Chronique politique.
suite denombreuses occupations que lui cause
son commerce. [J. de Liège.)
Dans la dernière séance de la Chambre, M. le
ministre de l'intérieur a annoncé qu'avant le
commencement de l'enquête sur les élections de
Louvain il avait préparé des circulaires ayant
pour but de demander l'avis des autorités com
pétentes relativement aux moyens d'assurer la
sécurité des élections et la liberté des électeurs,
moyens parmi lesquels la Chambre avait déjà
rangé le vole par ordre alphabétique, M. le
ministre de l'intérieur a également déclaré qu'en
présence des travaux de la commission d'en
quête il s'était décidé suspendre ce travail
et qu'il avait résolu ensuite de comprendre dans
le cercle des investigations qu'il voulait provo
quer les abus du genre de ceux auxquels les
élections de Louvain ont donné lieu.
On nous assure qu'une circulaire nouvelle
rédigée dans ce sens, sera adressée dans la hui
taine aux députations permanentes et aux com
missaires d'arrondissement, qui, par la nature
de leurs attributions, sont particulièrement aptes
étudier le côté pratique des réformes qu'il s'a
git d'introduire dans le régime électoral. MM.
le# gouverneurs de province prendraient les
avis des députations permanentes et des com
missaires d'arrondissement, et présenteraient
ensuite un rapport au ministre de l'intérieur.
C'est d'après l'ensemble de ces documents que
le gouvernement élaborerait un projet de loi
qui pourrait éléè discuté dans la session de 1860-
1861, de telle manière que la législation nou
velle serait en vigueur pour les élections géné
rales de juin 1861. [Écho du parlement.)
La presse cléricale n« reconnaît l'autorité du
parlement que lorsque ses votes sont favorables
son parti. Dans toute autre circonstance, elle
s'insurge contre ses arrêts et se permet même
d'aller en cassation près du Roi, c'est ainsi qu'elle
a fait pour la loi de la charité, c'est ainsi qu'elle
fait encore propos des élections de Louvain.
Puisque, dît un deces journaux, tes ministres et la
majorité foulent aux pieds le bon droit, la justice, l'é-
quité, puisqu'ils ne consultent plus que leur bon plaisir,
c'est le Hoi que nous devons conjurer respcclueuse-
ment de veiller nequid détrimentumres publica capiat,
de sauvegarder la chose publique.
Si, imitant nos adversaires, nous faisions in
tervenir le chef de l'État dans les querelles de
parti, au lieu de le laisser dans les hautes ré
gions que lui assigne son inviolabilité, nous
pourrions demander ces journaux quelle sin
gulière idée ils se font, s'ils croient trouver un
allié si haut placé pour les aider saper les
bases mêmes de notre régime, en amoindrissant
le parlement, et en se rangeant du côté de la
minorité contre la majorité, surtout dans une
question de moralité politique, comme celle
dont la solution fait jeter les hauts cris la
presse cléricale car enfin que l'on soit roi ou
berger, il est de ce» questions de morale sur les
quelles tout le monde doit être d'accord: la
corruption est toujours de la corruption, et une
mains rencontrant la lame du kandgiarelle poussa un
grand cri et ferma les yeux. Le sang, un instant com
primé, jaillit de nouveau.
Stéphan avait trop vu de blessures peur ne pas recon
naître que celle-ci, était mortelle. Il interrogea pour la
dernière fois, avec une aaxiété dont il n'était pas maître,
les palpitations du sein meurtri, et ne put se cacher
qu'elles devaient bientôt 'cesser. Celte découverte lui
arracha un sanglot. Encore quelques minutes, disait-
il tout bas en se tordant les maint, et ce corps si beau, si
jeune, si parfait sera glacé pour taujours!.... Pauvre
Théa pourquoi faut-il que j'assiste ton agonie? Pour
quoi le ciel ne m'a-t-il pas épargnécelte dernière épreuve,
la plus cruelle de toutes? Oh sauvez-la, mon Dieu
sinon pour moi, du moins pour elle!....
Alors son cœur qu'il croyait fermé la sensibilité,
«'inonda de douleur, et un éclair de compassion fit rayon
ner son front assombri par un an de haine. Malgré l'amer
tume dont il avait été abreuvé, il était resté toujours bon
et susceptible des plus grands sacrifices. Aussidans le
combat qui s'éleva au fond de son âme entre les senti
ments et 1rs passions les plus opposés, la noblesse de ses
iosliocts prévalut-elle. Cédant aassitôt un élan de gé
nérosité il oublia dans cette heure suprême ses propres
élection obtenue au moyen d'argent ne peut
être trouvée bonne que par ceux qui en onlfait
telfcflvihoi ooii«»ih »L aux» o/uail sViivI «J
La droite a mieux faire que de maudire ses
juges: de nouvelles élections vont avoir lieu
qu'elle cherche triompher, non plus par l'in
tervention pécuniaire mais par la force des prin
cipes. Quant désespérer de nos institutions
parce qu'on ne laisse pas la corruption triom
phante s'étaler et s'éteudre dans notre pays
c'est là une bouderie de mauvais goût et qui
donnerait lieu de croire que ce n'est que par des
moyens déshonnêles que la droite peut triom
pher, et qu'elle désespère d'un succès loyale
ment et légitimement conquis.
Journal de Bruges.)
On lit dans le Journalde l'Office de publicité,
propos de l'annulation des élections de Louvain
Un autre que moi vous en parlera sans doute et
vous dira quelle incroyable ignorance politique l'en
quête a révélée chez la plupart des témoins. Il y en
avait peu, dans le nombre qui eussent la conscience
de la gravité de l'affaire et presque tous ont avoué,
avec une immoralité naïve et pleine d'innocence, les
faits de corruption qui étaient l'objet de l'enquête.
Quand on réfléchit ces faits et la façon donl-iU se
sont produits, il faut bien qu'on leconnaisse que
les moeurs politiques sont chez nous fort au-dessous
de nos institutions. La plus grande partie des élec
teurs D'à conscience ni de ses droits, ni de son devoir,
ni de sa dignité. Beaucoup d'électeurs campagnards
sont parfaitement ignorants du mécanisme consti
tutionnel. On a dit Si les moutons avaient le suf
frage universel, ils nommeraient le boucher; ce mot
est profondément vrai et pourrait trouver chez nous
une fâeheuse application. L'électeur rural nomme
rait sans s'en douter le plus grand ennemi de la
constitution qui le protège. 11 va au scrutin quand
il y va sans savoir au juste ce qu'il y va faire et il
considère l'exercice de son droit comme une for
malité désagréable comme une corvée comme un
acte tout fait ridicule. S'ii y avait encore des sei
gneurs, il déléguerait au seigneur le droit de voler
pour toute la commune volontiers il le donnerait
au curé ou nommerait le curé lui-mèine.
Que n'essaie-t-on par la publicaliou d'une sorte
de catéchisme politique élémentaire écrit avec
clarté par un homme intelligent, de faire compren
dre nos paysans leurs droits constitutionnels Si
on leur disait que tout, dans le pays, dépend de cette
élection dont ils ne comprennent pas le sens, que
les représentants qu'ils nomment font les lois aux
quelles il leur faudra obéir, qu'ils peuvent leur
gré changer toutes les conditions de l'industrie agri
cole, hâter ou retarder le progrès de la voirie vici
nale, donner ou refuser l'instruction leurs enfants,
assainir les villages ou les laisser insalubres, décider
souverainement des intérêts qui touchent immédia-
ment les campagnes, subsidier ou non les cultes,
élargir ou rétrécir le cercle de l'administration
élever ou abaisser les impôts, étouffer enfin ou fé
conder la richesse publique selon qu'ils seront
intelligents ou ineptea, instruits ou ignorants pro
gressifs ou réactionnaires, admirateurs du passé ou
initiateurs de l'avenir; si on leur répétait vingt fois,
cent fois cette vérité ai on la leur présentait sous
toutes ses formée, et avec des exemples frappants
pour eux, n'arriverait-on pas h leur ouvrir les yeux
souffrances pour ne songer qu'à soulager les derniers
instants de celte femme qu'il avait tant aimée.
Il s'approcha du divan appuya avec tendresse la téte
de la mourante sur ses genoux, la réchauffa de ses ca
resses, et lui parla d'une voix émue.
Elle, l'œil humide, écoutait avec ivresse, et pressait
doucement la main de son ainant.
Ils échangèrent un long baiser.
Par un de ces fréquents miracles de l'amour une vie
nouvelle parut soudain ranimer l'infortunée. Ses joues
pâlies par le froid de la mort se colorèrent d'incarnat, et
ses yeux brillèrent d'un rayon de bonheur. La souffrance
s'était envolée sous les lèvres de Stéphan.
Elle étreignit alors avec passion les genoux qui la sup
portaient.
Oh! merci, dit-elle; merci de tes soins que je ne
pouvais espérer.... Sois béni mille fois généreux ami...
Que tu dois avoir souffert pour moi, pour ipni qui t'ai
sacrifié l'orgueil, la vanité!... Je fus bien méprisable...
Et ses larmes roulèrent en abondance.
Puis, relevant la téte elle lui demanda timidement
s'il n'avait jamais cessé de l'aimer. nbsilwJ
[La suite ou prochain h*.
et leur donner une idée claire de la Constitution,
de la libertéde leur dignité propre, de leurs droits
et de leursdevoirs? Nous avons une charte politique
superbe, mais les libertés qu'elle consacre, stérili
sées par l'ignorance, sont des libertés vides de sens.
Inutiles ou dangereuses, voilà ce que cette ignorance
les fait et ta Constitution, considérée selon ces
moeurs politiques qu'a révélée» l'enquête, paraît
n'être, pour la majorité du corps électoral dans les
campagnes, qu'une arme feu dans la main de
l'enfant.
La foi religiause a son catéchisme, pourquoi la
liberté constitutionnelle n'aurait-elle pas le sien? Il
est vrai que bien des gens dans notre pays ne savent
pas lire, et c'est ce que je ne puis comprendre, quand
je songe que depuis treize siècles le christianisme
règne en Belgique, et que depuis mille ans tous les
villages ont une église et un curé. Il me semble que
si j'avais l'honneur d'être curé, je voudrais qu'aucun
de mes paroissiens ne demeurât ignorant, tout au
moins m'efforcerais-je de propager dans ma paroisse
la lecture et l'écriture et ne consentirais-je céder
personne la noble mission d'enseigner ces premiers
éléments de la science. Le Christ n'est-il pas venu
pour tirer le monde de l'ignorance? Chose bizarre
en ce pays les ordres religieux rivalisent pour don
ner l'instruction tous les degrés, dans les villes,
aux enfants des riches les plus spleudides établis
sements d'enseignements leur appartiennent ils y
enseignent touty compris la musique et la danse,
et ce superflu de leur mission surabonde quand dans
les campagnes on manque le nécessaire. Il y a des
villages où personne ne sait ni lire ni écrire ce
pendant le dévouement religieux ne va pas tont
d'abord ces pauvres déshérités, et pouvant se sanc
tifier par celte charité de l'enseignement gratuit,
préfère offrir au riche une instruction dont ne sau
rait jamais manquer celni-ciqui a le moyen de la
payer richement. Je cherche en vain la raison de
cette anomaliequi me semble si peu en harmonie
avec l'esprit d'abnégation et de sacrifice dont sans
doute sont animés nos religieux et nos prêtres, et
elle demeure pour moi une désolante et inexplicable
énigme. Comment, dans cette longue suite de siè
cles, les curés de campagne n'ont-ils pu arriver
tirer tous leurs paroissiens de leur profonde igno
rance? N'avaient-ils pas sur eux une autorité absolue?
Je conçois que l'œuvre soit rude pour un seul hom
me, loogue pour sa courte vie, et pénible en raison
des résistances qu'elle doit rencontrer mais dix
siècles pour l'accomplir lorsque nous voyons qu'en
moins de vingt ans, presque sans efforts, de simples
municipalités ont pu, en France, en Allemagne, en
Suisse, en Angleterre, en Amérique, presque partout
enfin, extirper parfois l'ignorance de leurs villages.
En certains pays, l'effort d'un seul homme a suffi.
Qui ne connait l'admirable et touchante histoire du
pasteur Oberlin, qui s'établit dans un des coins les
plus arriérés de la France, et qui le civilisa lui
tout seul, créant les roules, plantant les vallées et.
les montagnes, donnant l'enseignement tous, et
dotant même la contrée d'une industrie? Aussi la
Terreur, qui ne respecta ni le clergé ni tes autels,
respecta Oberlin et son œuvre. Il est probable que
c'est cet immenseel obscur dévouement quia inspiré
Balzac son beau roman du Médecin de campagne
lequel a, depuis, inspiré d'autres écrivains.
Do 25 Décembre an 28 Inclus.
La France a donné avis, par le télégraphe, aux
puissances représentées au Congrès que celte assem
blée ne pourra ouvrir ses délibératiens avant le rg
janvier.
Les plénipotentiaires de Naples seront MM. Aa-
tonini et Canofari.
Maintenant que la question de la convocation et
de la composition du Congrès est chose arrêtée, les
commentaires et les suppositions vont commencer
sur la marche des travaux, sur leur objet, sur le
sens des délibérations et sur la décision probable de
cette assemblée européenne. On ne saura pas grande
chose ce sujet tant que le Côngrès ne sera pas réu
ni, et quand il sera réuni on n'en saura pas d'avan
tage. Les puissances ont décidé que le secret le plus
absolu serait gardé sur toutes les délibérations jus
qu'à solution acquise.
Nous tenons bien constater d'avance ce fait
pour mettre nos lecteurs en garde contre les bruits
de toute sorte qu'on ne manquera pas de faire courir
et que des journaux accueillirent sans doute, les uns
pour paraître informés, les autres peur servir des
spéculations financières. La Bourse, en effet, va
chercher dans le Congrès un élément d'activité ex-