9
JOURNAL D'TPRES ET DE LARRONDISSEMEiYT.
IV 1,854. 18' Aimée.
Dimanche. 6 Février 1859.
Chronique politique.
LE PMCIËS
Vires acquint euiido.
ABONNEMENTS: Ypre* (franco), par trimestre, 3 francs 50c.Provinces,4francs.
INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne: 50 centimes.
Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé I éditeur, Rue au Beurre. Ou ne reçoit que les Ictères affranchies.
Trass, 5 Février.
Depuis la défaite du parti clérical au dix
Décembre 1857, pas un seul jour ne s'est écoulé
que la presse épiscopale, sous prétexte de con
ciliation el de modération, n'ait tâché de semer
la discorde et la désunion dans le pays. Toutes
les infamies sont excellentes pour conspuer et
abîmer ces affreux libéraux, qui ont eu l'au
dace de devenir majorité. C'est un crime irré-
missibledont on doit les punir par tous les
fléaux possibles.
Nous abandonnons le menu frétin des accu
sations horripilantes lancées contre le ministère
libéral, pour nous en tenir ces inventions
cléricales aussi ignobles quant la forme que
méprisables au fond. Le besoin se faisait sentir de
dénicher une victime qui se trouve torturée
au dire des feuilles cléricales, el ces martyres
sont trouvées. Ce sont les saintes fabricantes
de dentelles sous prétexte de religionqui
seront soumises toutes les violences, toutes
les extrémités, parce qu'elles ne veulent pas
payer un droit de patente, auquel sont soumis
tous les industriels. Ces saintes filles prétendent
l'esquiver par une de ces fraudes pieuses, dont
le parti clérical a de tout temps possédé le
secret.
La déclamation cléricale chauffe les esprits
el excite le mécontentement l'aide de cet en
gin, et sans tenir compte de la justice des
exigences du gouvernement, les affidés du clé
ricalisme crient lue-lèle et par ordre, contre
le droit de patente, qui n'est équitable que pour
autant que la loi s'applique tous.
En outre, l'administration n'exige la patente
que des écoles dont la directrice fait le com
merce et traite soit avec des fabricants, soit
avec des marchands, sans rendre compte aux
ouvrières du produit de leur travail, déduction
faite d'une légère redevance pour frais d'éco-
lage. En un mot, le droit'de patente ne s'ap
plique qu'aux écoles-manufactures qui n ont
aucun caractère public et qui sont de véritables
ateliers privés, où souvent une concurrence ef
frénée s'organise contre l'ouvrière libre, par
suite de l'absence de tout contrôle dans la ré
partition du produit du travail des élèves.
m i
Un fait qui prouve l'état de dépendance des jour
naux cléricaux, c'est leur manque d'attachement et
le peu de respect qu'ils ont pour leur profession et
pour la presse en général. Rien ne rend hargneux
et méchant comme la servitude les esclaves sont
plus cruels que l'homme libre.
Qui demande qu'on impose de salutaires en
traves la presse Un journal clérical qui vou
drait voir rogner les libertés de confrères plus
indépendants que lui.
Qui sollicitait le iétablissement du timbre des
journaux? La presse cléricale, parla raison toute
simple qu'elle voulait imposer aux journaux libres,
un impôt dont les éditeurs des ieuilles episcopales
n'ont jamais connu le poids, puisqu'il était supporté
par la caisse des bonnes oeuvres.
Quels sont, en un mot, les écrivains qui, comme
des enfants dénaturés, insultent leur mère, deman
dent qu'on la frappe, qu'on la lie, qu'on l'em
prisonne dans d'étroites murailles? Toujours les
écrivains cléricaux et Dieu sait cependant l'usage
qu'il# font de «elle liberté qu'ils décrient tout en
abusant, eomme s'il* voulaient, par les excès de
plume auxquels ils se livrent, démontrer la néces
sité des mesures liberticides qu'ils réclament.
11 y a plus quand un pubiicisle sortant de cette
école encyclopédique où se sont formés les plus
grands hommes d'Etal, est élevé des fonctions
gouvernementales, la presse cléricale n'a pas assez
de boue, assez d'injures lui jeter. Toujours elle
l'accuse d'avoir acheté cette faveur par l'abandon de
ses principes, par une apostasie. Peut-être y a-t-il
un peu de jalousie dans ces attaques, car il y a peu
d'exemples que la presse cléricale ait fourni des
hommes d'Etal la Belgique, même sous la longue
période de l'administration cléricale. Ce qui prouve
que les écrivains cléricaux ne sont, pour la plupart,
que des instruments gages, qui se vengent de leur
servitude contre ceux que leur talent, leurs connais
sances spéciales élèvent, par la presse indépendante,
aux plus hautes fonctions de l'État.
Nous nous abslenous, pour un moment, de re
parler de l'adoption du système uniforme de la taxe
des lettres io c. pour l'intérieur, sans égard
la dislance mais nous rappelons a M. le ministre
des travaux publics que l'opinion publique, que le
commerce réclament beaucoup d'améliorations de
dcitiil <jui ne pcuiuin èn c, v buauc Juail*-Cj wuui-
battues par l'administration.
Nous citerons notamment la disposition qui, en
cas de timbre insuffisant, adjuge l'administration,
titre de profil, d'abord tous les timbres apposés, et
lui concède en outre le droit d'ajouter, comme
amende, dix centimes en sus de la taxe ordinaire.
On pourrait mentionner, pour faire comprendre
l'injustice de ce système, certains cas où l'expédi
teur de la lettre a commencé par mettre sur sa
lettre jusqu'à fr. i-8o ou 2 fr. de timbres, quelque
fois plus; l'intention très-sérieuse d'affranchir est
donc manifeste; mais qu'une erreur se glisse dans
la pesée de la lettre, qu'il manque pour arriver, au
poids rigoureux 20 c., ou même moins, pour celle
laute, la somme dépensée est perdue tout entière,
el le destinataire subit une dépense dont il est in
nocent et dont il aurait dû être affranchi.
Comment, en dépit de toutes les réclamations,
l'administration laisse—l-elle subsister cet abus in
justifiable
En Angleterre, l'administration est plus logique
en déclarant qu'à partir du 10 courant les lettres
pour l'intérieur de l'Angleterre, qui seront déposées
la poste sans l'affranchissement, seront renvoyées
il ceux qui les auraient écrites. Echo
L'Association libérale constitutionnelle de Gand
a'est réunie le ir c1, l'effet de choisir un candidat
pour l'élection du 8 février prochain. Quoique cette
fois-ci, la réunion de l'assemblée ne fût qu'une for
malité, et que la réélection de l'honorable M. Van-
derslichelen était certaine, un nombre considérable
de membres l'étaient rendus l'appel du comité.
M. Jules Vanuerstichelen, ministre des tra
vaux publics, a été proclamé candidat de VAsso-
ciation.
Tout fait croire que le parti clérical n'engagera
pas de lutte le 8 février prochain.
Du 3 Février au 5 Inclus.
Les préparatifs belliqueux se poursuivent tou
jours en Fiance, mais il a été défeudu aux journaux
d'en parler. D'après le correspondant on attribue
l'Empereur lui-même l'article du Constitutionnel
dans lequel se trouvait l'exposé des forces militaires
de la France. D'après les journaux anglais, l'Em
pereur «'est vivement plaint la diplomatie de l'hos
tilité des feuilles allemande*. Il lui a été répondu
que la haine de la guerre inspirait tous les esprits
eu Allemagne uùe exaltation trop facile expliquer.
Indépendance va jusqu'à affirmer que d'après
un bruit généralement répandu M. Hiibner deman
derait ses passeports, si d'ici la fin du mois cer
taines éventualités venaient se réaliser.
Il est bien vrai, comme nous l'avons annoncé
d'après le Timet, que le cabinet de Londres a fait
remettre la cour de Turin une note très-sévère
pour la prier de renoncer son altitude provoquante
vis-à-vis de l'Autriche. UOpinione qui est le jour
nal de M. de Cavour, confirme l'existence de cette
note et ajoute que le ministre des affaires étrangères
de Piémont, a répondu en faisant observer combien
l'étal actuel de l'Italie est menaçant de troubles;
qu'il est le premier les déplorer, mais que, dans
les événements qui se préparent le Piémont ne
peut suivre que la politique qu'il a proclamée, po
litique de principes et non de circonstances.
Une réponse aussi rive de la part d'un petit État
une grande puissance, est de nature faire croire
des desseins fermement arrêtés d'avance, et dont la
réalisation ne se fera pas attendre.
Le Nord nous apprend que la division active du
lX 1.-ri--"- -1' A l.âri. vuAVl» Air. ,1 i
rigée immédiatement sur l'armée de Lyon.
Le journal officiel de Vienne annonce que l'ex
portation des chevaux vient d'être complètement
interdite par plusieurs frontières de l'empire, et
nommément par la frontière du Sud. L'exportation
par d'autres frontières est soumise des autorisa
tions spéciales.
On écrit de Londres que le gouvernement autri
chien a contracté avec la maison Rothschild, nn
emprunt de 1 5o millions de francs portant intérêt
5 p c. L'emprunt a été fait au taux de 80.
Par suite de tous ces symptômes, les Bourses sont
aujourd'hui plus faibles que jamais.
La Gazelle de Vienne contient ce qui suit Le
journal français la Presse s'est fait écrire de Turin
que 12 officiers autrichiens de hulans ont passé la
lrontière Novare en déclarant qu'ils désertaient
par patriotisme, comme Galliciens. Noua ne nous
abaisserons pas réfuter l'ineptie révolutionnaire
avec laquelle la Presse se moque du bon sens de son
public, mais il nous semble que Novare n'était pas
bien choisi comme théâtre de la désertion de i3
officiers autrichiens. La Gazette officielle de Ve
nise annonce que les cours de l'Université impériale
de Padoue vont être repris.
Malgré les démentis qui lui viennent de toutes
parts et qu'elle n'enregistre pas la Presse continue
publier tous les matins un bulletin foudroyant
des progrès de l'enthousiasme italien dans les Etats
Lombards. Voici ce qu'elle nous dit aujourd'hui
Au milieu de ces inspirations généreuses, que
fait César Cantu le célèbre historien qui, après
avoir défendu la cause de l'Italie, s'est épris d'un bel
amour pour le gouvernement oppresseur? Il col
porte, assure-t-on, Milan et aux environs, une
liste destinée obtenir des adhésions pour l'archi
duc.
Entre le patriotisme de Cantu et de la Presse, on
ne sera pas long se prononcer.
Le fait est que la crainte d'une seconde édition du
premier Empire confond partout les peuples dans
une même pensée. Les États de l'Allemagne se sont
hâtés de s'entendre sur la question de la navigation
du Danube. En Angleterre la haine de l'Autriche
est oubliée, et l'on s'y lerait volontiers le champion
du Pape. En Italie même on n'est plus patriote
qu'avec une sorte de terreur. Partout on se rappelle
le mot de# Troyens Titneo Danaos.