J01RX.IL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Vires acçfuirit eund&.
H81,024. 16" Année.
Dimanche, 23 Novembre 1850.
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Tout tiè qui concerté le journal doit
que les lettres affranchies.
iil
Tpres, fî Novembre.
L'histoire cléricalement arrangée.
Nous avons eu une discussion préalable
celle de l'adresse la Chambre des représen
tants, sur une interpellation de M. Devaux. Cet
honorable député a demandé au minisire de
l'intérieur, des explications sur l'application de
la Convention d'Anvers dans les établissements
d'instruction moyenne placés sous le régime de
la loi du lr Juin 1850. M. le ministre a pure
ment et simplement indiqué les villes et com
munes où la Convention dite d Anvers a été
admise, celles où elle a été refusée et par qui.
Plus que jamais la vérilé du mot prononcé au
Sénat par M. Forgeur, pour qualifier les prati
ques de l'épiscopat, a éclaté clair comme le
jour; plus que jamais, il est prouvé que toutes
lea,crilique* de l'enseignement laïc par le clergé
•iel les bouches ouvertes par l'église, ne procèdent
que d'un intérêt <ie boutique. La religion est
devenue entre les mains "du prêtre catholique
un moyen d'influence politique et un instru
ment de concurrence pour faire fleurir son en
seignement aux dépens de celui de l'Etat, auquel
il refuse son concours. M. Devaux a parfaite
ment traité celte question, et les défenseurs,
nous, allions presque dire lés valets de l'épisco
pat, ont pitoyablement pataugé, tant ils étaient
écrasés par le ridicule des prétentions de leurs
grands-électeurs mitres.
Puisque nous avons parlé des avocats de
leprscôpat, il n'est pas oiseux de côfiiplétep cer
taines révélations d'un petit abbé, ancien répu
blicain duCongrèsel depuis candidat l'évêché
de Bruges, après avoir renié ses erreurs politi
ques et autres.
Le susdit abbé, originaire d'Ypres,où sa famille,
très-rdévouée au cléricalisme a joué son petit
rôle la révolution de 1830, a cru convenable
d'exposer la Chambre l'épisôde des deux col
lèges établis Ypres, l'un communal, qui a été
fondé par l'impératrice Marie-TherèSe, l'autre
fondé par l'évêque de Bruges, après la révolu
tion de 1830, pour anéantir le premier. Ce petit
conte est arrangé de façon q ne dire que la vé
rité, mais non toute la vérité, et puisqu'il a
étç question du collège d'Ypres la Chambre,
nous donnerons ici son histoire véridiquement
vraie et l'on verra quels étaient, dès 1830, les
projets du clergé ('encontre de l'enseignement
public. En 1826, le clergé séculier se retira du
collège d'Ypres, la suite du refus de serment
et par esprit d'opposition éclatant dès celte épo
que contre le gouvernement Néerlandais, par-
cequela loi fondamentale reconnaissait la liberté
des cultes, et pour d'autres griefs.
Advint la révolution et la ville d'Ypres fut
affligée d'une administration dont les feseurs
étaient les plats valets de l'épiscopat. On vou
lait réformer le collège communal et le remettre
entre les mairis de l'évêque, mais cet acte he
fut pas sanctionné par le Conseil, qui maintint
l'institution, qne voix de majtfrité.On essaya
après de prendre les professeurs par famine et
on rogna leurs émoluments, mais ils tinrent
bon et c'est alors qu'on éleva un collège ecclé
siastique, dont le besoin ne se faisait nullement
sentir, si ce n'est toqtefois chez quelques fana
tiques qui voulaient fourrer le prêtre partout.
L'administration cléricale mil la disposition
de l'évêque de Bruges l'ancien Palais épiscopal,
maintenant le Palais de justice, et un subside
de deux raille francs, le tout sous prétexle de
liberté d'enseignement. C'était d'une stupidité
pyramidale et un véritable gaspillage de l'ar
gent du contribuable, dont les feuilles cléricales
font tant de bruit, car de tjeux choses l'une ou
le collège communal était bon et il fallait le
maintenir, ou il ne valait rien et il fallait le
réorganiser. Mais de pareille* idées sont trop
simples pour MM. les cléricaux, il leur faut
d'autres pratiques qui leur soient plus profita
bles. On marcha ainsi jusqu'en 1836, le collège
communal malmené par l'administration, les
appointements rognés, des professeurs non-
remplacés, tandis que tous les soins toute la
faveur des meneurs de l'hôtel—de—ville étaient
acquis au collège des prêtres.
A cette époque, les élections eurent lieu et
amenèrent d'autres hommes l'hôlél-de-ville;
le collège communal fut réorganisé pour autant
que possible, car cette époque, pendant que
l'anarchie, en matière d'enseignement 'public,
était perpétuée volontairement par le clérica»
lisrne au pouvoir, le clergé faisait ses prépara
tifs, pour se mettre sans bruit et sans façon,
au lieu et place de l'Etat. Le Conseil renouvelé
commença par demander un prêtre pour don
ner l'enseignement religieux au collège commu
nal, et provisoirement on continua le subside
au collège ecclésiastique. Le conéours du
clergé fut donné au collège laïc, mais on peut
se douter de quelle façon,quand on pense qu'il
[issait d'un établissement rival qu'on avait
voulu anéantir, si on l'avait pu.
Il y eut donc toujours une hostilité sourde
contre l'établissemeut laïc, bien que l'ensei
gnement religieux y fut donné par un ecclé
siastique de grand mérite. Arriva le moment
où le Conseil fut fatigué de payer pour faire du
tort une inslitutioh dont la, ville supportait
toute la charge; en 1839, un vole du Conseil
supprima le subside alloué au collège ecclésias
tique et relira l'usage des bâtiments qui leur
avaient été concédés. Une multitude de pères
et de mères sans enfants, suivant l'expression
pittoresque d'un conseiller communal, s'adres
sèrent au Conseil pour demander le maintien
du subside, mais on ne pouvait avoir égard
cette requête, premièrement, pareeque sur dix
pétitionnaires il y en avait neuf qui, sans en
fants, n'avaient pas d'intérêt dans la question
et n'avaient signé la pétition qu'à l'instigation
du clergé qui, ne pouvant jouir légalement des
douceurs de la paternité, veut se dédommager
probablement, eu s'emparant de gré ou de
force des enfants d'autrui pour les élever sa
manière et en faire plus tard ses instruments.
Ensuite, il s'agissait de donner un usage plus
convenable au Palais épiscopal et d'en faire un
Palais de justice.
Par le refus de subside, le concours du clergé
devint inefficace au collège communal, sans
qu'il y eut la moindre modification dans le
corps professoral, et le prêtre chargé de l'en
seignement religieux fut retiré. Le coup ne fut
pas sensible et le collège communal, au lieu de
perdre des élèves, en eut davantage le collège
épiscopal continua exister et des souscriptions
furent organisées parmi les bonnes âmes pour
faire face aux dépenses. Beaucoup de gens
signèrentcontraïntset forcés. On leva des fonds,
une maison fut achetée, des constructions y
furent ajoutées et dans les négociations enta
mées avec le chef diocésaincelui-ci ne cacha
nullement, que les intérêts pécuniaires jouaient
un râle, qui ne lai permettait pas d'accepter
purement'et simplement la Convention d'Anvefs.
Voilà l'histoire des deux collèges de la ville
d'Ypres et de (a lutte engagée par le clergé
contre l'enseignement laïc. Maintenant, quand
on prétend que celui-ci est irréligieux et détes
table, nous sommes teulé de répondre comme
Sganarelle Voilà justement ce qui fait que
votre fUle est mueltè.
1 i o i i 1 I l!> ■■lllSW»! M i 6
Dans la séance d'hier, Vendredi, premier
jour de la discussion de l'adresse, M. le minis
tre de l'intérieur a fait Vollé-faée et a émis
d'autres principes fout fait ôppOsceux
professés par lui au Sénat. C'est une l'ndigne
lâcheté L'agent de l'État, celui qui résume en
lui tous les intérêts de la nation, les abandonne
aux évéques, représentants d'une caste qui veut
confisquer la liberté d'écrire et de penser, et
c'est après avoir joué la plus ignoblé comédie
pendant un an et demi, quë M. De Decker
vient d'abonder dans le sens de* mandements
de deux prélats et les élèver au ran$ dés! fois
constitutionnelles, contrairement aU pàcte fon
damental de 1831.
Que dire, de cette majorité de pourris, escla
ves de la crosse et abêtis par le fanatisme sinon
par l'intérêt, qui applaudissent ces exigences
liberlicides exposées par le sieur Deschamps,
ancien républicain comme l'abbé Dehaerne. Ah!
il ootis en coûte de le dire, mais dès ce joûr
nous croybns l'ère révolutionnaire de nouveau
ouverte et elle l'est par le clergé et les soi-
disant conservateurs, au détriment de la pres-
qù unanimité de la Nation, dont les intérêts et
les droits sont lésés par l'agitation et les intri
gues de la théocratie.
Nos IecUprs savent, dit VAvenir d'Anvers,
que Mgr Maiou, évéque de Bruges, désapprouve
tel point la Convention d'Anvers^ qu'il s'est
refusé formellement en faire l'application au
collège communal d'Yprçs.
Nous trouvons dans le Moniteur de l'ensei
gnement une correspondance qui révèle des
faits bien autrement graves; c'est le refus de la
part du clergé, de faire donner l'enseignement
religieux dans l'école des enfants de troupe de
Lierre.
Voici la partie de la correspondance laquelle
nous faisons allusion elle n'est pas dépourvue
d'iotérét
Le gouvernement actuel est certes bien disposé
pour la convention Eh bien! il ne l'obtient pas
lui-même pour les établissements dont il a la direc
tion exclusive.
s II existe Lierre une école d'enfants de troupe;
ces enfants ont de 8 <6 ans. Un. bon enseignement
religieux y serait nécessaire, bien plus que dans les
athénées, collèges et écoles moyennes, bien plus que
dans les écoles d'agriculture et l'école vétérinaire.
Cet enseignement y est donné par des sous-officier*.