6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
TV° 8,796. Dimanche,
16 Février 1868
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Chronique politique.
Les Miracles de Noël
27° ANNÉE.
LE PROGRÈS
VIRES ACQCIRIT ECNDO.
ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrond" administratif et judiciaire d'Ypres. fr. 6-00
Idem Pour le restant du pays7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 83.
INSERTIONS Annonces la ligne ordinaire
Idem Réclames idem.
Les letres et paquets doivent être affranchis.
fr.
0,15
0,30
Le Corps législatif a continué la discussion du
projet de loi sur la presse. La commission n'a pas
terminé l'examen des amendements qui lui ont
été renvoyés sur le timbre. Les commissaires du
gouvernement ne seront entendus par elle qu'au
jourd'hui. Uo journal fait remarquer que les jour
naux ne sont trappes d'aucun timbre, en Angle
terre, en Belgique, en Hollande, en Suède, en
Suisse, en Italie, en Autriche, aux Etata-Uais, et
qu'en Prusse, ils ne subissent qu'un timbre de un
■centime, qui entre en déduction du port, pour les
■numéros transportés par la poste.
La Patrie assurait que M. Creîzulesco, agent de
la Roumanie, Paris, avait porté officiellement
la connaissance du cabinet des Tuileries les déné
gations formelles de son gouvernement quant
une participation directe ou indirecte aux ma
nœuvres russo-serbes et elle ajoutait, sur la foi
■de son correspondant de Londres Le gouverne
ment anglais est parfaitement renseigné, en même
temps que la Franco «t l'Autriche, sur le caractère
■de ces manœuvres et sur les conséquences qu'elles
peuvent avoir; les trois cabinets sont donc prêts
il faire face toutes les nécessités que créerait une
situation sur les dangers de laquelle ils ont plu
sieurs foiséclairé les divers gouvernements danu
biens.
ïi'ben, le 15 Février.
On lit dans le bulletin financier de l'Echo du
JParlement
Quant aux valeurs Langrand-Dumonceau,
elles sont en pleine déroute, surtout depuis l'an
nonce qu'on procès en dissolution de l'Industrie
venait d'être intenté au directeur-gérant de cette
société. Réduites zéro, c'est-à-dire 35o, mal
gré i5o fr. versés, on n'ose pas les ramasser ce
taux parce qu'il y a sur chaque litre un ordre de
verser ioo fr.et une menace de devoir un jour
verser les a5o fr. restants. On est loin du temps
ou ces actions étaient coiffées d'une prime de i5o
fr. Aujourd'hui en guise de prime de consolation,
quelques vendeurs humoristiques ont gratifié
conte inédit
Par Eugène Morei.
Marguerite était bien la plus jolie personne qu'on
pût voir dix lieues la ronde. Svelte, élancée,
blanche comme une demoiselle de la ville et avec cela
fraîche et forte comme une vraie fille de campagne, elle
faisait l'admiration de tous les garçons du pays. Mais
si on l'admirait, on l'aimait encore davantage, car si
elle était belle elle était meilleure encore.
Le malheur cependant ne l'avait pas épargnée, la
pauvre petite, on eut dit au contraire qu'il se fût
acharné contre clic. Toute enfant, elle avait perdu sa
mère, une digne femme, et dix-sept ans, elle en
terrait son père, l'homme le plus estimé de la contrée.
Qu'allait-elle devenir On crut qu'elle allait ac
cepter les secours de la commune. Chacun de nous
s'offrit pour lui être utile.
Nous verrons plus tard, répondit-elle, si je
n'arrive pas, mais j'ai bon espoir et Dieu pas plus que
les hommes me m'abandonnera.
d'un cigare les acheteurs qui osaient prendre leurs
titres.
A propos de ces valeurs, nous demanderons
pourquoi le Journal de Bruxelleet la Belgique
cessent de donner le cours de l'Industriel, de l'In
ternational. Est-ce pour ôtec de l'esprit des infor
tunés porteurs de ces titres, si nombreux parmi
leurs lecteurs, le souvenir de leur infortune?
Nous demanderons aussi pourquoi te compte-
courant publié au Moniteur pour les droits de
succession omet également de coter ces valeurs
que l'on commence trouver dans lei mortuaires?
L'assemblée générale extraordinaire de la
Banquegénérale(M. Rod.Coumont), réuniele 3 dece
mois pourdécider la question de liquidation posée
par uo groupe d'actionnaires, a danné gain de
cause, par 4,5o6 voix contre a6, au conseil d'ad
ministration, qui a fait un remarquable plaidoyer
yro domo. Il faut dire que le groupe sécessionniste
s'était retiré en masse avant le vote et que l'on
soupçonne la majorité de se composer, pour la
plus forte part, des sociétés Langrand-Dumon
ceau. Or, bien qu'il y ait également scission entre
la Banque générale et les autres sociétés fondées
par ce financier, l'on comprend que la liquidation
de la première eût pu devenir uu exemple conta
gieux pour les dernières.
Le tribunal de commerce de Bruxelles a rendu
aujourd'hui soo jugement en cause de H<.. contre
Langrand-Dumonceau. On se rappelle que le de
mandeur avait assigné la société en commandite
Banque de crédit foncier et indutlriel (Langrand-
Dumonceau et C") eu nomination d'arbitres pour
statuer sur la dissolution de la société raison de
la perte d'une partie du capital.
M. Langrand avait opposé la demande une ex
ception basée sur ce qu'on eût dù mettre en cause
avec lui tous les actionnaires de sa commandite.
Le tribunal a rejeté celte fiu de noD recevoir, or
donné M. Langrand de désigner sou arbitre, et
l'a condamné tous les dépens.
Le jugement est déclaré exécutoire par provi
sion nonobstant appel et sans caution.
Mais qu'allez-vous faire?
Travailler.
Quelques-uns lui conseillaient d'aller Paris.
Vous êtes jeune, jolie, intelligente, lui disait-on,
Paris vous trouverez facilement vous placer et
gagner honorablement votre vie. Qui sait, la bonne
fortune peut vous favoriser et vous ferez un bon
mariage.
Marguerite répondit ces conseils perfides par un
sourire indulgent.
Non, disait-elle, en fait de mariage, je n'aspire
qu'à ceux que ma position me permet d'espérer. Quant
Paris, je ne vois pas trop ce que je pourrais y faire.
Travailler chez les autres, y être malheurense, quoi
bon quand ici il me reste de bons amis qui m'aiment
et sont prêts me tendre la main. Non, non, je veux
vivre et mourir au village. Je n'ambitionne pas la ri
chesse mais le bonheur, et je serais bien folle de le fuir
quand je l'ai si près de moi.
Marguerite ne disait pas tout encore. Elle avait
aussi une grand'mère très-vieille et sans ressources
sa charge et ce n'était pas saRS effroi qu'elle pensait
au sort de la pauvre infirme, si elle venait s'éloigner.
Noua croyons savoir que de nombreux action
naires, qui attendaient la solution de cet incident,
vont leur tour intenter la même action que
M. D. H. [Echo du Parlement
mmS< 881
On se rappelle le brillant succès qu'obtint
la Société royale des Francs Arbalétriers de
cette ville, dans les quêtes faites pour l'orga
nisation du concert donné le 19 Janvier der
nier, au béoéfice dea pauvres, avec le con
cours de la Société des Chœurs, du Cercle
musical, de la musique du corps des Sapeurs-
Pompiers et de quelques artistes-amateurs.
Nous avons le plaisir de communiquer
nosi lecteurs le compte des recettes et dé
penses de cette fêle philanthropique que la
commission directrice de la Société royale
des Francs Arbalétriers vient de nous adresser
avec prière d'insertion.
RECETTES.
Montant des souscriptions fr. »,g8z-oo
Dont il y a déduire io p. "j. pour
frais d'organisation du concert ig8-xo
Reste. fr. 1,783-80
Cette somme de fr. 1,783-80 a été convertie en
5,g4b bons de pain 3o centimes qgi ont été dis
tribués aux pauvres, directement par les sous
cripteurs.
DÉPENSES.
Les dépenses consistant principalement en frais
de location et de transport de pianos, courses de
voitures, impressions, loyer de chaises, salaire du
machiniste et des employés do théâtre, idem
des domestiques de diverses sociétés, s'élèvent
fr. 128*83
Mais comme il a été prélevé pour
frais d'organisation 10 p. sur le
montant brut dessouscriptions,(comme
il est porté ci-dessus), la somme de. 198-20
Il y a donc encore un boni sur les
dépenses defr. 69-35
«Elle aurait beaugagner plus d'argent et eu envoyer,
qui la soignerait et veillerait sur elle.
L'enfant se mit donc résolument au travail et ne
quitta pas le pays qui, vrai dire, ne lui offrait pas
de grandes ressources mais promettait sa vie la sécu
rité, la satisfaction et la paix de l'âme.
Il y avait six mois qu'elle vivait ainsi, travaillant le
jour dans les maisons les plus l'aise du pays et reve
nant le soir près de sa grand'mère, quand arriva l'io-
cidcnt qui détermina de son avenir.
C'était comme cette nuit qui va tout l'heure com
mencer, la nuit de Noël. Marguerite avait refusé toute
participation aux fêtes de famille qui se célébraient
tous les foyers. Elle avait un travail pressé rendre,
sa grand'mère était malade et avait besoin d'elle. Elle
était en grand deuil et il ne lui était ni permis ni pos
sible de se réjouir. Elle travaillait doac seule la
lueur de la lampe, pendant qu'on riait et qu'on trin
quait dans le pays. Au dehors, il y avait un temps
comme aujourd'hui, il faisait un vent de tous les
diables et il tombait de la neige depuis le matin.
Tout-à-coup Marguerite entendit comme uu
soupir étouffé et comme la chute d'un corps se heur
tant contre sa porte.