Chronique politique.
On assure, bien qu'aucune nouvelle officielle
ne paraisse arrivée encore que la garnison de
noire ville se composera après le camp, de l'étal-
major, neuf compagnies, le bataillon de réserve
et la compagnie d'école du 11* i égiment de ligne
et de plus de deux escadrons de cavalerie le
régiment dont ces escadrons font partie n'est
pas encore positivement connu.
Nos concitoyens apprendront avec plaisir le
retour du 11° régiment de ligne et de son digne
chef qui a su se concilier ici les sympathies gé
nérales. Les deux escadrons de cavalerie seront
aussi parfaitement accueillis et le public verra
avec satisfaction que les belles écuries, bâties
grands frais par la ville, seront occupées.
Le général Chazal. ministre actuel de la
guerre, a toujours été fort bien disposé pour
notre ville; la nouvelle que nous annonçons en
est une preuve surabondante.
M. le lieutenant-général Anoul, sous l'admi
nistration duquel notre place a été démantelée,
est mis la retraite.
L'autorité militaire vient de recevoir avis que
neuf compagnies du 11e régiment de ligne ar
riveront Ypres le 16 courant par chemin de
fer et que le 19 arriveront deux escadrons du
2e régiment de cuirassiers forts de 11 officiers,
230 hommes et 200 chevaux.
A partir de Lundi, 12 Septembre, le bureau
des contributions sera transféré Cimetière S'
Jacques, n* 12.
Nous trouvons dans le Bulletin adminis
tratif de l'arrondissementla circulaire sui
vante, que M. le Commissaire d'arrondissement
adresse aux administrations de ce ressort. Cette
pièce contient des récommandalionsqui sent
dignes de fixer l'attention des autorités, car
dans un grand nombre de localités les fièvres
«évissent avec intensité et il est urgent que les
administrations ne négligent rien pour procurer
aux classes nécessiteuses les secours médicaux
et autres dont elles doivent avoir besoin dans
des circonstances exceptionnelles.
Ypres, le 3 Septembre 1839.
Messieurs,
En présence des maladies épidémiques qui régnent
dans quelques communes le gouvernement me
charge de rappeler aux administrations commu
nales qu'il est de leur devoir d'adopter partout les
précautions hygiéniques les plus propres prévenir
l'invasion de ces maladies ou eu combattre les ef-
iets.
I.es lois du i4 Décembre 1789, du i6-a4 Août
1790 et du 19-22 Juillet 1791 placent, en effet, au
rang des premiers devoirs de l'autorité municipale,
le sein d'assurer par des mesures de police la pro-
prsti et la salubrité' dans les lieux et édifices publics
et de prévenir par des précautions convenables les
accidents et féaux calamiteux,tels que les incendies,
les épidémies, les épizooties.
Or, ces lois n'ont pas cessé d'être en vigueur en
Belgique et elles imposent aux autorités commu
nales l'obligation de prendre toutes les mesures que
nécessite la conservation d« la santé publique; ces
mesures varient nécessairement d'après les circon
stances et la nature des maladies; il est même im
possible d'en faire une énumération complète;
chaque autorité locale devra donc se livrer cet
égard des investigations minutieuses et un exa
men approfondi, en tenant compte surtout des
causes qui ont pu provoquer la présence de la ma
ladie. Toutefois, en dehors des mesures générales
d'hygiène, il est un point sur lequel je crois devoir
appeler toute votre attention, c'est U nécessité'd'or
ganiser partout des moyens de soulagement prompts
et efficaces en faveur des familles nécessiteuses. Si
mes renseignements sont exacts, le service sanitaire
n'est pas organisé partout sur un pied convenable
daos plusieurs localités les soins médicaux font
défaut et dans quelques-unes les indigents malades
ne reçoivent que des secours complètement insuf
fisants, eu égard ti la malheureuse position dans
laquelle ils se trouvent.
Je crois devoir recommander ce point votre
attention toute particulière; partout où l'épidémie
règne, il importe en effet que l'autorité communale
se concerte avec le bureau de bienfaisance, et que
de commun accord ces administrations arrêtent les
mesures propres procurer aux familles peu aisées
non-seulement les soins médicaux qui leur man
quent, mais les secours alimentaires et autres dont
ils ont nécessairement besoin, alors que la maladie
les place dans l'impossibilité de puiser dans le travail
leurs moyens ordinaires d'existence.
Je ne crois pas inutile non plus de vous rappeler
les dispositions contenues dans les art. 4iot4.2de
l'arrêté royal du 3i Mai 1818.
Enfin, je vous prie de m'adresser, dans les cinq
jours, un rapport sur l'état sanitaire de votre com
mune, ainsi que sur les mesures de précaution et de
secours que vous aurez jugé convenable d'adopter.
LE COMMISSAIRE D'ARRONDISSEMENT,
Bevbi CARTON.
Le Sénat vient de voler les fortifications
d'Anvers une imposante majorité. L'assemblée
était presque au complet. Le système de défense
nationale a été adopté par 34 voix contre 15;
quatre membres se sont abstenus.
Ce vole couronne admirablement celui que
la Chambre des Représentants avait émis. Il
contribuera puissamment augmenter la popu
larité réelle qui est acquise dans le pays aux
fortifications d'Anvers, en dépit des efforts aux
quels une opposition tracassière s'est livrée
pour tromper l'opinion publique. Grande insti
tution constitutionnelle, le Sénat belge conquiert
par ce vote une influence plus considérable et
plus légitime que jamais. Une majorité pareille
réunie dans une assemblée essentiellement con
servatrice prouvera l'Europe que le corps le
plus intéressé maintenir l'ordre de choses
existant dans notre pays, a compris la haute
nécessité d'asseoir sur une base solide et défini
tive l'organisation de la défense militaire de
notre nationalité.
Nous sommes heureux de pouvoir répéter
côté du ncopbytc qu'il tenait par la main pour le présen
ter au baptême.
Celui-ci n'avait pas d'autre vêtement qu'une tunique
de laine blanche larges plis, tombant jusqu'aux talons
et laissant découvert la poitrine et les bras. Un voile
épais, de lin blanc, jeté sur sa tétc nue et rasée, lui en
veloppait tout le corps et traînait terre. Derrière lui,
deux prêtres portaient les huiles et les linges bénits.
L'abbé do Saint-Non esquissait rapidement l'ensemble et
les détails de cette touchante cérémonie.
Quand le clergé qui formait U procession fut descendu
près des fonts baptismaux avec le catéchumène, ce der
nier, toujours voilé, se mit genoux devant l'archidiacre,
que les chanoines débarrassaient de sa mitre et de sa
chasuble d'or pour lui ceindre la tétc d'un linge et pour
Je revêtir d'une chape blanche brodée d'argent.
On fit avancer le parrain et la marraine, qui avaient
été choisis par le pape lui-même dans les familles prin-
rières de Rome. Le juif était encore prosterné sur le pavé
de marbre, et l'on n'avait pas vu son visage.
Le silence régnait enfin dans l'assemblée, sans autre
interruption que les sanglots étouffés de Nisida, qui priait
avec ferveur demi-voix et qui se frappait la poitrine
comme une pénitente.
Mes très-cliers frères en Jésus-Christ, dit l'archi
diacre en l'adressant l'assistance nous vous conjurons
de prier pour l'âme d'un saint martyr pour le révérend
padre Alexandre, gardien du couvent des capucins de
Tivoli, cruellement assassiné par les juifs dans la nuit du
jeudi saint. Nous allons dire un Deprofundis en mémoire
du vénérable défunt.
Le catéchumène avait tressailli sous son voile l'abbé
de Saint-Non remarqua seul ce tremblement, qu'il attri
buait une émotion bien naturelle dansun pareil moment.
Les sanglots de Nisida redoublèrent pendant le De
profundis, qu'elle répétait voix basse en même temps
que l'archidiacre et son clergé.
Barettiqui venait seulement d'arriver et qui se trou
vait en retard contre son habitude, ne voyant aucune
place prendre autour de la balustrade, aperçut en haut
Richard de Saint-Non qui dessinait, et s'empressa d'aller
le rejoindre.
Saint-Non ne pouvait en croire ses oreilles il cherchait
se persuader qu'il avait mal entendu le nom du padre
Alexandre, ou du moins que la victime des juifs n'était
pas le digne capucin qui devait l'avant-veille au soir
l'accompagner jusqu'à Tivoli. Le crayon restait immobile
dans sa main, et il ne se sentait plus le courage de s'en
servir.
Est-il vrai? est-il possible? dit-il au barbier qui
regardait le dessin commencé et lui accordait un signe
tacite d'approbation. Le padre Alexandre, notre padre
aujourd'hui ce que nous disions hier dans les
rangs de nos adversaires politiques il s'est trou
vé, au Sénat, bon nombre de patriotes que des
rivalités et des dissentiments de parti n'ont pas
empêchés d'associer leur suffrage celui do
leurs amis. Nous avons entendu avec une égale
fierté nationale le langage élevé de MM. le ba
ron de Woelmont, de Basse, Van Schoor, le
comte de Renesse-Breidbach et le baron Maze-
man de Coulhove. Tous ces honorables mem
bres, sans distinction d'opinion politique, ont
parlé en mandataires indépendants et intelli
gents d'un pays libre.
Nous devons mentionner particulièrement le
discours de M. Van Schoor. L'honorable séna
teur de Bruxelles s'est montré dans celte cir
constance, comme dans toutes les phases de sa
carrière publique fermement attaché l'indé
pendance nationale. Après certains discours de
membres de la droite de la Chambre et du Sé
nat, nous avons éprouvé une indicible satisfac
tion en écoutant M. Van Schoor revendiquer
chaleureusement pour notre patrie le droit im
prescriptible de défendre, comme elle l'entend,
dans la plénitude de sa souveraineté, l'arche
précieuse de son indépendance et de ses libertés
constitutionnelles. L'honorable sénateur de
Bruxelles n'a pas voulu qu'un mut de M. De-
champs restât sans réponse. M. Dechamps avait
dit la Chambre que s'il disposait de deux voix,
il donnerait l'une au projet de loi et dirigerait
l'autre contre le gouvernement. L'honorable et
loyal sénateur de Bruxelles a déclaré, lui que
s'il disposait de deux voix, il les donners.it tou
tes deux au système de défense nationale et
toutes deux aussi un gouvernement composé
d'amis politiques! Voilà une déclaration qui
venge le ministère libéral de bien des injures
et de bien des calomnies. (Écho du parlement).
Violent incendie an Passage-Temonnler.
Encore un sinistre Par une sorte de fatalité, c'est
le troisième Liège depuis fort peu de temps. Hier,
vers onze heures du soir, une flamme d'une certaine
intensité s'élevait au-dessus de la maison Vivario,
qui forme l'angle du Passage-Lemonnier, du côté de
la rue Viuave-d'Ile. Bientôt le crii Jàu feu se fit
entendre, et la flamme prit soudain de telles pro
portions qu'on trembla un moment pour le Passage
tout entier. Vu l'heure assez avancée, les efforts
furent lents h s'organiser, mais, les premiers mo-
mens de confusion passés, on parvint former des
chaînes de travailleurs et faire manœuvrer les
pompes. Celles de la ville, placées en face du Passage,
et bien qu'elles eussent, paraît-il, suffisamment
d'eau, n'eurent pas, beaucoup près, uu effet aussi
efficace que celle du Passage placée dans l'intérieur
et tnanoeurrées par les gardes. Tout, dans les étages
supérieurs, est devenu la proie des flammes. Il n'y
resta plus absolument que les quatre murailles.
On 8 Septembre an 10 Inclus.
Plusieurs journaux français confirment la nou
velle d'une entrevue prochaine entre le Roi des Bel-
Alexandre, est mort Il a été assassiné par les juifs par
les juifs Rien n'est plus vrai malheureusement, Ex
cellence, répondit Barelti, et l'on a craint d'abord que ce
ne fut votre ami, M. Robert... On a craint, dis-tu,
que Robert fût assassiné aussi Hugues Robertqui
demeure avec moi au Pincio le peintre Est-ce qu'il
y en a deux Je parle du vôtre, un brave jeune homme
qui je vais rendre un joli service, et qui le paiera bien..»
Mais que me racontes-tu là? qu'il a failli être assassiné
avec le padre Alexandre? et par les juifs? Par les
juifs. Oh les juifs sont très-friands du sang des chrétiens;
ils le boivent comme si c'était de l'orviélo ou de l'aléatico.
Quelles sottises me débites-tu Quand donc le pudre
Alexandre aurait-il été tué? Je l'ai vu hier; non, avant-
hier... Eh bien c'est pendant la nuit que les juifs
l'ont tué, le bon padre, qui est allé tout droit en pa
radis. Pendant la nuit du jeudi au vendredi. Mais
où ce crime a-t-il eu lieu Qui l'a commis? Pourquoi?
Excellence je n'y étais pas. Cependant il paraît que
ces enragés ont l'ait rôtir le saint homme et l'ont mangé...
Oh quelle énorraité s'écria Saint-Non qui se remit
dessiner en haussant les épaules; je ne savais pas que
les juifs fussent anthropophages! on fera bien de les
baptiser tous. Pauvre padre Alexandre quelle triste fin
lui, si bon si charitable!
(la suite au prochain