I
JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Jeudi, 13 Janvier 1859
Vires acquirit eundo
Représentation donnée au profit
des pauvres par MM. les sous-
officiers du 11° de ligne.
UN HERITAGE.
x.
N° 1,847. 18e Année.
LE PROGRES
<*mm
ABONNEMENTS Y ruts (franco), par trimestre, 3 francs 30 c. Provinces,4 francs. I Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
INSERTIONS: Annonces-, la ligne 13 centimes. Réclames, la ligne: 50 centimes. être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. Oh ne reçoit que les lettres affranchies.
Yphf.s, 12 Janvier.
La soirée de Dimanche dernier a été, comme
nous l'avons dit, Irès-brillanle, et la Salle de
spectacle était remplie d'une foule nombreuse,
curieuse d'assister une fcle qui, outre l'attrait
qu'elle offrait, avait un but philanthropique.
Et en sortant nul ne regrettait d'y avoir été, car
elle a marché souhait. Les deux pièces jouées
par quelquesjeunes sous-officiers devenus pour
la circonstance des acteurs improvisésont été
applaudies avec justice, et les personnages se
sont tous acquittés de leur rôle avec aplomb et
entrain. Aussi ont-ils obtenu un succès de fou-
rire. Jocrisse et les deux vieilles gardes étaient
surtout très leur aise sur la scène.
Le bouquet de la soirée a été les varia
tions sur les motifs de la Muette, composées et
exécutées par M. Ch. Montigny, premier vio
loncelle de la chambre de S. A. R. Mgr. le
duc régnant de Saxe-Cobourg-Gotha. Le jeu
de M. Montigny accuse un talent de premier
ordre, aussi a-l-il été énergiquement applaudi
et on a demandé la répétition du morceau qu'il
venait de jouer. M. Montigny a eu l'amabilité
de se rendre aux désirs de l'auditoire et il a
exécuté une deuxième fois la plus grande partie
des variations sur les motifs de la Muette. Nous
avons des remercîments faire au corps d'offi
ciers et de sous-officiers du 11®, de nous avoir
fait faire la connaissance d'un artiste d'un pre
mier mérite; nous en avons rarement l'occa
sion.
Nous n'avons pas besoin de dire que l'ou
verture Y Italienne Alger, a été très-bien
exécutée par l'barmonie du 11e. Celte musique
a une réputation faite et nos éloges ne pour
raient l'augmenter. Quand nous aurons ajouté
que la scène chantée par MM. Hubert et Jaminé
a fait beaucoup de plaisir et a été très-bien
rendue, nous aurons fini notre lâche, en émet
tant l'espoir que ce n'est pas la dernière que
nous aurons la remplir.
(Suite.)
Bouleversé par ce diabolique entretien, Muller se mit
la fenêtre et se prit contempler d'un regard distrait
les pousses nouvelles de ses lilas et de ses inaronniers.
Peu peu son regard se ranima, son front s'éclaircit, son
visage se rasséréna. 11 voyait autour de lui verdoyer les
champs et les prés, et, respirant pleins poumons la
brise toute chargée de la senteur des bois, il se disait
avec orgueil que tout cela était lui, ces champs, ces
prés, ces bois, ce parc et ce château, quand tout coup
son front se couvrit d'une pâleur mortelle, et il porta la
main son cœur comme s'il eût senti la morsure d'un
aspic. En ce moment, Frédéric se promenait dans une
avenue du parc Édilh s'appuyait sur son bras et levait
la tête comme pour mieux écouter ce qu'il disait. Tous
deux allaient pas lents, et Muller, debout, immobile,
les suivait d'un œil effaré. Au bout de quelques instants,
il les perdit de vue, puis il les vit reparaître et s'éloigner
de nouveau. Tout en marchant, Frédéric cueillait ça et
là des grappes de lilas en fleur et les donnait Edith, qui
en respirait le parfum.
Le Commissaire de l'arrondissement d'Ypres in
forme le public que l'enquête est ouverte sur le
tracé du projet de route de Messines par Ploegsteert
vers Armentières, partir du 16 Janvier jusqu'au
4 Février inclusivement.
Pendant ce temps les plans et autres pièces du
projet seront déposés l'inspection du public au
Commissariat d'arrondissement tous les jours, les
Dimanches et fêtes exceptés, de dix heures du malin
midi, et de 2 4 heures de relevée.
Les personnes qui auraient des observations ou
réclamations faire, pourront s'adresser endéans
ce délai l'administration communale d'Ypres, de
Warnêlon, de Messines ou de Ploegsteert.
Ypres, le 12 Janvier i85g.
le commissaire de l'arrondissement,
Henri CARTON.
VILLE D'YPRES. Conseil cohhosal.
Séance publique fixée an Samedii5 Janvier i85g
quatre heuret de relevée.
ORDRE DU JOUR:
i* Communication de pièces.
2° Approbation de l'acte de location des étaux
la boucherie et du produit des latrines dans les
casernes.
3° Approuver, s'il y a lieu, un nouveau plan
pour la construction élever sur la partie du terrain
aux abords de la Station, acquise par le sieur Ver-
gracht-Segard.
4° Modifier le tarif-règlement d'octroi en ce
qui concerne la taxe sur las veaux nouveaux-nés.
5° Délibérer sur une proposition de M. le mi
nistre de l'intérieur, concernant les professeurs du
Collège.
6° Approbation de l'acte d'acquisition d'un
terrain, par le sieur Vergracht-Segard.
70 Veute d'arbres des Hospices civils.
8° Aviser sur des modifications l'emplace
ment des barrières sur la roule d'Ypres Comines.
g" Comptabilité des Hospices et de l'Ecole
gardienne.
io° Émettre un avis sur la demande de créer
une briqueterie sur le terrain d'inondation hors la
porte de Lille.
n° Délibérer sur l'opportunité d'établir une
École d'arboriculture.
Muller marchait grands pas dans le salon, quand sa
femme rentra, légère et souriante, tenant la main les
fleurs que Frédéric avait cueillies pour elle.
Qu'as-tu, mon ami? dit-elle Franz qu'cst-il
survenu quelque nouveau démêlé avec les demoiselles
de Stolzcofels ou le major Bildinann Si ce n'est que
cela, tu as bien tort de prendre au sérieux d'aussi futiles
contrariétés.
Franz eût rougi de montrer sa jalousie mais il saisit
avec empressement le prétexte qui s'offrait lui pour
laisser éclater les sentiments qui l'oppressaient.
Tiens, dit-il brusquement Edith en lui tendant
la lettre du baron de Frohsdorf, décide par loi-même si
j'ai lieu d'être satisfait. Eh bien demanda Édilh
après avoir lu, y a-t-il là de quoi te fâcher? Envoie ce
baron les quatre mille florins qu'il réclame, et qu'il n'en
soit plus question. Ainsi, répliqua Muller avec ai
greur, donner quatre mille florins ce baron que Dieu
confonde, est pour toi la chose la plus naturelle qui se
puisse imaginer. Ainsi, poursuivit-il avec une colère
contenue, c'est moi de payer les fredaines de M. Fré
déric parce qu'il lui plaît de courir les champs, il faut
que je vide ma bourse et ccja te paraît tout simple. Tu
oublies, mon ami, reprit Édith avec douceur, que nous
possédons aujourd'hui un riche domaine dont une large
12° -Actes des Hospices; A. Demande l'effet
de placer des fonds B. de transmettre un droit de
bail C. d'être autorisé ester en justice.
15°Demande de radiation d'une inscription
hypothécaire au profit de l'Ecole de Marie.
chambres de commerce. Renouvellement du
tiers. Sont nommés membres de la Chambre de
commerce d'Ypres: MM. yanalleynes-Schockeel,
tanneur, Ypres; Brunfaut,jfabi icaut de dentelles,
Ypres; Degrendel, marchand de houblon Pope-
ringhe.
Tandis que YUnivers et ses salelliles d Italie
et de Belgique contiennent leurs tristes décla
mations pour démontrer le droit de l'Inquisition
et du Pape contre le droit de la nature, dari3
l'affaire Mortara, et qu'ils essaient, l'aide de
vains sophismes d'étouffer les derniers échos
qui nous apportent les gémissements et les
douleurs d'une pauvre mère, qui le fanatisme
a ravi le fruit de ses entrailles, voici que les
journaux piémontais nous donnent la contre
partie de cette conversion par surprise et par
force. Il paraît que ces impies gouvernements
libres et constitutionnels n'entendent pas de la
même façon que les théologiens d'un autre âge,
le compelle intrare appliqué Bologne et main
tenu Rome au grand scandale de l'Europe
civilisée. En effet, on lit dans un journal de
Turin le fait judiciaire suivant
comdamnation d'une baptiseuse.
Mercredi dernier 29 décembre, le tribunal pro
vincial de l'Intendance de Gênes a ouvert sa session
ordinaire, sous la présidence de M. le chevalier
Malespina. La première cause appelée fut celle
d'une jeune servante nommée Catherine Lavezzaro,
prévenue d'avoir administré le baptême l'enfant
Léon Lévi, fils légitime d'isaac et de Colombine
Gliiron, tous deux Israélites de religion.
Le fait ayant été établi suffisance de droit par
l'aveu même de la prévenue, le ministère public a
conclu ce que la nommée Catherine Lavezzaro fût
condamnée en application de la patente royale du
(j décembre 1C37 ,3 une amende de cinquante écus,
ancienne monnaie piémontaise et six mois d'em
prisonnement défaut d'y satisfaire endéans le
délai légal. Le tout sans préjudice des dommages-
intérêts.
part devait appartenir ce jeune liomme. M. Frédéric
1 pourrrait user de ses droits avec plus de discrétion, je le
veux bien, mais son âge l'étourderic n'est-elle pas ex
cusable Faut-il le condamner pour line faute involon
taire 11 est si bon pour nos enfants! Dans toutes nos
contestations avec ses tantes, avec le major, n'a-t-il pas
toujours pris parti pour nous N'est-ce pas ici le seul
cœur qui nous aime, qui nous soit dévoué? Belle
trouvaille, ma foi, que son amitié riche aubaine que
son dévouement! s'écria Franz ne se contenant plus;
cette amitié me coûte cher, et je m'en passerais volon
tiers. Mon ami, peux-tu parler ainsi toi si bon, si
juste, peux-tu te montrer ingrat Ne vas-tu pas, ré
pondit Franz en frappant du pied le parquet, me con
seiller d'aller le remercier de l'honneur qu'il veut bien
me faire en m'obligeant payer ses plaisirs? Eh bien je
ne les paierai pas qu'il s'arrange avec le baron, je ne
donnerai pas un kreutzer.
Et le malheureux Franz, honteux de lui-même, rou
gissant de son emportement, craignant de laisser voir
la plaie de son cœur, qu'Edith venait encore d'enve
nimer par son insistance défendre Frédéric, quitta la
place et se relira dans sa chambre. Demeurée seule, Édith
repassa dans sa mémoire toutes les paroles qu'elle venait
d'entendre, èl ne put s'empêcher de trouver Thutacur de