Chronique politique. Nouvelles diverses. L'avocat, M. Henri Bixio, et son confrère, M. Elena, avocat des pauvres, ont défendu la prévenue avec talent et force arguments subtils, ramassés plutôt chez les casuistes et les théologiens que chez les jurisconsultes et dans la jurisprudence. Rien n'y a faitle tribunal a accueilli les conclusions du pro cureur fiscal et a condamné Catherine, la bapti- seuse, il la peine coin minée par la loi. On nous assure que les ultra-calholiques de Gê nes sont furieux et qu'ils vont essayer de faire ré former le jugement en appel. En attendant le succès de celle procédure, qui nous semble fort douteux, certains membres du clergé plus zélés que prudents, jettent déjà feu et flammes contre le procureur et les juges. S'ils viennent il mourir, il pourrait bien leur arriver qu'on leur refusât les sacremeuts et la terre bénite comme on les a refusés au ministre qui a présenté, aux députés qui ont voté et aux fonc tionnaires qui ont mis en exécution la loi sur l'in carcération des biens ecclésiastiques. Heureusemeut nous sommes en Piémont et non dans les légations romaines. Ou 9 Janvier ail 13 Inclus. Nous voudrions pouvoir dire que la note du Moni teur français a rassuré l'opinion. Malheureusement il n'en est pas ainsi; les Bourses de Paris et de Lon dres restent très-lourdes, et s Vienne les inquiétudes sont très-grandes. Trente mille hommes de troupes autrichiennes sont bien réellement partis pour la Lombardie. Toutefois on n'a pas reçu de Milan de nouvelles plus inquiétantes. Un correspondant de VIndépendance lui envoie des détails intéressants sur la situation de la Lom bardie. (.'agitation qui est signalée par les corres pondances de Turin est incontestable etchose curieuse, c'est principalement dans les campagnes qu'elles se produit avec le plus de vivacité. On accusa généralement de cet état de choses la loi de la con scription. Le recrutement a pris depuis i85o des proportions qui rendent cet impôt d'autant plus dur que l'on envoie les conscrits jusqu'au fond de la Hongrie. Beaucoup de jeunes gens se sauvent soit en Suisse, soit eu Piémont et comme il fau-l que les contingents soient fournis pour les compléterles gens mariés qui se croyaient libérés du service, doi vent quitter leurs familles et se rendre sous les drapeaux. En 1848, la révolution s'est faite par la noblesse et les grandes familles, aujourd'huisi elle éclate, il est craindre qu'elle ne se fasse par le bas peuple et les habitants dus campagnes. Ce qu'il y a de plus curieux pour le moment dans la situation, c'est l'attitude de la presse anglaise. Nous avons dit déjà que le Times se prononce contre une intervention en Italie cette opinion paraît faire des progi ès de l'autre côté de la Manche. Les An glais sont loin d'approuver la politique de l'Au triche et plaignent sincèrement les Italiens, mais ils ont la conviction très-sensée qu'une guerre pour l'affranchissement de l'Italie ne serait que la préface d'une guerre de conquête. La guerre, disent-ils, est comme un bal. On sait avec qui on commence la danse; on ne sait avec qui on la finira. On a des craintes de divers côtés, dit le Journal allemand de Francfort, sous la date de Vienne, le 1" janvier. Cracovie est-il un de ces côtés La Ga zette d'Augsbourg annonce qu'on y a fait récemment des ai résistions; mais son article respire une cou- son mari quelque peu ridicule. Tant de bruit pour quel ques milliers de florins? Mullcr serait-il devenu avare? Elle ne devinait pas de quels sentiments Franz était agité; elle n'apercevait pas la jalousie cachée sous la co lère. Comme elle était sans reproche, elle ne pouvait supposer dans l'âme de son mari une inquiétude que rien ne justifiait. Tandis qu'Edith l'accusait d'avarice, Muller, enfermé dans sa chambre, donnait un libre cours aux passions tumultueuses qui grondaient dans son sein. Ils ne se verront pins, disait-il en se promenant comme un lion dans sa cage. Lui, je le chasserai de chez moi elle, je l'empêcherai de franchir le seuil de sa porte. Ah s'ils espèrent trouver en moi un mari com plaisant, ils s'abusent, ils se trompent. Ils ne savent pas ce qu'il y a de violence au fond de ce cœur outragé. Oui, je le chasserai; oui, je renfermerai malheur lui mal heur elle Puis, s'arrétant tout coup, il se jeta dans un fauteuil, cacha sa tête entre ses mains, fondit en larines cl éclata en sanglots. La réflexion le calma. Edith était aussi chaste que belle le congé de Frédéric était près d'expirer son légiraent s'éloignerait d'IIildcsheim. Le neuvième mois s'achevait; dans quelques jours, ils retourneraient Mu nich près de Spiegel. Dès lors Franz s'occupa des préparatifs de son départ. fiance, uno assurance, disons mieux, dont nous devons mettre l'expression sous les yeux de nos lecteurs La bourse a été très-alai niée hier par des bruits qui parlaient d'arrestations Cracovie, et de la découverte d'une conspiration polonaise dont les ramifications s'étendaient au loin. II est vrai que des arrestations, et des arrestations politiques ont eu lieu h Cracovie, niais elles n'étaient pas nom breuses et n'avaient d'autre caractère que celui des mesures préventives, contre les explosions impuis santes et presque puériles de l'irritation d'un parti qui diminue chaque jour. Ces manifestations se re produisent périodiquement dans cette contrée, et n'y laissent pas d'autre trace que l'occasion donnée au gouvernement de faire usage de la miséricorde qui dérive de la conscience de la force. La Gazette d'Augsbourg a reçu aussi de Belgrade une lettre dans laquelle on lui raconte une scène des plus curieuses. Quand la députation de la Skupt- china alla annoncer au prince Alexandre sa dé chéance, la princesse était présente, et fit son mari, qui voulait céder, une scène des moins royales. Le prince la mit la porte, en la prenant par les épaules, et après lui avoir administré quelques coups de poings einige faustschlâge). Le prince-lieutenant du roi des Pays-Bas dans le grand-duché a reçu pour instruction, en réponse au rapport qu'il avait fait la Haye sur la situation, d'agir selon les circonstances, avec autorisation de dissoudre, au besoin, l'Assemblée des Etats. On écrit de Vienne, le 4 janvier, la Gazette de Cologneque le prince Alexandre y était attendu le lendemain, et qu'il se proposait d'y fixer sou séjour. Il est en pourparlers avec un gentilhomme hongrois pour l'acquisition d'une propriété située dans la Hongrie méridionale. Les journaux anglais annoncent que M. Bright a refusé pour des raisons de santé, de se rendre des nouveaux meetings. On est tenté de croire que l'in succès de sa propagande n'est pas étranger celte détermination de l'illustre orateur. On parle comme d'un fait probable du mariage du prince Napoléon avec la princesse Clotilde, fille du roi de Sardaigne, âgée de quinze ans peine. La Correspondencia autografa fait connaître l'ulti matum que le vice-amiral français commandant en chef l'expédition da Cochinchine aurait reçu du grand mandarin généra! en chef de l'armée cochin- chinoise. Le mandarin donne M. Rigault de Ge- nouilly l'avis péremptoire que si, dans le délai de dix jours, il n'avait pas évacué le territoire de l'em pire d'Annam avec ses soldats, il les ferait crucifier tous, ou que, tout au moins, il les ferait décapiter. On voit qu'on n'abuse pas la cour d'Annam des tempéraments diplomatiques. Le Moniteur contient un décret par lequel le Sénat et le Corps-Législatif sont convoqués pour le 7 fé vrier. Un autre décret rétablit le Conseil du sceau des titres, et il est suivi de la nomination des membres de ce Conseil. Le Nord croit connaître la véritable cause de l'in cident diplomatique du 1" janvier. Voici l'explica tion qu'il en donne «Le gouvernement autrichien ayant fait savoir qu'il avait donné au commandant de ses forces Semlin l'ordre d'entrer Belgrade, s'il y était appelé par le pacha commandant la garnison turque de la cita delle, les puissances signataires du traité de Paris avaient aussitôt adressé des observations au cabinet Il prit tous les comptes de son intendant, de ses fermiers, et vérifia par lui-même le chiffre de ses dépenses et de ses revenus. Quoique Muller eût prévu depuis longtemps que la première année de son séjour Hiidcsheim serait très-onéreuse, il ne put cependaut se défendre d'un mou vement de surprise et d'effroi en voyant le résultat de celte double vérification. Après l'apurement de tous ses comptes, il lui restait mille florins. Depuis son arrivée au châtcnu, il avait toujours vécu presque aussi modeste ment qu'à Munich; le capital constitué au profit d'Isaac Bildmann, les pensions payées au major, Frédéric, aux demoiselles de Stolzcnfcls, les réparations faites au châ teau, le monument élevé la mémoire du comte Sigis- mond, représentaient peine la moitié des dépenses; tout le reste avait été dévoré en frais de justice et de succession. De toute cette richesse, Muller n'emporterait qu'un millier de florins, de quoi faire son voyage. 11 fit appeler maître Wolfgang et lui défendit de la façon la plus formelle d'entamer en son absence aucun nouveau procès. Vainement maître Wolfgang remit sur le tapis cette fameuse demande reconventionnellc dont il atten- tendait merveille, Muller ne voulut rien entendre et se montra inexorable. (La suite au prochain n*.) de Vienne en lui demandant la révocation immé diate de cet ordre. L'Autriche refuse de révoquer l'ordre donné d'entrer en Servie an premier appel du comman dant turc Belgrade. Les puissances, de leur côté, persistant dans leur demande. L'Autriche prétend justifier l'ordre qu'elle veut maintenir dans l'in térêt spécial que le voisinage de la Servie lui fait prendre ce qui s'y passe. La tranquillité de la Servie, dit-elle, est nécessaire la tranquillité de ses possessions sur la frontière de cette principauté. La garnison turque de Belgrade est une garantie essen tielle de celte tranquillité. Donc, si cette garnison est menacée, l'Autriche doit, pour sa propre dé fense, aller son secours. Telle serait, d'après le Nord, la cause du trouble profond de ce commencement d'année. Le Times n'est pas de cet avis, il croit que l'Italie seule est en cause. Napoléon, dit-il, a voulu surexciter les espé rances des Italiens et frapper de terreur la Cour de Vienne. Son discours était un manifeste adressé l'Europe, et il voulait savoir avec quels sentiments les grandes puissances accueilleraient le projet d'une intervention française en Italie. Heureusement pour la paix du monde, le résultat de est appel a été dé cisif. Parmi les récents échecs de la politique impé riale, il n'y en a pas de plus complet. L'Empereur a voulu se poser en champion de l'indépendance italienne. Mais le monde ne veut pas être trompé. Le parti libéral en Europe n'a pas de bon vouloir pour l'Autricbe et la liberté de l'Italie aura toujours de chaleureux défenseurs. Mais l'idée de lâcher les bandes d'un nouvel empire français sui tes vieilles monarchies de l'Europe et de sanctionner la dévastation des provinces, de lever des contribu tions, de piller des villes, de spolier des musées, le tout au nom de la liberté, c'est trop pour la conscience de l'Europe moderne. Nous ne savons quelle marche notre gouvernement a suivie, mais les sentiments du peuple anglais se sont suffisam ment manifestés ces jours derniers et la boutade de l'Empereur a rencontré partout les plus sévères critiques. Le seul résultat de ce malheureux inci dent sera d'augmenter la suspicion qui pèse sur la politique impériale. Le inonde considère Napoléon 111 comme un directeur de théâtre, qui est obligé de produire sans cesse des nouveautés, et de tenir le public en haleine par des mélodrames éclatants ou des forces ridicules. Quand Je monde applaudit, le directeur est enchanté; quand le public reste si lencieux et siffle, il retire la pièce. Les productions de la dernière campagne ont été de misérables fiascos. Voici une anecdote assez originale, d'autant plus originale qu'elle est parfaitement vraie. Le comte de S... écrivain russe quidans son paysjouit d'une haute renommée, et qui, de plus, est un grand sei gneur et un des chambellans de l'empereur de Rus sie, deux privilèges qui ne gâtent rien, a tout récem- mont terminé une comédie en 3 actes, en prose, non pas en prose russe, mais en bonne prose française. 11 allait en faire la lecture M. X..., qui est la fois un auteur dramatique des plus distingués et un fonctionnaire très-influent dans le monde des let tres, lorsqu'on annonça M. Z..., directeur de théâ tre. Une comédie ne fait pas toujours fuir un directeur; M. Z..., invité écouter la lecture, prit place de la meilleure grâce du monde. Un acte est lu, 011 le trouve charmant du style, de l'esprit, de l'observation, de la hardiesse M. le comte de S... se hâte de commencer le second acte. Il en avait peine lu la moitié que le directeur se lève et dit Mille pardons, messieurs, mais il m'est impossible de rester plus longtemps, on m'attend au théâtre pour une répétition générale... Du reste, ce que j'ai entendu de la pièce de monsieur suffit m'en donner une très-bonne opinion, j'accepte l'oti- vrage, si toutefois l'auteur accepte mon théâtre.» Sur ce, le directeur salue et se relire. La porte venait de se refermer sur luilorsqu'on annonce M. Y..., directeur de théâtre... On l'intro duit et, d'un commun accord, la lecture continue. Lorsqu'elle est terminée, M. Y..., déclare que tout en regrettant de ne pas connaître le premier acte et demi de la comédie dont il a entendu la deuxième partie, il serait enchanté de recevoir l'ouvrage. M.le comte de S... remercie M. Y...comme il a remercié M. Z...mais il objecte qu'il ne peut livrer sa pièce que sous certaines conditions de saison, d'artistes, etc. On discute, on ne tombe pas d'accotd. Bref, il y

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Le Progrès (1841-1914) | 1859 | | pagina 2