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JOURNAL D'ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
W 1,905. - 19* Aimée
Jeudi, 4 Août 1859.
Vires acquiriteundo.
LE PROGRES
^pnES ([rai}co)» Par trimestre, 5 francs 50 c. Provinces, 4 francs. I Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
LNSLRTIONS Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne 50 centimes, j être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Tpbes, S Août.
Quelque ennuyeuse que puisse être, pour
nos lecteurs, notre polémique avec les feuilles
cléricales, nous demandons pouvoir donner
encore quelques mots de répouse nos adver
saires. Lorsque nous avons donné des explica
tions au sujet des élections, nous les avons don
nées avec franchise et loyauté, tout le monde
reconnaîtra cela; ainsi, nous avons avoué que le
résultat de nos élections était imprévunous
avonsavoué qu'il devait surloutêtre atlribuéaux
efforts faits par les deux partis pour assurer
leurs candidats le plus grand nombre de voix
possible; nous avons avoué enfin qu'en présence
d'une pression moins grande que d'ordinaire de
la part du clergé, l'élimination de M. Malou
était dûe pour ainsi dire la libre expression de
l'opinion publique. Mais lorsque nous faisions
ces aveux, nous faisions de l'histoire et nous
écrivions pour des gens qui ont vu passer les
choses sous leurs yeux. Le Propagateur lui-
même n'a pas apprécié autrement les faits dans
les premiers articles qu'il a publiés après les
élections; niais ces explications ne pouvaient
naturellement pas convenir M. l'abbé qui
semble avoir reçu de Monseigneur la haute di
rection de nos affaires politiques; lui, nécessai
rement, avait se justifier vis-à-vis de son
supérieur; lui avait prouver Monseigneur
que ce n'est ni ses intrigues ni sa maladresse
qu'est dûe l'élimination de M. Malou, et de là
une série de correspondances adressées la
Patrie, dans lesquelles on travestît les hommes
et les choses, mais qui heureusement n'excitent
ici que de la pitié et de l'indignation.
Nous ne désirons pas du reste que le corres
pondant de la Patrie fasse trêve; le Propagateur
a fait si longtemps nos affairesla Patrie peut
bien les faire un peu et nous lui garantissons
qu'à la première rencontre, les libéraux Yprois
prouveront qu'ils n'ont rien perdu de leur force
et de leur énergie.
Comme nous venons de le dire, nous nous
sommes expliqués sur nos élections avec fran-
LS
A
XX.
(Suite.)
Serait-ce la chapelle de l'hôpital des Hérétiques-
Convertis? se dit Robert suis-je dans les prisons du
saint office?N'est-ce pas, Santa Maria, que Marco,
Une fois baptisé, deviendra bon chrétien et m'épousera
devant l'Église Si c'est lui qui a tué le peintre français,
cette nuit, dans le Ghetto.... Un peintre français, tué
cette nuit dans le Ghetto s'écria Robert tout ému, qui
sentait trembler sa main en écrivant. Oh que je vou
drais avoir des nouvelles do Fragonard et de tous nos
amis disait Robertdont le trouble et l'inquiétude
étaient d'autant plus vifsqu'il se souvint du projet
d'enlèvement conçu par Fragonard projet auquel il
s'était opposé, lui, de toutes ses forces. Si Fragonard,
malgré ma volonté expresse, malgré mes prières, avait
voulu servir mon amour par le rapt de Seïla Je suis
plus tranquille, sainte vierge Marie, depuis que je me
sens sous ta sainte garde! murmurait la voix travers
des sanglots étouffés; il me semble que Marco n'est pas
coupable, ou du moins que son crime est expié
chise et sans forfanterie, la Patrie en conclut
bien tort que personne n'ose supporter la
responsabilité de ce qui s'est fait. C'est là une
erreur évidente. La seule chose que nous ayons
tenu constater, c'est qu'il n'a point été opposé
de candidats MM. Malou et Van Renynghe,
car jamais il n'a été convenu que nos amis vo
teraient pour les candidats adverses pas plus
que les électeurs cléricaux ne devaient voter
pour M. Vandenpeereboora on restait libre de
part et d'autre cet égard, et ce qui le prouve,
nous le répétons pour la dixième fois, c'est que
le Propagateur indiquait lui-même en ne
portant que deux noms la tête de son journal,
qu'il ne fallait voter que pour ces deux c'est
que d'ailleurs cinq cents électeurs cléricaux
ont cru pouvoir omettre M. Vandenpeereboom
de leur bulletin.
Du reste, que M. Vandenpeereboom, cédant
des considérations d'amitié ou de parenté, ait
voté pour M. Malou, et que quelques-uns de
ses amis l'aient suivis dans celte voie, nous en
sommes convaincus; mais il est certain aussi,
que l'immense majorité des libéraux se sont
bornés voter pour leur canditlat, et la Patrie
est complètement dans l'erreur lorsqu'elle af
firme que les libéraux Yprois n'osent pas
assumer publiquement la responsabilité du fait
qui leur profite cette responsabilité nous sem
ble très-facile porter, car nous avons aujour
d'hui un représentant de plus qui s'occupera
beaucoup plus activement des affaires de l'ar
rondissement que des siennes propres, et qui
réunit en outre toutes les conditions voulues
pour rendre par la suite les plus grands services
nos localités.
Nous avons publié, dans notre dernier n#,
une lettre adressée la Patrie, par deux hono
rables industriels de cette ville; la Patrie en
supprime deux lignes sous prétexte qu'elles
contiennent des injures Il y a déloyauté et
lâcheté, disent ces Messieurs, répandre le
mensonge et l'injure sous le voile de l'ano
nyme.
Hubert Robert avait achevé d'écrire Fragonard, dont
il mit le nom sur le billet, ainsi que l'adresse de la mai
son où il demeurait lui-même avec l'abbé de Saint-Non,
mais se ravisant l'idée que son ami n'était certainement
pas resté depuis la veille renfermé dans cette maison
solitaire, il ajouta une note en italien, pour supplier la
personne qui recevrait ce papier de se transporter
i'Académie de France et de le remettre aux propres
mains de M. Fragonard, pensionnaire de l'Académie.
Ensuite il enveloppa dix louis dans un second papier
annexé au premier, et il les fit glisser adroitement l'un
et l'autre par l'ouverture qui laissait parvenir la voix
jusqu'à lui. 11 enteudit le rouleau d'or tomber entre les
vases sacrés, rouler sur l'autel et résonner terre, où le
ramassa sur-le-champ la femme inconnue qui en avait
déjà reçu plusieurs semblables par la même voie.
Cette femme manifesta sa surprise et sa joie par une
pieuse exclamation en l'honneur de la madone qui elle
attribuait ce mystérieux message on l'entendait mur
murer des oraisons avec une sorte de tendresse, et baiser
coup sur coup le marbre des dégrés de l'autel.
La porte de la prison s'ouvre.
Quatre pénitents noirs, la tête encapuchonnée et les
reins serrés d'une corde gros nœuds, paraissent, en
tourent Robert et lui font signe de les suivre.
Nous ue comprenons pas la susceptibilité de
la Patrie; il ne nous aurait rien coûté d'im
primer ces ligues au fait y a-l-il loyauté de
répandre le mensonge et l'injure sous le voile
de l'anonyme? Mais qui se sent morveux se
met la Patrie a trop la conscience de sa
culpabilité pour aller reproduire un reproche
que ses lecteurs pourraient tous les jours lui
mettre sous les yeux.
La Société royale de S1 Sébastien Ypres,
devient de plus en plus prospère; non-seule
ment le nombre de ses membres augmente
rapidement mais les fêtes qui y sont données
ne laissent rien désirer, tant sous le rapport de
l'animation que par les bons sentiments qui
unissent tous les confrères. Hier, une brillante
solennité y a eu lieu. Le chefhommeM.
Vanden Peereboom et le vice-chefbomme
M. De Codt, ont donné un tirage avec prix,
l'occasion de leur installation comme chefs de
la société. Des pièces d'argenterie et des objets
en porcelaine dorée et ornée aux armes de la
confrérie, étaient ofFerts en récompense de l'a
dresse des archers. Il y avait autant de prix que
de membres de la société.
Vers deux heures les confrères se sont ren
dus musique en tête, au domicile des chefs pour
les conduire au local de la société, et immédia
tement après leur arrivée le tir a commencé.
Quatrevingt membres de la confrérie ont pris
part cette lutte et depuis bien longtemps au
tant de confrères de S' Sébastien ne s'étaient en
aussi grand nombre livrés leur exercice favori.
Après le tir, une collation était offerte aux
archers par MM. le chefhomme et le vice-chef-
homme, dans la grande salle. Des toast ont été
portés au Roi et au Comte de Flandre, prolec
teur de la société, et ensuite aux chefs de la
gilde. L'ancien esprit de fraternité qui était
autrefois le lien puissant de ces associations,
semblait revivre parmi les confrères qui accla
maient avec ensemble les toast proposés.
Nous n'avons pas besoin de dire que la col
lation offerte quoique simple, a été bien ap
préciée.
Robert veut résister il leur demande de quel droit
on exerce sur lui ces violences, quel résultat on espère
obtenir d'une si odieuse machination; il réclame les noms
de ses accusateurs de ses geôliers de ses juges il les
menace de sa vcngence; mais tout est inutile il ne peut
tirer un seul mot de ces muets et inexorables satellites
d'un pouvoir inconnu ou le saisit, on le pousse, on
l'entraîne.
Misérables criait-il avec désespoir, en regrettant sa
prison où du moins il avait trouvé moyen de commu
niquer avec un être accessible la pitié et des senti
ments humains. Qui que vous soyer, j'aurai justice contre
vous Comme Français, je puis compter sur la protection
de la France et sur celle de son ambassadeur
XXI.
Robert, malgré ses menaces, ses injures et ses prières,
ne put obtenir aucune parole de ses quatre conducteurs,
qui ressemblaient aux pénitents que les confréries en
voient aux condamnés mort, pour les assister dans
leurs derniers moments.
On lui fit traverser plusieurs longs corridors voûtés,
plusieurs grandes salles nues et tristes, qui n'avaient
pour tout ornement que des crucifix accrochés au mur et
j des devises mystiques en latin, peintes dans des cartour