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JOCMAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
M° 1,920. 19e Année.
Dimanche, 16 Octobre 1859.
Vires acquirit eundo.
ASSOCIATION AGRICOLE
LE
lOUES
ABONNEMENTS Ypres (franco), par trimestre, 5 francs 50 c. Provinces,4 francs. I Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
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Ypres, 15 Octobre.
Souvent nous nous sommes occupés des Let
tres autrichiennes de la Gazette de Liègeet un
grand nombre d'organes de la presse libérale se
•ont associés aux réflexions que nous inspi
raient les communications intéressantes du cor
respondant viennois de notre feuille épiscopale.
Ce correspondant ne nous lient pas compte de
la célébrité que nous lui avons faite en Belgique.
Nous lisons, en effet, le passage suivant dans la
dernière Lettre autrichienne
Vous avez chez vous un journal ministériel qui
ne rougit point d'attribuer nos abus, nos déceptions,
notre ruine financière, etc..., aux RR..PP. Jésuites.
Mes lecteurs n'attendent pas sans doute que je réfute
-cette mauvaise plaisanterie.Si pourtant,contre toute
logique, quelqu'un a pu se laisser prendre la pipée
•de votre feuille ministérielle, il verra par ce qui
précède quels sont les Jésuites auxquels reviennent
de droit les gentillesses de l'Écho du Parlement,
Nos lecteurs savent que le pieux correspon
dant, partisan enthousiaste du Concordat autri
chien, a consacré plusieurs épilres au tableau
de la désorganisation politique et administrative
de son pays. Mettant ses doléances en rapport
avec l'ensemble du régime créé par le Con
cordat, nous nous sommes permis d'attribuer
celte œuvre funeste les maux dont on se plaint
•en Autriche, et qui se sont fait sentir d'une
manière si caractéristique durant la campagne
d'Italie. Or, il paraît que grande était notre
erreur. Le correspondant assigne maintenant
une cause tout autre la désorganisation de
l'empire 5 il la trouve dans la conduite des sol
dats hongrois et dans la bureaucratie. A notre
tour, nous demandons la Gazette de Liège la
permission de considérer ceci comme une mau
vaise plaisanterie de son correspondant. La
feuille épiscopale doit se souvenir, au moins
aussi bien que nous, des renseignements con
tenus dans les lettres qui lui ont élé adressées
deVienne; elle n'a pu oublier qu'à l'époque
des désastres subis par les armées de l'empereur
François-Joseph Magenta et Solferino, son
LEE ©MOT©.
XXXJII.
[Suite.)
De nouvelles rechercbes, plus actives et plus inquiètes,
ne lui procurèrent pas de meilleurs résultats.
Lorsqu'il avait traverséparfois péniblementcause
des amas de sable qui se présentaient, une longue rue où
il s'était engagé avec un battement de cœur d'espérance,
il se retrouvait dans une de ces chambres ou cubicula
percées de plusieurs issueschacune conduisant un
carrefour, auquel aboutissaient d'autres voies opposées
que d'autres carrefours reliaient entre elles.
Robert, chaque instant, se disait que ses efforts per
sévérants étaient inutiles s'il n'avait pas élé soutenu par
une énergique volonté de sauver Sella, il se serait couché
par terre pour attendre la mortou peut-être ne l'eût-il
pas attendue.
Ce fut avec une douloureuse sensation qu'il alluma sa
quatrième et dernière bougie il se disait alors qu'il était
perdu sans ressource, et qu'il ne faisait que prolonger son
agonie.
Épusé de fatigue au moral comme au physiqueil ne
persista pas moins reprendre son triste fardeau, et,
dans la prévision des ténèbres qui allaient bientôt l'en
velopper, il se fit un devoir de ne plus laisser en arrière
correspondant lui faisait part des conversations
tenues par des groupes nombreux de bourgeois
sur les places publiques de Vienne, et lui an
nonçait, le cœur navré, qu'il n'entendait que
ces mots le Concordat le Jésuitisme! Nous
sommes donc autorisés en appeler des affir-
malious actuelles du correspondant viennois
l'opinion publique qui s'est prononcée si éner-
giquement en Autriche, d'après les assurances
du correspondant lui-même.
A quoi bon chercher encore se faire illu
sion Si l'Autriche a perdu la Lombardie, si
son influence dans d'aulres contrées de l'Italie
est chancelante, elle le doit certes autant au
Concordat et l'action de la Compagnie de
Jésus qu'aux armées française et sarde alliées.
Est-ce qu'il faut s'en prendre aux soldats hon
grois et la bureaucratie autrichienne si
comme le correspondant de la Gazette de Liège
nous l'a appris récemment, les finances de
l'Autriche sont dans l'état le plus fâcheux, si
les moissons pourrissent faute de bras, et si un
régiment tout entier a refusé de marcher
Solferino parce que depuis quarante-huit heu
res il n'avait pas reçu' de vivres? Est-ce aux
soldats hongrois et la bureaucratie autri
chienne qu'il faut s'en prendre, si, en un mo
ment de crise nationale, le dévouement des
populalionsdel'empire a manqué au souverain,
et si, toujours d'après les révélations du cor
respondant le gouvernement ne trouverait
dans le pays aucun appui, s'il s'agissait de faire
des sacrifices pour remonter l'établissement
militaire Est-ce aux soldats hongrois et la
bureaucratie autrichienne qu'il faut attribuer le
besoin d'opérer des réformes que l'empereur
François-Joseph a ressenti si vivement dès le
lendemain de la paix de Villafranca
En publiant ses correspondances autrichien
nes et romainesla Gazette de Liège se propose
apparemment de vulgariser en Belgique les
doctrines que le parti thcocratique soutient
Vienne et dans la capitale des Etats de l'Église.
Quant nous, nous entretenons le public des
ce cadavre qui gênait sa marche et paralysait ses der
nières forces.
Il s'abandonnait au hasard et il ne tentait plus de se
créer une direction au milieu de ce dédale trompeur il
n'avait pas même une lueur d'espoir; cependant il avan
çait toujours, haletant sous le poids du cadavre qu'il
portait.
La faim, l'atroce faim lui causait moins d'effroi que
celte obscurité absolue dans laquelle il se voyait déjà
errant, errant sans cesse aussi regardait-il d'un œil
consterné la bougie qui diminuait et la flamme qui sem
blait diminuer en même temps. II ralentissait sa marche,
il retenait son souille de peur que la cire ne 9e consumât
trop vite.
Celte préoccupation absorba toutes les autreset il ne
pensa plus qu'à faire durer le plus longtemps possible
cette précieuse lumière, qui brillait ses yeux comme un
rayon d'espérance, comme un phare de salut.
Mais les minutes étaient comptées il eut beau ras
sembler et repétrir sous ses doigts la cire qui avait coulé
autour de la mèche; il eut beau soutenir cette mèche qui
s'inclinait et menaçait de se détacher, il ne pouvait plus
retarder que de quelques minutes le moment terrible
qu'il avait pressenti et qu'il redoutait plus que la faim,
plus que la mort. La bougie devait s'éteindre tout
l'heure et déjà la chaleur de la mèche allumée devenait
intolérable pour la main qui la tenait.
mêmes correspondances afin de combattre ces
doctrines. La feuille épiscopale n'a pu espérer
que sou travail de propagande passerait ina
perçu. Elle ne trouvera pas mauvais, par con
séquent, que nous ayons un peu de mémoire,
et que nous nous servions des documents qu'elle
nous a fournis, pour montrer combien est fatal
aux gouvernements le régime théocratique vers
lequel la presse cléricale voudrait ramener la
Belgique. Écho du parlement.)
On lit dans le Journal de Genève
Hier malin S. M. Léopold, roi des Belges
et S. A. I. la grande duchesse Anne de Russie
sont partis par le bateau vapeur l'Aigle n° 2,
pour aller faire une course Vevey, dans le but
de rendre visite l'impératrice-mère de Russie.
Le roi Léopold et la grande duchesse étaient
de retour hier au soir Genève.
DE L ARRONDISSEMENT D'YPRES.
Ypres, le i! Octobre t859.
Nous avons l'honneur de vous convoquer l'assemblée
générale qui aura lieu CHôtel-db-ville, Ypres
S&medi, as Octobre, 10 heures et demi du matin.
Parmi les objets portés l'ordre du jour, vous trou
verez plusieurs questions qui ont déjà occupé fattention
de la société et que quelques membres ont désiré voir faire
l'objet d'une discussion ultérieure.
Nous saisissons cette occasion pour vous prier d'user
de votre influence auprès de vos amis afin de procurer
la société quelques nouveaux membres pour l'année 18(50
c'est en augmentant sans cesse le nombre de nos membres
que nous parviendrons varier et étendre le cercle de
nos travaux.
POUR LE COMITE
le président,
Henri CARTON.
ORDRE DU JOUR
t* Réception de quinze nouveaux membres.
2* Nomination d'un viee-président, d'un secrétaire
et d'un trésorier.
3° Des vices redbibitoires. Législation. Symp
tômes, par M. De Mecster.
Robert s'arrêta le regard fixé sur cette cl«rté qui l'a
bandonnait il éprouva une indicible angoisse d'horreur
et de rage; puis il poussa un cri épouvantable.
C'était le reste de la bougie qui échappait sa main
brûlée elle ne s'éteignit pas en tombant, et Robert,
jetant de côté le corps du P. Alexandre se précipita sur
ta mèche qui achevait de se consumer terre.
Il essaya en vain de raviver la flamme expirante il la
vit s'élancer une dernière fois et s'avanouir en laissant
un point lumineux qui fumait et qui se rspetissait par
degrés jusqu'à ce qu'il disparut tout fait.
Robert croyait le voir encore, après que tout fut re
tombé dans les ténèbres. Quand il sentit cette nuit im
mense l'environner, le presser de toutes parts, il est un
mouvement de désespoir qui domina toute autre pensée,
il se mit crier avec une sorte de fureur; mais ses cris,
se répandant droite et gauche, semblaient s'étendre
au loin et revenaient sur lui-même comme si quelqu'un
lui avait répondu.
Il se leva pour aller en avant vers l'être idéal qu'il
imaginait entendre; il marcha toujours criantjusqu'à
ce qu'il eut reconnu sa propre voix. Alors il revint len
tement tâtons s'asseoir près du cadavre et se préparer
mourir.
Il avait en maiu un moyen de délivrance le couteau
du meurtrier du P. Alexandre.
(La suite au prochain