résistance dans les mauvais jours car c'est dans
le peuple que se conservent, se développent et
se raniment tous les éléments de la civilisation,
où se réfugient les hautes pensées quaad la so
ciété s'en va comme c'est dans la terre que se
cachent, pour renaître, tous ces germes créa
teurs, dont la florissante résurrection renou
velle au printemps l'aspect de la nature. Mais
pour qu'il conserve ces dons précieux comme
la Vestale antique conservait le feu, il faut qu'il
soit éclairé lui-même, afin que la société, si un
jour l obscurité se faisait pour elle, rallume son
flambeau ce foyer.
L'enseignement obligatoire, en appelant
lui toutes les générations nouvelles, pourrait
seul donner la Belgique la prépondérance
intellectuelle. Maintenant qu'on a pourvu la
défense matérielle du pays, nous espérons qu'on
s'occupera sérieusement de combattre l'ennemi
intérieur, en construisant dans chaque commu
ne, une petite forteresse qu'un seul homme
suffirait pour garder. Celle forteresse, c'est l'é
cole, cet homme, l'instituteur.
(Journal de Bruges.)
Chronique politique.
Du t' Septembre an 3 Inclus.
A la nouvelle d'une conclusion des travaux de la
réunion de Zurich qui avait trouvé quelque crédit
ces jours derniers, avaient succédé d'autres bruits
d'une nature toute différente, et qui présentaient au
contraire, les plénipotentiaires, comme plus divisés
que jamais sur les principales questions qu'ils ont
résoudre. C'était tout au plus, disait-on, si un point,
celui du partage de la dette, avait pu être réglé.
Voici une troisième version, que nous donne un
correspondant de Paris et qui ne nous semble nul
lement ne pas devoir être la vraie. Le seul résultat
obtenu ju9qu'ici, nous dit-il, et le seul point sur
lequel les représentants des puissances seraient par
venus s se mettre d'accord, serait celui des questions
qu'ils auront traiter. Elles sont au nombre de a4
et parmi elles se trouve celle des duchés que les re
présentants du Piémont ont vainement cherché
écartersous prétexte qu'il ne peut plus y avoir de
doute aujourd'hui sur le vœu des populations de
l'Italie centrale.
Si la version que donne le correspondant, sur
l'état des travaux de la conférence, qit erronée au
moins, tous les renseignements concordent-ils au
jourd'hui sur ce pointque les négociation* ont fait
excessivement peu de progrès que les difficultés
sont toujours graves et nombreuses.
Une question qui n'occupe pas moins le monde
poliliquequecelle de savoir cequi se passe Zurich,
c'est la réunion des Duchés au Piémont. Nous avons
cité un article du Manchester Guardian, dont las
relations avec lord Palmerston sont connues, et dans
lequel on disait qoe le cabinet anglais et même les
puissances neutres ne feraient aucune objection
ce que le Piémont se fortifiât par l'annexion des
Duchés. Le JUorning-Post s'exprimait hier dans le
même sent et il eDgage même le Piémont 1 annexer,
sans aucune formalité, en attendant le consentement
des puissances. Nous citons enfin une correspondance
Monsignore Nardi s'étonna de ses soupçons les traita
de visions ridicules et annonça au jeune peintre que le
chef du Sainl-Oflicc venait d'être chargé par le pape de
faire l'élévation du corps de Sainte-Valère trouvé dans
les Catacombes. De U longue digression archéologique
du prélat sur les Catacombes de Rome, sur leur origine,
leur histoire, leurs sépultures.
Robert n'écoutait ni ne répondait il était atterré il
ne voyait que deux issues cet affreux procès ou la
condamnation et le supplice de Scïla, ou l'outrage et le
déshonneur de cette infortuuée.
Il était encore la, ne sachant quelle détermination
s'arrêter quand le barbier Baretti vint en courant faire
la barbe de monsignore Nardi.
Quoiqu'il se dit plus pressé qu'à l'ordinaire, il ne laissa
pas de parler beaucoup et de répéter les bruits du jour.
Robert dressa l'oreille et ne perdit pas un mot de ce soli
loque rempli de mensonges et de médisances; car il était
question de l'assassinat du P. Alexandre.
Les custodes de la porte San-Lorenzo disaient avoir
vu passer le P. Alexandre, deux heures avant minuit il
sortait de la ville et paraissait seul. Une filfe d'osteria ou
d'auberge déclarait que, vers la même heure, en regar
dant par la fenêtre pour demander qui frappait en bas,
elle reconnut le P. Alexandre qui marchait accompagné
d'un homme elle l'avait dit deux carabiniers qui s'ar
rêtèrent pour boire un pot de vin d'Orviéto, en rclour
de la Pressetrès-catégorique aussi sur ce sujetet
qui affirme même que sous peine d'être renvaraé, le
cabinet de lord Palmerston est obligé d'agir avec
efficacité en faveur de la nationalité italienne.
Si l'on rapproche maintenant de ces opinions
exprimée* par divers organes de la presse anglaise,
des bruits très-accrédités Londres, il serait peut-
être permis de supposer que l'Angleterre qui
jusqu'ici a gardé la plus complète réserve compte
prendre une part plus active au règlement des affai
res do l'Italie centrale. On ne doute nullement
Londres que cette question n'ait été l'objet dea dis
cussions du conseil de ministres qui a été tenu
dimanche, et l'on dit même que la résolution de
reconnaître la souveraineté du roi de Piémont, sur
les Duchés et les Légations, y a été arrêtée.
On se préoccupe aussi, assez généralement, des
motifs de l'insistance que met la Russie demauder
la réunion d'un Congrès. Voici les raisons que
donne de cette conduite une correspondance pari
sienne. On suppose que l'Intérêt que cette puissance
attache aux affaiies d'Italie n'est qu'un motif très-
secondaire; ce qu'elle poursuivrait avant tout, ce
serait la révision des traités de i856, dont elle n'a
pas lieu d'être satisfaite. Mais dans tous les cas si les
grandes puissances parvenaient te mettre d'accord
sur ce point et reconnaître la nécessité de la réu
nion d'un Congrès, resterait la question de savoir
s'ils jugeront opportune, la révision de ces traités.
L'Aogleterre y a pris une large part et elle n'a pas le
même intérêt en désirer la modification. La ré
pugnance du cabinet de Vienne, k consentir la
réunion d'un Congrès est du reste toujours la même.
Le gouvernement suédois fait élaborer une loi sur
le* dissidents pour la soumettre la Diète ordinaire
du royaume, qui doit se réunir l'automne prochain.
Déjà précédemment le gouvernement avait présenté
la Diète du royaume (i856-i858) un projet de loi
relatif k l'extension de la liberté religieuse mai* on
se rappelle que ce projet fut repoussé par les ordres
privilégiés de la noblesse et du clergé.
Une dépêche de Madrid du a6 annonce que 600
maures ont attaqué Ceuta. Le gouverneur, la tête
de la garnison, les a repoussés et mis en fuite après
en avoir tué plusieurs. Le gouvernement envoie des
renforts bord de bateaux k vapeur.
Le bruit a couru que le ministre de la guerre de
Russie venait de donner des ordres spéciaux pour la
démobilisation de* corps d'armées que le gouverne
ment avait accumulés sur les frontières de Pologne,
pendant la guerre d'Italie. Mais la Gazette de Fienne
prétend qu'il ne serait question en ce moment que
de réduire les chevaux dutrain et ceuxde l'artillerie.
Une correspondance de Naples du Corriere Mer
cantile de Gênes dit que les symptômes d'insubor
dination, qui s'étaient manifestés parmi les troupes
napolitaines, sont devenus plus grave*, depuis le
départ des Suisses. Les cris de Pive l'Italie 4 bas
l'Autriche se sont fait entendre.
S'il paraît bien confirmé aujourd'hui que jusqu'ici
les conférences de Zurich n'ont rien produit et que
les plénipotentiaires en sont encore discuter les
préliminaires, en revanche, la question de l'Italie
centrale paraît se simplifier un peu. Du moins le
jour commence-t-i! se faire sur la conduite que le
gouvernement français compte garder dans la ques
tion de l'intervention et si l'on ignore toujours ses
intentions quant la condition future des provinces
nantcoucherà Paleslrina. Une autre femme, qui attendait
son mariavait aperçu aussi dans la soirée le P. Alexan
dre avec un porteur de lanterne.
Si le P. Alexandre, s'écria Robert, était dans les
rues, et s'il est sorti de la ville ce soir-là, il n'a donc pas
été tué celte même nuit dans le Ghetto, dont les portes
sont fermées au coucher du soleil! A-t-on interrogé le
portier? Il est mort cette nuit-làrépondit le barbier.
Quant son Gis, il a été touché de la Grâce, et nous le
baptisons aujourd'hui, samedi saint, Saint-Jean in
Fonte.
Là-dessus, Baretti sétendit sur la cérémonie de ce
baptême, qui s# lieu chaque année en commémoration
d'un miracle, dit-il, par lequel le législateur des Hébreux,
Moïse, se leva de son tombeau pour venir Rome se
faire baptiser, deux mille ans après sa mort.
Baretti raconta ensuite que monsignore Badolfo lui
avait fermé sa porte le matin mema, parce que celui-ci se
préparait par des jeûnes et des macérations descendre
dans les Catacombes pour y chercher un corps saint que
le pape avait nommé sainte Valèrc, quoique ce fût un
martyr, et non une sainte, ajouta-t-il d'un air capable.
Bon vas-tu en apprendre Sa Sainteté? dit gaie
ment le prélat où as-tu deviné le sexe de ce corps saint?
Monsignore, les bons ouvriers de la confrérie des
Catacombes le savent bien, repartit gravement le barbier
tous les corps saints qu'on découvre les jours impairs
il est permit de.supposer, d'après les aveux de divers
journaux français, qu'il ne cherchera pas réagir
par la force des armes, contre les sentiments, libre
ment et régulièrement exprimés, des populations de
l'Italie centrale. Le Constitutionneldans un article
que nous annonçait une dépêche télégraphique,
s'exprime en ce sens et déclare que l'Ernpereur con
tinuera, autant qu'il sera en son pouvoir, de faire
entendre des paroles de reconciliation, mais que s'il
ne réussit pas réunir, par la persuasion, les peuples
avec leurs anciens souverains, il ne cherchera pas h
imposer ses avis par la force.
Le Constitutionnel fait cependant une exception
pour Rome et cherche justifier l'occupation de la
ville sainte, par ce motif qu'il no s'agit pas d'un
prince italien en opposition avec ses sujets, mais de
la sécurité du Souverain-Pontife, comme chef de la
catholicité. A Rome, dit-il, nous ne défendons pas
une cause particulière, nous défendons, dans l'intéi êt
de la France, comme dans l'intérêt de l'Italie elle-
même, la cause du catholicisme. Reste savoir
maintenant si ce que ce journal dit du reste de l'Italie
est applicable k la Romagne et si l'Empereur y con
sidérera simplement le Souverain-Pontife comme
souverain temporel et croira ne pas devoir intervenir
pour y maintenir son autorité. En présence de ces
déclarations si nettes du journal français et qui ont
toutes les apparences d'une communication officielle,
il est permis, croyons-nous de supposer que les
vœux des populations italiennes seront sérieusement
pris en considération, d'autant plus que le même
journal s'attache prouver tout aussi formellement
qu'une restauration imposée par l'Autriche est non
moins impossible et que l'intervention armée de celte
puissance en Italie, doit avoir cessé pour toujours.
Du reste, l'opinion que la question de l'Italie cen
trale ne peutêtre résolueque dans un congrès, gagne
chaque jour da terrain. Le bruit est très-accrédité
que le roi Victor-Emmanuel ne répondra pas par
un refus aux offres des assemblées italienne* et qu'il
acceptera l'annexion provisoirement, mais en subor
donnant toutefois sa résolution définitive la déci
sion d'un Congrès.
Il est question d'une déclaration très-nette de la
Russie relativement la candidature du duc de
Leuchtenberg, au trône de Toscane. On assure que
le gouvernement russe rejette formellement tout
projet decegenre et décline d'avance l'offre éventuel
le de la couronne ducale, un membre de la famille
impériale.
Nouvelles <11 verses.
Parmi les nombreux étrangers résidant celte an
née Spase trouve un anglais plusieurs fois mil
lionnaire. Malgré son immense fortune, il fait tant
de dépenses qu'il se trouve parfois court d'argent.
Dernièrement, un de ses fournisseurs auquel il
devait 900 fr., éprouvant quelque difficulté dans le
recouvrement de sa créance et craignant de la per
dre, sollicita et obtint du président du tribunal une
ordonnance de prise de corps.
L'huissier chargé de l'exécution de cette ordon
nance, part, quatre heures du matin, escorté de
deux recors. Arrivé Spa, il se rend en compagnie
du juge de paix, l'hôtel occupé par l'anglais, où on
lui dit que milord étant encore au lit, on ne pouvait
le voir que plus lard. Sur les instances de l'officier
sont des saintes, tandis que ceux des jours pairs...
Mais qu'aurait-il fait du cadavre du P. Alexandre après
l'avoir tué interrompit tout coup Robert, que cette
objection frappa d'une lumière soudaine, et qui l'opposa
comme un défi toutes les preuves qu'on avait rassem
blées. Excellence, dit le barbier, qui ne restait jamais
court, c'était la Pàque des juifs, et ils ont mangé lo bon
padre en guise d'agneau. En effetnous n'avons pas
retrouvé le cadavre, répliqua l'auditeur de Rote, qui
cette objection avait semblé moins lumineuse qu'à Robert.
On le retrouvera peut-être dans une cave ou dans un
égout mais si on l'a mangé... Mange s'écria Robert
en haussant les épaules ce n'est pas un prélat instruit et
éclairé comme vous l'êtes, monsignore Nardi, qui peut
ajouter foi ces contes de bonnes femmes Les juifs de
notre temps ne sont plus ceux du moyen-âge, et ils n'ont
pas plus envie de manger un chrétien, que vous et moi
de manger un juif. Il est même parmi les juifs, des esprits
élevés, des cœurs sensibles... Cela n'empêche pas,
reprit Baretti avec obstination que nous avons retrouvé
les os du capucin dans les cendres du foyer. Oui, dans
la cuisine de la maison des accusés, ajouta monsignore
Nardi j'ai constaté que des chairs animales et des osse
ments avaient été brûlés quelques-uns même, demi
consumés, ont pu être recueillis... Il y a des preuves
presque certaines.
(La suite au prochain n*.)