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Jeudi, 99 Véeemfere 1959
JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
ïirw icquirit euaia.
H* 1.945. - 19* Année.
THEA
LE PIOUES
ABONNEMENIS: Y pues (freneo), par trimestre, 5 francs 50 e. Provinces, 4 francs. Le Progrès paraît le Jeudi et le Dimanche. Tout ce qui concerne le journal doit
INSERTIONS Annonces, la ligne I5 centimes. Réclames, la ligne 30 centimes. être adressé l'éditeur, Rue au Beurre. On ne reçoit que les lettres affranchies.
Tpues, 31 Décembre.
Ce n'est pas assez de congrégations de l'Ado
ration perpétuelle, de S4 Vincent de Paule ou
pour le rachat de petits chinoisvoici venir
l'œuvre du denier de S' Pierre! Ingénieuse in
vention qui sous prétexte de contribuer au
soutien du Saint-Siège, sera pour notre épis-
copat une nouvelle source de revenus et de
richesses. Voici comment les promoteurs de
celle belle pensée patrooent leur œuvre
s Quelques hommes de foi se sont réunis ils se
sont communiqué leurs craintes, leurs angoisses,
ii leurs projets. L'un d'entre eux rappela qu'aux
beaux âges de la chrétienté, les fidèles se faisaient
un devoir de contribuer personnellement au sou-
tien du Saint-Siège. Grands et petits, riches et
pauvres apportaient l'envi leur offrande. Plus
tard les gouvernements se firent les intermé-
V) diaires des peuples, et les puissances catholiques
vinrent chaque année déposer aux pieds du Saint-
Père les généreux témoignages de leur dévoue-
ment. Peu peu cependant ce pieux et saint
usage se perdit: l'hérésie, l'impiété, la révolution,
les froids calculs d'une politique indifférente l'ont
a aujourd'hui presque totalement effacé. Ne serait-ce
pas le moment de rajeunir? N'est-il pas temps de
restaurer ces belles traditions et d'en rattacher les
anneaux interrompus? Déjà les catholiques d'Al-
lemagne et d'Angleterre nous ont tracé la voie:
que leur pieuse initiative ue soit pas perdue pour
nous! Quand le Père commun des Chrétiens est
dans la detresse il est du devoir de ses enfants de
voler son aide. Ayons confiance en Dieu. Repre-
nons l'œuvre que nous a léguée la foi de nos pères,
s et que bientôt comme aux siècles passés chaque
s famille catholique fasse une part dans son budget
pour le Denier de Saint-Pierre
Ces paroles ne nous inspirent qu'une mé
diocre sympathie, si en efFet l'autorité tempo
relle du Pape se trouve menacçe, c'est grâce
aux abus et aux exactions de toute nature sous
lesquels gémissent les populations italiennes.
Que le Pape consente aux réformes qu'exige
notre époque, qu'il accorde une certaine li
berté, et ces populations le béniront, car il n'y
a dans leur cœur aucun sentiment hostile au
dogme religieux.
Pour qui dès lors cette liste civile si ce n'est
pour solder des mercenaires en vue de perpé
tuer l'oppression sous laquelle gémissent le»
italiens, et nous irions, nous qui en 1830 avons
conquis notre indépendance et notre natio
nalité, forger des armes contre des frères qui
ne font en définitive qu'imiter notre exemple.
Non, cela n'est pas possible, et nous avons assez
de confiance dans les sentiments généreux de
nos populations, pour oser dire qu'elles ne se
laisseront pas pressurer en faveur d'une œuvre
qui doit avoir pour objet d'enrichir notre épis-
copat ou d'aller porter l'oppression et la tyran
nie chez les italiens.
On nous assure que l'œuvre du denier de S1
Pierre travaille activement organiser une ar
mée capable de maintenir l'autorité de Sa
Sainteté. Nous sommes bien informés, les slock-
slagers deLouvain formeraient le premier déta
chement de celte fameuse légion... Bon voyage.
Après le Te Deum qui a eu lieu Vendredi dr,
l'occasion de l'anniversaire du Roi, MM. les
officiers du 11e de ligne te sont réunis en un
magnifique banquet auquel avaient été invités
M. le général baron Van Rode, M. Carton,
commissaire d'arrondissementM. le baron
Mazeman de Couthovesénateur, MM. les
échevins Beke et Bourgois, M. Carton père. Tb.
Vanden Bogaerde, etc.
Au dessert deux toasts ont été portés au
Roi, par M. le colonel Thiebauld l'armée et
au brave colonel Thiebauld, par M. le commis
saire d'arrondissement. Ces toasts ont été ac
cueillis avec un enthousiasme qui témoigne de
la sympathie qui existe entre l'armée et notre
population Yproise. Pendant tout le dîner l'ex
cellente musique du 11* n'a cessé de se faire
entendre.
NOUVELLE GRECQUE.
(1779.)
(Sm'te.) VI-
Le fanal de la tour ne brille plus; le château franc est
déscit. Sur le seuil de la porte gothique gît le chien de
Laconic au milieu d'une marc de sang. Le cri funèbre de
l'orfraie annonce que la mort a passé près de Calamata.
Seul cette heure de la nuit, Stéphan foulait sous ses
pieds impatients le sable du rivage. Semblable une âme
en peine sur les bords du Styx, il errait et là, les che
veux flottants et le désespoir dans le eœur.
Ironique contraste Ici la mer resplendissante d'une
vapeur lumineuse, berçait amoureusement ses vagues j
endormies, tandis que la brise, qui venait de gémir
Misitra sur le tombeau d'Agamcmnon,folâtrait maintenant
dans les lauriers-roses du Pamisus; là, l'infortuné Ma-
niotc se désolait en sanglotant un nom adoré.
Mais la nuit était muette. Écho même n'osait railler
une si grande douleur.
Et pourquoi celte douleur? Les balles des Turcs au
raient-elles abattu sa noire cavale? ou de farouches Alba
nais auraient-ils enlevé, protégés par les ténèbres, sa
mère ou sa sœur
Non; il avait perdu sa bien-aiméc, et dans ce» sollitu-
des personne ne pouvait répondre ses plaintes.
Guidé par une dernière lueur d'espérance, Stéphan
scruta les plus mystérieux replis du manoir; il osa même,
l'audacieux, pénétrer dans le sanctuaire de Théa, au som
met de la tour et ne trouva qu'une lampe éteinte, que
des roses fanées devant un tableau de la Panagie. Le
myosotis, la fleur du souvenir, avait élé foulé aux pieds.
Alors le malheureux, croyant voir dans cette tige flétrie
l'image d'un amour oublié, sentit son cœur se glacer sous
l'étreinte d'une angoisse inexprimable... En sortant, il
donna une larme au pauvre chien, victime d'un dévoue
ment stérile, et, la tête en feu, il s'éloigna de ces lieux
empreints de terreur.
C'est en vain que la nuit était belle de tout l'éclat des
nuits orientales; c'est en vain que la brise embaumée du
parfum des myrtes et des jasmins, semait sur son passage
d'ineffable's voluptés. Stéphan, brisé de lassitude, était
couché sur le sable comme une statue du Parthénon ren
versée de son piédestal. Des larmes brûlantes impri
maient sur son visage la trace cuisante des regrets. Il
pleurait son premier amour.
Il pensa ensuite son enfance au sourire de sa mère
qn'il avait tant aimée, et que la mort lui avait si tôt ravie
Et, comme si elle eût craint de se briser dans les angois
ses de l'abandon, son àme se plongea avec délices dans la
source des souvenirs puis il tira de son sein la fleur qui
lui retraçait de si doux instants de bonheur, la baisa tris
tement et la contempla en silence.
Le désespoir se tenait l'écart, laissant filtrer dans
l'âme du jeune Grec un recueillement extatique.
Pourquoi, dans la peine, notre pensée cherche-t-elle un
refuge dans les agréables impressions du passé, comme
un port pendant la tempête? Serait-ce pour nous faire
Par arcélé royaldu 6 décembre 1859, le sieur
Joris, receveur de l'enregistrement et de» do
maines Ypres, est nommé conservateur des
hypothèques Tongres
Le sieur Vandevelde, receveur de l'enregistre
ment et des domaines Oslende, est nommé en
la même qualité Ypres.
Le sieur Vandeupeereboom, membre de la
Chambre des Représentants et bourgmestrede la
ville d'Ypres, est nommé membre de la com
mission administrative de l'Institution royale de
Messines, pour un nouveau terme de cinq ans,
et maintenu dans les fonctions de président de
la commission administrative.
Nous regrettons que le discours prononcé
samedi la Chambre par M. le chanoine de
Haerne n'ait pas encore été publié dans les An
nales parlementaires. Ce discours, dont nous
n'avons pu juger que d'après une simple audi
tion, renferme diverses propositions qui nous
ont semblé dignes d'être signalées d'une façon
particulière. Il en est une, entre autres, l'é
gard de laquelle nos souvenirs sont assez précis
pour que nous puissions en parler avec certitu
de en l'absence du texte officiel.
Chacun connaît la thèse soutenue par les
orateurs de la gouche dans la discussion relative
aux élections de Louvain des prêtres ont exercé
sur la conscience des électeurs ruraux une pres
sion illégitime au moyen de sommes d'argent.
Que répond M. le chanoine de Haeme? Selon
lui, une autre pression illégitime est exercée en
ce moment sur les électeurs de l'arrondissement
de Louvain elle résulterait de la publication,
par les journaux libéraux, du rapport de la
commission d'enquête et des commentaires dont
ces journaux accompagnent le rapport. Ainsi,
sentir que nous avons été heureux en dépit des assertions
des philosophes pessimistes qui prétendent que l'homme
est né exclusivement pour la souffrance?
Par une bizarrerie du cœur humain, Stéphan trouvait
une secrète jouissance au fond même de sa douleur.
La lune s'élançait des crêtes des montagnes dansl'azur
foncé du ciel. Le corsaire la regarda d'un air abattu, et
parut envier son éternelle sérénité. Il était donc bien fai
ble cet homme qui portait toujours si fièrement la tête
qui souriaitàvce dédain aux fureurs de la tempête, et qui
enfin parson courageavaitfaitreculer la mort elle-même!
Il pleurait maintenant comme une femme et prodiguait
son énergie en inutile» regrets.
Pauvre Stéphan, que l'amour l'avait changé!
Mais il vient de tressaillir, et son souifle reste suspen
du se» lèvres. Grand Dieu aurait-il entendu le frôle
ment de ce féredgé
Se rcdressanlsoudain comme une tige d'acier, le jeune
proscrit, l'œil fixe et brillant, croit voir Diane descendue
sur un rayon de la l""c la recherche d'Endymion. H
porte la main son cœur pour en comprimer les batte
ments, et s'avance en tremblant
Que de pensées lutinent son cerveau fatigué Les unes,
folles et riantes comme un essaim de jeunes nymphes
sèment des fleurs sur les blessures de son amour, et lui
ramèncntla bclleThéa les autres, sombres et désolantes
comme les aquilons, chassent au loin les rescs et brisent
le faible bouton de l'espérance.
Cette femme apporte peut-être une affreuse nouvelle
un gémissement a déchiré son sein.