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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N" 1,877. 18e Année.
Vires acquirit eundo.
LE PIOGIES
ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 3 francs 50 c. - Provinces, 4francs, f Le Progrès parail le Jeudi el le Dimanche. Toul ce qui concerne le journal doil
1NSER1 IONS: Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne: 30 ccnliines. être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Tprf.s, 27 Avril.
Après la guerre de Crimée, faite soidisanl
pour maintenir l'équilibre européen, on s'avi
sait d'espérer une nouvelle ère de paix, comme
celle dont nous avions depuis 1815 jusqu'en
1853. Mais on avait compté sans son hôte,
c'est-à-dire, sans l'Empire, qui devait être la
paix, mais qui souffle la guerre, sous prétexte
de donner aux Italiens ce qu'il refuse aux
Français.
Quoiqu'il en soit, la guerre est déchaînée de
nouveau sur l'Europe el nous sommes de l'avis
de lord Derby, nous ne savons si elle pourra
se limiter, ni comment elle pourra se circon
scrire en Italie. La guerre est comme le feu
on sait où l'incendie éclate mais on ignore où
il bornera ses ravages. Toutes les puissances de
l'Europe arment avec énergie, el bien qu'un
vieil axiome latin et qui n'en vaut pas mieux
pour cela, prétende que pour avoir la paixil
faut se préparer la yuerre, nous sommes
d'avis, que quand tout le monde est si bien
préparé, on est trop disposé recourir l'ar
gument de ceux qui n'en ont pas de bons faire
valoir, la force brutale.
n lia i mm
Une réunion du Conseil communal a eu lieu
Samedi dernier. La convocation a eu lieu d'ur
gence, pour informer l'assemblée, que M. le
ministre de la guerre a envoyé des délégués en
cette ville, afin d'examiner la question de savoir,
s'il n'y aurait pas possibilité d'établir l'Ecole
des enfants de troupe Ypres.
Comme il est question de faire rentrer dans
l'intérieur du pays, les dépôts des régiments
d'infanterie et de cavaleiie, on s'est enquis si la
caserne occupée par les Lanciers pouvait être
appropriée au logement des enfants de troupe.
On devait éviter toutefois de dénaturer cette
construction par suitedes changements y faire.
D'après un travail rapidement fait, l'installation
provisoire devrait entraîner une dépense de
10,000 fr.
Il y a un ensemble de constructions qui
conviendrait beaucoup mieux, mais qui exi-
LE ©MUT?©.
IX. (Suite.)
Une exécrable odeur d'os et de chairs brûlés s'exhalait
de la cave eo ce moment, et prouvait que Mardoché
exécutait la lettre les commandements de Moïse.
Je suis maintenant fort attentif vous écouter, dit
Mondaio en faisant asseoir le moine ses côlés. Volrc
visite se rattache sans doute des faits que j'ignore et
qui sont relatifs ma fille... Je ne savais pas que vous
eussiez une fille, ou du moins qu'elle eût survécu sa
mère. Ne parlons pas de sa mère, je vous prie ce
serait raviver des blessures cruelles que le temps n'a pu
fermer et qui sont bien profondes... Enfin que les «hré-
tiens soient contents de m'avoir ravi ma femme Je
ne viens pas renouveler vos remords et vous répéter les
paroles que votre malheureuse femme m'a dites en con
fession lorsque je l'assistai sa dernière heure... Je vous
pardonne comme elle vous a pardonné. Pourquoi
étes-vous venu, padre Alexandre interrompit Mondaio,
en proie une violente agitation intérieure. Vous m'a
viez promis de ne jamais reparaître dans une maison oû
vous avez mis le trouble et le désespoir. Croyez-vous
qu'il ne m'en coûte pas pour rentrer ici, où j'ai vu votre
victime l'agonie Silence interrompit Mondaio,
gérait, pour la mise en état, beaucoup d'argent
et de temps, c'est l'arsenal.
Il ne s'agit toutefois que d'une installation
provisoire et M. le ministre de la guerre prie
l'administration communale de lui faire con
naître, si elle est disposée faire les dépenses
d'appropriation sur les fonds communaux.
M. le général baron Chazal, nous ne l'avons
pas oublié, s'est toujours montré très-sympa
thique l'égard de la ville d'Ypres. C'est lui
que nous avons dû l'établissement de l'École
d'ëquilalion el nous lui en sommes très-recon
naissants. Mais depuis, nous avons éprouvé tant
de déceptions, que le Conseil communal doit
peser mûrement la question de savoir, si elle
peut, après les dépenses faites pour les établis
sements militaires, se lancer de nouveau dans
une voie qui ne lui a pas été favorable, puisque
ce ne sera que par tolérance et en étal de paix,
qu'on pourra compter désormais sur le séjour
d'une garnison Ypres. Une réponse en cç
sens doit être faite M. le ministre de la guerrè
par le Conseil communal.
liâlll
nonu
Jeudi dernier, est décédé en notre ville, M.
Albert-Dominique De Lerive, juge de paix du
premier canton d'Ypres, l'âge de 75 ans. M.
De Lerive a fourni une longue et honorable car
rière. Attaché pendant de longues années au bu
reau de M De Côninck, il fut nommé, en 1817,
juge de paix du canton de Wervicq, où il resta
jusqu'à ce que la place de juge de paix du
premier canton d'Ypres devint vacante par la
démission de M. Oogbe. M. De Lerive était,
une exception près, le plus ancien juge de paix
de la Belgique; il comptait quarante-deux an
nées de services effectifs.
M. De Lerive était président de la Société des
Frères d'armes de l'Empire. En 1809, il avait dû
partir pour la Hollande, en qualité de lieute
nant de la Garde nationale et avait tenu gar
nison pendant quelque temps Gorcum.
C'était un magistrat intègre, qui joignait
beaucoup de zèle, une grande bienveillance. Ses
relations privées étaient très-agréables, il était
dont la main nerveuse s'abattit sur l'épaule du P.
Alexandre et s'y cramponna. Ma bourse, je vous le rap
pelle, vous est toujours ouverte. Je suis encore prêt
contribuer aux aumônes qui passent par vos mains,
mais, au nom du ciel, éloignez-vous d'une famille où
votre présence n'a été que trop fatale laissez-nous vivre
et mourir dans la foi de nos pères il n'y a plus de chré
tien ici Faites des vœux pour que la grâce d'en haut
vous atteigne au moins dans votre enfant Que vou
lez-vous dire répliqua d'un accent terrible Mondaio,
qui se leva et parcourut grands pas la salle pendant
que le P. Alexandre parlait. Dieu d'Israël! Dieu de
Moïse le permettrais-tu Écoutez, Mondaio, n'ayez
plus les yeux et les oreilles fermées aux volontés du
vrai Dieu inclinez-vous devant la Providence. C'est elle
seule qui agit aujourd'hui, et nous n'avons pas même
l'honneur de lui servir d'instrument. Il y a quinze ans,
votre femme s'était faite chrétienne, et quand elle vint
moi pour me prier de diriger sa conscience... Taisez-
vous, père Alexandre dit demi-voix le juif, qui crut
entendre se rouvrir la porte de la chambre de Scïla. Ces
souvenirs me font mal... Il importe, d'ailleurs, que ma
fille ne soupçonne jamais l'erreur coupable et la malheu
reuse fin de sa mère. Quoi l'avez-vous élevée dans
l'ignorance absolue de ce qui s'est passé en son enfance
Ne sait-elle pas que sa mère, sa vertueuse mère, qui
aimé de tous ceux qui le connaissaient. Pendant
de longues années, il a rempli les fonctions de
reffier de la Société royale de S4 Sébastien,
lui confrère n'était plus gai et aussi aucun
n'était plus aimé que M. De Lerive; c'était un
homme estimable tous égards et, ce litre, sa
perle sera vivement regrettée.
Dans la nuit du 22 Avril, M. François De
Vos, agent dû trésor, est décédé subitement.
L'enterrement a eu lieu le 25 Avril, sans l'in
tervention du clergé, qui a refusé son concours,
donnant pour motif, que M. De Vos ne prati
quait pas suffisamment. L'inhumation a eu lieu
en présence d'une foule immense de monde,
qui avait voulu rendre les derniers devoirs un
homme estimable, un fonctionnaire très-biéu-
veillant et très-agréable.
Au cimetière, avant qu'on ait descendu les
dépouilles mortelles de M. De Vos dans la fosse,
M. Rabau a prononcé, en très-bons termes,
l'éloge du défunt. Nous regrettons de ne pou
voir donner ce discours, qui a mérité l'appro
bation d<j tous les assistants.
M. De Vos a été enterré au cimetière commun,
l'endroit désigné par l'autorité communale;
ses dépouilles mortelles y ont été transportées
par le corbillard des pompes funèbres. La fosse
a été creusée dans la partie du cimetière af
fectée aux sépultures, en suivant l'ordre ordi
naire. Comme le cimetière n'est pas divisé, vu
qu'il n'y a pas Ypres d'autre culte pratiqué
que le culte catholique, on n'a pas eu égard
l'abstention du clergé et l'iobumalion a eu lieu
comme dhabitude. Seulement nous devons
ajouter que si l'on avait entendu les réflexions
que la foule a émises sur le refus de concours
du clergé, on se garderait bien de provoquer
des propos aussi justes que tristes, sur l'intolé
rance du prêtre catholique, intolérance qui de
jour en jour, devient plus antipathique aux po
pulations.
Les morts prématurées se succèdent en notre
ville et plusieurs familles sont cruellement éprou-
vécut comme une sainte et mourut comme une martyre,
était chrétienne A quoi bon lui apprendre mé
priser la mémoire de sa mère, qui renia les préceptes de
la Loi Sa mère? c'est sa mère qui a intercédé pour
elle la miséricorde de Dieu c'est sa mère qui l'inspire
en ce moment Il y a quinze ans, interrompit Mon
daio saisissant le bras du religieux et le secouant avec
un emportement contenu, il y a quinze ans qu'à cette
même plaec je vous fis jurer de ne pas reparaître dans
cette maison. J'ai tenu ma promesse, dit gravement
le capucin je n'avais plus rien faire ici, puisque ma
pénitente était morte des suites de votre brutalité, de
votre fanatisme, en vous excusant, en vous défendant
même. Faut-il encore me défendre moi-même contre
cette atroce calomnie répliqua le juif, dont l'agitation
devenait de plus en plus anxieuse, quoiqu'il comprimât
sa voix et ses mouvements. Faut-il vous redire encore
que ma femme, se voyant surprise dans l'exercice de la
religion qu'elle pratiquait mon insu, fut épouvantée de
mon juste courroux, s'enfuit avant que je songeasse
la poursuivre, et tomba sur les derniers degrés de l'es
calier. Si elle se blessa dans cette chute, si elle succomba
peu de jours après, j'en gémis alors, j'en gémirai toute
ma vie; mais jen'ai rien, rien me reprocher...Rien
quand vous la menaciez sans cesse de la tuer de votre
propre main si elle abjurait le judaïsme Je l'aimais