Théâtre d'Ypres.
drssus de la condition la plus intime de la société. En
voyant cette situation déplorable, vous avez juré, Mon
sieur Vandenpeerebooin, d'y apporter un remède prompt
et efficace. Avec une ardeur, un zèl* et un dévouement
toute épreuve, ne vous rebutant devant aucun obstacle,
vous vous êtes mis organiser l'École communale gra
tuite telle qu'elle existe actuellement.Cette institution
qui est bien votre œuvre, a rendu d'immenses services
aux classes populaires de notre ville. Nous avons vu
graduellement les enfants de ces classes déshéritées, en
acquérant de l'instruction, guidés d'ailleurs par des maî
tres intelligents et stimulés par les encouragements des
autorités communales, acquérir plus de tenue, commencer
comprendre les devoirs que la société réclame de ses
membres, avoir la conscience de la dignité humaine et se
soucier enfin de leur avenir. En un mot, l'œuvre de mo-
alisation était commencée; elle a grandi depuis lors, et
maintenant tous les ans nous voyons sortir de l'école
gratuite des jeunes gens qui deviennent des artisans
habiles et estimes. Un grand nombre déjà ont commencé
une honorable carrière dans l'armée, dans les arts, dans
les bureaux du commerce et de l'industrie ainsi que dans
ceux des diverses administrations publiques.
Oui, Monsieur Vandenpeereboom, tout ceci est votre
œuvre. C'est un des plus grands, des plus solides titres
que vous avez la reconnaissance publique. Ccst la base
fondamentale de l'amour que vous avez inspiré aux
classes laborieuses de notre cité. C'est l'origine de la
grande et bien honorable popularité dont vous jouissez
auprès de ces classes si dignes d'intérêt. C'est l'origine
aussi de la gratitude que vous portent tous les hommes
d'intelligence et de cœur.
Après l'organisation de l'instruction primaire est venue
la réorganisation de l'instruction moyenne. C'est encore
juste litre que vous pouvez revendiquer l'honneur
d'avoir attaché votre nom cette nouvelle organisation.
Sous votre présidence et grâce votre concours actif et
dévoué, le bureau administratif ai exercé une direction
salutaire sur notre établissement d'instruction moyenne,
qui est organisé l'instar des athénées royaux, et qui est
le seul de ce genre qui existe dans nos Flandres.
Après l'instruction publique si heureusement réorga
nisée et portant déjà des fruits précieux je crois devoir
rappeler dans cette enceinte, les démarches actives, in
cessantes que vous avez faites pour arriver la restau
ration du monument communal le pius grandiose qui
existe dans le pays et dont l'architecture gothique pure
et sévère, fait l'admiration de tous les étrangers, monu
ment qui constate la grandeur et la prospérité de l'an
tique et glorieuse commune d'Ypres; et que la forte,
puissante et vigoureuse bourgeoisie du moyen-âge a érigé
pour témoigner de son émancipation et de son indé
pendance.
Mais là ne s'est pas borné votre sollicitude pour la con
servation et la restauration de nos glorieux monuments.
A côté de Fantique beffroi, symbole des libertés com
munales, s'élève la majestueuse basilique, symbole de
l'ardente foi de nos pères. Depuis un demi siècle la main
du maçon s'était Substituée celle de l'artiste dans les
travaux de restauration qui y avaient été faits. Dans la
plupart de ses parties, cette construction la fois sévère,
élégante et gracieuse, avait reçu des réparations qui en
avaient complètement altéré le caractère primitif. C'est
également dans les premières années de voire entrée au
collège échevinal qu'il a été poussé avec activité la
restauration de notre antique cathédrale et pour cette
restauration comme pour la précédente votre concours
actif, zélé a puissamment contribué l'avancement des
travaux. Déjà nous voyons une des principales parties de
l'antique cathédrale du chapitre d'Ypres rétablie dans
toute sa splendeur d'autrefois.
Maintenant citerais-je encore la réorganisation du
corps des Sapeurs-Pompiers, qui sous votre habile et
paternelle direction est devenu un corps d'élite, «l'un
dévouement toute épreuve et qui dans toutes circon
stances rend d'incontestables services la ville d'Ypres.
Parlcrais-je ensuite de l'Atclicr-modèle, créé et orga
nisé sous vos auspices?
M'arriterais-je enfin ces mille et mille améliorations
apportées dans tous les services de l'administration com
munale
Mais non il est temps d'en finir l'énumération de
toutes les mesures utiles dues votre initiative, de tous
les progrès réalisés sous votre influence, m'amènerait
trop loin.
Ce qui me reste faire, Monsieur Vandenpeereboom,
c'est de vous exprimer ici toute la gratitude de vos con
citoyens pour les services éminents que vous avez déjà
rendus votre ville natale, et pour le dévouement avec
lequel vous voulee bien vous consacrer de nouveau,
comme premier magistrat, aux intérêts et la prospérité
de la ville d'Ypres.
Asseyez-vous donc avec une noble assurance sur ce
siège de la première magistrature communale, illustrée
dans les temps anciens par les Van I.oo, les Belle, les
Van Dixinudc, les Psclding et d'autres, qui ont marqué
leur passage par des institutions utiles et durables qui
leur survivent depuis des siècles, siège occupé dans des
temps plus récents par des magistrats non moins méri
tants, qui ont également laissé des traces glorieuses de
leur passAgc aux affaires et dont la mémoire est juste
ment vénérée par tous les Yprois.
En terminant je vous prie, Monsieur Vandenpeereboom,
d'agréer les félicitations bien sincères et bien oordiales
du Conseil communal, qui est heureux et fier de vous
avoir pour son président.
Après ce discours qui a été vivement ac
clamé, II. Boedt a porté la parole au nom du
Conseil et a prononcé l'allocution que nous re
produisons
Moniteur le Bourgmestre,
La Conseil communal, que j'ai l'honneur de re
présenter comme étant le plu* ancien de ses mem
bres, se joint avec amour aux paroles si chaleu
reuses, si sympathiques et si vivaces que vient de
vous adresser notre estimable échevin, M. Beke.
Fidèle votre devise Rien pour moi et tout pour
lté autre*, vous avez compris, cœur noble et géné
reux, qu'il fallait encore vous dévouer vos conci
toyens, et dès-lors vous n'avez point hésité de faire
le sacrifice de vos propres intérêts, pour accepter
l'honorable mais épineuse fonction de chef de notre
antique cité, laquelle vous avez déjà rendu tant et
de si éminents services.
Recevez donc ici, digne magistrat, l'expression
sincère de notre gratitude et croyez que de notre
côté, nous nous estimerons heureux de prêter un
franc et loyal concours tous vos efforts qui, nous
en avons la conviction intime, tendront sans cesse
la prospérité de la commune ainsi qu'aux intérêts
généraux de vos administrés.
Après s'être recueilli, M. Vaudenpeereboom,
le nouveau Bourgmestre, a répondu en ces
termes
(Nous donnerons, s?il est possible, ce discours.)
La réponse de M. Vandenpeereboom a pro
duit beaucoup d'effet et un tonnerre d'applau
dissements a prouvé l'orateur, qu'il a su
exciter l'enthousiasme et faire vibrer la fibre
civique de toutes les classes de la population.
Après que les applaudissements et les cris de
joie eurent cessé, M. le doyen Welvaert, au nom
du clergé d'Ypres, a présenté ses félicitations
au nouveau Bourgmestre. Il a été suivi par M.
Mulle, président du Conseil de fabrique de la
collégiale de S' Martin, qui, comme organe des
conseils de fabrique de la ville, a adressé une
allocution M.^Alphonse Vandenpeereboom
pour le féliciter de sa nomination et lui de
mander sa beinveillance pour les travaux de
restauration des édifices religieux.
La séance a été ensuite déclarée levée et la
foule qui remplissait les Halles, s'est écoulée
lentement en proie une vive émotion.
Nous avons dit que M. Vandeupeereboom
est arrivé Ypres par un train spécial. En effet,
l'administration supérieure du chemin de fer
de la Flandre occidentale a eu la gracieuseté
d'en mettre un la disposition de M. Vanden
peereboom, qui a pu partir ainsi de Bruges
dix heures.
Un banquet de ceut couverts avait été dressé
l'hôtel—de—ville, dans la salle dite Bleue, et
quoique grande, elle était trop restreinte pour
le nombre de convives. C'est l'hôte de la Tète
d'or qui avait été chargé des préparatifs de ce
festin. Bien que le temps qui lui ait été accordé
ne fut pas long, il s'est acquitté de sa lâche
avec beaucoup de succès.
A deux heures et demie les convives se sont
assis. Nous donnons ici le menu, comme preu
ve de ce que nous disions plus haut, que le ban
quet, bien que de proportions anomales, avait
été très-bien servi:
Huîtres, potage au tapioca, turbot, sauce hollan
daise, filet de bœuf sauté auxehampignons, côtelet
tes de mouton purée aux marrons, pieds de cochon
truffés, poulardes la Périgueux, saumon fiais,
sauce aux câpres, petits pois la française, fèves de
marais, poulardes truffées, galantine truffée, terrine
de foie gras, buisson de homards, bavaroise au
kirsch, pouding l'anglaise, pièces montées, fruits,
dessert, glaces, etc. Les vins étaient de bonne qualité
et bien choisis.
Enfin, on doit remercier M. Thiebault d'a
voir su bien organiser le service, car le banquet
a marché rondement.
Ou a eu le plaisir d'entendre la musique du
II8 régiment de ligne qui a exécuté de magni
fiques morceaux et plusieurs chœurs ont été
admirablement enlevés par MM. les sous-
officiers du même régiment.
Différents toast ont été portés, le premier par
M. l'échevin Beke, au Rot a été accueilli avec
le plus vif enthousiasme et par les applaudis
sements les plus chaleureux. M. Ch. Vande
Brouke, le premier conseiller en rang, dans
une allocution très-bien sentie, a proposé en
suite le toast M. Vandenpeereboom; ce toast
a emporté toute l'assemblée et a été acclamé
différentes reprises. M. Vandenpeereboom vi
vement ému, s'est levé son tour pour ré
pondre au toast porté en son honneur. Les
paroles de l'honorable orateur partaient du
cœur et ont vivement ému tous les assistants;
bien de larmes de joie ont mouillé les pau
pières en ce moment.
Le silence de nouveau rétabli, M. l'échevin
Beke s'est levé de nouveau et a proposé de
boire la santé de M. Vrambout, gouverneur
ad intérim de la province.
Les paroles de M. l'échevin ont rencontré
dans l'assemblée beaueoup de sympathie et le
toast M. le gouverneur a été vivement ap
plaudi. Le chef intérimaire de la province a
chaleureusement remercié l'assemblée et a ré
pondu par un toast la ville d'Ypres.
M. Merghelynck, conseiller communal, a en
suite proposé un toast de remercîment et de
gratitude MM. Loos. Manilius, Ernest Van
denpeereboom et De Breyne pour avoir bien
voulu répondre l'appel «lu Conseil communal
et assister une fête offerte un ami et un
coréligionnaire politique M. Loos, au nom de
ses collègues, a répondu qu'ils ont été heureux
de pouvoir donner ce témoignage d'eslime
leur collègue et amï'M. Alphonse Vandenpee
reboom quinon-seulement est aimé et chéri
de sa ville nalale mais encore apprécié et es
timé de ses collègues la Chambre.
Eofin, M. le Gouveroeur ad intérim a porté
un toast au Conseil communal de la ville
d'Ypres, qui s'est toujours distingué par son li
béralisme et son dévouement aux améliorations
morales et matérielles sagement progressives.
Les nombreux convives ont été ensuite dans
un autre salon de l'Hôtel-de-ville prendre le
café. Il pouvait être sept heures du soir, quand
le banquet a été terminé.
Une illumination générale a eu lieu le même
soir. Un temps propice a constamment favorisé
la fête et a permis au crépuscule de donner
la ville un aspect féerique. Une quantité innom
brable de verres de couleur rendaient les rues
éclairées comme eu plein jour.
Une sérénade a été donnée M. Vandenpee
reboom, par la musique des Sapeurs-Pompier», vers
huit heures, et p»r la musique du 11" de ligne, vers
neuf heures du soir. Elle a duré jusques ver» dix
heures et demie.
Hier, vendredi, c'était au tour de la musique de
l'École communale de donner une sérénade au nou
veau Bourgmestre; elle a eu lieu vers huit heures
du soir.
La première représentation de la troupe
sous ia dircctiou de II. Fougerotix, aura
lien iBBévocABLEiiieMT MARDI prochain, S
Mars 1859.
Elle débutera par la Folle de Waterloo^
drame-vaudeville, Mam'zell Rose et la Corde
sensibledeux jolis vaudevilles, et le Feu d'ar
tifice, scèue comique.
Pour les personnes non-abonnées le prix des
places est fixé 2 fr. aux premières, 1 fr. aux
secondes et 50 centimes au parterre.
MM. les abonnés auront le droit de conduire
au spectacle autant de personnes qu'ils dési
reront, moyennant fr. 1-25 par personne, aux
premières.