JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
H0 1,872. 18e Année.
Dimanche, 10 Avril 1859
LE PROCHES
Vires acquirit eundo.
ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces,4 francs. I Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
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Tpbei, 9 Avril.
Quand on lit les feuilles épiscopales, od est
intrigué de voir revenir chaque instant dans
leurs élucubrations les intérêts catholiques. On
s'est demandé souvent ce que ces mots signi
fient et nul efteore n'a pu fournir une explica
tion entièrement satisfaisante. Bien que le parti
dit catholique se vante de son immuabililé, il
est positif que les intérêts catholiques varient
d'après chaque contrée et les institutions qui
la régissent.
Quelques-uns ont cru trouver dans la dé
fense des intérêts catholiques un acheminement
la domination, et effectivement, parmi les na
tions qui subissent le joug politique de la pa-
paulé, les intérêts de la généralité sont immolés
aux soi-disant intérêts catholiques. Le bien-être
du citoyen, la prospérité du commerce et de
l'industrie ne sont que bagatelles, en compa
raison de ces fameux intérêts qui n'enrichissent
qu'un petit nombre d'élus. En Belgique nous
avons apprécié l'essai de la mise en vogue de ces
mystérieux intérêts catholiquesmais dans un
pays de liberté, on n'a pas très-bien compris ce
qu'on voulait, en réclamant en faveur d'un sys
tème politique exclusif de toute liberté; car
dans les pays où les intérêts catholiques bril
lent du plus vif éclat, il n'est pas question de
liberté et les intérêts catholiques ne sont si
bien sauvegardés, que parce qu'ils sont unique
ment pris en considération.
Aucuns ont cru que c'était un moyen de leurrer
l'opinion publique, etsous un masque religieux,
cacher hypocritement des allures despotiques.
On est étonné de voir ensuite que les intérêts
catholiques sont tellement en opposition avec
ceux de la nation. Ainsi, par exemple, un intérêt
catholique très-essentiel, au dire des feuilles clé
ricales, est la multiplication féconde des- cou
vents et rien n'est plus ruineux pour un peu
ple, que cette multitude de casernes où niche la
milice papale, occupant tous les points du pays.
Un autre intérêt frès-catholique, c'est celui
qui donne au ministre du culte le privilège de
parler sans être interrompu l'église, quand il
LIE ©IHI1ETT©.
(Suite.)
VII.
Marco, qui s'était caché pour ne pas se trouver en face
du père Alexandre, attendit que le moine fût entré
dans la maison de Mondaio, pour retourner chez lui
pas lents, la tête basse, roulant mille projets dans son
esprit, et se rappelant qu'il avait entendu sonner de l'ar
gent dans le grand sac que le capucin portait sous son
bras. Quand il revint dans la salle basse où le custode
devait se tenir jour et nuit, il jeta un coup d'œil sinistre
sur une vieille tapisserie trouée qui fermait une espèce
d'alcôve, et alla s'asseoir devant une table de chêne noirci
sur laquelle l'attendaient un gobelet et un pot de vin. Il
remplit et vida trois fois de suite ce goblet d'étain large
ventre, puis il appuya son front brûlant entre ses deux
mains glacées. Un gémissement prolongé s'exhala du fond
de la chambre; Marco ne bougea pus il avait l'air de
dormiril réfléchissaitil était aux prises avec ses mau
vaises passions. La chambre où il se trouvait offrait
l'image d'une misère de longue date la fumée avait
complètement noirci le plafond et les murs nus, autour
desquels étaient suspendus quelques ustensiles de ménage
en fer battu et en étain, usés, rouillés. Derrière la tapis
se lient dans le cercle de sa mission de prêtre
mais il y a un intérêt plus catholique, c'est
celui d'exiger que le ministre du culte peut
causer de choses et d'autres l'abri de ce pri
vilège. La liberté pour tous et en tout reçoit
par cette exigence une légère entorse, et le
citoyen pourrait ainsi avoir souffrir des licen
ces du prêtre, mais il parait, et c'est ce qui le
caractérise, un intérêt catholique de premier
ordre.
Enfin il paraît que l'épiscopat possède seul
le monopole de toutes les vertus, et c'est ainsi
qu'il ne peut concéder d'autres la faculté de
faire efficacement la charité. Aussi voudrait-il
la faire exclusivement, et dans ce but, le minis
tère précédent, obéissant aux ordres des évê-
ques, avait proposé un projet de loi sur la
bienfaisance qui devait mettre les ressources du
pauvre la disposition de la hiérarchie catho
lique. C'était encore un intérêt catholique très-
important et qui devait singulièrement relever
l'influence politique de la caste cléricale. Le
pays y a mis ordre, quand il a bien compris la
portée de celle astucieuse machination.
En somme, nous concevons que ces intérêts
catholiques peuvent être tris-sérieux au point
de vue du cléricalisme, mais nous les trouvons
antipathiques aux vœux de la société moderne
et nuisibles aux libertés dont nous jouissons
sous l'égide de la Constitution. Ces intérêts si
chaudement préconisés nous semblent exclusifs
de leur nature et trop opposés ceux du ci
toyen, si même ils ne neutralisent et n'anmillenl
ceux de ce dernier. Nous avons cru devoir faire
justice de cette logomachie perfide, car c'est par
des mots sonores que le parti clérical parvient
leurrer les populations trop confiantes.
C'est aujourd'hui le vinglquatrième anni
versaire de la Naissance de S. A. R. le Duc de
Brabant.
Par arrêté royal un subside de 3,000 fr. est
alloué l'administration communale d'Ypres,
pour l'aider continuer la restauration du bâ-
scrie en lambeaux qui cachait l'alcôve, si l'on pouvait
donner ce nom un étroit enfoncement où l'on n'aurait
pu se tenir debout, il existait un grabat misérable que le
fils partageait avec son père depuis la mort de sa mère.
La pluie tombait par torrents et retentissait sur les ter
rasses dallées des maisons. C'étaient des avalanches d'eau
qui se précipitaient la fois et dont le clapotement con
tinu couvrait presque le fracas du tonnerre et du vent.
Enfin on entendait, travers ces bruits qui remplissaient
l'atmosphère, le grondement sourd des eaux s'engoufïrant
et roulant dans les égouts souterrains que l'ancienne
Rome a légués la Rome moderne. Tout coup deux
petites pierres vinrent choquer la vitre de l'unique
fenêtre qui avait vue sur la place de la Juiveric. A ce
signal connu, qui se perdait dans le bruit de la tempête,
Marco tressaillit, se leva d'un bond, écouta et courut
ouvrir doucement la porte du Ghetto qu'il n'avait pas
fermée double tour ni aux verrous. Il introduisit une
femme enveloppée d'une cape de drap brun qu'elle jeta
en mettant le pied dans le logement du custode. C'était
Nisida qui souriait et paraissait toute joyeuse ses yeux
brillaient avec une étrange vivaeité de regard ses joues
s'animaient des plus fraîches couleurs son sein palpitait
sous la guimpe elle avait couru travers la pluiequi
ne l'épouvantait pas tant que le tonnerre. Elle fit deux ou
trois signes de croix.
timent des Halles en celte ville, et un subside
de 1,100 fr. est alloué la même administra
tion, pour l'aidera compléter la décoration ex
térieure du même bâtiment.
Des arrêtés royaux du 23 mars 1859, approu
vent
La délibération du conseil communal de
Gheluwe tendante obtenir l'autorisation
d'augmenter temporairement le maximum de
la cotisation personnelle, pour être même de
couvrir les dépenses communales;
Le» délibérations des conseils communaux
de Poperinghe, BoesingheGheluvelt et Rous-
brugge-Haringhe, tendantes obtenir l'autori
sation d'augmenter respectivement le maximum
de la cotisation personnelle permanente pour
être même de couvrir les dépenses commu
nales.
Par arrêté royal du 23 mars 1859, la somme
indiquée ci-après est allouée, pour être repartie
en récompenses aux élèves des ateliers d'ap
prentissage, savoir
Fr. 2,083-50 c. la province de Flandre oc
cidentale.
Par arrêté royal du 6 de ce mois, le lieute
nant-général baron Chazal, aide de camp du
Roi, est nommé ministre de la guerre, en rem
placement du général Berlen, dont la démis
sion est acceptée.
wgi a i»o.<a-—
RÉVISION DES LISTES ÉLECTORALES. - FRAUDES
ÉLECTORALES.
yrres le 4 Avril 1859.
Aux administrations communales de l'arrondis
sement.
Messieurs,
Aux fermes des lois des 3 Mars 18313o Mars
1836, 3o Avril même année, et iT Avril 1843, (a
révision des listes électorales doit avoir lieu chaque
année du irau i5 Avril et ces listes doivent rester
affichées pendant dix jours partir du Dimanche
suivant.
En appelant de nouveau votre attention sur ces
dispositions, je vous prie de veiller ce que cette
Je t'ai attendu plus d'une heure la via Mala, dit-
elle voix basse en continuant de regarder autour d'elle
avec défiance. Enfin, je me suis décidée venir jusqu'ici
pour voir si tu n'étais pas mort. Ce n'est pas tnoi qui
suis mort, reprit Marco qui la contemplait avec amour,
c'est le vieux. Quoi! il s'en est allé, le bonhomme?
répliqua-t-cllc en éclatant de vire, le diable aura fait là
une bonne journée. 11 était moribond depuis quelques
jours, et ses accès d'épilepsie devenaient plus violents et
plus prolongés. Ce matin, le rabbin s'est présenté ici, et
ils ont conféré ensemble. Je ne sais qui a raconté que je
voulais me faire chrétien et que je serais baptisé la veille
de Pâques... Ah tu y consens donc, mon petit Marco?
interrompit-elle en lui sautant au cou et en l'embrassant
plusieurs reprises. Hé sans doute j'y consentirai
si cela peut te donner la moindre satisfaction. Que m'im
porte, moi Il m'importe beaucoup que tu sois chré
tien et baptisé parce que... Dis-moi la mort du pauvre
Capricola. Vas-tu le plaindre et le pleurer, ce méchant
vieillard? murmura Marco d'une voix sombre. Quand le
rabbin lui a rapporté ce qu'on disait de moi et l'a sup
plié de s'opposer mes projets d'abjuration, mon père,
qui n'avait pas quitté son lit depuis un mois, en est sorti
en criant qu'il allait me tuer. Il m'injuria, il me menaça;
je tins bon et ne répondis pas, de peur de l'exaspérer
davantage. Je faisais semblant de dormir et de ne rien