I
JOURNAL D'ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
H* 1,8®5. - 1®' Année.
JVeudl, 30 Juin 185®.
LE PRICIES
Vires aquiriteundo.
ABONNEMENTS Yprks (franco), par trimestre, 5 francs 50 c. Provinces, 4 francs. I Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanehe. Tout ce qui concerne le journal doit
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Tpres, 39 Juin.
Yoici une analyse succincte des affaires qui
seront soumises au Conseil provincial de la
Flandre occidentale, et dont l'ouverture aura
lieu le mardi5 juillet prochain
Vérification de* pouvoirs de M. Eugène De
Meulenaere, échevin Moorslede, nommé conseiller
pic. incial pour le canton de Passchendaele, en rem
placement de M. Denecker, Louis-Célestin décédé.
a® Nomination d'un membre de la commission
chargée du contrôle et de la vérification de la caisse
générale de retraite, aux termes de l'article ai de la
loi du 8 mai i85o, le mandai de M. Brasseur, devant
être renouvelé tous les ans.
3* Présentation de deux candidats pour la place
de président du tribunal de i* instance Bruges, en
remplacement de M. Ch. Van Severen démission
naire.
i' Committion.
4* Demande de subside de la société des beaux-
arts, A Courtraiafin de l'aider organiser une ex
position detableaux, etc., dans cette ville, au mois
d'août 1859.
2* Committion.
5* Proposition l'effet d'augmenter les ressources
de la caisse de retraite des gardes-champêtres et des
veuves et orphelins de ces agents.
6* Demande de la commune de Loo, tendant A
pouvoir fixer au 28 août, l'époque de sa foire an
nuelle aux chevaux, qui a lieu actuellement le 29
août.
3* Committion.
7* Projet de budget des recettes et des dépenses
de la province pour 1860, s'élevant en recettes et en
dépenses A fr. 1,65g,34i-o4 centimeset projet de
budget spécial pour 1860, du fonds provincial d'agri
culture.
8* Compte provincial pour la gestion de 1858,
compte définitif de l'exercice 1867 et compte pro
visoire de i858.
4* Committion.
9* Rapport et propositions concernant les travaux
ordinaires et extraordinaires A exécuter pendant
1860, aux frais de la province.
LIE ©HUTTO.
XVIII.
{Suite.)
C'est vous que l'on nomme Mondaio demanda vi
vement le peintre, qui n'avait pas eu égard A ce geste
muet. C'est moi, repartit d'une voix émue l'orfèvre,
qui se consultait tout bas. Que me voulez-vous? Vous
avez une fille appelée Scïln? continua Fragonard en sui
vant du regard le changement qui s'opérait dans la phy
sionomie de Mondaio. J'avais une fille! murmura-t-il
avec des soupirs étouffés et des larmes contenues on me
l'a enlevée. On a enlevé votre fille? s'écria le peintre avec
pétulance. Robert, Robert a enlevé sa maîtresse Robert
Robert! Eh! qui vous parle?... interrompit vivement
le père, partagé entre le dépit, l'étonnement et le doute.
Qu'y a-t-il de commun entre la maîtresse de Robert et
ma fille? Quel est ce Robert ajouta-t-il vivement en
se rapprochant de Fragonard, et en fixant sur lui un
œil pénétrant. Ce n'est pas un des bourreaux du Saint-
Office? Serait-ce lui l'accusateur de ma malheureuse
fille Vous êtes fou, reprit brusquement Fragonard,
ou bien vous simulez la folie pour éviter de répondre.
Vous prétendez qu'on a enlevé votre fille Quand com
ment Ce ne peut être Robert, le plus candide, le
plus vertueux des pensionnaires de l'Académie... Un
peintre do l'Académie de France s'écria Mon.laio, qui,
saisi de fureur A ce nom, leva contre Fragonard le mar
teau qu'il tenait A la main. Santa Maria monsieur le
juif! fit Barretti, «'élançant courageusement au-devant
to* Rapport sur la demande de l'administration
communale et de quelques habitants deGits, tendant
A c« que la province intervienne dans les frais A
résulter du pavage d'un des chemina vicinaux, qui
relient l'aggloméré du village, la station du chemin
de fer.
11* Rapport sur le projet de route do l'aggloméré
d'Isenberghe A la chaussée de l'État d'Hoogstade
Rousbrugge.
îa* Projet de route pavée conduisant du moulin
Kloosler-Molen A la digue de l'Yser, vers l'aggloméré
de Stuy vekenskerke et aux limites de Pervyse.
i3* Projet de pavage du chemin conduisant du
village de Rumbeke la station du chemin de fer.
4* Projet destiné A compléter la route en gravier
de Wamêion A Ploegstecrt.
i5* Projet de route de Messines A Neuve-Église.
16* Projet de route de Dranoutre, par Locçp, A la
chaussée de l'État d'Ypres Bailleul.
17* Projet de pavage du chemin n* 4, compris
entre la chaussée de Dixmudeel Roulera et la station
de Zarren.
18* Projet de route de Vlamertinghè A Reninghelst.
19* Projet de roule du village (te Breedede au
hameau de Slykens, sur la chaussée do Bruges A
Ostende.
20* Projet de roule de Wjrtschaete au pavé de
S'-Ëloi A Messines.
21* Projet de la 2* section de la chaussée d'Oost-
duinkerk» A Wulpen, comprise entre ia pont sur le
canal de Nieuporl et l'aggloméré de Wulpen.
2i* Projet de route de Noordschote Luzerne.
23° Demande de subside supplémentaire en faveur
de la roule de Stavele A la chaussée d'Hoogstade A
Rousbrugge.
a4* Demande de subside supplémentaire en fa
veur de la route de Stavele, par Crombeke, A Weit-
vleteren.
25° Projet de route de Lapscheure A Damme.
26* Projet de pavage du chemin conduisant de
Meetkerke la route de Bruges A Ostende, par
Houttave.
Le barreau de notre ville vient de faire une
perte douloureuse en la personne de M. Hip-
du coup et arrêtant le bras de l'orfèvre. Une nouvelle
tentative de meurtre, dit l'auditeur de Rotcen s'assayant.
Greffier, commencez votre procès-verbal. Je le di
sais bien, cet homme est fou, reprit Fragonard essayant
d'atténuer les torts du père de Scïla. Il a la tète perdue
par quelque chagrin, qu'il va nous faire connaître sans
doute il nous apprendra ce qu'il sait de l'enlèvement de
sa fille, il nous donnera des nouvelles de Robert... En
core une fois, ne me parlez plus de ce peintre français!...
interrompit le juif, que le barbier avait désarmé, mais
dont l'irritation ne faisait que s'accroître. C'est une con
spiration odieuse du P. Alexandre contre ma fille, contre
moi, contre la religion de Moïse J'aimerais mieux voir
ma fille coupce par morceaux, que de consentir A son
union avec un chrétien. Vous voyez bien qu'il extra-
vague, dit Fragonard en se tournant vers monsignore
Nardi. Cependant il faut savoir quand il a vu Robert.
Je ne l'ai pas vu, Dieu soit loué repartit Mondaio fré
missant de colère. Si je l'avais vu, je l'aurais tué Tué
répéta l'auditeur Nardi. Greffier, tenez note exacte de
tout ce qui se dira ici, avant l'interrogatoire en forme.
Vous l'auriez tué, malheureux! sccria Fragonard
que celte parole de ressentiment et de vengeance avait
fait frissonner. Et que vous a-t-il fait Ce qu'il m'a
fait répondit Mondaio avec un geste d'indignation il a
voulu séduire ma tille il a intéressé dans sa trahison un
misérable capucin, qui osa pénétrer dans ma maison et
m'insulter en face, en m'annonçant que j'avais une Glle
chrétienne... Alors, vous avez vu le P. Alexandre, si
vous n'avez pas vu Robert? répliqua Fragonard, dont
l'anxiété croissait chaque instant. Oui, je l'ai vu, cet
polyte Cornette, avocat-avoué près le tribunal
de première instance.
Né Ypres le 6 Décembre 1830, M. Cornette
s'est éteint jeudi soir 7 heures,après une courte
maladie.
La cérémonie fuaèbre a eu lieu Lundi, dix
heures du matin.
Tout ce que notre ville renferme de notabi
lités, les membres de l'administration commu
nale, la magistrature, le barreau, toutes les
classes de la société se pressaient en foule la
maison mortuaire pour témoigner des regrets
unanimes qu'inspirait la perte d'un jeune homme
plein d'avenir et de distinction.
Après ia messe des funérailles la même foule
se porta au cimetière et là, au milieu d'une as
sistance émue et recueillie, M. l'avocat Bot-
saert, au nom du barreau d'Ypres, prononça
quelques parolés éloquentes dictées par un sen
timent de regret et d'affectueux souvenir.
Mtttieurt,
Permettez-moi de vous retenir encore un instant
au bord de celte tombe autour de laquelle uous a
réunis un commun sentiment de profonde et dou
loureuse sympathie.
Le barreau d'Yprea, frappé dans l'un de ses plus
estimables membres, éprouve le besoin d'épancher
ses regrets, et de dire aux restes que la terra va
couvrir, un dernier et confraternel adieu.
L'inexorable mort a des surprises terribles Qui
eut dit, Messieurs, il y a uu mois peine, que M.
Hippolyte Cornette serait aujourd'hui un objet de
deuil pour «a famille et pour nous tous, ses amis?
Personne, hélas! Il avait vingt-huit ans, lea
apparences de la santé et ces habitudes calmea et
régulières qui promettent la durée A la vie de
l'homme et pourtant il n'est plus!
Déplorable mort, Messieurs, que cette mort pré
coce et inattendue
Ap lès une jeunesse pleine de fertiles labeurs,
après onze années de fortes études, dont six au Col
lège communal de cette ville et cinq aux universités
infâme, et sans un reste de pitié que je me reproche, je
l'aurais mis A mort en offrant son sang au dieu d'Isaac et
de Jacob. C'est hier soir, dit Fragonard s'adressant au
prélat, que le P. Alexandre a ramené lui-même au Ghetto
la fille de ce juif; mais j'ai tout lieu de penser que Ro
bert, qui les suivait de près, les aura rejoints, ou du
moins sera venu derrière eux je parierais même...
Vous persistez A soutenir que vous n'avez pas vu M. Hu
bert Robert demanda monsignore Nardi A Mondaio,
qui haussa lesépaules. En doutez-vous? répliqua-t-il
durement: puisque je ne l'ai pas tué, cet audacieux
'Français! El le P. Alexandre, que vous avouez avoir
reçu hier soir, était-il seul n'avait-il pas auprès de lui
ce même Rohert, que vous ne connaissez pas ssds
doute? Il est vrai, je ne le connais pas; mais le P.
Alexandre était seul... Au fait, je ne puis dire s'il était
seul ou accompagné car, en réponse ses insolentes
provocations, je l'ai jeté hors de chez moi, et ne me suis
pas inquiété de ce qu'il devenait mais si je le retrouve,
et je le retrouverai, je veux lui cracher au visage, je
veux lui donner les noms les plus injurieux, je veux le
souffleter... Mondaio, vous parlez d'un religieux ca
tholique, interrompit sévèrement monsignore Nardi
je vous conseille de ne point aggraver votre position.
Vous en avez dit assez pour être emprisonné, fouetté et
condamné A l'amende, vous, juif, outrageant la religion
de Jésus-Christ dans la personne d'un de ses ministres
Des taches de sang s'écria Barctti, qui se pencha
aussitôt vers le plancher pour mieux constater la nature
des taches qu'il signalait, Du aang, s'écria Fragonard,
se précipitant genoux et louchant d'une main trera-