JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
ni" 1,887. -1»' Année.
Jeudi9 Juin 1859.
Vires acquirit eundo.
-
Affaires d'Italie.
ABONNEMENTS: Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 30 c. Provinces, 4 francs. Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
INSERTIONS: Annonces, la ligne 45 centimes. Réclames, la ligne: 50 centimes. être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Tpaeb, 1' Jlnin.
On nous apprend que le Comité de l'Asso
ciation électorale s'est réuni pour s'occuper des
présentations l'occasion des prochaines élec
tions du 14 Juin prochain. La réunion, après
des explications fournies par divers membres
sur la situation électorale, a décidé de proposer
l'agréation de l'assemblée générale de l'Asso
ciation, la candidature de M. le Baron MAZEMAN
DE COLJTHOVE au Sénatet celle de M. AL
PHONSE VANDENPEEREBOOM la Chambre
des représentants.
L'assemblée générale de l'Union libérale de
l'arrondissement d'Ypres, est fixée au Samedi,
4 Juin quatre heures et demie de relevée,
l'estaminet le Grand Aigle d'or, Grand'Place.
Samedi dernier, vers quatre heures de re
levée, un orage très-violent a éclaté sur notre
ville, la foudre est tombée en trois endroits
divers, sur la petite tourelle de l'église S1 Jac
ques, dans l'enceinte du Collège épiscopal et
sur une maison de la rue dite: de Weninck.
Une pluie torrentielle n'a pas cessé de tomber
pendant deux heures consécutives. La masse
d'eau était trop grande et n'â pu s'écouler en
temps utile. Aussi presque toutes les caves ont
été inondées.
Les inondations de la porte de Bailleul ont
été sous eau pendant trois jours; celle de la
porte de Messines a été préservée.
Nous n'avons pas appris que celte pluie ait
produit des dégâts aux champs emblavés. Tou
tefois les pommes de terre et les légumes ont
souffert de la masse considérable d'eau qui est
tombée avec une violence heureusement très-
rare.
Chronique électorale.
M. le baron Gilles-de Pélichy, sénateur de l'arron
dissement de Roulers, vient d'adresser unecirculaire
aux électeurs pour leur annoncer sa résolution de ne
plus accepter le renouvellement de son mandat.
Lg ©MITTO.
(Suite.)
XVI.
Fragonard était, sans le savoir, l'auteur du bruit d'un
assassinat commis sur un Français dans le quartier des
juifs. Pendant la nuit, il avait erré aux alentours du
Ghetto, la recherche de Robert, et son costume, ses
armes, son air inquiet, avaient inspiré autant de défiance
que de terreur quelques habitans avec lesquels il s'était
rencontré, ou qui, de leur fenêtre, l'aperçurent assis sur
une borne, ou debout sous un auvent, comme un mal
faiteur aux aguets.
Mais nul ne se plaignant d'avoir été volé dans sa mai
son, l'idée vint de rechercher si un crime n'aurait pas été
commis sur la voie publique; car on avait entendu plu
sieurs fois durant la nuit la porte de clôture du Ghetto
s'ouvrir et se fermer, les chiens aboyer avec fureur; on
avait même entendu des cris humains.
Ce fut alors que Fragonard, désolé de ne pas savoir ce
que son ami était devenu depuis huit ou dix heures,
demanda de porte en porte si l'on n'avait pas certains
indices relativement la disparition de Robert on lui
Nous avions raison de dire hier que les électeurs
pourront modifier sensiblement la représentation
de notre province au Sénat. (Journal de Bruges).
Il vient de paraître Bruxelles une brochure
anonyme sous le titre: Examen de la situationpar
un membre de la gauche. Celte brochure semble
surtout avoir pour but de jeter la division dans les
rangs du libéralisme.
MM. Goblet et Defré, représentants de Bruxelles,
auxquels on avait tour tour attribué la paternité
de cette publication, déclarent, de la manière la plus
formelle qu'ils y sont complètement étrangers.
Plusieurs journaux do la capitale vont jusqu'à dire
que l'auteur de cet écrit anonyme, qu'ils appellent
une mau vaise action, n'appartient pas la législat ure.
On écrit de Malines, 3o mai
L'Association libérale s'est réunie hier pour
procéder la nomination de ses candidats définitifs
pour la Chambre. Ont été nommés: MM. Reyntjeus,
Proosl et Vermylen.
L'Association libérale de Namur, dans sa séance de
samedi, a choisi pour quatrième candidat la Cham
bre des représentants M. Alphonse Rops, échevin
de la ville de Namur, qui accepte la candidature.
Les candidats catholiques Namur sont
Pour le Sénat: le baron Dupont d'Ahérée, con
seiller provincial; le baron J. Woelmont, bourg
mestre de Cortil-Wodon.
Pour la Chambre des représentants: MM. F.
Moncheur, représentant sortant; A. Wasseige, an
cien représentant Royer-de Behr, ancien échevin
de Narnur Ch. de Montpellier d'Arbre, industriel.
DÉPÈCHES TÉLÉGRAPHIQUES.
Turin, 27 mai.
Des vapeurs autrichiens parcourent le lac Ma
jeur, menaçant le pays riverain. Les populations en
armes résistent aux intimidations de l'ennemi.
A Canobbio, le vapeur Radelzky a dû se retirer
devant la fusillade de la garde nationale et des doua
niers. Une dépêche privée annonce que Garibaldi
occupe uue forte position près de Varèse.
Lugano, 27 mai.
Garibaldi est parti dans la matinée pour Côme.
6,ooo Autrichiens sont concentrés Camerlata.
parla de brigandsil ne fit que rire de cette accusation
qui tombait directement sur lui-même et sur son étrange
accoutrement. Il se mit alors l'abri de soupçons person
nels, en invoquant sa qualité de pensionnaire de l'Aca
démie de France et en déclarant que la veille au soir un
Français, également pensionnaire de l'Académie, s'était
rendu au Ghetto, et n'avait pas reparu.
Toutes les fois que les juifs Rome étaient en butte
une fâcheuse imputation, aucune voix ne s'élevait en
leur faveur, et l'opinion générale, au contraire, les con
damnait sans appel, sur les plus frivoles apparences, tant
les vieux préjugés du moyen âge avaient encore de pou
voir sur les masses, où subsiste toujours une haine aveu
gle contre les enfants-de Moïse.
Un Français avait pénétré le soir dans le Ghettoet
n'en était plus sorti ce fait seulque garantissait l'en
quête obstinée de Fragonard fut aussitôt entouré de
mille circonstances plus ou moins vagues ou insigni
fiantes la porte du Ghetto ouverte et fermée plusieurs
fois dans la nuitles abois des chiens les cris plaintifs
qu'on avait entendus, eurent alors leur explication. A
défaut de détails précis, on en inventa d'imaginaires et
des témoins ne manquèrent pas qui racontèrent comme
chose avérée ce qui n'était qu'une induction tirée des ap
parences et des probabilités.
Le chemin de fer de cette ville h Milan est coupé
ainsi que le télégraphe.
Paris, 28 mai. -
Dans le combat de Côme, Garibaldi a pris aux
Autrichiens plusieurs pièces d'artillerie et beaucoup
de prisonniers.
Les Autrichiens sont en retraite.
Garibaldi recevra bientôt un renfort de plusieurs
batteries d'artillerie.
Lugano, 28 mai.
Hier soir, après un combat acharné qui a duré de
5 8 h., le général Garibaldi est entré Côme.
On se bal Camerlata où les Autrichiens se sont
retirés.
Tous les vapeurs sont entre les mains des pa
triotes.
Turin, 28 mai.
Une dépêche de Garibaldi annonce qu'il a défait
les Autrichiens et qu'il est entré Côme. Les Au
trichiens sont en pleine déroute vers Monza. Le Roi
a fait transmettre par le télégraphe des éloges h
Garibaldi.
Le vapeur Radettky a bombardé pendant deux
heures, Canobbio, sur le lac Majeur. La ville s'est
admirablement défendue. L'ennemi a eu quelques
hommes blessés.
Une rencontre a eu lieu sur la rive gauche de
la Sésia en face de Verceil. Les Autrichiens ont été
repoussés.
Paris, 29 mai.
Le Moniteur annonce que l'Empereur, voulant
autant que possible diminuer les maux de la guerre,
a décidé que tous les prisonniers blessés seraient
rendua l'ennemi contre échange.
Garibaldi est entré Côme où Ton a illuminé en
son honneur. Les troupes de Garibaldi ont occupé
Camarala et s'apprêtent poursuivre les Autrichiens
qui sont en retraite vers Mariana.
Le gouvernement français n'a jamais considéré la
houille comme contrebande de guerre; il se con
formera pendant la guerre actuelle, cette manière
de voir.
Turin, 30 mai.
Le Bulletin officiel annonce que l'armée Piémon-
(aise a passé la Sésia l'ennemi s'était fortifié
Palestro. Après un vif combat, lés troupes Piémori-
taises sous le commandement du Roi Victor-Em
manuel, ont pris le village, et chassé les Autrichiens
en leur faisant beaucoup de prisonniers.
Les détails manquent.
Une foule immense s'était portée sur le Ghetto, et
l'environnait de tous les côtés, en se dirigeant vers Tune
et l'autre entrée, celle de la place de la Juivcrie et celle
du pont Qualro-Capi.
Des différents groupes qui stationnaient vis-à-vis des
portes s'élevaient des malédictions menaçantes des
injures horribles et des clameurs féroces. Une haine
implacable contre la race et la religion juives brillait
dans tous les yeux, éclatait dans tous les discours des
assistants, parmi lesquels les enfants et les femmes sem
blaient les plus acharnés.
La police est-elle avertie qu'on a tué un homme, un
chrétien A-t-on arrêté les meurtriers Pendra-t-on
quelques juifs On assure que ce matin, avant le
jour, les familles du saint office ont envahi le Ghetto et
ont emmené une femme... Une femme c'est sans
doute celle qui a causé la mort du Français... Mais l'as
sassin On n'en sait pas davantage jusqu'à pré
sent. Le corps de la victime est là, déposé, dans la
maison du custode. Vous l'avez vu répliqua-l-on
avec uue avide curiosité, en se rapprochant de la fenêtre
basse que le dernier interlocuteur avait indiqué du
doigt. Qui est-ce qui le garde? Pourquoi ne Ta-t-on pas
porté plutôt dans une église Je l'ai vu, dit mysté
rieusement ce personnage si bien informé, qui ne croyait