Chronique politique.
qui s'en sont occupés se sont heurtés contre cet obstacle,
c'est que jadis le pays était divisé en États indépendants,
possédant des villes importantes, quiformaiept pour
ainsi dire de petites républiques, ayant chacune ses lois,
ses kcuren, ses constitutions particulières.
Mais n'insistons pas davantage sur ces considérations
et revenons avec l'orateur au jugement tfe M. De Du
rante, dont il prouve l'exactitude par un épisode pris
dans l'histoire des Flandres, l'époque de Louis de
Maie (1359 l36l)^Pendant ces deux années la ville
d'Ypres leva le drapéau tic la révolte contre son seigneur
naturel cependant aucun chroniqucur-n'en a fait men
tion, bien que cet épisode de notre histoire présente
un haut intérêt dramatique. Le mécontentement des
communes flamandes, fut proroqué par les Gançailles
de la jeune Marguerite de Malc, avec Philippe de Rou-
vere, duc de Bourgogne et les tisserands d'Ypres formè
rent un complot ayant pour but de s'emparer de la
personne du comte, et de massacrer son bailli ainsi que
tous les magistrats de la ville d'Ypres, avec leurs en
fants mâles, au-dessus de six ans. Louis de Maie arrive
Ypres accompagné de la jeune duchesse la révolte
éclate, on entoure le cointe, qui se voit forcé d'accéder
toutes les deniandes des tisserands mais ne se croyant
pas en sûreté, il fait partir secrètement la duchesse, et
lui-mëine se sauve au milieu de la nuit. Les insurgés
étant maîtres de la place, s'emparent des magistrats,
leur extorquent des sommes considérables, les mettent
en prison, pour les en arracher plus tard et les couper en
morceaux au milieu du marché.
Le calme renaît pendant quelques mois, mais bientôt
il fait place de nouvelles fureurs, de nouveaux mas
sacres on s'empare du bailli du comte, on le met la
torture, on le traîne A la tour du Beffroi ce malheureux
est précipité par la fenêtre et son corps est reçu sur la
pointe des hallebardes; un échevin est coupé en mor
ceaux et plusieurs personnes notables tout décapitées ou
massacrées.
L'armée de Louis de Maie, investit la ville; mais les
révollés se défendent avec énergie et massacrent sur les
remparts la vue des gens d'armes du comte, plusieurs
de ses partisans. Mais la lutte était trop inégale, la cite
rebelle finit par être prise.
Aucun chroniqueur ne fait mention de cc drame épou
vantable et le motif de ce silence est cette confusion dont
M. de Barante se plaint avec raison; les particularités des
faits que nous venons esquisser sont confondues chez tous
les chroniqueurs, avec des événements antérieurs et pos
térieurs; chez Meyer même généralement si exact et si
bien renseigné, il y a confusion complète. Aux années
1359 1361il ne dit rien, mais il rapporte 1364 le
meurtre du bnillli d'Ypres et ajoute qu'à la suite de ce
meurtre, Louis de Maie fit exécuter quinze cents tisse
rands. Meyer confond ici les noms, les événements, les
dates, et avance un fait entièrement controuvé, celui du
massacre de quinze cents tisserands, car les instructions
ou informations, les actes d'accusations et les registres
de condamnation de l'époque, prouvent l'évidence qu'il
n'y a eu en tout que six condamnations mort et quinze
bannissements perpétuité et cc par loi et justice de la
ville.
Cet exemple suffira, croyons-nous, pour justifier le
jugement de M. de Barante, et prouvera qu'en général il
faut se méfier considérablement des récils des anciens
chroniqueurs, quand ils ne sont point corroborés par des
documents contemporains.
Est-ce dire cependant, qu'en s'appliquant disculper
Louis de Maie de l'assassinat des quinze cents drapiers
Yprois, M. Diegerick veuille justifier sa conduite Certes
non, car l'orateur sait que son règne a été un des plus
désaslreux dont les annales des Flandres fassent men
tion. II a terminé sa conférence en présentantune esquisse
du règne de Louis de Maie, des mœurs de son époque
et des siennes propres, de son caractère et de sa mort,
qui coïncide peu près avec la ruine dc9 libertés coin- nelle union que proposait la France dès les con-
munalcs, consommée par la chute du second Vau Ar- lérttnces de Vienne, l'union sous un priuceétranger,
tevelde, au champ sanglant de Koosebckc. l'union décrétée tsi proclamée par toute l'Europe.
Tel est le résumé rapide de la conférence de M. g; |B Divan valaque avait volé celle uuion, s'il avait
Diegerick. Si incomplet qu'il soit, il suffira, croyons-
nous, pour donner une idée du succès obtenu parce sa
vant archiviste.
Chemins de fer de ln Flandre occidentale.
RECETTES DU MOIS DE DÉCEMBRE.
Voyageurs
Bagages
Marchandises, eto
Total.
Recettes du t' Janvier
au SI Décembre.
1858.
37,810 72
665 67
45,442 82
1857.
32,830 31
625 19
30,892 64
1856.
32,501 38
611 30
37,752 93
83,919 21 64,548 14 70,865 61
1,069,680 32 995,667 53 928,658 93
mettre chez Rocçoni, qui était absent cc matin... Cette
botte que vous m'avez montrée? cette parure en mala
chites, dont j'ai admiré le travail?... Lorsque nous
étions assis au bord du Tibre, reprit-elle tout émue.
C'est là que je l'aurai laissée! Ètes-vous sûre?...
Cherchons encore. Rappelez-vous le chemin que vous
avez suivi; 1rs boutiques des joailliers où vous êtes allée,
avant de venir ici... Celte parure, combien vaut-elle?
Deux cents piastres, répondit Seïla dans le plus grand
trouble. Je me souviens d'avoir posé la boite qui la ren
fermait sur cet amas de briques où étaient vos crayons...
C'en est fait, elle est perduele premier passant l'aura
prise, et je ne la reverrai plus... Quel malheur! Je trem
ble l'idée de rentrer chez mon père!... Je n'ai pas
deux cents piastres!... dit vivement Robert qui compre
nait les graves conséquences de cet accident et qui était
pénétré de la consternation peinte sur les traits de la
jeune fille. 'Eh! quand nous les aurions! répliqua
Seïla qui ne voyait aucun remède la perte de ces bi
joux. Je les aurai s'écria le peintre en s'élançsnt vers
son chevalet ce tableau... Mais je ne purs le vendre en
cet étal... J'ai encore un espoir... la boite se retrouvera
peut-être... 11 faudrait donc quo personne n'eut passé
par là depuis ce matin? Ce n'est pas une route fré
quentée... Et puis, cette boite est si petite J'y cours et
je rrviens... C'est inutile d'ailleurs il y a trop loin,
et rentra- il se fait tard... Attendez-moi, chère Seïla,
Irai quïlbsez-vous je ne fais qu'un bond jusque-là, et je
Du 94 Février au 96 Inclus.
Dans la dernière séance du Corps-Législatif, M.
E. Picard, député de Paria, a exprimé le vœu que le
gouvernement publie la liste des personnes aux
quelles a été faite jusqu'ici l'application des mesures
de sûreté générale.
La Chambre des lords s'occupera ce soir de la
question des îles Ioniennes et (le la stérile mission
de .VI. Gladstone Corfou.
Le Bombay-Times du a5 janvier confirme la nou
velle de la pacification du royaume d'Oude. Cette
province et le Rohilcund sont rouverts aux Euro
péens.
Le général en chef de l'armée anglaise a demandé
au Népaul l'autorisation de poursuivre les rebelles.
Le général comptait retourner en Angleterre au
mois de février.
Une erreur d'impression nous a fait dire l'autre
jour que le gouvernement français allait présenter
aux Chambres une loi sur le mariage civil. C'était
le gouvernement prussien qu'il fallait lire, Nous
avons dit que ce mariage serait facultatif. Le terme
était peut-être impropre. 11 faut le comprendre en
ce sens que chacun aura le droit de se passer s'il lui
convient, du mariage religieux.
M. Saint-Marc Girardin, l'un des plus vaillants
champions de la cause moido-valaque, publie dans
les Débats un article fort habile, eu vue de dé
montrer que la double élection de M. Couza, qui
entraîne avec elle l'union comme résultat inévi
table, n'est pas contraire la convention du 19 août
18S8.
L'émînerit écrivain est d'avis qu'il s'agit d'un cas
tout-à-fail imprévu. La convention, dit-il, ne
prévoyait pas que les deux principautés s'avise
raient de nommer le même hospodar; et nous nous
félicitons que personne dans la conférence ne L'ait
prévu; car 011 n'aurait pas manqué de l'interdire
aux Moldo- Valaques. Alors ils auraient été forcés
de désobéir d'une manière formelle la Conférence
ou de résister au vœu national, tandis qu'aujour
d'hui, en faisant leur double élection, ils n'ont fait
que profiter du silence de la convention. Ils ont été
fidèles la conscience nationale sans être rebelles
la lettre de leur Charte diplomatique.
Il y avait, ajoule-l-il, plus loin, une union
contraire la convention, c'est la grande et solen-
vous rapporte tout l'heure vos malachites ou les deux
cents piastres! Non* mon ami, n'y allez pas! je ne
puis attendre Je vais toujours retourner la maison et...
Je ne me pardonnerais jamais si vous aviez souffrir
un mauvais traitement cause de moi Dépêchez-
vous alors... Sur les briques, droite, une boite de car
ton bleu... Ne cherchez point autre part si vous ne la
voyez pas, c'est qu'on l'aura emportée... Mon Dieu si on
ne la trouvait plus! Et Richard qui est absent!... A
qui emprunter deux cents piastres!... Fragonard n'est
pas même là pour me donner un avis Seïla ne vous
tourmentez pas surtout, et fiez-vous moi
La jeune fille, qui ces paroles consolantes et amicales
ne rendaient ni l'espoir ni la confiance, était trop troublée
pour réfléchir la longueur du chemin que le peintre
entreprenait de faire et pour calculer le temps qui
s'écoulerait avant qu'il fut de retour. Elle y songea seu
lement lorsqu'il l'eut quittée et qu'elle se vil seule et
prisonnière. Le fracas de la porte que Robert avait fer
mée en dehors retentit comme une plainte dans l'âme de
Seïla et y imprima uno sorte de terreur. Elle attendit un
quart-d'heure la même place, sans faire un mouvement,
écoulant les rumeurs lointaines de la ville et interrogeant
avec anxiété le moindre bruit qui semblait se rapprocher.
Son impatience l'empêchait d'apprécier le temps et la
distance chaque minute, elle croyait que la porte allait
s'ouvrir et que Robert lui rapportait en triomphe la boite
qu'elle avait si malheureusement perdue. Une heure,
en même temps nommé quelque prince étranger,
oli alors la Porte-Ottomane aurait lieu de se plain
dre et de réclamer. Mail cô'é de l'union qu'a rejetée
la convention de i858, il y a dans cette convention
même une union qu'elle a voulue, l'union des lois,
de la justice, de la force militaire, du drapeau, ce
que la circulaire de M. lercomte Walewski appelait
l'union des cIiosps. C'est cette uniou que les Va-
laques ont ajouté par l'élection du colonel Couza un
trait de plus, un Irait qui vivifie tous les autres et
leur donne de la réalité.
Ce trait n'a rien de contraire la convention.
C'est un des actes de l'autonomie que tous les
traités reconnaissent aux principautés.
Si celte opinion pouvait prévaloir dans la confé
rence, il n'y aurait qu'à s'en réjouir. Mais nous
craignons que dans ce violent amour des cabinets
de Paris et de Saint-Pétersbourg pour l'indépen
dance inoldo-valaque il n'y ail une bonne dose d'a-
niinosité contre l'Autriche et l'Angleterre.
Une dé pêche télégra pli iquean nonce une baisse con
sidérable la Bourse de Vienne. Celle de Bruxelles
a été encore très-mauvaise hier après-midi.
Nous avons parlé des manifestations qui ont eu
lieu dans quelques États de l'Allemagne pour pro
hiber l'exportation des chevaux. L'une des plus
vives s'est produite le 17, au sein de la première
chambre de Hanovre. M. d'Alten-Hemingen, pro
moteur de cette mesure de salut public, voulait
déterminer le cabinet agir auprès de la Diète
germanique.
La Fia nce, d'après lui, n'a qu'un mobile pour
faire la gue|re elle veut le Rhin; il lui faut le
Rhin tout prix. Qu'elle se batte sur le Pô ou
dans la Crimée, c'est le Rhin qui forme toujoura
l'objet de ses désirs.
On annonce la publication d'une nouvelle bro
chure de M. de la Guerronière, intitulée La Foi
des Traités.
Les membres de la Chambre sarde qui ont voté
contre l'emprnnt, viennent de publier une protes
tation, signée de 35 noms, en vue deprotester contre
la qualification qu'on leur a donnée, de partisans de
l'étranger.
Le budget de l'armée britannique, pour l'année
i8Sg-i8t>o, vient d'être publié. L'ensemble de» dé
penses proposées atteint le chiffre de 28j,2o 1,5oo
francs, qui ne diffère guère de celui de l'année
dernière. 11 est pourtant en réalité plus élevé, par-
suite de certaines diminutions sur des services réor
ganisés, et en particulier sur le chapitre des vête
ments, qui se trouve réduit de 7,a5o,ooo fr.,
cause des dilapidations scandaleuses qu'on a enfin
découvertes. L'armée comprendra un effectif de
220,000 hommes pour l'intérieur et les colonies,
l'exclusion de l'Inde.
La discussion relative aux îles Ioniennes n'a pas
eu lieu la Chambre des lords. Ou attendra pour
s'y livrer le retour de M. Gladstone qui est attendu
pour lundi ou mardi.
Le Journal des Débats publie un spirituel article
de M. Johu Lemoinne; au sujet de l'Espagne, qui
reçoit en ce moment des protestations des habitants
de Cuba, contre l'idée de vendre cette île aux Etals-
une heure éternelle se passa ainsi dans ces angoisses re
doublées, et quand elle s'avança machinalement petits
pas vers une croisée qui avait vue sur l'immense pano
rama de Rome, elle remarqua que le soleil descendait
derrière le dôme de Saint-Pierre, et elle entendit sonner
vêpres aux trois cents églises de la ville pontificale.
Je devrais être rentrée depuis plusieurs heures se
dit-elle avec un profond découragement, en se laissant
tomber sur un siège vis-à-vis du paysage représentant
le Tibre aux environs de Ponte-Molle, largement esquissé
et chaudement coloré le malin même sous ses yeux.
Comme je payerai cher ces trop courts instants de bon
heur I Mon père!... Oserai-je reparaître devant lui
Ah! si Hubert pouvait retrouver ces fatales malachites
s'il revenait du inoins me délivrer!... J'entends... C'est
lui
Mais le bruit qu'elle entendait ne se faisait pas du côté
de la rue; il arrivait elle du fond du jardin c'élait des
feuilles qu'on remuait, des branches d'arbre qu'on bri
sait puis, la chute d'un corps pesant qui ébranla le sol
en tombant, puis un éclat de rire. Seïla, effrayée, se leva
pour s'enfuir. Des pas hâtés se dirigeaient vers la mai
son elle entrevit un homme travers le feuillage d'une
charmille, un homme qui accourait, qui paraissait venir
elle. Ce n'était pas Hubert Robert! Elle passa rapide
ment dans une chambre voisine et se blotit toute trem
blante daus l'angle le plus obscur d'un arrière-cabinet.
(La suite au prochain h'.)