f
JOURNAL D'ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Wa 1,018. 1»# Année
Dimanche, 18 (Septembre 1850
Vires acquiril eundo.
LE PROCHES
ABONNEMENTS Yprès (franco), par trimcslre, 5 francs 50 c. Provinces,4francs. I Le Progrès paraîl le Jeudi et le Dimanche. Tout ce.qui concerne le journal doit
INSERTIONS: Annonces, la ligne 45 centimes. Réclames, la ligne: 50 centimes. être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettre» affranchie».
Tphes, 17 Septembre.
Le parti clérical est atteint d'une singulière
manie, celle de prétendre posséder seul la vraie
lumièrede défeudre seul la vérité, accusant
ceux qui ne sont pas rangés sous sa bannière,
d'être des champions de terreur. C'est non-
seulement peu charitable, mais encore outre
cuidant au possible. Il est ridicule de la part
d'une opinion qui a déjà changé d'enseigne au
moins dix fois depuis dix ans, de vouloir se
poser comme comprenant la vérité l'exclusion
de tout autre. Ces vaillants chevaliers du vrai
absolu, se sont parés pendant les premiers
temps de notre émancipation du titre de catho
liques; ensuite ils ont voulu se déguiser en
honnêtes gens. Après la qualification qu'il» se
sont donnée, élait celle de modérés. Comme
tous ces noms divers ne leur rendaient pas la
popularité, ils ont jugé convenable de jouer le
rôle de mixtes ou neutresmais en ayant soin
toutefois de garder la direction occulte du
pouvoir. Cette comédie a été sifflée après une
première représentation et une reprise il a
fallu donc revenir se poser sournoisement
comme réactionnairestoujours sous prétexte
de défendre la vérité contre l'erreur.
Cependant comme le cléricalisme ne peut
jamais carrément affirmer ses tendances, ses
adhérents se sont donnés le beau titre de con
servateurs. Il est vrai que pour le mériter, ils
ne rêvent que destruction des institutions exis
tantes et suppression de toutes les garanties de
la Constitution, pour doter la Belgique, de la
liberté dite catholique, c'est-à-dire, celle de
pouvoir faire tout ce qu'on veut, avec la per
mission de M. le curé.
Enfin la conservation est de l'essence catho
lique politique, quand cette opinion est au
pouvoir, mais l'opinion conservatrice ne gou
vernant pas, s'attache prendre ce que d'autres
ne savent pas conserver. En y ajoutant le terme
de modéréeces deux qualificatifs indiquent les
qualités que le cléricalisme n"a jamais possédées,
L!£ ©HITTO.
XXVI. [Suite.)
Robert et Fragonard se trouvaient par hasard sur la
place de Sainte-Marie-Majeure lorsque Marco y arriva.
Fragonard avait entraîné son ami pour le distraire de
la morne tristesse où Robert était plongé. Fragonard
cherchait exciter en lui l'admiration et l'enthousiasme
pour ces monuments qu'ils avaient si Souvent admirés et
dessinés ensemble mais Robert le suivait en silence, la
tête basse, les yeux en pleurs; il ne voyait rien, il ne
prenait goût rien il ressemblait un automate qui n'a
que le mouvement.
Le bruit, le tumulte qui se font autour de lui le tirent
de sa léthargie; il regarde cette foule en rumeur, il
écoute ces voix confuses il ne comprend pas encore. Il
demande Fragonard si c'est l'enterrement du padre
Alexandre. Fragonard lui raconte la cause de cette
affluence de peuple.
Robert manifeste un sentiment de curiosité que les
plus beaux ouvrages d'art n'avaient pu réveiller en lui.
il se mêle la foule, il s'approche du roi de la féte.
Fragonard s'inquiète de cet empressement et n'ose
pourtant* l'arrêter; il le suit avec sollicitude, il lui parle
avec affection. Robert ne répond pas il va droit un
objet qui l'a frappé il se trouve la fin en face de Mareo.
Coquin lui crie-t-il d'un air de menace, c'est toi
car il est anarchique au premier chef, dans les
pays libres, où il ne se contente pas de jouir des
droits et de la liberté accordés lous, mais il
en abuse pour détruire les institutions en les
exagérant. Quant sa modérationon n'a qu'à
parcourir les feuilles épiscopales, pour se con
vaincre qu'il est difficile d'être plus furibond que
les organes de ce parti.
Enfin,il est une question qu'on doit se faire,
quand les cléricaux se targuenl d'être les seuls
apôtres de la vérité. Comment se fait-il que les
enfants de lumières ont senti le besoin de chan
ger tant de fois de noms et d'enseigne? Les
enfatits des ténèbres jusqu'ici sont restés fidèles
leur bannière et ils ont toujours lutté comme
libéraux contre les soi-disant champions de la
vérité, sans jamais avoir senti le besoin de
mettre leur drapeau en poebe ou de déguiser
leurs aspirations.
Il est vrai que les libéraux se conlentent des
institutions nationales belges et qu'ils ne tendent
pas le cou vers la frontière, pour voir si l'é
tranger ne peut leur rendre l'influence qu'ils
oot perdue
Ainsi que nous l'avons annoncé, la distribu-
lion des prix aux élèves de l'École communale
gratuite a eu lieu Jeudi dr, en présence de tou
tes les autorités civiles et du Commandant de la
place. Il y avait foule dans l'immense vaisseau
des Halles.
La pièce jouée par les élèves, intitulée le
Revers de la médaillea été très-bien rendue.
La musique a très-bien exécuté les morceaux
d'harmonie et les chœurs ont été chantés avec
beaucoup d'ensemble.
Avant l'appel des élèves qui devaient rece
voir la récompense de leur» travaux, les prix de
propreté et des primes d'encouragement ont été
décernés. A cinq heures et demie celte céré
monie si intéressante était terminée.
Un bataillon et demi du 11" de ligne est re
venu du camp, en garnison Ypres, et les deux
qui as volé les malachites de Seïla c'est toi qui as failli
m'assassiner sur le bord du Tibre
Un concert de malédictions s'élève aussitôt contre Ro
bert, qu'on accuse d'athéisme et de sacrilège car on a
reconnu un Français, et ce titre le dénonce comme un
impie l'indignation, la fureur des Romains. On le
sépare de Marco on l'entoure on le saisit, on l'insulte,
on va le frapper.
Fragonard s'interpose dans celte vive altercation; il
crie plus haut que tousil frappe plu9 fort aussi. Néan
moins, par prudence, il emmène son ami, qui se débat et
résiste il parvient s'éloigner en faisant bonne conte
nance, grâce surtout un flot de peuple qui l'emporte
avec Robert loin de leurs fanatiques adversaires.
C'est lui, j'en suis certain, dit Robert Fragonard,
c'est mon voleur peu s'en est fallu qu'il ne fût mon as
sassin Assassin? il en a la mine, reprit Eragonard,
et, en vérité, je parierais que c'est lui-même que j'ai ren
contré avec le padre Alexandre... Avec le padre
Alexandre? le pauvre moine ne soupçonnait pas la belle
conversion qu'il faisait là Oui, je l'ai reconnu malgré
son déguisement de converti. Comme je te cherchais aux
alentours du Ghetto, vers dix heures du soir, j'ai aperçu
notre homme qui escortait lo padre Alexandre avec une
lantcruo allumée... Le soir du jeudi saint? s'écria
Robert frappé de cette circonstance. Sortait-il du Ghetto,
ou bien y allait-il A coup «ùr il n'y allait pas, car il
venait de la place de la Juiverie. En voyant cette figure
escadrons de cuirassiers doivent arriver Mardi
prochain.
Nous trouvons dans VIndicateur d'Haze-
brouck un aperçu sur le concours régional de
l'agriculture de cet arrondissement français,
ainsi qu'un article sur les progrès agricoles qui
y ont été accomplis depuis quelques années. Com
me cet arrondissement touche notre frontière,
nous croyons que ces articles sur la situation de
l'agriculture française offrent assez d'intérêt
pour les reproduire dans nos colonnes.
4° Exposition départementale d'AgricuItnre
du Nord.
Le concours de drainage a eu lieu hier, au milieu
d'une affluence considérable de cultivateurs. Neuf
brigades d'ouvriers venues de divers points du dé
parlement ont pris part celte lutte intéressante.
Tout le monde a pu remarquer l'intelligence et
la rapidité avec lesquelles des ouvriers de ce pays,
familiarisés depuis peu avec ce genre de travail, ont
ouvert dans le sol des rigoles étroites et profondes,
y ont placé les drains, et les ont ensuite comblées et
nivelées.
Le plus grand intérêt semble devoir s'attacher au
concours de labourage et l'essai des instruments
aratoires qui se feront demain jeudiau lieu dit les
4o mesuret, dépendant de f'exploitation de M. Lam
bert Claudorez, maire de Morbecque.
Le fonctionnement des machines agricoles perfec
tionnées doit se faire vendredi matin, dans le local
de l'Exposition.
Le concours départemental d'animaux reproduc
teurs s'ouvrira le samedi 17, dix heures du malin,
sur la Grande Place d'Hazebrouck.
Enfin ces assises de l'Agriculture flamande seront
closes le dimanche 18, par la distribution solennelle
des récompenses et par un banquet, auquel assiste
ront les autorités du département, les membres des
sociétés d'agriculture et les principaux lauréats de
l'Exposition.
Des cartes d'entrée pour la séance solennelle de
distribution des récompenses seront distribuées.
Les porteurs de caries roses devront entrer du côté
de la rue de la Clef, et les porteurs de cartes vertes
du côté de la rue du Rivage. Communiqué
patibulaire, j'ai eu comme un pressentiment de ce qui
arriveraitet j'ai failli aller joindre le padre Alexandre,
qui fut tué, en effet, cette nuit-là...Par ce malheureux?
Le pressentiment que tu avais alors et que tu n'écoutas
point, je l'ai maintenant Mais c'est dans le Ghetto
que le padre Alexandre?... c'est dans la maison même
du juif Mondaio?... Nonil y a une voix qui me dit
que Mondaio est innocent, puisque Seïla est sa fille.
Innocent je le souhaite, reprit Fragonard en hochant
la tête; mais j'ai vu, j'ai vu le sang, l'empreinte des mains
ensanglantées sur la porte, le bréviaire aussi tachédesang,
les ossements demi brûlés... Le padre Alexandre a
été assassiné, c'est un fait trop certain, hélas Mais Mon
daio, mais sa fille, ne sont pas coupables
Fragonard cl Robert furent presque séparés l'un de
l'autre par un mouvement de la foule, qui s'ouvrit pour
laisser passer Nisida.
Cette jeune Romaine avait quitté ses habits de soie, ses
dentelles et ses bijoux, pour prendre un costume de
deuil ses cheveux pendaient sur ses épaules et flottaient
au vent son visage pâle, qu'elle avait déchiré elle-même
avec ses ongles, offrait l'expression de la douleur la plus
solennelle on aurait dit une de ces pleureuses gages
que l'ancienne Rome convoquait aux funérailles des pa
tricien*.
Elle portait d'une main un grand sac de cuir dont le
son argentin annonçait le contenu. Dans l'autre main,
elle avait une corbeille d'osier remplie de longues épin-