Chronique politique.
de vérifier, presque toutes les bourses de fon
dation existant en Belgique. Il jr a là un abus
très-grave et qui appelle la plus sérieuse atten
tion des hommes- publics* Pour le moment,
nous nous bornons le signaler, mais il faudra
que la lumière se fasse dans celle nouvelle et
ténébreuse exploitation des fondations affectées
l'enseignement supérieur.
Mais, en attendant, on peut voir que la pré
férence donnée Loti va in par la majorité des
élèves n'est pas précisément fondée sur l'amour
platonique des bonnes doctrines et de la science
orthodoxe. Le clergé trouve, pour peupler ses
établissements, des moyens de persuasion tout-
à-fait irrésistibles. D'un côté, il excommunie
ceux qui vont chez ses concurrentsetde
l'autre, il prend par des liens moins spirituels
ceux que les anaibèmes n'émeuvent pas.
{J. de Liège.)
On éerit de Bruxelles au Précurseur d'An-
vers
Vous avez reproduit, il y a plusieurs jours,
un extrait d'uné correspondance dans laquelle
il était dit qu'une lettre du Pape, blâmant les
mandements des évêques, était arrivée Brux
elles. Vous disiez ne pas pouvoir admettre l'ex
actitude de celte nouvelle. Le fait est vrai
cependant, jusqu'à un certain point. Le Pape
blâmel'emploiqui a été fait dans le mandement
de l'évêque de Gand d'une correspondance émà-
nant de S. S. et qui n'était pas destinée la
publicité. De là jusqu'à blâmer le mandement
même il n'y a pas loin. Les évêques ne s'atten
daient certes pas une si haute intervention
dans un débat qui émeut, juste titre, le pays
entier.
On lit dans l'Observateur
On assure que l'extrême droite est peu dis
posée reporter ses suffrages sur M. Delehaye,
pour la présidence de la Chambre.
On ajoute que plusieurs représentants du
parti catholique ont arrêté leur choix sur M. de
Muelenaere.
Par arrêté royal du 3 novembre 1836, le
sieur De Blauwe, avocat Courlrai et ancien
greffier de la justice de paix de cette ville, ac
tuellement en disponibilité, est nommé juge de
paix du canton de Dixmude, en remplacement
du dieur Verwilghen.
Le conseil communal de Bruxelles vient de
voler l'unanimité moins une voix (M. Otlet),
et deux abstentions (MM. Tielemans et Orls),
l'augmentation de 5,000 fr. au subside de
l'Université de Bruxelles. M. le bourgmestre a
constaté que ce vote était Un vole politique.
Nous constatons avec plaisir que la baisse du
prix des céréales devient générale dans notre
pays. Elle a été non moins forte Boulers qu'à
Courlrai. On la signale aussi Termonde,
dormait sur la pelouse, et les rayons dansaient au son
des flots Cristallins et bruissants de la Flaque-Baliû. Elle
s'assit au pied d'un saule, mit sa téle dans ses deux
mains, et tomba dans uno de ces vagues rêveries sans
but et sans sujet, durant lesquelles l'âme flotte sur un
Océan de sentiments indécis. Au bout de quelques in
stants, elle releva la tétc comme quelqu'un qui s'éveille
d'un sommeil léthargique, et qui cherche reprendre la
conscience des lieux ou il se trouve. Ses regards rencon
trèrent alors, non loin de la pierre druidique, deux
formes qui se délachairnt en relief sur le plan mat et
uni de la mousse. Cela lui parut ressembler au corps d'un
homme et celui d'un cheval. Tous deux étaient éten
dus terre dans cette morne attitude particulière aux
cadavres. Elle se frotta les yeux, et se figura d'abord
qu'elle était le jouet d'une de ces illusions d'optique pro
duites par la capricieuse lumière de la lune, qui, en se
combinant avec les ombres, donne quelquefois des
formes imaginaires et fantastiques un caractère de réalité
effrayant. Elle n'ignorait point qu'en changeant de posi
tion, le déplacement du rayon visuel anéantit aussitôt
celte fantasmagorie. Mais tout fut inutile; elle eut beau
se déplacer, ouvrir et fermer les yeux diverses repri
ses, le ehoval était toujours là couché sur le côté, les
jambes raidies, la crinière hérissée, l'œil fixe et vitré.
Grammont, Deynze, Lokeren, Renaix,
Louvain et Liège.
■■■JÉ i »i
Oii écrit d'Anvers, lr novembre
Voici le mouvement de notre port pendant
le mois qui vient de s'écouler 168 navires nous
sont parvenus, jaugeant ensemble 42,991 ton
neaux. soil une moyenne de 256 tonneaux par
navire.
Pendant le mênje mois, en 1855, nous n'avons
reçiu que 160 navires jaugeant ensemble 32,612
tonneaux, soit une moyenne de 204 tonneaux
pan navire. -■
Il y a elonc pour le mois d'6etôbre L838,
comparé celui de 1835. une augmentation de
8 navires, représentant 10.379 tonneaux.
Parmi les arrivages du mois, il s'en trouve
15 des Grandes Indes. 1 de Cuba, 3 de l'Amé
rique, 3 de Rio de ta Platâ, 3 de la mer Pacifi
que, 1 du Mexique et 57 du Nord, avec bois
et céréales. 1
Le nombre des départs en octobre 1856 a été
de 176 navires, dont 120 chargés et 56 sur lest;
pendant la même période en 1855, 165 bâti
ments sont sortis de notre port, dont 126
chargés et 39 sdr lest.
Les bâteaux vapeur des diverses lignes
régulières ont fait pendant lë mois écoulé 37
voyages, et ont amené 585 passagers.
ii i
On nous écrit de Helchin, lr novembre
Sept enfants jouaient en notre commune, sa
medi dernier vers le soir, dans une. prairie
attenante un fossé assez profond, et toujours
rempli d'eau, qui entoure le vieux château du
cultivateur Reynaerl-Dewaellç, lorsque la petite
fille de celui-ci, nommée Irma et âgée de 2 ans
1/2, tomba dans le fossé. Aussitôt, tous ces en
fants, dont l'aîné ne dépassait pas I âge de 10
ans, s enfuirent en criant et en pleurant. Seul,
un petit garçon âgé de 3 ans 9 mois, nommé
Félix Mengels, s'approcha du fossé, et y voyant
la petite lima lutter contre la mort, descendit'
résolument le talus. Arrivé au bord du fossé, il
s'accroche d une main un bouquet d'herbe,
avance un de ses petits pieds dans l'eau et par
vient saisir de l'autre main un bout de la robe
de la pauvre enfant et 1 attirer lui. Ensuite,
il la prit par le bras, la lira de l'eau et la déposa
dans la prairie.
La nouvelle de cet accident était entretëmps
parvenue jusqu'à la demeure du sieur Reynaert.
La grand mère d Irma accourut dans la prairie
pour retirer sa petite fille du fossé mais quelles
furent sa surprise et sa joie en la retrouvant
auprès du jeune Félix, tout occupé en ce mo
ment la consoler de sa chute. Il est certain
que c'est grâce au courage et la présence d'es
prit de ce petit garçon que Lla fille du sieur
Keynaert doit la vie.
Du V Novembre au 5 inclus.
La question des Principautés est toujours la thèse
qu'agile la presse française contre la presse d'AlIe-
L'homme paraissait aussi étendu sur le dos, et sa face
pâle, éclairée par la lune, regardait le ciel. Un flot de
san^ ruisselait sur sa poitrine et jetait de sinistres lueurs.
Lucy-Maï n'était point pcdreusc; mais Ce tableau avait
quelque chose de si horrible, qu'elle céda un tressail
lement stiprémc,eômme celui que l'on éprouve la fin
d'un cauchemar hideux. Néanmoins, c'était une fille de
race, et il coulait du sang brave dans ses veines. Elle
avança donc résolument jusqu'auprès des deux cadavres,
et se pencha vers l'hoinme pour voir s'il respirait encore.
Elle poussa soudain un cri de surprise et d'effroi. Ce ca-
(lavro était celuiLlu markgrave des Claires.
Sonventes fois la jeune religieuse avilit vu passer le
sombre markgrave lorsqu'il abordait sur la rive du haut
Broeklandt et traversait les Prcs-dc-Dieu pour se rendre
dans les bois d'Ubia. Elle n'ignorait point la position de
ce jeune seigneur, et savait tout ce que l'on disait de Son
étrange caractère. Celte sauvage mélancolie avait d'abord
provoqué sa curiosité., puis insensiblement cet intérêt
que prennent les âmes sérieuses et compatissantes aux
grandes infortunes morales, était venu s'y mêler. Elle
pleura sur cette douleur d'homuic qui voyait loriiber une
une les vieilles et chères coutumes, la puissance, les
privilèges, feuilles sèches que chassait le vent d'un nou
veau siècle. Elle comprit ee que devait souffrir le rude
magne. Les journaux de Paris «ont d'accord pour
soutenir que le traité de paix exige impérieusement
l'évacuation du territoire ottoman.
Les journaux de Vienne et le Journal Je Franc
fort soutiennent que le but' du traité de Paris n'est
pas l'ëvaoualion prompte et subite des Principauté*
par les Autrichiens, mais le maintien de l'ordre et
de l'équilibre européen sur la base de l'intégrité de
l'Empire-Otloman qu'il y a dans le traité des sti
pulations réciproques, et que si l'on exige l'accom
plissement des unes, il est toul-à-fait naturel qu'on
doit aussi demander celui des autres. En un mot,
tant que toutes les stipulations ne sont pas exécu
tée», aucune des parties contractantes ne pourra
démander, en vertu du traitéune autre des parties
contractantes, l'exécution d'une stipulation isolée,
car. on opposera dans ce cas aux autres co-signa-
Uires, l'eXception ide la réciprocité et de la compen
sation.
Nous sommes tout-à-fait de cet avis; et nous
croyons que la presse française se fourvoie dans
cetleqpestion; le gouvernement impérial lui-même,
s'il partage l'opinion de ses journaux, en devra re
venir. Il faut remarquer déjà que le jour de l'éva
cuation, suivant la lettre des conventions, est passé.
C'est le sfl octobre que l'évacuation devait aioir
lieu, et l'occupation subsiste. Croit-on que s'il avait
dû en être autrement, les puissances ne se seraient
pas concertées pour faire observer le traité? Les
traités ne s'exécutent pas tout seuls; or, aucun acte
diplomatique ou autre ne nous a montré le» puis-
sauces signataires se préoccupant de cette question.
Tout, jusqu'ici, est resté dqns le domaine de la
presse, et ce n'est pas la presse.qui doit décider.
Ce qui, après ceja, nous fortifie dans cette opi
nion, c'est la déclaration du gouvernement anglais,
consignée semi-officielleraent dans le Mortiing-Post
et restée sans réponse, où il est dit que la Russie
n'ayant pas exécuté le traité, l'occupation conti
nuerai' 1
Au fond, la question de droit ne fait aucun doute:
le territoire ottoman doit être évàCué. L'Autriche
ni l'Angleterre n'oseraient dire le contraire mais
leur-prétention est qu'il existe encore des raisons
pour prolonger l'occupation. 11 est possible, il est
probable même, qu'elles consultent en cela leur
intérêt avant tout, mais ce sont leurs raisons qu'il
faut discuter, «l non pas le point de droit qui est
hors de toute contestation. C'est en ce sens surtout
que. le» journaux français nous paraissent se four
voyer.
Sont-ils plus heureux «n ce qui concerne le
changement dè ministère ConstantinopleCe
n'est pas notre avis. Sur des données fort vagues
encore, sur de simples présomptions, ils prétendent
que la Turquie a demandé l'évacuation des Princi
pautés et le départ de la flotte. Le fait-est possible,
mais il ne l'est notre avis, qu'en admettant que la
Tuûju je a été poussée cotte.demande par l'amhai-
sade. de France. Spontanément, le gouvernement
ottoman n'a pu .y songer, son intérêt contraire est
par trop évident. Nous l'avons déjà dit, il y a quel
ques jours. Que doit vouloir la Turquie en ce qui
concerne les principautés? Elle doit vouloir l'occu
pation, parce que sans l'occupation, elle n'est pas
assurée contre la réunion des deux provinces. Cette
réunion, elle ne la veut à'aucun prix. Le firtnan de
convocation des divans motdo-valaques, chargés de
délibérer sur les mesures d'organisation intérieur®
des deux provinces, met cette vérité hors de doute.
gentilhomme spolié par un courtisan en manchettes et
sans cœur. Quant cette autre peine profonde et cachée
que les gens des Claires attribuaient au mauvais œil, élle
y compatit sans la connaître. D'ailleurs, le markgrave
était beau de cette beauté qui impose et cofruiiande uns
affectippi mêlée de respect. E" voyant cette belle et puis
sante naluçe couchée terre et la mort sur le visagp, Il
religieuse éprouva une commotion terrible. Quoiqu'il
n'exjstât aucun lien qui l'attachât cet liominc, ellp fut
surprise elle-même de l'étendue de sa douleur. Mais, re
venue aeson premier mouvement de terreur, elle se pen
cha vers lui avec une anxiété de mère qui palpe le
cadavre CDeorc chaud de son p:emicr-né. Elle lui posa la
m^iin sur le cœur, il ne battait plus. Alors elle rejetg la
tête en arrière avec un mouvement désespéré, et tomba
genoux. Sa epiffe se détacha, et ses cbçvcux baignèrent
se? épaules de leurs flots d'or soulevés par le veut de la
nuit. Elle tenait les mains jointes dans l'altitude de la
prière, et de ses yeux bjqys tourqés vers le ciel s'échap
paient lentement deux grosses larmes encore retenues
entre les eils.
Toul-à-caup un bruit sec et léger se fit entendçc dans
le feuillage, et un hurlement sauvage retentit sou
oiréille; elle se retourna eu poussant ce cri terrible
tes loapaj 0 smto a« prochain