9 JOUIMAL 1)1 TRES et DE L'ARRONDISSEMENT. LE gheito. S- l,»95. - 19- Année. Jeudi13 Octobre 1859. Vires acquirit eundo. LE PIOCHES <~mm ABONNEMENTS: Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50 c.Provinces, 4 francs. I LeProgrês paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit INSERTIONS Annonces, la ligue 15 centimes. Réclames, la ligne 50 centimes. être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. Ypres, tH Octobre. II est malheureusement incontestable qu'un revirement s'est opéré dans le parti clérical belge. Pendant longtemps il a feint un ardent amour pour les institutions belges, qu'au fond il n'é prouvait pas. Mais aussi longtemps qu'il a cru pouvoir les dénaturer son profit exclusif, il a pris patience et a attendu le moment favorable d'établir sa prépolencetout en conservant les formes extérieures du gouvernement fondé «n 1830. Un jour même, il a espéré avoir atteint le but de sa longue et tenace persistance. La loi sur la charité devait être son coup d'état, légal si vous voulez, mais désastreux dans ses effets. L'opi nion publique plus forte que les machiavéliques combinaisons de l'épiscopal, a fait avorter celte insidieuse restauration des couvents privilégiés, sous prétexte de bienfaisance. Mais depuis cet avortement, les feuilles cléri cales ne gardent^plus aucune mesure. Pendant longtemps elles ont fait une opposition haineuse au pouvoir quand le libéralisme gouvernait; aujourd'hui la passion les entraîne plus loin «t ce ne sont plus seulement les hauts fonc tionnaires qui sont injuriés, mais les insti tutions sont attaquées avec autant de perfidie que de haine. On s'aperçoit que la déception éprouvée l'occasion de la loi des couvents a modifiée les allures du cléricalisme et lui a fait prendre en dégoût, un régime ne lui per mettant pas de restaurer le monachisme dans toute sa splendeur. El non-seulement les institutions et les liber tés n'ont plus l'heur de plaire au parti épis- copal, mais le souverain même n'est guère plus épargné dans ses folles diatribes. Jusqu'ici on n'a osé incriminer la personne royale que par voie d'allusion et en se servant de mots double sens, mais malgré les artifices de langage, on •enl qu'une passion aveugle travaille ce parti qui se dit conservateur par excellence. L'inauguration de la Colonne du Congrès a été le point de départ de celte guerre sourde et (Suite.) XXXIII. Robert aubliait les précautions ouxquelles il s'était astreint jusque-là il pressait le pas, 11 faisait retentir le sol sous sa marche pesantsdont l'écho augmentait l'ébranlement sonore. Un craquement prolongé l'avertit de fuir, et il est presque renversé par le refoulement de l'air qui s'opère la suite d'un vaste éboulement il se retourne et voit avec inquiétude que le retour par cette voie est devenu im possible une masse de terre, de vingt pieds d'épaisseur, le sépare de l'endroit où il a retrouvé le cadavre qu'il emporte comme un trésor, en tremblant de le perdre une seconde fois. Il bénit tout bas la Providence qui l'a inspiré qui l'a conduit, qui s'est servi de lui pour sauver Seïla. Mais il s'arrête un frisson d'horreur le saisit, une sueur froide mouille son frontil cherche autour de lui, il se baisse il cherche encore de l'œil et de la main le peloton de ficelle, qu'il avait déroulé pour se guider, a disparu Il l'a laissé k terre, ssns doute, lorsqu'il essayait de rappeler k la vie le P. Alexandre; il veut revenir sur ses pas, mais il rencontre l'obstacle insurmontable que l'ébou- implacable que le cléricalisme attise contre la Constitution et les libertés qu'elle garantit. On sème partout des germes de méfiance et d'insu bordination. Enfin il faut vouloir fermer les yeux, pour ne pas voir que le parti dit catho lique est redevenu révolutionnaire comme avant 1830. Les institutions qu'il a aidé fonder, lui déplaisent souverainement et n'était le malheur des circonstances et du temps, c'est- à-dire son impuissance actuelle, on serait bien vile revenu la résurretion de ce cadavérique régime théocralique, qui a ruiné et énervé les nations les plus vivaces et les plus industrieuses. mm Nous avons souvent déploré l'aveuglement des pères de famille qui confiaient l'éducation de leurs enfants ceux qui par vocation, sem blaient avoir renoncé tous les liens de fa mille. Il est illogique en effet de donner la direction de l'éducation de jeunes gens des tinés vivre dans le monde, ceux qui ne peuvent participer ses jouissances. Enfin on ne comprend pas facilement comment le père de famille abdique son autorité paternelle entre les mains de personnes, qui, par devoir,ne peuvent jouir des droits de la paternité. Il est certain que cet état de choses anomal doit affaiblir chez les enfants qui jouissent de l'instruction cléricale, l'esprit de famille, quand souvent le renoncement toute affection ter restre, est présenté comme une vertu. Nous trouvons ce sujet dans la Gazelle de liions un article que nous reproduisons Éducation cléricale. Une des conséquences les plus funestes de l'édu cation cléricale c'est sans contredit cette froide indifférence pour la vie de famille qui pousse quel quefois les enfants aux actes les plus blamâbles. L'enseignement clérical est souvent calculé de manière i émousaer chez l'enfanttoute sensibilité pour les affections terrestres et se prémunir le cœur contre ses propres élans de générosité. Voyez un livre pieux qui en dit long sur ce point c'est la vie de la sainte vierge Jacinthe Marlscalle, lement a élevé derrière loi il est alors forcé de tenter une autre route, et il espère en s'orientant, régagner son point de départ. Il se hâte, il se trouble, il s'égare de plus en plus, il s'éloigne sans cesse davantage. Une terreur inexprimable glace son sang dans ses vei nes, ses cheveux se dressent sur sa tête. Cependant il continue marcher et s'enfoncer dans ses cryptes sou terraines qui s'entre-croisent en tous sens et dont les rues aboutissent des carrefours entièrement semblables les uns aux autres, de sorte qu'on repasse dix fois 'au 1 même lieu sans le savoir. La partie des Catacombes où Robert est égaré, paraît creusée dans un sol plus solide aucun éboulement, an cien ni récent, n'a fermé les issues n'a mis la voûte découvert; les sépultures sont presque toutes intactes, recouvertes do larges briques ou de plaques de marbre, selon la qualité des morts qu'on y a enterrés quelques- unes offrent des peintures demi effieées; des lampes de terre cuite, des lacrymatoires, des fioles de verre, sont scellés dans la pouzzolane, côté des tombes. Robert comprend qu'il n'est plus sous cette plaine trouée et là qu'il avait parcourue la veille avec Saint-Non; il s'aperçoit qu'il se trouve bien loin de la fontaine Égérie et du bois d'Oliviers; mais tous les pas qu'il fait dan» l'espoir de s'en rapprocher l'en écartent encore. 11 descend dans une galerie inférieure où il ne peut religieuse professe du 3* ordre téraphique de saint François. Ce livre, revêtu de toutes les approbations imagi nables, contient le curieux, édifiant et instructif chapitre qui suit, et dont le titre donne un avant- goût de l'excellence des sentiments qui y sont exprimés Suinte Jacinthe te dépouilla de toute affection pour tet parente. Jacinthe, sachant, par leRedempteur lui-même, qu'on ne doit pas aimer ses parents plus que Dieu, et se sentant naturellement portée k aimer les siens, craignit que cet amour, bien que naturel, s'il t'en - racinait dans son cœur, n'arrivât avec le temps k étouffer ou contrarier l'amour de Dieu, et la rendre indigne de lui. Elle prit en conséquence la généreute résolution de se dépouiller de toute affec tion pour tet parente. Décidée se vaincre elle-même dans celte lutte courageute, et triompher des résistances de la na ture humaine fortement excitée par celte autre parole do Christ, qui a dit que pour aller k lui, il fallait détester no* propret parente si leur amour nous faisait obstacle, elle prit le parti de renoncer solennellement cette affection sur l'autel du saint Sacrement. Là, agenouillée et tout enflammée de l'amour de Dieu, elle lui fit Voffraude de toutes les affections naturelles de son cœur, et particulièrement de celles qu'elle ressentait plua vivement pour ses parents les plus proches et les plus chers. Cette renonciation fut tellement tincire et com~ plèteque de ce moment frère*, eœurs, neveux, tout set parent* enfin devinrent Vobjet de eon indifféren ce. Elle se considéra comme une orpheline isolée surla terre,au point de les*oir,de leur parler,quand ils allaient la visiter au couvent, comme h des étran gers et des inconnue. Elle remplaça sa famille naturelle par une autre toute céleste, composée des saints qui avaient été les plus grands pécheurs. Elle prit pour père Saint- Augustin pour frère saint Guillaume l'Ermite, pour sœur sainte Marguerite de Cortone, pour oncle l'apôtre saint Pierre pour neveux les trois enfants de la fournaise de Babylone, etc., etc. a Est-il assez révoltant ce récit de la vie de ce monstre qui croyait outrager la Divinité, en aimant tes parents? Quel rôle fait-on jouer Dieu bon, marcher que courbé en deux et il rebrousse chemin au moment d'être englouti, vingt pieds de profondeur, dans une espèce de citerne qui lui fait pressentir le bruit de l'eau sourcillante. Il remonte l'étage supérieur et il dépose son fardeau pour reprandre haleine, aecablé de fatigue, couvert de sueur. C'est alors que son affreuse situation lui apparaît sou s les couleurs les plus sinistres. Reverra-t-il jamais le jour? n'est-il pas déjà dans la tombe? Et Seïla, que deviendrait- elle? qui proclamerait son innocence? qui l'arracherait k la vengeance de Badolfo? Oh si Robert avait pu faire sortir de terre ce cadavre qu'il emportait avec lui, la mort lui semblerait moins affreuse; il s'y résignerait peut-être d'un esprit plus calme, en songeant que Seïla du moins serait sauvée. Mais non, il avait réussi dans son entreprise si hardie et si difficileil possédait la preuve matérielle d'où dépen dait la vie de sa maîtresse, et il ne pouvait se servir do cette preuve sa voix n'arriverait pas aux juges de Mon- daio et sa fillesa voix n'avait plus d'écho hors de ce sépulcre. CYn élait fait, Seïla devait périr sur un éeba- faud ou dans une prison perpétuelle, et lui, il ne comptait déjà plus parmi les vivants 1 Ces désolantes pensées l'accablèrent de telle sorte, qu'il ne trouva plus la force de continuer sa marche et qu'il s'arrêta, comme s'il n'avait que faire d'aller plu» loin. H

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Le Progrès (1841-1914) | 1859 | | pagina 1