quoique d'une facture moins large que la
précédente, cette page a plu infiniment aux
auditeurs qui ont été émerveillés de l'aisance
et de l'aplomb avec lesquels MM. Coffyn et
Swekels conduisent leur belle voix.
Nos vives félicitations M. Heylbroeck
pour son air varié de De Bériot, il y a déve
loppé toutes lessérieuses qualités d'un maître;
seulement nous aurions souhaité que la cha
leur suffocante qui régnait dans la salle n'eût
pas défavorablement agi sur les cordes de
sou instrument et paralysé ainsi une partie
de ses moyens.
Quant M. J. Vergrachtnous voudrions
pour lui et pour nous qu'il ait souvent la
main assez heureuse pour rencontrer des
romances dans le genre de {'Absence fait
mourir elle est parfaitement appropriée
sa jolie voix et il l'a dite avec celte expression
vraie et ce tact exquis qui provoquent le
plaisir et les larmes.
J'en demande pardon Madame de Beau-
court si je ne parle pas en ce moment de la
Cavatine du Barbier de Sévillec'est qu'elle
a été le bouquet de la fête, il faut donc aussi
que je la réserve pour la boone bouche
tout l'heure donc, charmante Rosine en
attendant, qu'il me soit permis de rappeler,
sans blesser la modestie de messieurs les
choristes, les applaudissements enthousiastes
qui ont salué l'exécution des Muletiersce
ravissant boléro de Denefveoù les détails pi
quants abondent, où la mélodie la plus fran
che se déroule sur un accompagnement des
plus pittoresques, où les nuances les plus dé
licates se marient de la manière la plus har
monieuse! un chœur comme celui-là est une
trouvaille précieuse, et nous le recomman
dons fortement notre bonne société cho
rale, et sou intelligent directeur; il mérite
de conserver toute leur sympathie.
N'en déplaise mes lecteurs, je passe outre
■au repos pour arriver immédiatement au
Souvenir de la Suisse, ou plutôt au Souvenir
des airs suisses. Exécuter quelques mo
ments d'intervalle le même morceautantôt
en harmonie, tantôt en symphonie, est une
idée assez neuve je la trouve même passa
blement originale aux accents éclatants de
la trompette succède )a voix douce et mélan
colique du violon, et il y en a ainsi pour tous
les goûts. Je coostate toutefois que le Cercle
musical a brillamment enlevé et thèmes et
variations, que les solistes ont joué avec déli
catesse et expression et que l'accompagne
ment était irréprochable seulement j'aurais
préféré entendre cet orchestre dans un mor
ceau plus en rapport avec ses éléments dans
une ouverture par exemple, dans un frag
ment de symphonie, voire même daus une
symphonie entière.
Comme vingt ans est une de ces mélodies
sentimentales que dit ravir M. J. Anlony
c'est surtout quand il a chanté I'Amour a vingt
ans qu'il a fait battre bien des petits cœurs et
sourire une foule de gracieux minois aussi
le succès a-l-il été complet des bravos, des
trépignements, un rappel et les honneurs du
bis pour le dernier couplet!
Que dirais-je du talent de M,le Cuignel
des plumes plus compétentes que la mienne
lui ont si souvent décerné les éloges les plus
mérités que je ne sais comment m'y prendre
pour la louer dignement. Qu'elle veuille donc
bien excuser mon impuissance et se rappeler
tout simplement le plaisir, je dirai même
l'émotion qu'elle a fait naître dans cet im
mense auditoire qu'elle tenait suspendu sous
le charme de sa brillante et sympathique
exécution.
Le Crt de guerre est un duo de bravoure
qui convient parfaitement MM. Breyne et
Wenes leur voix mâle et stridente se plail
dans ces mélodies quelque peu sauvages où
les chants de tendresse se mêlent aux accents
du désespoir, où l'amour de la patrie se
joint aux imprécations de la fureur.
Comme le son enchanteur de la flûte re
pose bien de ces cris guerriers comme ces
variations perlées, comme ces cascades de
notes élincelantes caressent agréablement
l'oreille comme il se joue facilement des
difficultés les plus insurmontables, ce jeune
virtuose que je n'hésite pas proclamer un
maître persévérez dans cette voie, M. Van
Elslandetravaillez avec ardeur et vous
irez loin, je vous le promets.
Si l'amour a mis, il y a un instant, l'audi
toire en déroute, M. Mieroo eu a fait autant
avec ses admirables couplets de la Charité.
Je n'insisterai pas sur son talent de chauteur
sa voix magnifique et sa méthode correcte
sont appréciées depuis longtemps comme
elles méritent de l'être je me contenterai
de lui faire compliment sur le remarquable
point d'orgue par lequel il a terminé, deux
reprises différentes, la dernière strophe de sa
romance et qu'il a réussi chaque fois aux
acclamations frénétiques de la salle entière.
La besogne la plus agréable est toujours la
plus facile, c'est vrai, et pourtant, malgré
tout le plaisir que j'éprouve parler de Ma
dame de Benucourtcette adorable sirène qui
nous a enchantés de sa voix divine, je dois
avouer que je ne suis pas la hauteur de ma
tâche. Comment, en effet, retracer fidèlement
cette suavité d'expression, cette légèreté dans
les vocalises, et cette délicatesse dans les
nuances Comment redire l'effet produit sur
le public par cette délicieuse Cavatine du
Barbier de Séville Et cet enthousiasme que
fit éclater dans l'auditoire la jolie romance
des Ducats, chantée avec infiniment d'esprit
et de bon goût L'ovation qu'on vous a faite,
Madame, est plus éloquente que tous les
éloges que je pourrais vous donner; et quand,
toujours aimable et complaisante, vous êtes
revenue sur la scène pour dire cette gentille
petite bluelle qu'on appelle la Chevrière
vous avez bien dù vous apercevoir aux
transports d'admiration que vous souleviez,
qu'ou saluaiten vousla beauté, lagrâceellela-
lent réunis.
N'oublions pas de dire en terminant, que
MM. Baratto Breyne et Vermeersch ont été
habiles et infatigables dans la lourde tâche
d'accompagnateur qu'ils avaient assumée
que l'ordre le plus parfait n'a cessé de régner
dans cette foule qui avait envahi dès cinq
heures la salle de spectacle; que le concert a
été lestement mené par les membres de la
commission de la société; que les pauvres
bénissent mille fois les organisateurs et les
souscripteurs de la fêle; eu uu mot, que tout
le monde est content et que le succès a été
complet sous tous les rapports.
Discussions dn système militaire Beige.
Après les tapageu-es déclamations sur le mili
tarisme, nous voici donc arrivé une discussion
sérieuse. La Chambre a enfin abordé l'examen des
modifications introduire notre étal militaire.
Les phrases I effet, l'impôt du sangla levée en
masse»t autres hall uctuations des ronflants génies
politiques du radicalisme, ont accouché comme la
montagne en travail d'une souris, très-élonnée
d'avoir été cause d'un aussi grand tapage. L'éle-
quence qui produit beaucoup d'effet au meeting,
ne pouvait s'acclimater la Chambre. Aussi les
discours qui y sont prononcés, ont d'autres mé
rites, l'exception cependant des plaisanteries
grossières du sieur Coomans, qui conservent un
parfum meetinguiste.
Après plusieurs motions d'ordre de MM.
Noihomb, De Theux, D'Hane et autres, sur la
façon de discuter celte importante question,
motion quia fait p-rdre une séaqce, le débat a
pris des allures séi ieu-.es. M. Tlicusserj, repré
sentant de Hissell tt piolesseur de l'Université de
Louvain, a prononcé un discours très sensé, très-
logique, qui aurait pu convertir ceux qui al
lèguent que notre neutralité reconnue par lea
grandes puissances, est la plus puissante sauve
garde de non uationaltté. M. Thonissen qualifia
cette allégation de puérilité et adjure la nation da
ue pas commettre la faute énorme, irréparable
peut-êire, de rendre la neutralité belge une vaine
formule diplomatiqueet il a démontré qu'elle
l'est et doit l'être si elle est impuissante et
désarmée.
M. Thonissen a invoqué les rudes leçons da
l'histoire poUrconstater que plusieurs nationalités
oot disparu, victimes del'incurieet de la mollesse.
Ces exemples doivent convaincre les populations
belges que, si elles veulent rester indépendantes,
elles sont dans la nécessité d'accroître leurs forces
militaires, en présence des changements politiques
qui ont profondément modifié la situation da
l'Europe. M. Thonissen a prouvé en outre, que ce
n'est pas dans -on iotéièt exclusif,que la Belgique
a été déclarée neutre, mais que celte position lui
crée des devoirs qu'elle doit remplir vis-à-vis des
puissances qui ont garanti cette neutralité. Ainsi
plusieurs reprises, on a fait signifier au gouver
nement, que le moyen d'échapper une occupa
tion par l'un ou l'autre belligérant, consistait
posséder une imposante force militaire, pour
détendre sérieusement cette neutralité, parce que
disait lord Palmerston, l'histoire du monde montre
clairement qu'elle ne peut se faire respecter, que
pour autant qu'on puisse se détendre.
Le discours de M. Thonissen mérite d'être lu et
médité. Ce ue sont pas de sottes déclamations,
mais les arguments d'un homme qui comprend
toute l'étendue du devoir qu'il doit accomplir.
Après lui, M. Julfiot a pris la parole, mais il a
traité la question, comme s'il avait peur d'y tou
cher. Aussi a-t-il demandé le maintien de ce qui
existe, redoutant l'impopularité du projet de loi.
Un député de Gand M. Demaere a traité la ré
organisation militaire s un autre point de vue et
a indiqué des moyens d'amoindrir les charges, eu
démolissant les citadelles de Liège et de Namur.
Toutefois il a signalé encore d'autres modifica
tions, plutôt titre de renseignements adressés
aux hommes compétents, sans entendre mettre
aux enchères le salut et l'indépendance de la Bel
gique. M. Bouvier a succédé M. Demaere et lui
aussi est d'avis qu'il faut émettre un vote affir
ma t if au principe du projet de loi, sans préoccu
pation de certaines criailleries, d'autaut plus que
la sécurité de la patrie doit être placée au-dessug
de ce9 mesquines questions d'argent qui font soin,
brer les nattoualilés, après les avoir reudu mépii.
sables.
M. Hayez, devenu général in partibus infide-
lium, .et représentant d'Anvers a développé la
Chambre un nouveau système d'organisation mi
litaire. Il ne veut plus de fortifications et se con
tente d'une armée de a5 3o mille hommes au
plus. C'est de la modestie patriotique d'espèce
particulière, mais nuus doutons qu'il fasse beau
coup de prosélytes.
Les trois séances que nous venons d'analyser,
témoignent que la Chambre a prêté son atten
tion la plus sérieuse la réorganisation militaire,
et c'est d'un bon augure pour le pays, qui doit
être éclairé, après avoir été systématiquement
travaillé par les apôlres de l'anti-militarisme.
S'ils devaient réaliser les absurdités débitée» dans
les meetingset les conférences pieuses, ils seraient
épouvantés de la responsabilité qui leur incom
berait.
Nous avons vu avec plaisir les affiches qui
annoncent, pour le a5 Février, l'adjudication de
la route de Locre Dianoutre. Cette route con
struite par le département des travaux publics,
est évaluée a 65,5oo fiancs. La commune de Dra-
noutre est la dernière de l'arrondissement d'Ypres
qui n'était reliée par aucune voie pavée ou em
pierrée.
Depuis fort longtemps nos amis font de vives
instances pour obtenir la création d'uD bureau
de douanes au Bizel près d'Armeritièreset si nos
renseignements sont exacts, leur demande serait
sur le point d'être accueillie. Cette mesure aug
menterait l'utilité de la nouvelle route d'Armen-
tières et faciliterait les relations de la ville d'Ypres
et du canton de Messines avec la ville d'Armen-
tières.
SB»