Chronique politique.
Nouvelles diverses.
Du 99 Mal an 9i inclus.
La correspondance autrichienne du rimes contient en
core quelques détails intéressants. Le correspondant, en
réponse une assertion d'un journal, d'après laquelle
on aurait menacé de massacrer les habitants de Novare,
en cas d« refus de payer les sommes requises, affirme que
le général Eenedck a fait fusiller deux soldats qui avaient
commis un vol de quelques francs. On a, en outre, ar
rêté Novare 50 iudividus déguisés en soldats autri
chiens, et venus pour commettre des crimes dont l'odieux
aurait été rejeté sur l'armée.
Le correspondant insiste sur ce qu'il disait hier au sujet
de l'impopularité de la guerre dans les campagnes pié—
montaises, et il prétend que M. de Cavour y est délesté.
Les paysans disent du Roi Egli non e re; il n'est pas
lioi Ils le considèrent comme un simple instrument aux
mains du premier ministre.
Nous voyons enfin dans cette lettre que si les Autri
chiens n'ont pas marché sur Turin, c'est parce qu'ils ont
craint d'avancer, ayant sur le flanc l'armée que les alliés
avaient dès le 3 mai entre Alexandrie et Casai. 11 a fallu
trois jours déjà pour passer le Tessin.
Le s nouvelles de l'armée franco-sarde sont insigni
fiantes. Elles se bornent des détails pittoresques sans
importance.
On écrit de Berne l'Union commerciale que le gou
vernement français est loin d'avoir renoncé la formation
d'une armée du Rhin. Celle-ci serait d'abord portée
00,000 hommes. Le même gouvernement a ordonné
l'achat de 55,000 chevaux qui seront cantonnés provi
soirement en Alsace.
Le Mord prétend ce malin que dans un combat qui a
eu lieu entre les soldats Sardes et Autrichiens, d'une
rive l'autre du Pô, les Autrichiens se sont aperçus
avec stupéfaction que leurs balles n'arrivaient pas tandis
que chaque balle française renversait un homme. Le
Nord trouve ce fait de bon augure. Nous le trouvons en
core plus récréatif.
Le Parlement anglais se réunira le 51 mai pour la
vérification des pouvoirs, mais le discours du Trône ne
sera prononcé que le 7 juin.
L'empereur d'Autriche ne partira que mardi pour
le théâtre de la guerre et l'on croit généralement
qu'il ne faut s'attendre aucun fait grave avant les
premiers jours du mois de juin.
On ne comprend pas généralement qu'avec deux
armées considérables en présence depuis lin mois, il
y ait eu jusqu'à ce jour si peu d'événements signa
ler. Il est remarquer que les grands faits de guerre
ne sont pas toujours accomplis par les grandes ar
mées. La guerre d'Orient, malgré la force énorme
des belligérants, fut la plus monotone et la plus
lente de toutes les guerres. Les troupes russes ne
parvinrent pas même déloger Orner-Pacha des
principautés danubiennes.
En Crimée, il y eut de nombreuses actions d'éclat,
mais il fallut onze mois pour s'emparer d'une forte
resse maritime qui n'avait jamais été défendue du
côté de la mer, et quand la paix fut conclue, une
armée russe, couronnaut les hauteurs de l'autre
côté de Sébastopol, emportait dans ses foyers la
conscience des grandes choses qu'elle aurait pu ac
complir si le maréchal Pélissier et le général Co-
drington avaient engagé la lutte en rase campagne.
Les combats imprévus .les accidenta d'Inkermann,
de la Tchernaya, de' Balaklava furent les plus bril
lants. 11 ne faut donc pas trouver extraordinaire
qu'il n'arrive pas de grandes nouvelles du théâtre
de la lutte, d'ici très-longtemps, surtout si les
Autrichiens se tiennent sur la défensive.
Cette lactique paraît dominer dans leurs conseils,
et ils désirent voir l'Angleterre maintenir sa neu-
l'Académie de France, lequel aurait été violemment en
levé et séquestré... car je ne veux pas ajouter foi aux
bruits qu'on répand... Et vous voulez que j'ajoute foi
A ces bruits ridicules moi Selon ces bruits qui me
mettent au désespoir, Robert aurait été assassiné cette
nuit dans le Ghetto. Assassiné?... cette nuit?... dans
le Ghetto?... Eh bien, si cela était... Si cela était in
terrompit Fragonard dont les yeux se remplirent de
larmes et la voix de sanglots; oh si cela était, j'irais
venger mon malheureux ami et brûler tous les juifs dans
leur repaire Cela n'est pas, cela ne peut pas être. Il
aura fait quelque orgie, et on le retrouvera endormi sous
la table. Robert? repartit Fragonard avec un généreux
sentiment d'indignation pour moi, pas encore, je ne
suis pat un saint, et je ne pique pas de l'être mais Ro
bert, qui n'a pas se reprocher une peccadille, qui vit
comme un anachorète et qui ne rêve qu'à sa peinture
Robert tombé sous la table, oh oh J'ai trop de pa
tience dit Natoire avec emportement je vais sonner et
vous faire jeter dehors. Rendez grâce vos soixante
ans, monsieur Natoire s'ccria Fragonard en lui barrant
le passage si vous aviez mon âge... Croyez-vous me
faire peur avec votre poignard, vos pistolets et votre dé
guisement de théâtre Je vous somme monsieur le
directeurde venir avec moi chez l'ambassadeur de
tralité afin que la France ne débarque pas un corps
d'armée Chioggia près de Venise, Cette attitude
défensive explique aussi pourquoi les Autrichiens
n'ont pas marché sur Turin, lia n'ont pas voulu
livrer le sort de leure possessions lombardes au ha
sard d'une seule bataille, et ils prétendent même
qu'eu passant le Tessin, ils n'ont fait que se dé
fendre. Ile ont empêché les alliés d'aller «'établir
Moi tara ou Novare, avec le moyen de choisir leur
point d'attaque.
Eu l'absence de renseignements belliqueux l'Al
lemagne et l'Angleterre sont toujours le poiut de
mire de la curiosité générale.
La Diète de Franciort a renvoyé unecommission
militaire l'examen de la proposition du Hanovre,
relative h la concentration sur le Rhin d'un corps
fédéral. On affirme, nous ne savons sur la foi de
quels renseignements, que la Prusse est hostile
celte mesure.
Des lettres de Rome adressées l'Univers parlent
d'une certaine agitation qui reparaît dans les pro
vinces. Forli, Ravenne, Césène, Faënza, Rimini,
selon un correspondant de province, sont dans un
étal de surexcitation déplorable. Forli surtout et les
villes qui avoisinent les frontières toscanes seraient
travaillées par les révolutionnaires.
Nous avons des détails sur l'affaire de Montebello.
Ce n'est encore qu'un combat d'avant-postes, mais
lechiffre des troupes engagées lui donne de l'intérêt.
Le village de Montebello, où le général Lannes con
quit ses titres de noblesse, peu avant la bataille de
Marengo, se trouve entre Casteggio et Voghera,
neuf kilomètres de ce dernier point.
Ce premier succès a causé une vi ve satisfaction en
France et une hausse sensible a eu lieu la Bourse
de Paris.
Il s'en faut de beaucoup cependant qu'il s'agisse
ici d'une bataille décisive; mais il fallait une vic
toire pour maintenir l'enthousiasme public son
diapason. A Vienne, on a annoncé que l'armée
avait fait une forte reconnaissance et remporté un
succès.
Une dépêche de Turin annonce un autre combat.
Les journaux piémontais publient un ordre du
jour, adressé par le Roi l'armée et dans lequel
S. M. annonce aux troupes qu'en reconnaissance de
leur courage, il confère la médaille d'argent de la
bravoure militaire, i4 soldats, et uue mention ho
norable 3o autres.
Le Journal ds Dresde annonce que malgré les
bruits opiniâtres qui courent depuis quelque temps,
il n'existe pas de traités particuliers d'alliance entre
la Saxe et la Bavière d'une part et l'Autriche de
l'autre. Cependant un journal du soir, l'Ami de la
Religion, croit savoir que le ministre de Bavière a
Paris a reçu l'ordre de se tenir prêt quitter la
France après avoir demandé ses passeports. Celte
nouvelle ne peut manquer, eu raison de son impor
tance même, d'être bientôt confirmée ou démentie.
Le Courrier du Dimanche a reçu de Téhéran une
correspondance intéressante où ii est fort question
des armements de la Perse, qui aurait mis 100,000
hommes sur pied et qui songerait trouver un sujet
de querelle avec la Turquie.
La Patrie publie un article attribué M. de La-
guéronnière sur la situation de la France vis-à-vis
de l'Europe. Cet article se termine par la phrase
suivante
La situation de la France vis-à-vis de l'Europe est
aussi satisfaisante que possible. Elle permet d'espérer
France. Je vous sommeMonsieur, de sortir d'ici et
de rester aux arrêts dans le palais de l'Académie jusqu'à
ce que M. l'intendant des bâtiments du roi ail répondu
la lettre que je lui écris!
Au même instant, les cris qui dominaient la rumeur
du peuple dans la rue du Corso s'élevèrent avec plus de
violence, et l'on distingua le nom des juifs mêlé a des
malédictions qui sortaient de toutes les bouches.
Au milieu de ce tumulte, on entendit un carrosse s'ar
rêter devant l'hôtel de Nevers, qu'occupait l'Académie de
France.
Écoutez! dit d'un accent ému et solennel Fragonard,
qui étendit la main vers le Corso; ces gens-là sont indi
gnés comme moi des bruits qui circulentils crient
vengeance contre la mort d'un Français assassiné par les
juifs; et vous, Monsieur, vous, directeur de l'Académie
vous, qui le roi et la France confient les pensionnaires
de Rome... Assez, Monsieur, encore une fois, répon
dit Natoirequi continuait écrire d'une main tremblante
vous ne m'apprendrez pas ce que j'ai faire. Ou vous
serez expulsé de l'Académie, ou je donne ma démission
Au Ghetto! au Ghetto criait-on dans la rue avec ces
voix glapissantes qu'on n'entend qu'à Rome dans les
foules. Mort aux juifs Au feu la roue la potence
la claie (La suite au prochain
que la guerre actuelle, guerre légitime et sainte, ne
«'étendra pas davantage, et que nous verrons bientôt
l'Empereur au milieu d'une ovation semblable celle
qui accompagnait son départ; et celte ovation sera plus
belle encore, car ce sera celle de la gloire et de la paix.
Puisie l'espoir de la Patrie se réaliser quant la
paix, chacun lui concédera volontiers la gloire.
On écrit de Gand
Deux cas de fécondité extraordinaire viennent de
se présenter en notre ville. Jeudi dernier la nommée
Virginie De Walker a donné le jour trois enfants,
deux filles et un garçon; hier matin l'épouse X.,
demeurant rue d'Yprea, a également donné le jour
trois enfants.
On lit dans le Pays
La guerre d'Italie commence par un fait sans
exemple dans les annales militaires. O11 s'émer
veille de voir comment ont pu être transportés en
trois semaines, sur le théâtre des hostilités, une
armée de i5o,ooo hommes, 3oo pièces d'artillerie
et l'immense matériel de munitions, de chevaux,
d'approvisionnements de toute sorte que suppose
une telle masse d'hommes prêts entrer en ligne
de bataille.
Un pareil résultat ne pouvait être produit que
par une nation ayant la fois sa disposition toutes
les forces d'un grand état militaire et toutes les
ressources d'une puissance maritime.
Pas un moment n'a été perdu. Le transport une
(ois effectué, l'organisation sur le territoire même
de la guerre n'a pas été moins rapide grâce celle
admirable rapidité que la France possède seule.
Les pluies qui sont survenues et qui ont réduit
nos troupes une inaction momentanée ont eu cela
d'heureux, qu'elles permettent de mettre la der
nière main tous les détails d'organisation et
qu'elles donnent notre artillerie et notre cava
lerie de réserve le temps d'arriver.
Les premiers beaux jours qui vont se lever,
éclaireront en Italie l'armée française au grand com
plet.
On n'a pas généralement l'idée de ce que coûte de
travaux le transport du matériel d'une armée. Un
exemple entre mille. Pour transporter un million
de cartouches, il faut trois cents chevaux. Nous
avons envoyé déjà dix millions de cartouches en
Italie. C'est donc pour ce simple détail, un travail
de trois mille chevaux qui a été accompli.
Celte masse énorme de cartouches expédiées, en
ce temps d'armes de précision, donne de la puis
sance de destruction de nos troupes, une terrible
idée. Le temps n'est plus, comme il y a cinquante
ans, où l'on calculait que chaque ennemi tué coûtait
en balles de plomb le poids de son corps. Aujour
d'hui les moyens destructifs sont trop formidables
pour que les guerres puissent durer.
On lit dans le Précurseur Parmi les bâtiments
arrivés depuis quelques jours dans notre port, se
trouve un navire hambourgeois, venu de Buenos-
Ayres. La traversée de ce bâtiment a été signalée par
un acte d'humanité qui mérite d'être rapporté; voici
ce dont ii s'agit
Le capitaine Amondsen, qui commande ce na
vire, a eu le bonheur de recueillir en mer deux ma
telots belges, ainsi que l'équipage du navire anglais
Hussar. Ayant rencontré ce navire en détresse, le
capitaine Amondsen fit tout ce qui était humaine
ment possible pour le sauver, et ne consentit l'a
bandonner que lorsque tout espoir de le tenir flot
fut perdu. Les hommes du Hussar furent non-seu
lement sauvés, mais traités par le brave marin avec
des soins et des pi éveuances que l'on ne saurait trop
louer. Aussi l'équipage anglais s'est-il empressé,
aussitôt après son arrivée en Angleterre, d'adresser
par la voie des journaux des remercîmenls publics
son sauveur.
Nous aimons d'autant mieux relater cette no
ble action, que ce brave marin n'en est pas sou
coup d'essai en fait de sauvetages. En 1849, il réus
sit recueillir 18 personnes de la barque anglaise
Neniadétruite par le feu, en allant de Liverpool
Valparaiso.
Hier matin, un Anglais, de forte corpulence, sor
tait du ministère des finances, Paris, où il venait
de toucher une somme de 4>ooo fr. qui lui avait été
remise en billets de banque. Une aflluence assez
considérable se trouvait en cet endroit il »e
embarrassé pour passer,et il plaça, sanslplui de façon,