M. le baron Peers vient d'enrichir la liste déjà nombreuse de ses publications agricoles, par un almanacb flamand spécialement écrit pour les cultivateurs. A ce propos, M. le ministre de l'intérieur rieot d'adresser cet agronome une lettre des plus flatteuses Nous voyons avec plaisir le gouvernement s'associer aux tentatives progressistes de nos agronomes pour combattre la routine et les doctrines slationnaires. Chronique politique. Cour Irai, un, c'est-à-dire d'une époque où Paris tous les actes se rédigeaient encore en latin. N'est- ce pas là un titre de gloire pour notre pays, autant que d'avoir donné Froissart, Comines et Chaslelain aux lettres françaises? Il semblerait en vérité qu'il y eut cette époque de l'immortelle splendeur des communes, moins de préjugés, de défiance, et d'a veugle entêtement, que dans la cervelle de nos mo dernes agitateurs. Oieu merci, nous ne sommes pas les apôtres de l'esprit français. La France nous a causé bien des maux depuis bien des siècles. Mais il n'a pas été en son pouvoir de nous soustraire l'influence civili satrice de son génie. Le contester, c'est nier le soleil. Aussi, vouloir fonder une Belgique exclusivement flamande, qui soit autre chose qu'une province hollandaise, c'est livrer nos provinces wallones la France,le Luxem bourg la Prusse, et constituer une espèce de Mo naco flamand dont Michiel (Vandervoort) I" serait le souverain, avec MM. Rens et de Corswarem pour ministres. Heureusement nos compatriotes ont en core assez d'esprit et de bon sens pour ne pas sous crire cette fantaisie. Ils savent trop bien au prix de quels sacrifices a été fondée, après dix siècles, l'œuvre sainte de la nationalité belge. Tous ne savent peut-être pas que si nos provinces avaient conclu jadis une alliance entreelles,elles auraient constitué une glorieuse fédération sous le premier Artevelde, et plus tard ne seraient pas tombées anéanties sous le sceptre corrupteur de Philippe-le-Bon.Mais tous, du premier jusqu'au dernier, se rappellent avec orgueil, l'élan généreux des quelques années qui précédèrent i83o, le pétitionneinent organisé dans toutes les provinces, Liège accourant au se cours de Bruxelles, et en 1839, le Luxembourg allemand et le Limbourg hollandais, gémissant sui te cruel destin qui les arrachait la paternelle égide de la liberté belge, qui pourtant ne parlait ni le hollandais ni l'allemand. Si de tels souvenirs ne de vaient pas infailliblement prévaloir contre la prose des neuf commissaires précités, nous briserions notre plume La Belgique serait mûre pour la con quête. Ja auis persuadé, dit le ministre, que la publi cation flamande que vous venez de faire aura des résultats utiles. C'est par des écrits de ce genre qu'on peut amener peu peu les populations des campagnes flamandes, prendre goût la lecture des ouvrages qui traitent de l'agriculture. Aussi ne puis-je que vous engager continuer cette publi cation populaire, en vous remerciant de l'initiative que vous avez prise. On lit ce qui suit dans une élude sur l'état social de la Belgique En Belgique l'industrie proprement dite, ne comprend pas moins de ii4,700 ateliers. L'agriculture se compose de 357,000 exploita- lions ou fermes. Le commerce compte lui seul 80,000 patentés. A ces 114,700 ateliers, iabriques et usines de toute espèce, ces 337,000 exploitations agricoles, ii ces 80,000 négociants, il faut ajouter 335,(36 petits cultivateurs qui ne se livrent l'agriculture qu'ac cessoirement, et 369,140 petits débitants et petits artisans de diverses professions, ce qui nous donne en tout 1,046,196 ateliers et comptoirs, répartis entre les 86 villes et les 3,436 villages du pays. Comme justification de cette situation, nous ajou terons que notre pays est le plus peuplé de la terre, possédant mille habitants de plus par mille carré que la Saxe royale. Dn 27 Janvier au 29 inclus. On lit dans le Moniteur universel Les rapports intimes qui existent depuis long temps entre l'Empereur et le roi Victor-Emmanuel, et les intéiêts réciproques de la France et de la Sar- daigne, avaient engagé lea deux souverains res serrer par une alliance de famille, les liens qui les unissent. Depuis plus d'un an des pourparlers avaient eu lieu dans ce but mais l'âge de la jeune princesse avait fait différer jusqu'ici la fixation de l'époque du mariage. Le général Niel, chargé par l'Empereur de demander officiellement la main de S. A. R. la princesse Marie-Clolilde pour S. A. L le prince Napoléon, a été reçu par le roi de Sardaigne, qui a agréé la demande. Le Roi a annoncé le pro chain mariage de la princesse sa fille une dépn- tation du Sénat et de la Chambre des'députés. Le mariage se fera prochainement Turin. Le Moniteur ditensuite Le journal l'Union n'a pas craint de reproduire les lignes suivantes de l'Indépendance belge On a affirme que le roi Victor-Emmanuel n'a consenti au mariage de la princesse Clotilde qu'à la condi - tion qu'un traité offensif et défeusif fût signé entre la France et la Sardaigne... On ajoute que le traité a a été signé avant-hier Turin. a Nous regrettons d'avoir relever et démentir dans la presse française une pareille assertion, non moins fausse qu'elle est injurieuse la dignité des deux Souverains. L'Empereur doit désii er que ses alliances de famille soient d'accord avec la politique traditionnelle de la France, mais il ne fera jamais dépendre les grands intérêts du pays d'une alliance de famille. VIndépendance ne se croit pas obligée par ce dé menti de rétracter le fait qu'elle a puisé une source digne de confiance. Cela se conçoit aisément. Il y a dans la politique comme dans la vie ordinaire des faits qui par leur nature doivent être démentis et avec d'autant plus d'énergie qu'ils sont plus exacts. Les nouvelles d'Italie sont rares. La Preste an nonce toutefois comme très-grave, que douze offi ciers des uhlans au service de l'Autriche auraient passé la front ière sarde, seraient entrés dans Novare, et là, assis autour d'une table, dans un café, auraient déclaré qu'ils ne voulaient plus retourner sur la terre d'Autriche, et qu'ils désertaient par patrio tisme, étant Gallicietis. On s'est rassemblé autour d'eux avec des vivats et des cris d'enthousiasme. La police est aussitôt intervenue et a mis les officiers galliciens en lieu de sûreté afin de s'assurer s'ils n'étaient pas des espions. Mais une fois que la chuse sera.éelaircie, ils seront relâcliés et prendront pro bablement du service dans l'armée sarde. Il ne serait pas impossible que d'ici quelque temps leur exemple fût suivi. Celte historiette est digne d'aller rejoindre tous les contes bleus que fait depuis quelque temps la correspondance lfavas. La nouvelle de la mort du roi de Naples n'est ni confirmée ni démentie. En l'absence de renseignements de quelque in térêt, on se préoccupera davantage d'un article publié dans le Journal de* Débat*, par M. de Sacy son rédacteur en chef. Celui-ci demande que la question italienne soit soumise un arbitrage, selon la décision du Congrès de Paris qui par son proto cole du 14 avril iâ56 a exprimé le vœu que les Etats avant d'en appeler aux armes eussent recours aux bons offices d'une puissance amie. M. de Sacy a toute confiance dans la diplomatie «Quand il a fallu empêcher l'effusion du sang dans la Grèce, n'est-ce pas elle qui, en dépit des difficultés du temps, est parvenue créer en Orient un royaume chrétien et donner la foi chrétienne et la nationalité grecque un asile dans le présent, uné puissance dans l'avenir Plus lard, la diplomatie a eu affaire de bien plus grandes difficultés et des complications bien plus graves, quand il s'est agi de créer un royaume en Belgique et de défaire ce royaume des Pays-Bas qui semblait une des œuvres capitales des traités de i8i5. La diplomatie a réussi cependant, [.'union do la France et de l'Angleterre a surmonté ou tourné tous les obstacles. Ce qu'a fait la diplomatie européenne nous encourage beaucoup espérer de ce qu'elle peut faire. Nous savons bien qu'en exprimant ainsi la con fiance que nous avons en la diplomatie pour ré soudre les graves difficultés de la situation, nous risquons de nous faire prendre en pitié par quelques journaux qui représentent la politique des fier-à- bras. Nous sa vous bien que ces partisans de la guerre lotit prix sont fort intolérants, qu'ils se croient seuls investis du droit de représenter le patriotisme etlecourage français; que quiconque n'est pas de leur avis est traité de partisan de la coalition de 181 S. Mais nous savons aussi qu'il nous sera tou jours permis de répondre ces odieuses calomnies et de dire que l'honneur de la France nous est aussi cher qu'àqui que ce soit au inonde, plus cher même, et ce mot a quelque force dans notre bouche, plus cher même que la liberté, quand l'honneur exige que la liberté fasse taire ses scrupules devant un plus grand devoir, celui de sauver la patrie. Nous voudrions, nous 11e le cachons pas, que la liberté fût le droit de tous les jours et que l'honneur fût seulement le devoir des jours périlleux et glorieux. Ces jours-là, nous n'hésiterons pas et nous irons aussi loin que personne. Mais nous ne croyons pas, nous le disons humblement, qu'il soit bon qu'on fasse de ces jours de danger et de dévouement le premier Pari* de chaque malin et l'amusement de chaque café. Voilà nos sentiments et voilà aussi ce qui nous fait dire, selon la pensée du Congrès de Paris Avant la guerre la diplomatie Le Siècle avait publié un long article de son di recteur politique, M. Havin, sur la question du mo ment. Le Siècle est un des fier-à-bras dont parle M. de Sacy. Toutefois, il veut bien consentir né gocier avant de partir en guerre. Si l'Autriche, dit-il, ne tenait pas compte des faits, si elle ne se préoccupait ni des dispositions des puissances de l'Europe, ni de l'état de» esprits en Italie, ni enfin des conseils qui lui ont été donnés bien des fois et qui lui sont répétés sans nul doute, que ses destinées s'accomplissent Ce n'est pas l'en voi de nouvelles troupes en Lombardie ou en Vé- nétie qui empêchera un conflit l'Autriche l'aura provoqué par son fol entêtement vouloir perpé tuer sa domination sur un peuple qui n'a ni ses mœurs, ni son langage, et qui possède le droit in contestable de reconquérir sou indépendance et sa liberté. Espérons encore qu'avant de livrer aux chances des combats l'existence même de l'empire d'Au triche, le cabinet de Vienne réfléchira, et qu'un ac cord équitable empêchera l'effusion du sang. M. Havin termine par cette belle phrase Si, contre son désir, la France est entraînée dans une lutte en faveur de l'Italie, l'opinion du monde entier sera avec elle. La nouvelle importante du jour se rapporte au rôle plus ou moins probable de l'Angleterre dans la question italienne. D'après un correspondant de l'Indépendance le cabinet de Londres, d'accord en cela avec la Russie, proposera l'Autriche d'ac corder la Lombardie une sorte d'indépendance administrative, sous la suzeraineté de la cour de Vienne. Cette proposition aurait été faite en i848 par l'Autriche elle-même lord Palmerslon. La malle anglaise est en retard par suite de la violence du vent et la correspondance de Paris n'est pas arrivée. Les journaux ue contiennent d'intéres sant que le démenti, formel cette fois, de la mort du roi de Naples. Il a visité Tarente le 33 et le mariage du prince de Calabre doit avoir lieu aujourd'hui même. Le roi de Prusse e9l attendu dans la capitale des Deux-Siciles. Les journaux français s'occupent encore de l'ar ticle de M. de Sacy. La Presse a prétendu que cet article était une amende honorable, et que le rédac teur en chef des Débats avait voulu en brûlant un cierge sur l'autel de la gloire, condamner l'article trop pacifique et trop anti-français de M. Prévost- Paradul, d'il y a une dixaine de jours. Le Journal des Débat* n'accepte pas les compliments que la Presse lui adresse ce propos et lui répond avec assez d'aigreur La Presse doit savoir que nous faisons le même cas de ses félicitations et de ses éloges que de ses injures et de ses calomnies. La Pairiequi joue si noblement le rôle de M. Prudhomme, lancé dans la haute politique, s'attire! a sans doute une réponse non moins énergique par celte insinuation passablement impudente qu'elle lance au Journal des Débats «Quand le Journal de* Débals a cru un moment la guerre, nous l'avons vu se rapprocher de l'Au triche d'une façon tout fait inattendue et pousser un cri de paix qui manquait peut-être de dignité. Mais aujourd'hui que l'appréhension de la guerre semble s'éloigner, il revient la vérité des faits, et penche sensiblement vers les idées de dignité natio nale et de patriotisme. Il ne nous semble pas que l'appréhension de la guerre s'éloigne beaucoup alors qu'on traite de mauvais citoyens, ceux qui cherchent la conjurer. Quelle confiance veut-on inspirer au pays quand un journal comme la Presseorgane avoué du prince Napoléon, inscrit en tête de sou Bulletin politique, ces mots absurdes et sauvages «Entre un gouvernement libéral et un gouvernement des potique limitrophes, la guerre devient bientôt une nécessité laquelle on ne saurait échapper, a

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Le Progrès (1841-1914) | 1859 | | pagina 2