JOUItiYAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. ri; 1,930. 19e Année. Dimanche, 80 Novembre 1859. Vires acquint euodo LE PR8CRES - n -pi ABOIEMENTS Y pues (franco), par trimestre, 3 francs 30c. —Provinces,4francs. INSERTIONS Annonces, la ligne 15 centimes. Réclames, la ligne: 30 centimes.' Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies. Ypiies, 19 Novembre. On dirait vraiment lire les feuilles cléricales que quand on est ministre d'un département quelconque, on est voué aux gémonies cléri cales. Il n'y a pas uu journal honnête et mo déré qui nu dise pis que pendre de ce haut fonctionnaire qu'on appelle un ministre. Faites- vous quelque chose, on vous blâme, on critique l'acte que vous posez quand même C'est détes table, c'est odieux, voilà les cris que l'on jette. INe faites-vous rien, on crie l'abomination de la désolation, pareeque rien ne se fait l'admi nistration est entravée, les rouages sont arrêtés, et patali et patata, etc. Enfin, un ministre libéral est un personnage qu'on peut abîmer et qu'on doit déchirer, il ne peut rien valoir, par cela même que des sacripans de plume sont payés pour le maltraiter. Sur chaque ministre libéral est lancé un journal dit religieux qui aboie constamment et ne laisse passer un seul numéro, sans injurier, diffamer la victime qui lui est désignée par ses patrons. Ainsi M. De Vrière est traqué par la Patrie de Bruges 5 tout propos et sans motifs, M. De Vrière se trouve mis sur la sellette. Si le commerce ne va pas, c'est la faute de M. De Vrière; si les importations sont trop fortes, c'est la faute de M. De Vrière; si les exporta tions se ralentissent, c'est toujours M. De Vrière qu'on s'en prend. Un autre ministre paraît émouvoir la bile des publicistes religieux, c'est M. Tesch. Le Journal de Bruxelles le travaille d'une rude façon et lui reproche une masse de choses qu'on n'a pas imputé crime des ministres catholiques occupant une position analogue, j Mais bah M. Tesch est libéral et ce litreil ne mérite aucun ménagement. M. Rogier son tour, est horriblement dif famé par la presse cléricale; ou l'accuse de couardise et on le représente comme ayant fui pendant la première journée de Septembre 1830. Vainement des anciens camarades de M. Rogier et ses adversaires politiques mêmes ren- Feiiillcfon «lu Progrès» UN HEUREUX ACCIDENT. dent-ils un témoignage contraire. Le Journal de Bruxelles n'en continue pas moins sa diffa mation, le méprig public est impuissant pour arrêter dans la voie de la calomnie, une plume religieuse, honnête et modérée. On ne donne ni trêve ni merci au malheureux ministre libéral. Tout est pieux; du moment qu'on peut le perdre dans l'opinion publique, les moyens les plus ignobles ne doivent pas être rebutés. Nous disons que le journalisme pratiqué par les feuilles dites religieuses, finira par rendre méprisable le parti qui a de semblables organes Il ne suffit pas de diffamer et de calomnier dire d'experts pour avoir raison d'un adver saire; oh peut lui faire momentanément du tort, mais le moment où justice lui sera rendue, n'est jamais éloigné et alors la turpitude des moyens employés pour le perdre, le relèvera d'autant plus dans l'estime publique. L'école régimpntaire du 1 Ie de ligne a obtenu les plus brillants succès l'examen pour l'ad mission des élèves l'école militaire. Il faut que l'enseignement des sciences y soit donné avec la plus grande distinction pour que les jeunes sous-officiers et caporaux qui en ont fréquenté les cours, aient pu subir leur examen d'une façon aussi honorable. En effet, sur quarante-cinq élèves admis, neuf appartiennent au 11* de ligne, et entre autres, le lr le sergent Guillaume, le 4® le caporal Browne, le 8* le caporal Berghmans, le 15* le sergent Anceaux. le 21® le sergent Ru- wel, le 30" le caporal YVatrin. le 34® le caporal Fortin, le 44® le caporal Heu»chling et le 45® le caporal Crepin Pour les armes spéciales, deux caporaux. Jacquet de Perigny el Donckier de Doncel ont été acceptés Voilà donc un total de onze admis, sur seize qui ont subi l'épreuve. On doit dire que M. le colonel Tbiebauld atta che le plus grand prix la bonne direction de l'école régimentaire el qu il a trouvé des offi ciers sous ses ordres, qui ont su coopérer avec lui, rendre celle institution remarquable A l'extrémité orientale d'une de nos [dus belles pro vinces, la plus favorisée par ses sites pittoresques, la richesse du sol et la douceur du climat, est située la petite vjllc de S***. Ce n'est point une ville d'eau, ni de jeu, et elle n'est point visitée par cette société d lu mode qui recherche d'autres émotions que celles que peuvent offrir les grands spectacles de la nature et l'existence paisible des habi tants des campagnes. Ce n'est point non plus une ville dont l'histoire a inscrit le nom dans ses annales vous l'y chercheriez vai nement côté de celui des cités voisines qui, toutes, divers titres et diverses époques, s'illustrèrent. Les cockneys allemands cl anglais qui arpentent d'un bout de l'année l'autre les superbes contrées riveraines de la Meuse, depuis la grotte de Ilan jusqu'à celle de Saint-Pierre, un Guide plus ou mois véridique la main et des télescopes jumeaux en bandoulière, ne la connais sent point non plus. Les rives de l'Amblève où elle est assise, quoique aussi pittoresques peut-être que celles de la Meu3C, ne jouissent pas de la même célébrité. Vienne l'époque des vacances des écoles, et de cela il y aura deux ans, m'étant pris d'une grande passion pour les lieux nouveaux el ignoiés, fuyant le bruit et le mur mure des grandes villes, tout entier au bonheur de res- i pirer un air vif et pur, de sentit une tiède brise se jouer autour de moi m'arrètant parfois pour voir s'éclore une fleur, pour épier l'insecte moissonnant sur l'épi, je che- riiinai vers S***. Que j'aime présent cet endroit Est-ce pour la propreté de ses rues qui la fait ressem bler une ville de Flandre? Est-ce pour le caractère hospitalier de ses habitants, pour ses belles promenades En vérité, toutes ces choses ont bien leur charme, mais.... Mais n'anticipons pas. J'étais arrivé S*** un samedi, et m'étais logé dans une hôtellerie l'entrée de la ville. Mes excursions champêtres devaient commencer le lendemain mais le I temps s'étant subitement assombri, et le vent du nord- ouest qui soufflait avec violence fesant craindre la pluie, je dus me résoudre passer le dimanche dans l'intérieur de la ville ce qui fut contrairement mes appréhen sions la chose du monde la plus heureuse pour moi. Neuf heures carillonnaient l'église. C'est l'heure où se célèbre, la campagne, la grand'messc, le jour du Seigneur. Je résolus de m'y rendre. J'y devins bientôt l'objet d'une persistante curiosité. non-seulement par les études des mathémati ques, mais encore par l'ensemble de l'instruc tion qu'on peut y acquérir. Le capitaine qui est la tête de l'école, est reconnu comme rendant les plus grands services dans cette branche du service. M. Thonon, quand il était encore lieutenant, a décoré en récompense des succès qu'avaient obtenus ses élèves, et der nièrement, S M. l'a nommé capitaine. Il a d'autres coopérateurs qui sont des hommes de mérite, el un régiment pourvu d'une école aussi bien dirigée, est une excellente pépinière pour fournir des sujets l'école militaire et plus tard pour donner des officiers instruits l'armée. Par disposition ministérielle du 8 novembre 1859. sont admis comme élèves la division destinée former des officiers pour les armes de l'infanterie et de la cavalerie MM. Guillaume, Anthony, Hughens, Browne, Dt-sagher, Han8sen,Thorn, Berghmans, Biaeckman, Dors, Delelienne, Guet hais, Lorain, Foulon, An ceaux, Blomme, Dt-sagher, Vander Straeten, Play- oult, Cai-on, Ruwet, Queslienne, Buffet, Papeiam, Chercquefo9se, Lejeune, Pullnx, Schmit, De Moer- man d'Hailebeke, VVatrin, Poplimont, Taverne, Toussaint, Fortin, Maton, Dubuc, Del vaux, Lechien, Willems, Verzyl, Merckx, Van Ouwenhuyzen, Maulsch, Heuschling et C.iépin. C'est avec véritable satisfaction que nous reproduisons la liste des élèves admis l'école militaire pour la section de l'infanterie et cava lerie, car nous y voyons figurer au 6e rang, M. Hanssens, E.-N -V. élève du Collège com munal d'Ypres. Ce jeune homme vient de s'ou vrir une belle carrière; âgé de seize ans peine, dix-huit, il portera l'épaulette d'officier. C'est d'autant plus beau, que M. Hanssens n'a pas fréquenté d'école spéciale pour «e préparer aux examens d'admission l'école militaire. Il est ainsi prouvé que l'enseignement au Collège communal est assez complet et assez fort, pour permettre aux élèves qui ont bien travaillé, Qu'y a-Gil de plus curieux, en effet, que la présence d'un étrHhger, d'Un citadindans une petite ville? Dans la foule pieuse et recueillie qui assistait au service divin en narrateur fidèle j'en dois faire l'aveu les jeu nes filles n'étaient pas les dernières me remarquer el parmi elles, j'en vis une qui, l'abri de son livre d'heures, avait plus d'une fois tourné sur moi.(par hasard sans doute!) les plus beaux yeux qui soient au monde. L'office terminé, je m'arrêtai sous le porche, voulant contempler de plus près cette jeune personne dont les regards m'avaient déjà impressionné profondément. L'assemblée des fidèles s'écoulait lentement, et le vent, qui ne s'était pas calmé, agitait violemment les voiles et les châles de longs anneaux de cheveux échappés de leurs liens tremblaient en caressant des tailles délicieu sement rebondies; la crinoline, qui a étendu son empire jusque dans ces villes éloignées se gonflait et fesait vol tiger les robes, découvrant ainsi des pieds charmants qu'auraient volontiers montrés, la sortie de la messe élégante Sainte Godille, les plus coquettes de la capitale. Cependant la foule était sortie presque entièrement sans que j'eusse va apparaître l'objet qui seul devait avoir toute mon attention. Désappointé, j'allai* quitter mon poste, quand soudain une voix dont la vibration passa jusqu'à mon cœur, laissa échapper une exclamation der rière moi. Je me retourne J'étais deux pas de mon inconnue!

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Le Progrès (1841-1914) | 1859 | | pagina 1