H° l,9IO. 19' Année.
Dimanche, 4 Décembre 1S59
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARROiYDISSEMEIVT. -
- VimioquiriUundo.
THEA
ENQUÊTE
sur les élections de LouvAln«
LE FIOCIES,
ABONNEMEM S Y pues (Iranco), par trimestre, 3 francs 30 c. Provinces, 4 francs. Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
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Tpiies, 3 Décembre.
Le parti clérical a tenté de jouer la contre
partie des révélations rendues publiques par
l'euquéte sur les élections de Louvain, et la
dernière séance de la Chambre, il a voulu aussi
avoir un grand scandale dénoncer. On espé
rait contrebalancer l'effet désastreux pour l'opi
nion catholique de la publication des interro
gatoires subis par les meneurs cléricaux de
l'arrondissement de Louvain.
Or cet énorme scandale découvert par M.
Wasseige, un orateur clérical de treizième ordre;
était que M. Tesch, ministre de la justice, et se
trouvant quelque peu dans le chemin de MM.
les catholiques, cumulait les fonctions d'admi
nistrateur du chemin de fer du Luxembourg.
M. Wasseige s'est longuement étendu sur tous
les inconvénients qu'offrait ce cumul et ensuitè
a critiqué les nominations faites par M. Tesch,
dans l'ordre judiciaire. 1
Celte campagne n'a pas eu grand succès;
depuis quelques années les plans de MM. les
cléricaux ne brillent pas- par la justesse des
aperçus, ni surtout par l'apropos. Mais enfin il
leur fallait une discussion grand spectacle sur
un sujet qui, quoique peu grave, pouvait cepen
dant affecter les apparences d'un scandale,
afin de compenser les scandales réels et con
statés de l'élection de Louvain.
Malheureusement M. Wasseige ignorait que
trois ministres du cabinet précédent et des
amis de l'orateur namurois s'étaient trou
vés dans une position semblable celle de
M. Tesch. M. Vilain X1III était administrateur
de la Vieille-Montagne, M. Duraon était direc
teur d'une société industrielle, M. Mercier,
chef d'une compagnie anonyme d'assurances
sur la vie, sans compter M. Nothomb qui est
intéressé dans la régie des tabacs d'un pays
étranger. Si les ministres devaient être choisis
parmi les propriétaires ou dans la classe de
ceux qui ne font rien il y aurait lieu d'établir
la presse des ministres, car le choix en serait si
limité, que la prérogative royale deviendrait
une fiction.
NOUVELLE GRECQUE.
(17790
II. (Suite.)
Le souvenir des longs jours d'absence est bien vite
effacé les deux amants ne pensent qu'an bonheur de se
revoir. Délicieuses étreintes, humides regards, char
mantes confidences, voluptueux soupirs, ils échangent,
loin des jaloux, tous leurs trésors de tendresse. Les heu
res s'écoulent rapides.
Mais un aveu eruel est venu soudain comme un coop
de tonnerre troubler le ciel de leur ivresse.
Je pars cette nuit, a dit tristement le pirate.
Et des larmes bien précieuses inondent le visage de
Théa. Des sanglots étouffés agitent son sein sous la tuni
que de mousseline, et la stupeur du désespoir succède
la vivacité de ses transports.
Stéphan, effrayé de son imprudente parole, cherche
cacher son émotion par des baisers de feu, et ne peut
trouver une parole de consolation.
Que l'homme est faible en présenec de sa bien-aimée,
Aussi les orateurs de la majorité n'ont pas eu
beaucoup de peine faire comprendre que ce*
accusations si graves n'étaient autres choses, que
des misérables arguties qui prouvent que le
parti clérical ne peut preudre part une dis
cussion, sans laisser perceç la plus insigne mal
veillance l'endroit des ministres.
Si encore la minorité discutait des actes!
mais toujours la lutte s'engage par des person
nalités qui ne produisent ces fiers champions
de la morale et de la religion que la honte de
les avoir soulevées.
Quand il était bien démontré que dçs minis
tres catholiques avaient été dans une position
identique celle de M. Tesch, les fanatiques
d'incompatibilité ont par leur silence laissé
supposer, qu'on ne doit inventer des fonctions
incompatibles, que pour faire pièce ses adver
saires, mais qu'on ne doit plus s'en soucier,
quand MM. du clérical deviennent ministres.
Telle est la morale dç la séance d'ayant-faier de
la Chambre des représentants.
Il y a dés organes de l'épiscopat qui ont le
trislè courage de déf«n<lro lo# moyens corrup
teurs mis en usage pour faire nommer des
députés catholiques Louvain. Les pièces de
cent sous distribuées aux élcleurs bien pensants
leur semblent une amélioration dans les us et
coulumesélectoraux l'usage du parti honnête
et modéré, et voici comment on le démontre.
Faire préparer des dîners et soigner pour le
transport au chef-lieu des électeurs, c'était trop
compliqué et donnait lieu des soins trop gê
nants, mais distribuer l'électeur des écus de
cinq francs simplifiait beaucoup la besogne.
C'est de celte façon qu'on essaye d'atténuer les
faits mis en lumière par l'enquête. Il n'y a pas
discuter cette apologie ridicule de la corrup
tion organisée, car on se trouve en face de
champions qui sont décidés ne pas admettre
toute la vilenie de ces pratiques électorales.
D'ailleurs de légères notions de délicatesse doi
vent faire sentir toute l'inanité de celte expli
cation qui démontre que ceux qui y ont
recours n'ont pas le sens moral bien développé.
et que de grandes résolutions calculées de sang-froid ont
avorté devant de beaux yeux en pleurs
Un instant la volonté du Maniote fut ébranlée. Cepen-
dant il avait une âme fortement trempée, et l'amour de
la patrie était non moins ardent que son désir de dissiper
la douleur de Théa. Malgré la sévérité de son visage, ii
était sensible la beauté comme le berger Pâris, et ii
fallbit que la voix du devoir résonnât celte heure bien
haut dans Sa conscience pour le faire triompher des mille
séductions qui l'environnaient. Le Pamisps coulait ses
pieds au milieu des nénuphars et des iris bleus des
lauriers gigantesques et des orangers en (leurs inondaient
sa tête d'une pluie odorante, et par-dessus tout la plus
belle fille d'Athènes palpitante d'amour, cherchait dans
ses bras un refuge contre la douleur. Mais Stéphan s'était
familiarisé d'avance aux angoisses d'une séparation im
périeuse. Cependant ce n'est pas sans avoir hésité bien
longtemps, et sans avoir horriblement souffert des tour
ments d'une lutte de sentiments, qu'il se décida rompre
le charme et brusquer les adieux.
Un dernie^ baiser, dit-il en lissant d'une main trem
blante les cheveux de Théa, et laisse-moi partir. Oh
de grâce, Stéphan s'écria-t-elle Iea yeux voilés de lar
mes, ne repousse pas mes caresses, lorsque tu vas me
RAPPORT DE M. L. DEFRÉ,
Au nom de la commission d'en quête.
Messieurs
Le 14 juin i85y, dans le vaste amphithéâtre du
collège du Pape Louvain, furent proclamés mem
bres dè la Chambre des représentants MM. Lande-
loos, de Man d'Allertrode, François Vandormael et
Joseph Beeckman. 1
Ceux qui, la veille de la lutte électorale étaient au
courant des moyens employé» dans les campagnes
pour conquérir ce triomphe, savaient bien qa'il
n'éteit pas le produit de votes librement et volon
tairement donnés aux candidats élus. De touféi
parts bientôt arrivèrent des révélations étonnantes,
et le jour de l'ouverture de la session extraordinaire
de i85g, la Chambré et le Sénat reçurent une péti
tion des habitants de Loitvain, pour leur signaler
des faits da corruption; ils protestaient de nullité
contre les élections qui venaient d'avoir lieu.
Dans la séance du 14 juillet, avant d'admettre les
deux sénateurs de Louvain la prestation du ser
ment, le Sénat ordonna uns enquête sur les faits qui
lui avaient été signalés.
In Pli ambre des représentants prit, deux jours
plus tard, la même résolution.
Le io juillet, le bureau de la Chambre présenta
un projet de loi organisant l'enquête ordonnée. Lai
Chambre vota ce projet dans sa séance du 26 août.
(Annales parlementaires.)
Le 8 septembre, le Sénat revint sur sa première
décision et admit la validité de l'élection des séna
teurs de Louvain. Cependant, ne voulant porter
aucune atteinte aux prérogatives de la Chambre des
représentants, et pour lui permettre d'exercer libre
ment le droit que lui confèrent les art. 34 dé
la Constitution, le Sénat vota la loi proposée un
amendement qui avait pour but d'assurer la Cham
bre l'entier exercice de ce droit. L'art. i** fut modi
fié en ce sens, que la commission serait exclusive
ment composée de représentants.
La loi amendée fut adoptée par la Chambre des
Représentants le 28 septembre, et le même jour le
bureau nomma la commission d'enquête (Voir auit
Annales.)
Le 21 octobre la loi organique de l'enquête fut
insérée au Moniteuret le 27 la commission se réu
nit pour préparer l'es travaux. Depuis le jour où la
quitter pour toujours peut-être. Je t'en conjure par ce
que tu as de plus cher, reste encorelprès de moi pour
dissiper mes alarmes... Hélas il n'est que trop vrai, tu
préfères mon amour les dangers de lp mer, l'borreHr
des combats... Tes paroles me déchirent le cœur et
brisent mes forces. Au lieu de verser des larmes, au lieu
de m'enchainer dans tes bras, tu devrais sourire A mon
sacrifice et ranimer mon courage.
Il baissa tristement la tête et parut en proie une
pensée désolante puis, saisissant le bras de la jeune
Grecque désespérée comme Ariane,Ml continua en lui
montrant l'horizon
Vois, le soleil est déjà descendu derrière la monta
gne, et mes compagnons m'attendent lenr impatience
est extrême. Tu le sais, Théa, un devoir sacré m'ordon
ne de te quitter. Songe que je tiens entre mes mains le
sort de la Grèce, et que chaque instant qui s'écoule est
1 un pas vers la trahison. Tu ne voudrais pas, mon adorée,
que l'homme que tu as choisi parmi tous les autres, que
l'homme devant lequel les plus fiers corsaires du Mague
1 s'humilient, fût, cause de toi, lâche envers son pays, 4
Stéphan s'était animé en prononçant ces paroles. Sa
noble figure reflétait comme un miroir l'expression de sa