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JOURNAL D'ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
M. l'intendant en chef Thiebault, il y a quel
que temps, et dernièrement l'intendant de la
province M. Callewaerl, ont visité notre ville.
Hf° 1,930. 19e Année
LE PROCHES
Vires acquirit eundo
ABONNEMENTS A près (franco), par trimestre, 3 francs 50 e. Provinces,4francs. I Le Progrès parait le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
INSERTIONS: Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne: 50 centimes. être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Tpbei, 29 Octobre.
L'épiscopat belge, par l'organe de quelques-
uns de ses membres, tient d'imiter quelques
évêques français et de protester comme ceux-
ci, contre toute diminution du poutoir temporel
du Saint-Siège. Un journal soi-disant belge,
mais qui au fond est un journal romain, le Bien
public de Gand journal officiel du chef de ce
diocèse, ta plus loinil se fait le moniteur bé
névole des prélats français qui protestent, et
outre avec componction ses colonnes aux lettres
pastorales que les feuilles de l'empire ne sont
plus autorisées publier.
Nous ne roulons pas examiner la question du
poutoir temporel des papes, nous nous abstien
drons même de faire remarquer aux catholiques,
quelles entraves un pouvoir absolu peut mettre
au développement de certains principes, en
muselant la presse que Grégoire XVI qualifiait
cependant de peste effroyablemais nous pou
vons, comme citoyens belges, demander nos
concitoyens les prélats de Belgique et leurs
organes avoués, s'il est bien loyal, bien pru
dent, que des hommes occupant une haute
position dans notre pays neutre, et se posant
sans cesse comme les chefs infaillibles d'un
grand parti, interviennent dans une question
de politique internationale et frondent un puis
sant étal voisin, avec lequel nous avons souvent
compter.
Mais hélas qu'importe l'intérêt de la Belgi
que aux patriotes romains Roma locuta est.
Périsse la patrie Vive le pape
A part cette inconvenance qui n'est pas sans
dangers, nous nous réjouissons de voir la con
duite de quelques évêques belges et du parti
dit conservateur.
Le parti clérical de Belgique était parvenu,
certaines époques, conquérir jusqu'à un
certain point l'estime de quelques gouverne
ments étrangers abusés par de fausses et câlines
protestations. Ce qui se passe aujourd'hui, ou
vrira les yeux nos puissants voisins, qui
comprendront, comme la majorité éclairée des
Belges l'a déjà compris, que le parti libéral en
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Belgique est le seul parti réellement conserva
teur, le seul parti qui veut faire prévaloir dans
son pays les principes d'une sage liberté, et, vis-
à-vis de l'étranger, le respect des devoirs de la
neutralité sur laquelle est basée diplomatique
ment notre nationalité reconnue en 1831.
Les journaux de Bruges annoncent que le
Conseil communal de cette ville a pris des me
sures l'effet d'affranchir les habitants de cette
localité du fardeau des logements militaires et
qu'il a décidé aussi, que l'entrée de la ville sera
libre au public sans payement de droits, jusqu'à
11 heures du soir.
Un grand nombre de journaux applaudissent
ces décisions qui, leurs yeux, sont un grand
progrès. Nous sommes parfaitement de l'avis de
nos confrères, mais nous ne pouvons nous em
pêcher de faire observer, avec un certain or
gueil et l'honneur de nos administrations
libérales, que depuis longtemps ces deux grands
progrès sont réalisés Ypres. Depuis 1836,
nous n'avons eu, sauf dans un ou deux cas ex
ceptionnels, aucun logement militaire subir,
grâces aux mesures prises par notre Conseil
communal, et d'autre part, peu de temps après
la construction du chemin de fer, cette assem
blée a décidé qu'aucune rétribution ne serait
perçue aux portes de la ville avant 11 heures
du soir.
Nous voyons depuis deux jours un jeune ar
chitecte, M. Schoonejans, de Bruxelles, mesurer
avec un soin extrême, la façade du bâtiment où
se trouvent les bureaux de l'administration
communale et connu sous le nom de Nieuw-
werk.
Nous apprenons avec plaisir que ce mesurage
a pour objet de dresser un plan complet des
restaurations effectuer ce monument si co
quet qui en a grand besoin.
M. Schoonejans, élève de M. Dumont,si pré
maturément enlevé l'art et ses amis, saura,
nous en sommes convaincus, suivre les traces de
son maître habile, qui la ville d'Ypres doit
(Suite.)
XXXVI,I.
Tout a disparu, tout est déjà loin Badolfo est encore
là étendu par terre, gémissant et pleurant comme une
femme, la tête dans ses mains.
Lorsque l'épouvante eut redonné une sorte d'énergie
et do jeunesse ses pieds perclus par l'âge et par la
goutte, quelqu'un le heurta en passant et lui fit perdre
l'équilibre il ne put se relever, et il se débattit en vain
sous le poids d'un horrible cauchemar que lui montrait
les flammes de l'enfer autour de lui, tandis qu'un sque
lette, d'un bras de fer, l'enchaînait la même place.
Ce squelette, dont la tête lançait du feu par ses orbites,
n'était autre que Seïla. Badolfo la conjurait et lui deman
dait pardon, sans que le spectre, enfanté par sa eoncien-
ce coupable, consentit suspendre ce supplice qui sem
blait une anticipation de celui des damnés.
Badolfo essaya d'appeler son seeours, mais il ne put
articuler un son, et il exhala des gémissements étouffés.
Il entendait s'éloigner le bruit des pas et des voix ii
était enveloppé de profondes ténèbres, et il croyait voir
des flammes l'environner, il croyait ouïr son arrêt pro
ies splendides restaurations de sa magnifique
cathédrale et de sa halle incomparable.
t
Tous les Jeudis, notre garnison, infanterie et
cavalerie, se réunit vers neuf heures du malin,
sur notre Grand'Place pour faire des prome
nades-manœuvres, sous le commandement su
périeur du colonel Thiebault du 11" de ligne,
qui remplit les fonctions de général de brigade.
Celte concentration de troupes attire chaque
fois un grand nombre de curieux et nous som
mes heureux de pouvoir constater que dans
tous les groupes, on rend hommage au général
Chazal, ministre actuel de la guerre, qui la
ville doit enfin une garnison en rapport avec les
sacrifices faits pour la construction de vastes
casernes et bâtiments militaires.
nonce par le fantôme qui l'obsédait; son arrêt de damna
tion éternelle.
L'horreur qu'il éprouvait produisit enfin une réaction
de désespoir, qui lui permit de ramper sur les pieds et
sur les mains, de se relever par moments et de chercher
tâtons un chemin pour sortir de celte affreuse obscu
rité les cheveux hérissés sur la tète, les yeux fixes, la
bouche béante, il avançait lentement en se guidant aux
parois avec ses mains crispées et tremblantes, et il s'ima
ginait toujours être poursuivi par l'âme de Seïla il sen
tait sur son cou le souffle du spectre planant derrière lui,
il sentait sur son épaule le contact glacé d'une main os
seuse, il avait les oreilles remplies d'un accent sépulcral
qui lui disait m Meurs et sois damné
Cette voix funèbre n'était pas une illusion de la peur
c'étaient réellement des cris humain^ auxquels l'écho
prêtait un caractère surnaturel et qui devenaient plus
distincts mesure qu'il s'en approchait sans le vouloir
et sans le savoir car il s'efforçait de fuir, pour ne plus
les entendre, et il les entendait davantage chaque pas
qu'il faisait il s'arrêta, il écouta.
Son effroi commençait céder la réflexion, et il
pensa qu'on s'était aperçu de son absence, qu'on revenait
son aide, qu'on l'appelait ainsi; sa langue se délia tout
coup, et il se mit pousser des cris qui ne furent pas
On nous assure que ces officiers supérieurs
avaient pour mission d'organiser un service de
régie pour la fourniture des fourrages la ca
valerie.
Ces Messieurs paraît-il ont facilement ac
compli leur mandat, car on assure que la régie
fonctionnera dès le lr Janvier prochain. Jusqu'à
cette époque, le gouvernement est lié par un
contrat vis-à-vis de l'entrepreneur.
M. le commandant de la place De Bruyn sera
chargé de la haute direction de ce service, et il
s'acquittera, nous en sommes convaincus, de
cette délicate mission avec autant de succès
que de celle de la direction de la régie pour la
boulangerie militaire, service qui est organisé
de la manière la plus parfaite Ypres,
Enqnéte sur les élections de Lonvaiu.
La Commission d'enquête parlementaire s'est
réunie hier, une heure, au palais de la Natiou.
Elle a procédé d'abord son installation. M.
Orts a été nommé président et M. Defré secré
taire.
M. Yan Dorensous-bibliothécaire de la
Chambre, a été chargé des fonctions de gref-
perdus, puisqu'on y répondit de manière lui rendre le
courage et l'espérance.
Il marche rapidement du côté de la voix qui, plus fai
ble que la sienne, appartenait néanmoins un être vivant
et non un habitant de l'autre monde.
On marchait aussi de son côté, et déjà il pouvait distin
guer un pas lourd et traînant qui reprenait après chaque
cri plaintif et haletant. Badolfo était délivré de ses fray
eurs idéales l'espoir de rencontrer bientôt son sauveur
absorbait toutes ses pensées.
Ce sauveur est près de lui mais la lumière d'une tor
che n'a pas encore brillé dans les ténèbres, mais l'inconnu
qui s'approche a l'air d'implorer du secours pour lui-
même: il se traîne avec peine, il râle, il soupire, il appelle
d'une voix brisée.
Badolfo retombe dans le doute et bientôt dans ses
terreurs il s'interroge tout bas, il ne sait que résoudre,
il est tenté de fuir de nouveau, car ce n'est pas un libé
rateur, ce n'est peut-être point un ami, c'est assurément
un fantôme: il n'en peut plus douter.
Cette voix gémissante, il la connaît, il l'a déjà enten
due ailleurs ses souvenirs sont encore vagues et incom
plets il tressaille il frémit cependant chaque cri
chaque pas de cet hôto mystérieux des Catacombes il est
immobile et muet dans l'attente.