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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
IV 1,914, 19' Année.
Dimanche, 4 (Septembre 1959.
Vires acquiril eundo.
Le lendemain matin quand il s'éveilla encore accablé
LE PROUES
ABONNEMENTS i Yprès (franeo), par trimestre, 3 francs 50 c. Provinces,4francs.
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Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Tpbes, 3 Septembre.
L'ensemble du projet des travaux publics a
été voté Mardi dr, la majorité de 49 voix
contre 29 et 5 abstentions. Nous félicitons sin
cèrement la Cbambre sur son vote nous com
prenons tout au plus que l'on put différer
d'opinion sur l'opportunité qu'il y avait pré
senter cette loi; mais une fois soumise la
Chambre, toute discussion devait cesser et la
loi devait rallier les suffrages de tous ceux qui
éprouvent un sincère attachement notre na
tionalité et nos institutions constitutionnelles.
C'est ce qui esfr arrivé du reste; presque tous
nos amis ont voté pour, tandis que la loi a ren
contré pour adversaires les séides de nos évê-
ques, ces patriotes romains qui applaudissaient
naguères la fameuse encyclique et qui plus
récemment, le cou tendu vers la frontière, fe-
saienl appela la plume guerrière de M. Granier
de Cassagnac pour attirer sur leur patrie des
tracasseries douanières et peut-être des cala
mités d'une nature plus grave et plus sérieuse.
La Cbambre u'a point cédé devant ces moyens
d'intimidation et elle a bien fait; une nation
n'est digne d'être libre et indépendante qu'au
tant qu'elle sache défendre son indépendance
et ses institutions.
Une chose remarquable, c'est que MM. De
Decker, Deschamps et De Naeyer qui sont ac
tuellement sans contredit les trois hommes les
plus considérables de l'opinion cléricale, se sont
séparés de leuvs collègues sur la question
d'Anvers. Nous voudrions bien savoir comment
la Patrie de Bruges explique ces voles. Au fait
il De lui sera pas difficile de démontrer ses
lecteurs que des sommités du parlement comme
MM. Nolelteirs, De Smedt et Henri Dumortier
ont bien mieux le sentiment de la situation
politique du pays que le» trois honorables re
présentants que nous venons de citer. Rien
n'est difficile pour la Patriequand elle a
faire bien entendu ses lecteurs.
LE ©MiTT©»
(Suite.)
XXIV.
La nouvelle de la mort du P. Alexandre avait produit
une sorte de stupeur par toute la ville il n'y eut pas
d'autre sujet de conversation durant toute la journée du
vendredi saint.
La populace, qui connaissait le moine défunt pour
avoir reçu souvent sa bénédiction lorsqu'il passait dans
les rues de Rome, aurait souhaité le venger en mettant
feu et sang le Ghetto. Mais le cardinal-gouverneur en
voya dos carubiniers pour protéger les juifs, ainsi que
leur quartier qu'on commençait envahir le fer et la
flamme la main. Quelques victimes massacrées, fou
lées aux pieds, déchirées en lambeaux, jetées dans le feu
et accrochées au gibet, avaient assouvi la première fureur
de ce peuple que le fanatisme religieux pousse toujours
aux plus grands excès, et qui devient féroce, sanguinaire
par piété.
Robert passa le reste de ce jour-là en proie ii un déses
poir qui fit craindre pour sa raison et pour sa vie. Fra
gonard ne le quitta pas et lui prodigua les plus tendres
soins.
Savoir Seïla i la merci de Badolfo et en même temps
la savoir impliquée dans une accusation capitalec'était
On nous assure que pendant son dernier sé
jour Ypres, Msr Macaire Kadalh vient de
nommer M. le priocipal Ostyn, chanoine hono
raire de l'archevêché de Damas.
La Députation permanente vient d'approuver
l'adjudication de la roule de Messines par
Ploegsteerl Armentières, par suite nous ap
prenons que les travaux seront commencés
Mardi prochain nous pouvons donc espérer
voir terminer cette importante voie de commu
nication dans le courent de l'année prochaine.
Nul doute que celle nouvelle voie de commu
nication n'ait bientôt pour résultat de créer des
relations entre notre ville et celle d'Armenlières.
M. Florimond De Boo, d'Ooslvleleren, vient
de subir devant le jury combiné de Liége-
Louvain, l'examen de candidat-notaire, avec
distinction.
ii nu—
De l'avis de la congrégation des rites, le Pape
a déclaré que le vénérable Labre doit être
rangé au nombre des saints, et qu'un culte spé
cial doit lui être consacré dans l'Eglise.
Qu'était-ce donc que le vénérable Labre
C'était un paysan du milieu du siècle dernier,
né dans la province d'Artois. Il avait une mo-
nomamie toute particulière, celle de la mendi
cité. Il passait sa vie aller de porte en porte,
couvert de sales guenilles, mendier, pour la plus
grande gloire de Dieu, le pain que d'autres de
mandent au travailSi Labre avait vécu de notre
temps, il serait probablement, l'heure qu'il
est, dans quelque dépôt de mendicité. A Rome,
on en fait un saint. On semble vouloir jeter un
défi l'esprit moderne, cette grande loi du
travail, qui est si honorable pour noire époque,
aux honnêtes travailleurs de nos campagnes et
de nos villes, qui cherchent dans le labeur quo
tidien la nourriture de leur famille.
Dans peu de temps, notre clergé recevra l'or
dre d'élever, dans les églises de nos communes,,
là pour Robert deux sources de larmes et de terreurs. Il
se demandait alternativement si sa maîtresse lui serait
rendue déshonorée, ou s'il devait la perdre sur un écha-
faud.
A chaque instant il se levait en bondissant il deman
dait grands cris qu'on lui donnât des armes; il appelait
Seïla, il menaçait Badolfo; il maudissait l'ambassadeur de
France qui lui avait refusé de prêter assistance Seïla; le
directeur de l'Académie, qui avait encouragé les rigueur*
du Saint-Office Mondaio, qui avait attaché son sort sa
fille innocente; Fragonard lui-même, qui ne l'avait point
aidé sauver cette malheureuse victime.
Mais il s'accusait aussi plus que tous c'était lui qui
avait causé la mort du P. Alexandre, en retenant Seïla
chex lui après l'heure du couvre-feu en exposant le
moine entrer avec elle au Ghetto en excitant la ven
geance d'un père irrité. Ces pensées achevaient de l'acca
hier et il supplia son ami de le délivrer de la vie qu'il
avait prise en horreur. Il criaitil pleuraitil se tordait
les maius, il s'arrachait les cheveux.
Les paroles consolantes de-Fragonard et las soins de
son active amitié calmèrent par degrés l'exaltation de ce
cœur et de cet esprit malades. Robert, épuisé de fatigue,
finit par s'engourdir dans une douleur silencieuse qui
aboutit un sommeil sans rêves. Fragonard veilla la nuit
entière auprès de lui.
un autel Labre. On fera fumer l'encens de
vant son image. Nous inviterons alors les secta
teurs de Saiut- Labre imiter ses vertus évangé-
liques, mettre en pratique la maxime anti
sociale que l'ullramontanisme vient de glorifier
en lui et s'il se trouve de ces sectateurs, ils
pourront apprendre leurs dépens la religion et
la fainéantise, entre la morale et la superstition,
comme entre certaines pratiques de Ha cour de
Rome et le» lois de notre pays.
Revus de Namur
Lorsqu'ils fondent une colonie, les Espagnols
bâtissent une église, les Italiens élèvent une
salle de spectacle, les Anglais construisent un
vaisseau et les Français établissent un camp.
Nous voudrions pouvoir ajouter les Belges ou
vrent une école.
Quelle gloire pour une nation d'être la pre
mière sur le terrain de l'instruction il y aurait
beaucoup de mérite pouvoir dire mon armée
intellectuelle s'élève autant de millions d'hom
mes, et l'année dernière, elle s'est recrutée
d'autant de milliers de soldats qu'elle a conquis
sur l'ignorance ce seraient là de plus glorieux
bulletins que ceux rédigés sur un champ de
bataille couvert de sang, et où gisent pêle-mêle
des hommes qui sans se connaître, se traitaient
réciproquement d'ennemis, et qui la mort,
celte grande égalilaire, a donné une même
tombe.
Celui qui sème dans les larmesrecueillera
dans la joie, dit l'Écriture.
Nous savons que la liberté se sème et germe
souvent dans le sang et dans les larmes; aussi
heureux ceux qui, comme nous, n'ont plus qu'à
faire la moisson des fruits précieux si chèrement
achetés; mais aussi combien de soins pour éloi
gner l'ennemi des précieuses récolles, et elles
□'en ont pas de plus dangereux que l'ignorance!
Chaque intelligence que vous émancipez est un
soldat de l'ordre et de la liberté que vous avez
acquis. Une nation instruite et laborieuse qui
pense et qui travaille, offre une grande force de
de celte lassitude morale et physique qui ne se fait sen
tir qu'après un temps de repos, il avait recouvré la puis
sance du raisonnement et de la réflexion; il était calme
quoiqu'il comprit mieux que la veille toute l'amertume
de sa position.
11 ne doutait plus que l'innocence de Seïla et même
celle de son père ne rejaillissent de l'enquête judiciaire
la quelle donnerait lieu le meurtre du P. Alexandre, et
cette innocence ne lui laissa pas un doute, quand Frago
nard lui eut dit que suivant les apparences le pauvre
capucin avait élé immolé comme un halocauste pour
célébrer la Pâque judaïque; mais il fut toujours pénible
ment affecté, en se rappelant que Seïla était prisonnière
de Badolfo, et que ce misérable pouvait avec impunité
exercer sur elle les plus infâmes violences.
Il voulut aller chez monsignore Nardi pour connaître
les détails de l'enquête et la marche des procédures là,
il apprit combien de preuves matérielles et presque irré
cusables s'élevaient contre Mondaio et sa fille il apprit
aussi en frémissant, que l'instruction de l'affaire avait été
déférée au Saint-Office, cause de la qualité des accusés
qui étaient tous deux juifs. Depuis la veille, les pièces du
procès étaient dans les mains du grand-iDquisiteur; Mon
daio et Seïla dans les prisons du Saint-Office II ouvrit
son cœur au juge instructeur de la congrégation de Jus
tice, et lui avoua les motifs qu'il avait de craindre quelque
lâche entreprise de Badolfo sur Seïla.