6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
UN DEJEUNER DE GRANDS HOMMES
S' 3,991. - Jeudi
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
27e ANNÉE.
30 Janvier lUfiS.
1E PROGRES
VIRES ACQCIR1T ECNDO.
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Les lettres et paquets doivent être affranchis.
Clii'OHlquc politique.
Ainsi qu'on l'avait annoncé, M. Cambray-
Digny, ministre des finances d'Italie, a fait la
Chambre des députés son exposé financier.
Le déficit de l'exercice de 1867, y compris les
dépenses occasionnées par les événements d'Oc
tobre et déduction' faite de 3o millions provenant
dé la vente des biens ecclésiastiques, est de 283
millions. Le déficit pour 1868 y compris les dé
penses qni doivent èl re approuvées par les lois, et
déduction faite de l'encaissement prévu résultant
•de Sa vente des biens ecclésiastiques, serait de i85
•millions. Eu y ajoutant l'agio de i5 p. c, sur î3o
-millions payables l'étranger et la diminution
•sur la rente imposable, pour le dernier semestre
•de i866 e-t pour toute l'année 1867 ainsi que les
-arriérés non exigibles des années antérieures, le
■déficit total atteindrait aujourd'hui le chiffre de
<tj3o millions.
Le ministre couvrira ce déficit l'aide de ce
•qu'on a emprunté la banque, des bons du trésor
■et des sommes <jue le trésor peut encore retirer
•de la banque, le tout s'élevant 658 millions, il
restera en disponible de 27 28 millions, le défi-
■cit pour 1869 est évalué par le ministre 2.36
millions qu'il espère couvrir l'aide des moyens
•qu'il indique'jusqu'à concurrence de i63 millions.
Le reste, c'est-dire 73 millions disparaîtrait en
12 ans, eu plus, par le seul effet de l'augmenta-
lion progressive des revenus publics en supposant
«que cette augmentation ne fut que 3 p. c. par au.
D'après le Lloyd de Etpana du ig, le Pape se
rait décidé recevoir un envoyé de Victor-Em-
manoel, chargé de pleins pouvoirs pour traiter
avec le Vatican toutes les questions pendantes.
Nous n'avons pas besoin d'ajouter que cette nou
velle a grand besoin d'être confirmée.
L'empereur d'Autriche a reçu hier Vienne la
■délégation de la diète hongroise. Le comte de
Maylalh, doyen des membres délégués, a- pro-
NOUVELLE HISTORIQUE
PAR TURPIN DE SâNSAY.
IV. [Suite.)
Molière se demandait où cl quand s'arrêterait cette
■exaltation.
Loin de s'arrêter, elle redoubla le bavardage n'eût
plus de bornes l'incohérence des idées succéda aux
dernières lueurs de la raison et lorsque nos joyeux
champions ne trouvèrent plus rien arguer contre
leurs adversaires, ils accusèrent le sort d'avoir été in
juste envers Molière, et l'avoir fait souffrir.
On trouva, on inventa même des griefs bref, on
fit tant et si bien, que Molière, pour échapper aux
condoléances et aux larmes plus ou moins expansives
de ses trop sentimenlals convives, fkiit par être de
leur avis.
On but force rasades aux infortunes de l'infortuné
Molière, et de rasades en rasades, d'infortunes en in
fortunes on arriva la dernière limite du sens
commun.
Puisque l'humanité... est... si... méprisable,
bégaya Boilcau, il faut nous en séparer... jamais
Oui oui hurla en chœur toute la séquelle
de Eacehus.
noncé un discours exprimant ses sentiments de
dévouement et de loyauté. L'empereur a répondu
en exprimant la conviction que l'ancienne consti
tution du royaume de Hongrie n'avait fait que
trouver une nouvelle garantie dans l'institution
des délégations.
Un certain nombre de membres de la Chambre
des députés de Prusse ont déposé une motion ten
dant accorder aux provinces frappées par la di
sette la remise des contributions arriérées. Les
feuilles olfieieuses prétendaient voir dans cette
démarche une manœuvre d e parti.
Les journaux officieux on France semblent se
don ner le mot pour câliner de plus eu plus les
appréhensions du public quant l'explosion pro
chaine des conflits en Europe.
Aujourd'hui l'Etendard prend tâche de nier
les bruits d'après lesquels des masses considé
rables de troupes russes auraient été concentrées
dans les provinces du sud-ouest de l'empire, en
prévision d'événements graves qui pourraient
éclater en Orient. L'état militaire de la Pologne et
de la Bessarabie ne présenterait actuellement
aucun caractère exceptionnel.
En coïncidence avec cette attitude des feuilles
officieuses, il faut signaler d'autres rumeurs d'a
près lesquelles l'emprunt de 400 millions projeté
par M. Magne n'aurait pas lieu. Un article du
Constitutionnel a été surtout interprété en ce sens
et a fait monter les fonds la bourse de Paris.
On dément de Vienne la nouvelle publiée par
les journaux de Paris d'une circulaire de M. de
Beust, relative l'attitude éventuelle de l'Au
triche dans les questions européennes. Par contre,
une feuille viennoise assure que le gouvernement
impérial a informé ses agents de l'étranger de
l'inauguration du régime parlementaire en Au
triche et qu'il s'est prononcé énergiquement
cette occasion, en faveur de la paix et pour une
stricte neutralité.
Fuyons dans un désert, opina La Fontaine.
Tous ensemble insinua Lulli.
Non pas, dit Mignard chacun de notre côté
Du tout du tout... vous n'a ver pas votre
raison écouter-moi... car voyez-vous... moi... je
suis le plus raisonnable de tous, rézaya Chapelle, en
trébuchant.
Un sourire moqueur errait sur les lèvres de Molière,
qui les observait pendant que Laforest épiait les
moindres mouvements de son maître.
Il est bicB entendu que le bonheur n'est pas de
ce bas monde... continua Chapelle or, je ne vois
qu'un moyen d'en fitfr... La... Seine... coule...
deux... pas... Allons mesurer la prolondeur de la
Seine
D'un mouvement instinctif, ils se levèrent tous en
trébuchant et voulurent gagner la porte. Molière frémit.
Un instant, mes amis, dit-il, vous oubliez votre
vieux camarade... Je ne suis pas prêt encore, moi
buvons au moins un dernier coup avant de partir pour
l'autre monde
11 a raison, firent les convives en revenant se
mettre table.
Molière paria bas l'oreille de Laforest, qui sortit
aussitôt.
Qu'alliez-vous faire mes amis continua-t-il
tout haut ch quoi, sans témoins, lorsque la nuit va
Ypkkm, le 29 Janvier.
La dégringolade si rapide des valeurs des
sociétés LnDgraDd-Dumonceau et 1 appel de
fonds fait par ce financier, ont jeté la con
sternation dans un grand nombre de familles
de notre ville et de l'arrondissement. On sait
en effet que la valeur des actions de plusieurs
de ces sociétés est, d'après la cote de la
bourse, réduite 15 fr. sur uu capital nomi
nal de 500 francs dont 150 francs ont été
versés en argentqu'une catégorie de ces
aejions est tombée zéro et l'on nous assure
même qu'à une des dernières bourses, des
vendeurs oot offert une prime eD numéraire
pour pouvoir se défaire de leurs actions; cette
offre extraordinaire s'explique par un des
articles des statuts qui rend les actionnaires
personnellement responsables et les oblige,
sous peine de procès, de verser en espèce le
montant intégral de leurs actions, car ces
actions sont non pas au porteur, mais inscrites
en nom de l'actionnaire qui en reste respon
sable.
On conçoit donc le déplorable effet qu'ont
produit et la cote des valeurs Langrand et
l'appel de fonds notifié aux actionnaires par
de nombreuses lettres chargées arrivées de
Bruxelles au bureau de la poste de notre ville.
Ce qui rend surtout cette catastrophe re
grettable c'est que les détenteurs des actions
Langrand sont surtout des petits rentiers, des
modestes cultivateurs, des domestiques et
même des ouvriers tous ces malheureux
voient aujourd'hui s'évanouir, avec les espé
rances exagérées qu'on leur avait fait conce
voir, le produit même de leurs petites éco
nomies réunies péniblement, la sueur de leur
front et la suite de longues années de
jeter son voile sombre sur la terre vous voulez
quitter la vie Mais ne craignez-vous pas qu'on dise
Ces prétendus grands hommes n'étaient que des pyg-
mées, car ils ont manqué de ce courage qui fait les
héros Ils ont exécuié dans l'ombre un dessein qu'ils
n'eussent osé accomplir au grand jour... Mes amis,
votre projet est sublime... mais pour qu'il soit com
pris par la postérité, attendez demain... Demain on
vous admirera eu soir on dirait Ces hommes étaient
ivres
lia raison, dit Chapelle.
Laforest entra avec deux bouteilles qu'elle remit
son maître.
Allons, mes amis, s'écria l'auteur du Misanthrope
en remplissant les verres, buvons un dernier coup
la régénération de l'humaiiité
Les verres se choquèrent encore une fois, pleins deee
vin apporté par Laforest. Molière en était sa sixième
tasse de lait.
Tout coup les paupières de nos geands hommes
s'alaurdirent, et quelques instants après leur belle
résolution d'en finir avec la vie, ils dormaient tous, la
léte sur la table.
Laforest partit d'un immense éclat de rire le vin
d'Espagne avait produit son effet.
[La suite au prochain Toamn de Sanjaï.)