie, trouva du courage dans son dépit, et prenant une
chaine, alla la passer droit au cou du mangeur de che
mises, qui ne quittant point le coffre, et qui, maîtrisé
par l'air résolu du valet de charrue, se laissa conduire et
attacher comme on voulut.
La petite Guignette, doublement satisfaite, et du dé
nouement de l'aventure, et de la part qu'elle y aVait, prit
le chemin qui conduit chez la inère de Jacquelet. Le jour
tombait, les ténèbres commencèrent bientôt. Il faisait, ce
soir-là, une violente bourrasque la fin de la journée
n'apaisa point les vents furieux, et, traversant le crépus
cule, la trm|«He entra en tumulte dans la nuit. I.c bruit
obscur du veut dans les baies glaçait d'effroi la pauvre
■KUifant. Elle ne laissai pas de continuer sa route; car
les instituteurs ont cœur et se font un devoir d'incul
quer aux élèves les principes de la morale en même
temps qu'ils professent les branches spéciales aux cours
qu'ils donnent
Que l'instruction religieuse y est donnée d'après le
catéchisme de Malines
Considérant, d'ailleurs, que le bureau administratif
veille sur l'école avec une sollicitude toute paternelle
Le conseil,
Voulant la fois rassurer les familles et sauvegarder
la considération du corps enseiguant et du bureau admi
nistratif,
Déclare, en ce qui concerne l'école moyenne de cette
ville, repousser les imputations contenues dans la lettre
pastorale du 8 septembre dernier.
En conséquence invite les parens se rassurer et
continuer avoir confiance dans la morale, la scienee et
le dévouement du corps enseignant, comme aussi dans la
surveillance continuée! la sollicitude constante du bureau
administratif.
La rentrée des vacances au Collège communal
et l'École moyenne s'est faite mercredi der
nier, lr Octobre, avec beaucoup de succès. La
guerre faite l'enseignement laïc semble pro
duire un effet diamétralement opposé celui
qu'on en espère. Le nombre des élèves est aug-
menlé d'une quinzaine environ et celui des
pensionnaires dépasse le chiffre de l'an dernier
Nous avons toute confianee dans l'appréciation
des pères de famille et nous sommes convain
cus, qu'abandonnés eux-mêmes, ils préfére
ront l'enseignement laïc fout autre, même
celui qui est réduit se vanter lui-même pour
éblouir et égarer l'opinion publique.
Le ministère catholique et le clergé
catholique.
On lit dans l'Observateur
Des renseignements publiés ce matin par on
journal de cette ville, avec une précision qui leur
donne un incontestable cachet de certitude, nou9
apprennent que le grave débat qu'ont soulevé les
mandements épiscopaux sur les établissements d'in
struction de l'Etat, va entrer dans une phase nou
velle et importante. Après avoir exposé les raisons
pour lesquelles lç gouvernement devait, selon lui,
rester étranger aux polémiques de la presse ce
journal ajoute: a II y est, en effet, resté étranger.
Les membres du corps diplomatique, résidant
Bruxelles, ont reçu de M. le ministre des affaires
étrangères de Belgique des assurances formelles dans
ce sens, lorsque, la suite de l'éclat qu'a provoqué
le mandement de l'évêque de Gand, ils se sont en-
quis de l'attitude que le gouvernement croirait de
voir prendre. Si nos informations sont exactes,
l'honorable vicomte Vilain X11I1 leur aurait donné
communication d'une dépêche qu'il a adressée,
cette occasion, au représentant de la Belgique près
le Saint-Siège, dépêche dans laquelle il établit,
d'une manière très-nette, la distinction de l'idée
religieuse qui a pu inspirer le prélat de Gand et de
l'idée politique qui doit seule inspirer le gouverne
ment, et qui reste parfaitement séparée de l'autre.
D'un autre côté, le programme des cours de l'Uni
versité de Gand, qui paraîtra dans peu de jours au
Moniteurprouvera que M. le ministre de l'intérieur
no s'est en rien laissé émouvoir par les réclamations
de l'épiscopat.
Il y a donc accord entre M. le ministre de l'inté
rieur et M. le ministre des affaires étrangères sur
l'attitude prendre vis-à-vis du chef des État»-
paysans et paysannes sont faits cheminer avec la peur
au ventre, et leur naturel poltron ne les empêche pas de
courir les champs en pleine nuit, en dépit de toutes
sortes d'épouvantes.
Aussi, lorsque la biquièro approcha enfin de la mai
sonnette de la veuve Jacquelet, elle goûta le soulagement
qu'on éprouve arriver, quand on est en marche par des
ténèbres effrayantes. A travers son essoufflement, elle
eut bientôt mis au fait le fils et la mère. Celle-ci apprit
du même coup le vol imputé son fils et son innocence
manifestée comme par miracle. Jacquelet ressuscita.
Bien qu'il s'en allât déjà tard, les deux petits pâtres
voulurent repartir sur l'heure pour leur métairie. Le
chemin ne paraissait rien Guignette présent qu'elle
n'avait plus avoir peur. Elle ne cessait de répéter au
vacher les mêmes détails, touchant l'embarras où elle
avait mis ses maîtres en détachant le taureau, dont l'ha
leine ardcnle, traversant la cape et ses habits, l'avait
flairée jusqu'à la peau.
A leur arrivée Guilloncux, les femmes s'arrachèrent
Jacquelet pour l'accoler. Mais celui-ci courut aux étahles.
Dès que son taure,ni le vit, la lueur des lanternes dont
s'éclairaient les trayeuses, il remplit la grange d'un mu-
Romains et de l'épiscopat belge. D'un côté, M. le
ministre des affaires étrangères informe le repi ét-en-
tant de la Belgique près la cour de Rome, que le
ministère belge n'entend pas tenir compte dans la
politique nationale des prétentions d'un pouvoir
étranger, qu'il n'est pas disposé faire plier la poli
tique du pays aux exigences leligieuses du pape;
d'autre part, M. le ministre de l'intérieur, mettant
en pratique le système qu'il a développé le 11 jan
vier devant laChambredes représentants, maintient
dans l'Université de Gand touteequia été condamné,
d'une manière si absolue, par MM. les évêques de
Gand et de Bruges. Réduite sa plus simple expres
sion, l'attitude des deux principaux membres du
cabinet a cette signification M. le vicomte Ch.
Vilain XlIII dit au pape que, en qualité de miuisti o
de Belgique, il ne le connaît pas, qu'il ne connaît
que le chef des États-Romains, ayant avec le gou
vernement belge de si m pies rapports diplomatiques;
M. de Decker dit son tour, aux évêques que,
en qualité de ministre constitutionnel, il ne leur
reconnaît aucune espèce d'autorité dans l'État; en
un mot, M. le ministre des affaires étrangères et M.
le ministre de l'intérieur conforment entièrement
leur conduite aux principes que l'opinion libérale
n'a cessé de défendre contre le clergé, contre le
parti catholique, souvent aussi eontre ces honora
bles membres du cabinet eux-mêmes.
Le caractère que nous assignons aux deux actes
dont il s'agit est incontestable; il défie tout doute et
toute controverse. C'est maintenant aux organes du
parti catholique et^de l'épiscopat dans la presse,
c'est aux représentants du parti catholique dans la
chambre et dans le sénat de savoir si ers actes leur
conviennent. La suite nous apprendra si la droite
est disposée tourner le dos aux évêques, se mo
quer de leurs mandements, faire fi de leurs ana-
thèmes, pour suivre .VI. de Decker et M. Vilain
XIIIl.
Lue Institution qui creuse sa tombe.
Sans tenir compte des obligations sacrées que sa
riche dotation et ses privilèges lui imposent envers
le-commerce et l'industrie du pays, notre soi-disant
Banque Nationale, l'imitation de toutes les autres
banques d'actionnaires de l'Europe, vient d'augmen
ter le taux de ses prélèvements, c'est-à-dire le mon
tant de ses bénéfices pour i856. Le conseil de la
Banque composé exclusivement d'actionnaires
vient de décider qu'à l'avenir la location des billets
et du numéraire que la Nation fournit gratuitement,
ne sé fera plus qu'aux conditions suivantes
Traites acceptées4 p. c.
Effets de «ommerce 5 p. c.
Bons du Trésor toute échéance 4 p. c.
Prêts sur fonds publics nationaux 5 p. c.
Comprenez donc ceci: Messieurs les actionnaires
ne peuvent plus prêter la Nation belge au mémo
prix, les ioo millions de francs que la Nation belge
continuera toujours ieur procurer gralie! En
l855, ils n'ont reçu que 17 p. c. d'intérêt net sur
les iS millions qu'ils ont versés titre de caution
nement. Pourquoi 11'auraient-ils pas ?5 p. c. d'inté
rêt cette année?
En agiotant sur les piècesd'or de 20 fi\, la Banque
a provoqué dans le pays une crise monétaire; eu
spéculant sur l'émission de ses billets, qui ne coû
tent que les frais de fabrication, elle achève de jeter
la perturbation dans les ateliers et les transactions.
Pour une pareille œuvre a5 p. c. de dividende ne
sont rien de trop.
L'hiver va bientôt commencer le pain sera encoi e
gissement de satisfaction, et, faisant tendre sa chaîne,
braqua sur le vacher son œil impérieux et son oreille
touffue. Celui-ci, qui, en présence de sa mère, et même
avec la Guignette, était demeuré calme, fondit en larmes
en prenant dans ses bras le cou de sou taureau, lequel,
par manière de caresse, et d'après l'habitude qu'ont ces
animaux de s'cntreléehpr le poil, se mit lui passer la
langue sur les cheveux.
Dès qu'on eut achevé de traire, le souper fut servi, et
jamais il n'avait été si cordial. De la soupe aux choux
verts, une omelette au fromage, six poulettes d'eau rôties
et une poêlée de ehantrelles le composaient. Un petit vin
blanc doux, encore bourru la Saint-Jean, réjouit la
ronde maîtres et valets.
La métayère avait eu soin de placer côte côto les deux
petits pâtres, héros de la journée. D'aspect, c'étaient
deux robustes enfants, engraissés de lait de bique. Jac
quelet paraissait encore an peu étourdi du coup; et,
quant Guignette, le cœur lui battait comme au lièvre,
qui venait d'échapper la meute dont il cesse enfin d'en
tendre la clameur, se remet ait gîte, et se sent sauvé.
IIoxoRé SCLAFER.